Retour à Nuku Hiva et fin du voyage
De retour à Nuku Hiva, je retrouve à nouveau la pension de Tema.
Je contacte Bruno, qui a fait quelques randonnées avec Guillaume, pour m'accompagner dans la découverte des abords de Taiohae.
De belles randonnées dans la verdure au milieu des Tiki et des sites sacrés, des cascades.
Site communautaire sacré, au-dessus de Taiohae.
Bruno et le Tiki.
J'ai aussi promis à Jean-Michel d'aller l'aider à remettre en état son bateau. J'ai quelques jours de battement et je décide donc d'aller refaire un petit tour à Ua Pou, pour tenir mon engagement.
Je reprends le Kahoatini, le bateau qui fait la navette entre les îles du nord. L'équipage commence à me connaître.
A l'arrivée, Jean Michel m'attend. Un petit tour sur son feeling 546 pour m'apercevoir de l'ampleur de la tâche à accomplir. C'est un très très beau bateau, mais il faut absolument vider le bateau de tout ce qui l'encombre et revérifier tout ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas. Moteur et groupe électrogène cassés, batteries à plats, ancre à retrouver au fond de l'eau...
Le feeling 546 de Jean-Michel.
Cela ne va pas être facile. Déjà dans un premier temps, remonter tout ce barda sur le quai avant de l'évacuer. Le quai est très haut et le bateau loin du quai. Les grosses batteries hors d'usage sont impossibles à bouger tout seul. Peut-être qu'un bon Marquisien bien costaud y arriverait, mais pour un petit frani (Français) comme moi, c'est mission impossible. Et oui, par rapport aux marquisiens, je suis tout petit, ça, on le sait, mais surtout tout maigrelet. Ils sont en général vraiment très costauds.
Heureusement, Sid nous a rejoint à Ua Pou avec son voilier pour lui aussi aider Jean-Michel. Enfin c'est ce qu'on croit encore. Il voyage avec Mata sa compagne et son fils de trois ans et demi, Amana. Ils arrivent à la nuit tombé avec l'enrouleur de génois qui s'est complètement bloqué.
Le voilier de Sid et Mata au mouillage à Hakahau, île de Ua Pou.
Première mission du matin, débloquer l'enrouleur. Démontage de l'étai et de l'enrouleur. Les roulements du bas de l'enrouleur sont bien grippés. Pas étonnant que ça ne tourne plus. Changement d'un des roulements, dégrippage de l'autre. C'est long mais tout se passe bien.
Nous remontons le tout et tentons de refixer le bas de l'étai. Nous essayons d'y mettre plus de tension. Pour ramener le mat vers l'avant, nous nous servons du winch sur le mat et de la drisse de génois. On y est presque, on veut finir vite, pour aller aider Jean Michel.
Mais le vieux winch saute, la manivelle repart dans l'autre sens à la vitesse d'une flèche d'arbalète. Sur son passage, elle cogne le poignet de Sid puis mon avant-bras. Mon avant-bras gonfle d'un coup. Sid a très très mal également. Mais il prend sur lui pour finir de monter l'étai avec l'aide de Jean Michel. De mon côté je m'allonge pour ne pas tomber dans les pommes.
Puis direction le dispensaire, qui est fermé le week-end. On est samedi, mais l'île est petite. Le médecin et l'infirmière sont rapidement là. Je passe la radio du bras en premier. Cela ressemble vraiment trop à une fracture. Mais heureusement pour moi, je n'ai qu'un très gros hématome. Sid a moins de chance. Fracture du cubitus avec un petit déplacement. Le médecin et l'infirmière lui font immédiatement un beau plâtre.
Je suis surpris par la réactivité du personnel du dispensaire. Je m'imagine aux urgences à l'hôpital de Toulon un samedi après midi. On y aurait passé quelques heures.
Le bateau de Sid est réparé, mais c'est compliqué pour lui de ramener le bateau à Nuku Hiva avec un seul bras. Je vais rentrer dimanche avec eux, pour les aider à ramener le bateau. J'abandonne Jean-Michel sans avoir pu l'aider. La tâche était quand même énorme.
Le dimanche matin, jour du retour vers Nuku Hiva, c'est Mata, la compagne de Sid qui monte au mât pour décrocher la drisse qui tenait le tube d'enrouleur. Nous sommes prêts pour le retour.
C'est encore Mata qui barre durant la belle traversée de retour vers Nuku Hiva. La mer n'est pas très formée. Un vent de 15 noeuds avec un près pas trop serré. Des conditions idéales.
Mata à la barre, les blessés se reposent.
Amana se repose aussi !
A l'arrivée à Taiohae, nous nous mettons sur le corps mort installé par Sid au fond de la baie.
Luc et François, des copains de Sid viennent nous aider à débarquer. François a un trimaran dessiné par Walter Greene. C'est un modèle qui ressemble au bateau de Mike Birch qui a gagné la route du rhum en 78. C'est une bête de course. Il avait fait l'admiration d'Eric quand nous l'avions vu partir de Hiva Oa.
Nous remontons tout le barda dont l'annexe et son moteur à la belle maison en bois de Sid, au fin fond de la forêt.
Mata fait le repas pour toute la troupe.
Luc et François ont fait toute leur carrière à MSF. Ils viennent faire deux mois de bateau par an en laissant le beau trimaran au chantier de Vincent à Hiva Oa. C'est là que Sid les a connus. Cette année ils ont fait Les Marquises, les Australes et retour Marquises à une moyenne journalière d'enfer. Des journées à plus de 250 miles dans le près.
