La traversée de l'Atlantique
Grand moment de l'aventure, c'est la première traversée de l'atlantique pour chacun des 4 compères.
le départ
Samedi :
L'avion de captain Kradok I a une heure de retard. Je l'attends patiemment à l'aéroport international « Césaria Evora ». Encore une heure de plus pour retrouver la satanée bouée couronne qui s'est perdue dans les bagages. (cela fait déjà la quatrième bouée depuis le départ de Toulon!)
Le bateau est enfin prêt au départ, mais nous passons une dernière soirée à Mindelo. Repas à la « pergola » et musique à la « librairie ».
Dimanche :
c'est le départ ! Enfin presque... car le vent nous fait cruellement défaut. Nous décidons d'aller l'attendre au mouillage de Tarrafal de Sao Antao, qui nous a été décrit (par des randonneurs) comme un beau mouillage calme. Tania nous accompagne jusque là.
Un nouveau skipper ?
Mais le mouillage espéré n'est pas si tranquille. Le fond remonte très rapidement, la longue houle éclate dans de gros rouleaux sur la plage et en plus, la mer est boueuse. Mauvais plan !
Tarafal de Sao Antao, c'était pourtant beau
Après la réunion du conseil, le vote est unanime. On ne pourra pas rester là cette nuit. Il faut donc organiser le débarquement de Tania sans attendre. Alain fait un premier essai avec l'annexe. Un gros rouleau entraîne Alain et l'annexe dans les galets. Pas le choix, il faut débarquer quand même. Je refais un essai avec Alain avec un résultat identique : une bonne tasse et quelques contusions.
Finalement, on décide d'épargner Tania et surtout son ordinateur. Nous demandons l'aide des pêcheurs qui sont en train de rapatrier à terre un groupe de touristes partis faire une ballade en mer. Avec une petite barque savamment menée par un rameur, guidé par un complice depuis la plage, ils ramènent la précieuse cargaison en lieu sûr, dans des surfs éblouissants. Du grand Art ! Nous laissons Tania repartir vers Mindelo en « Aluguer » et nous essayons de nous inspirer de la technique pour repartir avec l'annexe. Clément trébuche dans les galets et tombe. Tant pis on ne l'attends pas. Il nous rejoindra à la nage.
Débarquement périlleux.
Les premiers jours
Curieuse traversée qui commence par du moteur.
Une belle dépression coincée au niveau des îles Canaries empêche l'anticyclone des Açores de bien se développer. Celà ne permet plus d'alimenter comme il faut l'alizé.
(Je viens d'avoir un cours sur les pontons de Mindelo, par Philippe, ancien pilote de l'armée de l'air belge...).
Il faut donc deux jours de route vers le sud, presque uniquement au moteur, pour retrouver un semblant de vent à la limite de la zone de convergence intertropicale. (toujours les explications de Philippe...). Cela correspond exactement au routage que me propose Sailgrib ! Formidable ce logiciel ! Merci Henri.
L'alternance des quarts commence à rythmer la traversée. La grosse houle perturbe les estomacs. Pas celui d'Alain qui depuis notre départ n'a pas quitté les lunettes magiques qui soignent le mal de mer, un instrument aussi seyant qu'efficace !
Premiers couchers de soleil.
Lunettes magiques.
Les changements de voile sont nombreux et on essaie au maximum de profiter du vent. Grand voile et génois en ciseaux, spi, génois seul, génois tangonné...
Puis le vent s'établit, le train train peut commencer. Les quarts réguliers, la dorade coryphène du jour, les bons petits plats et le bon pain de Raymond (on va l'appeler Raymond Oliver), les liseuses Kobo (chacun la sienne), les échanges de lectures...
premières dorades,
pizza aux cœurs d'artichaut.
Nuit du vendredi 13 : les batteries de service sont tombées à 6 volt. Tout le monde sur le pont ! Une demi heure de moteur et on relance les feux de navigation. Il faut barrer toute la nuit et le rythme des quarts est perturbé.
Samedi matin : tout le monde est fatigué et la manœuvre de spi foire. Tant pis, on se traîne aujourd'hui mais on se repose.
Raymond fait un gâteau pour remonter le moral de l'équipage. Et ça marche !
Au milieu de l'océan,
Nous sommes maintenant bien amarinés. Les journées passent finalement assez vite. Les batteries, qui avaient donné des signes de faiblesse tiennent le coup. On arrive à passer la nuit avec le pilote en faisant une demi heure de moteur toutes les trois heures. Le vent est régulier, autour de 15 nœuds, la mer est belle. Il n'y a pas de bateau en vue ou visible sur l'écran de l'AIS depuis plusieurs jours.
Tout va bien à bord.
Seul demeure le spectacle de la mer : la mer au lever du soleil, la mer sous le soleil, la mer sous les nuages, la mer par nuit noire (super le plancton phosphorescent!), la mer sous la lune...
