Conseils pour une première traversée vers la Corse
Comment appréhender sa première traversée vers la Corse, voilà un sujet qui revient souvent dans les forums. Les internautes navigateurs sont alors nombreux pour donner des conseils aux débutants. Chacun y va de ses mises en garde, de ses expériences. Alors pourquoi pas moi ?
le premier lever du jour en pleine mer
C'est souvent une étape que l'on franchit avec une certaine appréhension. « L'épreuve » de la première nuit en mer en tant que skipper. Cette appréhension est savamment entretenue par ceux qui l'ont déjà fait.
Il y a maintenant une dizaine d'année que j'ai franchi « l'épreuve initiatique ».
papillon bleu et kradok II il y a maintenant 10 ans
C'était sur « Papillon Bleu », un gibsea 76, le premier bateau des deux captains Kradok.
Départ pour la Corse de Kradok I, Marie-Hélène et Florent
Mon expérience de la mer et du large se limitait alors à quelques week-end de location et à une semaine de stage avec le regretté Gilles Barbanson. Une semaine au mois de février où nous avions navigué de Hyères à Saint-Raphaël avec tous les jours un bon force 7.
semaine musclée avec Gilles Barbanson
Après ce stage, je pensais tout savoir et plus rien ne m'effrayait. Jusqu’au jour de ma première sortie en tant que skipper sur « Papillon Bleu ». Le force 5 de ce jour là m'a remis la tête sur les épaules.
Puis rapidement, ce fut la Corse, avec toutes les galères de l’apprenti navigateur. Je ne les raconterai pas ici. Tu en auras aussi. Ou si tu as déjà un peu navigué, tu les as eues aussi.
Je me contenterai d'en venir au fait, les conseils essentiels pour t'aider à réussir cette première traversée.
D'après moi, voici les bases pour se lancer :
Premier conseil : apprendre d'abord à naviguer en croisière côtière
Lors de mon stage avec Gilles Barbanson, je voulais me lancer direct avec lui dans une traversée, ce qui me paraissait le plus difficile. Il me l'a déconseillé. Apprendre les manœuvres de ports, le mouillage, la marche du voilier avec le vent et la mer, tout cela se fait en croisière côtière. Au large, il y a beaucoup moins d'activité, voire de stress à bord. On entend souvent dire que le danger pour le marin, ce n'est pas la mer, c'est la côte !
C'est l'apprentissage de la croisière côtière qui fera que ton séjour en Corse sera réussi.
Deuxième conseil : partir avec une bonne fenêtre météo... et du gasoil
Pour cette première traversée, ne pas avoir peur de faire du moteur. Des navigateurs conseillent de partir sur une « queue de mistral », c'est à dire lorsque le mistral commence ou va commencer à faiblir. Je ne le conseillerais pas pour une première traversée. Il y aura alors beaucoup de houle et les organismes peu amarinés n'y résisteront pas.
Et évidemment, surtout, ne pas partir par vent d'est, cela va être encore pire.
Il faut choisir un temps calme et bien établi pour cette première traversée.
En été, tu trouvera alors au large le calme plat. Pas de brises thermiques évidemment. C'est magnifique, mais il faut amener suffisamment de gas-oil pour la traversée.
Pour consulter le bulletin météo, il y a bien la météo marine de Météo-France. Pour cette traversée, je préfère regarder la météo sur le site de Lamma. Je la complète en regardant plusieurs météos et en chargeant sur mon ordinateur les fichiers GRIB récupéré à partir du programme gratuit ZYGRIB.
Je passe souvent une première nuit au mouillage de l'anse de Port Man, sur l'île de Port Cros, avant la traversée. Cela permet à l'équipage, et au capitaine, de mieux s'amariner. Cette baie magnifique, c'est déjà les vacances. Un départ au matin permet ensuite de découvrir la Corse au petit matin, ou bien dans l 'après midi si le vent est là mais un peu molichon.
Mouillage à Port Man, c'est déjà les vacances...
Troisième conseil : bien gérer sa première nuit en mer.