Les jours suivants, j'amène Bruno chez Sid, bien diminué avec son bras droit dans le plâtre. Il faut s'occuper des ruches. Cela tombe sacrément bien puisque Bruno a eu des ruches dans sa vie précédente. La tenue d'apiculteur est adéquate, mais les gants amenés par Bruno ne sont pas assez épais. Il doit se replier après quelques piqûres.
je me tiens un peu loin des ruches de Sid.
Sid et Bruno, les apiculteurs de Taiohae.
Puis de petits bricolages, changer la jument et son poulain de place, pour les faire manger. De petites occupations qui rythment ma journée. Je ne monte plus à cheval. Il faudrait monter à cru , et le bras cassé de Sid m'a rendu très prudent.
Promenade des chevaux , pour les faire manger.
Bonne nouvelle pour Sid, l'opération du bras qui devait se faire à Tahiti n'est pas nécessaire.
Samedi soir, c'est l'anniversaire Mata. Je suis invité avec quelques copains et copines marquisiens. Cailles locales et ignames, cueillis la veille dans le jardin et mangés en beignets. C'est délicieux.
Cueillette des ignames.
Mata et Amana soufflent les bougies
Je continue mes petites ballades et pour mes derniers jours, je vais voir la pépinière et la petite scierie de Taiohae qui dépendent du service rural du gouvernement de Polynésie.
Je rencontre Jean-Pierre, le technicien forestier des îles Marquises, qui a fait toute sa carrière ici.
Il s'occupe de tout, depuis l'élevage des plants en pépinière, les plantations, les éclaircies, l'ouverture des pistes, les plans d'aménagement, l'exploitation des bois et même leur sciage, dans ce qui est, pour le moment, l'unique scierie de l'île. Il me montre les débits d'acajou, de tek, de pin des caraïbes et de plein d'autres bois qu'il a fait pousser sur l'île. Puis il m'emmène voir des peuplements qu'il a plantés. Les bois ont une croissance incroyable. Les arbres de 30 ans ont la taille de chênes de 100 ans et des fûts magnifiques. Toutes les conditions sont réunies : des sols volcaniques profonds, de l'eau bien répartie sur l'année, une végétation qui pousse toute l'année.
C'est un passionné par son métier et il a la chance de tout maîtriser le processus forestier du début à la fin. J'en prends plein les yeux et plein les oreilles.
La petite scierie.
Teks arbres plantés par Jean-Pierre.
Le festival se prépare de plus en plus activement, répétition des danses marquisiennes, aménagements des sites pour les danses et les repas communautaires, stands pour restaurer les visiteurs.
Tous les Marquisiens, habitants des autres îles, de Tahiti et de France reviennent retrouver leurs racines à l'occasion du festival.
Dans la grande baie de Taiohae, il y avait 20 voiliers lors de notre premier passage. Il y en a maintenant plus de 80. Il y en aura plus de 120 dans quelques jours.
De plus en plus de voiliers dans la baie de Taiohae.
Mais il est temps pour moi de rentrer si je veux être à Toulon pour les fêtes de fin d'année.
En allant à l'aéroport je découvre la forêt de pins des caraïbes du plateau de Toovii que je n'ai même pris le temps de visiter, et les territoires arides de terre déserte. Il va falloir revenir !
Le plateau de Toovii et sa forêt de pins.
Paysage de terre déserte.
C'est vraiment un pays merveilleux. Ce qui m'a surtout marqué :
Le climat idéal toute l'année, avec des précipitations bien réparties, une température parfaite. Il fait moins chaud qu'à Toulon l'été.
Les fruits magnifiques : pamplemousses, bananes, mangues, noix de coco, citrons et oranges.
Du poisson, des langoustes et des chevrettes, petites langoustines dans les ruisseaux.
De la viande avec de la chèvre, du boeuf, du cochon et même du mouton.
Une forêt luxuriante,.
Une mer au bleu profond.
Seul bémol à ce tableau idyllique, les moustiques et surtout les nonos, toutes petites bêtes mais qui piquent très très fort.
Et enfin et surtout, la gentillesse et l'accueil des Marquisiens .
Tout le monde est souriant, dit bonjour, est disponible et prêt à rendre service.
Merci tout spécialement à Sid et Mata pour tous ces bons moments et leur accueil fabuleux.
Retour vers Papeete, survol des Atolls des Tuamutu.
il me reste quelques jours encore en Polynésie, que je passe à Tahiti. Quelques courses en ville, visite de jardins et surtout du très beau musée de Tahiti et des îles. Papeete et ses embouteillages me donnent un avant-goût de ce qui va m'attendre à Toulon très bientôt. Ici le temps est pluvieux. Il fait quand même 28 degrés avec une pluie bien chaude. Mais pour Tahiti, il ne fait pas beau. Moi, je savoure les derniers instants en short et T-shirt.
jardin de Tahiti.
Musée de Tahiti et ses îles, les ancêtres du Rapala.
Outils pour la pêche.
Mauvais temps pour les Tahitiens, il pleut.
Merci à Marjorie de m'avoir servi de guide ces quelques journées de retour à une vie citadine. J'ai pu enfin manger des chevrettes avant mon départ !
Retour à Toulon en avion. Il fait 12 degrés, un beau soleil et pas de vent. La mer est à 14 degrés.
Vous devez vous identifier pour laisser un commentaire : cliquez ici pour vous connecter .
Charles
16 Février 2024 - 9:33am
Contact
Captainkra
16 Février 2024 - 5:50pm
Bien sûr, je lui fais suivre