Comment prendre son premier gros poisson
Je suis un piètre pêcheur à la ligne. Je n'ai pas les qualités pour cela, ni les connaissances techniques. C'est tout un art et, sans doute, avec les qualités et les connaissances, il faut l'instinct du pêcheur, comme il y a l'instinct du chasseur. Pourtant je m'obstine et il m'arrive dans un petit mouillage tranquille de sortir la petite canne et un bout de pain pour pêcher une oblade. Mais mes plus belles sensations de pêcheur, je les ai eu, à la traîne, lors des traversées. Cela me vaut l'admiration des néophytes et quelques moqueries d'amateurs de Pagnol qui me comparent au chasseur de bartavelles. Devenir un accro de la pêche à la traîne au large, cela s’attrape avec son premier gros poisson. Beaucoup d’excellents marins ont renoncé, à tort je pense, à cette forme de pêche ludique et nourrissante.
rêve de pêcheur
Une petite mélodie marseillaise vous aidera à assimiler le propos.
Moussu T et lei jovents, "le plaisir de la pêche"
Voici de quoi vous aider prendre votre premier gros poisson :
le matériel :
- le leurre : un poisson en plastique “rapala” marque déposée avec bavette inox. Un vrai, bien cher, et pas les mauvaises copies faites en Chine. Longueur de 12 à 16 cm environ. (publicité gratuite...). Les rapala malboro (rouge et blanc) sont très bien. Les bleus avec ventre blanc sont bien aussi. le rapala doit avoir des hameçons en parfait état : pas de rouille.
le rapala malboro,
- 40 mètres de fil de pêche transparent 100/100ème.
- un élastique de 1,50 mètres de diamètre 10 à 12 mm
- un crochet au bout d’une gaffe.
L’installation de la ligne :
vous attachez le rapala au bout de la ligne avec le noeud expliqué par Monsieur Rapala... sinon ça ne marche pas !
30 mètres de fil, puis un noeud avec une boucle où vous accrochez un bout de l’élastique.
L’autre bout de l’élastique est attaché au bateau.
L’autre bout du fil de pêche est également attaché au bateau.
Vous mettez le rapala à l’eau et vous laissez défiler la ligne. Le rapala doit rester sous l’eau et ne pas remonter à la surface. Dans ce cas, c’est que la bavette n’est pas bien dans l’axe et la ligne vrille. Prendre bien soin de la bavette du rapala pour éviter ce genre de désagrément.
Vous traînez à une vitesse de 5 à 8 noeuds.
Quand et où pêcher :
- vraiment très au large, par exemple lors d’une traversée vers la Corse ou les Baléares.
Pour des raisons de sécurité :
- Lorsque la navigation le permet, c’est à dire lorsque la mer est calme et vous laisse du temps pour d’autres occupations que naviguer.
- De jour. Il y a des risques d’homme à la mer lors de l’affolement au moment de la prise.
La première prise :
lorsque le poisson mord, l’élastique se tend brutalement. Si le poisson est vraiment trop gros, la ligne casse au niveau d’un noeud. Pour éviter cela, vous ralentissez le voilier pour diminuer la tension sur la ligne. Mais il ne faut pas non plus arrêter le voilier pour toujours garder une tension suffisante sur la ligne : le poisson ne doit pas pouvoir prendre du mou sur la ligne. Dans ce cas, il s’enroulerait sur la ligne et mettrait un grand choc dans la ligne qui casserait. Il faut rester à cette vitesse, environ 3 à 4 noeuds, le temps que le poisson se fatigue. Au bout de 10 minutes environ, vous allez encore baisser la vitesse du bateau et commencer à remonter la ligne. Le poisson arrivé au tableau arrière du voilier, va recommencer à se débattre. Vous le laissez se fatiguer encore un peu, puis vous le ramènez tout près du tableau arrière. Avec la gaffe à crochet, vous piquez un coup sec sous les ouies du poisson et vous le remontez très rapidement à bord dans le cockpit. C'est encore un moment clef où le poisson peut se détacher. Il faut être rapide.
Il va maintenant se débattre dans le cockpit. Attention à l’hameçon. Pour limiter ses souffrances, un grand coup de manivelle de winch sur la tête est radical. Il va y avoir du sang partout. Les âmes sensibles doivent être préalablement enfermées dans le carré.
Après toute cette adrénaline, un nouveau moment de bonheur : la photo de cette belle prise
première grosse prise
L’exercice suivant est le vidage, découpage du poisson et nettoyage du bateau. Je ne développerai pas ici les techniques employées. C’est moins amusant.
préparation du poisson,
Puis vient la cuisine du poisson, et sa dégustation
déjà dans la poele...
autre moment de bonheur
Puis, pendant trois jours, à tous les repas, avec des recettes si possible très variées, on mange du poisson, du poisson et du poisson.
Dernier moment de bonheur : quand on a fini de manger le poisson !
Voilà pour la base.
Quelques éléments pour améliorer la technique :
mettre en place d’autres lignes :
mettre une deuxième ligne, de l’autre côté du bateau, identique à la première. Décaler le rapala de quelques mètres par rapport à la première ligne : une ligne de 30 mètres, une ligne de 25 mètres.
mettre une troisième ligne au centre. On mets avec un leurre avec un sifleur, qui va dériver plus que les deux rapala du côté sous le vent du bateau :
- un rapala au côté au vent,
- un rapala au centre,
- leurre sifleur sous le vent,
et on évite de virer de bord !
Le montage du leurre sifleur est un peu plus compliqué.
leurre sifleur,
les spécialistes arrivent à traîner plus d’une quinzaine de lignes, avec des équipements adaptés. On crée ainsi un effet de banc de poisson.
Le leurre avec siffleur est sensé faire du bruit et attirer le poisson. Il constitue un appât et peut attirer un autre type de poisson.
mettre des rapalas plus gros pour avoir des plus gros poissons :
dans ce cas, on attache l’élastique à 2 pare battages que l’on fera passer à l’eau au moment de la prise. Il faut alors attendre que le poisson se fatigue, ce qui peut prendre plus d’une heure si c’est un gros poisson, et on peut alors récupérer les pare battages, la ligne et le poisson.
les poissons que l’on peut pêcher :
on reconnaît très facilement le thon blanc du thon rouge : les nageoires latérales du thon blanc sont très longues et ses yeux sont beaucoup plus gros que ceux du thon rouge. Attention à la réglementation sur le thon rouge, appliquée avec beaucoup de zèle aux plaisanciers en France, et avec plus de tolérance en Italie, dans la mesure où l’on sait limiter ses prises.
Thon blanc
Thon rouge (rapala malboro dans la bouche)
Pour l’espadon, pas trop de souci pour le reconnaître, c’est celui qui a un rostre. Mais vous ne pourrez pas pêcher d’espadon avec les rapalas. Il faut un leurre souple. L’espadon assomme sa proie avant de la manger. Il ne sera donc pas dupe du dur rapala.
mon premier et seul espadon
Pour ceux qui voudraient en savoir plus, j'ai trouvé sur internet une publication sur la pêche à la traîne dans le pacifique. Ce document m'a beaucoup servi. Il propose des méthodes de pêche qui ne demandent pas un matériel couteux. Tous les principes de base y sont, même si tout ne s'applique pas à la méditerrannée :
"la pêche à la traîne dans les îles du pacifique", commission du Pacifique sud, 1993
Bonne pêche à vous et que les vents vous soient favorables...
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Anonyme (non vérifié)
2 Avril 2013 - 12:00am
[23:08:43] michel: tu as