« Putaing que c'est grand! » (Kradok II)
la mer.
Tous les matins, récolte de poissons volants sur le pont. En général, 5 à 6 maladroits montent à bord. Quelquefois sur le ventre du dormeur de quart (belle frayeur garantie), ou encore dans une cabine à travers le hublot ouvert.
Presque tous les jours, en tout cas chaque fois que l'on met une ligne à l'eau, une belle dorade coryphène mord à l'hameçon. Dans le ventre de la dernière dorade, on a trouvé quatre poissons volants entiers. Au bout d'une semaine, même cuisiné habilement par Raymond en variant les recettes, nous n'en pouvons plus de la dorade à tous les repas.
Ce midi, salade de feijao, arroz, cebola et coryphène (façon thon en conserve). Pour le vocabulaire culinaire, nous sommes encore imprégnés du portugais.
Quelques oiseaux de mer viennent tourner autour du bateau pour observer notre rapala qui traîne. Des paille en queue, comme à la réunion, et de petits oiseaux noirs qui volent au ras des vagues.
Des algues aussi, qui flottent à la surface en se coinçant dans l'hélice ou le safran. Je suppose que ce sont les fameuses sargasses, qui envahissent cette partie de l'océan ces temps ci ?
Sargasses ?
Mardi 17 janvier, au matin, Le génois s'est décroché et a commencé à passer dans l'eau. Heureusement, grâce à la vigilance de Raymond, il a pu le récupérer avec l'aide d'Alain avant qu'il ne passe trop sous le bateau. C'est une manille qui a lâché. C'est l'occasion pour Alain de réaliser un de ses rêves : enfin monter au mat au milieu de l'océan. En une heure tout est à nouveau en ordre de marche.
Alain en haut du mat
occupation 1 : le scrabble
occupation 2 : le gainage des sportifs
Occupation 3 : la lecture sur Kobo.
Occupation 4 : la baignade.
Occupation 5 : la méditation sur l'étendue de l'océan...
et enfin instant de communion... le repas
Les 500 derniers miles
Cela fait deux jours que le vent oscille autour de 10 nœuds. Le spi est bien utile pour nous aider à avancer à une moyenne correcte.
Manœuvre de spi
La mer est très calme. La chaleur est maintenant bien installée, l'eau approche les 28°C. Le soleil tape fort et il faut s'en abriter. Torse nu la journée et Tshirt pour la nuit, on a pu ranger les polaires qui nous servaient pour les quarts de nuit. Raymond dit souffrir de la chaleur. Il faut dire qu'il passe pas mal de temps devant le fourneau. Ce matin il a fait du pain et un clafoutis à l'abricot.
A l'unanimité moins une voix, la mienne, il a été décidé que je devais arrêter de pêcher. L'équipage ne veut plus pour l'instant manger de dorade coryphène. Dommage.
Les produits frais se font plus rares sur le bateau. Il ne reste plus que quelques bananes, embarquées très vertes, des citrons et des oignons.
Plus que trois jours avant l'arrivée, et cette nuit nous avons eu notre premier grain, une pluie violente qui a duré une heure. Bien rafraîchissant !
Le vent est revenu, 12 à 15 nœuds qui nous permettent a nouveau d'avancer à plus de 5 nœuds.
Malgré les recommandations, je n'ai pas résisté, j'ai repris la pêche, mais j'ai changé mon appât. Plutôt que le poulpe bleu et vert qui nage en surface et qui n’attrape que des coryphènes, j'ai pris un rapala qui plonge bien. Hier un poisson que nous ne connaissons pas, et aujourd'hui une bonite. Pas de problème pour avoir du poisson toujours frais ! A tous les coups on gagne !
Poisson inconnu, j'attends la réponse des amis pêcheurs des Mouissèques ?
Plus que 120 miles enfin, l'équivalent d'une petite traversée vers la Corse. Nous prenons la photo de l'équipage au complet à l'avant du bateau.
Captains Kradok I&II, Raymond Oliver, Clém le mousse,
Les barbes poussent plus ou moins vite en fonction de la pilosité de chacun. Pour Raymond, elle a vraiment poussé bizarrement. La lecture de « guerre et paix » a laissé des séquelles.
Cette météo perturbée s'est montrée bien clémente. Nous avons fait une traversée bien tranquille, et malgré le détour vers le sud, nous avons tenu notre petite moyenne de 5 nœuds.
Et enfin, je rassure les admiratrices, la moumoutte de Kradok I a bien tenu le voyage et il n'a pas eu à utiliser sa moumoutte de secours.
Finalement, c'est pas si loin l'Amérique...
A nous les Caraïbes !
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ycandy2
27 Janvier 2017 - 8:24am
Bravo