Il y a beaucoup de trafic entre Corse et continent. La nuit, il est plus difficile d'évaluer les distances, la vitesse et la taille des cargos et des ferries. Les feux de navigation ne sont pas toujours faciles à décrypter et les ferries ressemblent souvent à des sapins de noël où il est difficile de distinger le vert et le rouge. Nous n'en sommes plus à la navigation astronomique. Le GPS est devenu un indispensable du bord qui te rassurera sur ton point d'arrivée en Corse. L'AIS, même uniquement en récepteur te permet lui de te situer et éventuellement d'éviter cargos et ferry. C'est le top !
Pas se dégonfler, on est prioritaire ?
Partir par pleine lune est l'idéal, on y voit comme en plein jour.
Dans la nuit, une des plus grandes catastrophes, c'est l'homme à la mer. Cela arrive plutôt quand on prend confiance. Les premières nuits on fait très attention à cela. Gilet, flash light et pas de pipi à l'arrière du bateau. Consigne est passée à l'équipage de ne pas sortir du cockpit.
Il faut s'en tenir aux horaires de quart et ne pas essayer de veiller à tout prix : l'équipier qui dit qu'il ne va pas dormir pour cette nuit, s'endort vers 3 ou 4 heures du matin comme une masse !
C'est sans doute le plus flippant, cette première nuit en mer, mais cela ne va pas être le plus difficile. Cela va même être une grande sensation de bonheur. Se retrouver seul au milieu de nulle part, avec une belle nuit étoilée, comme on n'en voit plus sur nos côtes...
ou bien
réussir votre traversée, du même éditeur ?
Dernier conseil mais sans doute le plus important : repenser à tous les conseils pour le retour
Les vacances en voilier en Corse, malgré l'agitation des mois de juillet et août sont un vrai régal. Tu veux profiter au maximun de ces si belles vacances et attends le dernier moment pour partir. Tu es maintenant plus sûr de toi et cette traversée finalement si facile et si agréable par beau temps ne t'angoisse plus. Dans le bonheur de ces instants, tu retardes ton départ au maximum... jusqu'au dernier moment.
le plaisir du mouillage en Corse
La météo n'annonce pas de bonnes nouvelles mais il vous faut absolument rentrer travailler. C'est là que les difficultés vont commencer. Le mistral te cueille, toi et ton équipage au milieu de la traversée. On n'en meurt pas , mais il en reste une belle frousse, et des estomacs retournés. On finit au mieux entre Nice et Cavalaire au lieu de finir à Bandol.
Mais tous les marins sont passés par là un jour ou l'autre.
C'est également au retour que l'on part rapidement en pensant qu'il y a suffisamment de gas-oil dans le réservoir.
Pour éviter cela, il faut regarder la météo qui est maintenant de plus en plus fiable et qui annonce les coups de vent quasiment une semaine à l'avance, avec une assez bonne précision.
Un retour venté dont on se souvient encore, avec Dédé et Alain,
Si avec cette météo, tu ne peux ou ne veux pas rentrer, laisse le bateau en Corse, rentre en ferry et revient le chercher le week-end suivant ou le week-end d'après. Il ne faut qu'une nuit en ferry pour l'aller et 24 heures de mer pour le retour.
Un hiver encore pour rêver à cela ...
Sort chaque fois que tu le peux cet hiver. Apprends les mouillages et les entrées de port. Fais marcher ton bateau à la voile. Fais des sorties sur d'autres bateaux et regarde les capitaines, plus ou moins expérimentés... oublie leurs tics et leurs manies et observe leur façon de naviguer.
Je m'y revoie encore. Peut être un jour, il faudra que je raconte mes premières traversées vers la Corse et retour... ça te rassurerait : malgré toutes les bêtises faites( au bout d'un certain temps on croit les avoir toutes faites, mais il y en a toujours des nouvelles), le bateau est toujours à flot !
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Anonyme (non vérifié)
31 Octobre 2014 - 12:00am
Super article Jean
Anonyme (non vérifié)
5 Novembre 2014 - 12:00am
Jean ton analyse est parfaite
Anonyme (non vérifié)
5 Novembre 2014 - 12:00am
La panne de gasoil,ça a été
Vincent
27 Mars 2018 - 9:24am
Merci !
Captainkra
28 Mars 2018 - 2:09pm
super que celà ait pu être utile