Mercredi 5 octobre : arrivée à Porto Santo

Mercredi 5 octobre : arrivée à Porto Santo

Posté par : Olivier
06 Octobre 2016 à 15h
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Samedi 1er octobre : 10h30. Nous partons. Après avoir fini les formalités au port de la Linea et refait le plein du moteur bâbord à Gibraltar (au tarif imbattable de 0,50€ le litre de gasoil contre 1,20€ quelques kilomètres plus loin), nous voilà donc aux portes de l'Atlantique. C'est un peu le vrai début de notre aventure, après ces deux premiers mois passés en Méditerranée, ça y est, on rentre dans la cour des grands ... les grands espaces, les grandes traversées, ... bon, celle-là n'en est encore qu'une petite, mais quand même, pour nous c'est déjà une grande première. D'abord, traverser le rail du détroit, zigzaguer entre les cargos, ce sera sandwich à midi, pas trop le temps de faire à manger, mais ça passe pas si mal, merci l'AIS (Quentin est toujours en pyjama, il le gardera la journée, je négocie juste qu'il ne passe pas les 5 jours de nav dans la même tenue ...). On aperçoit les côtes marocaines, on passe au large de Tanger d'un côté et de Tarifa de l'autre. Mais le vent qui nous était annoncé du nord-ouest (pas si mal, donc, pour aller au sud-ouest), vient en fait ... du sud-ouest ... et nos premiers bords en Atlantique ressemblent étrangement à nos derniers bords en Méditerranée : à tirer des bords face au vent pour finir au moteur dans la pétole ... Olivier est un peu énervé ... enfin, tout est relatif, vous connaissez Olivier, mais là, quand même, je sens que ça monte : c'est quoi ce b*** de vent, on se retrouve à tirer des bords entre les cargos et les bateaux de pêcheurs, c'est n'importe quoi, dans 10h on sera encore au large du Maroc en pleine nuit à essayer d'éviter les barquasses et les filets dérivants, y'en a marre !! je la ramène pas trop ... de toute façon, j'y peux pas grand chose, et à 17h, le vent tombe, on remet le moteur jusqu'au matin et on surveille l'AIS, il y a encore pas mal de bateaux dans le coin ... et pas que des petits !!

Dimanche 2 octobre : 9h30, le vent s'établit enfin tout doucement à tribord, on hisse la GV et déroule le génois.  Ca va, ça vient, on enroule le génois, déroule le gennaker, puis renroule le gennaker et déroule le génois, ça y est, on ne voit plus de bateaux, nous voilà tout seuls sur l'eau, et ça monte tout doucement, on passe de 8-10 noeuds dans la matinée à 15-20 noeuds en soirée. A 18h, on prend un ris et enroule un peu de génois pour être tranquille cette nuit. De mon côté, un petit mal de gorge commencé vendredi se transforme en bon gros rhume, j'ai les sinus en vrac, le nez en chou-fleur et les yeux en artichauts, je suis complètement raplapla, avec la houle qui monte, j'ai l'estomac qui commence à râler, et ça tape, et ça roule, et ça gîte, je comate toute la journée ... malgré tout j'assure vaillamment mes quarts de nuit, mais je vous avoue qu'à 2h du mat, j'aurai bien échangé ma place contre un bon lit douillet, une grasse mat et un réveil au chant des petits oiseaux ... je ne suis pas allée plus loin dans mes réflexions, j'en serai venue à me demander si vraiment j'allais supporter une traversée de l'Atlantique !! De leur côté, les garçons tentent de pêcher, mais la première touche se décroche, et la seconde croque notre ligne et emporte avec elle le leurre, l'agrafe et un bon bout de fil (on lui souhaite une bonne digestion ...) !! Cette fois, la guerre est déclarée, Gaëtan prépare un bas de fil en fer et remet à l'eau ... sans succès pour le reste de la journée, on réessaiera demain. Dans la nuit, je le vois débarquer dans ma cabine, il trouve que ça grince vraiment trop à babord, qu'il peut pas dormir (c'est vrai que c'est assez bruyant) et finit dans notre lit ... heureusement qu'il y a toujours une place de libre en alternance !!

Lundi 3 octobre : les jours se suivent et commencent à se ressembler. Toujours de la houle (3 à 4 m facile, d'après Olivier) plus des vagues par dessus, un coup on voit bien la ligne d'horizon, un coup on ne voit que la crête des vagues ... les enfants ne se sentent pas de faire le CNED, je me sens pas de les y forcer, on laisse tomber pour aujourd'hui (pour demain aussi d'ailleurs, 2 jours de retard, je sens qu'on va travailler pendant les vacances de le Toussaint) .. le vent souffle toujours entre 20 et 25 noeuds, Zanzibar avance bien, entre 8 et 10 noeuds (mais ça tape, ça tape, on va finir par s'y habituer, mais quand même !!), et on commence à espérer une arrivée à Porto Santo mardi soir .... De mon côté, je me retape doucement, et on prend le rythme tout tranquillement. Côté pêche, Gaëtan hésite à mettre à l'eau, il trouve qu'on va trop vite, et ses quelques tentatives donnent les mêmes résultats que les autres fois, toutes les touches se décrochent, et en plus, c'est à chaque fois au moment des repas ... A 22h, Olivier me réveille pour prendre un deuxième ris ... je lui demande si le vent est encore monté, il me dit non, mais il trouve que les structures à babord travaillent trop et voudrait les soulager (il écrit sur le livre de bord : constat de déformations de l'ordre du cm entre la structure de coque face interne et les renforts de type cadre !!). Nuit noire, chacun notre frontale allumée, Olivier à l'avant, moi à la barre, avec 20 noeuds de vent, ça monte, ça descend, ça monte, ça descend, une latte qui se coince dans la bosse de ris à la première tentative, on crie pour pouvoir s'entendre, mais finalement ça se passe pas si mal. Avec 2 ris dans la GV et le génois roulé à 50%, Zanzibar avance quand même encore entre 6 et 8 noeuds, mais ça grince effectivement moins, on fait une croix sur notre arrivée mardi soir et on se prépare à une arrivée dans la nuit de mardi à mercredi ...

Mardi 4 octobre : Grosso modo, même journée que la précédente. On a quand même la visite d'un jeune goëland qui vient nous tourner autour, les enfants essaient de lui donner des grissins et des croutes de camembert, il a l'air d'apprécier, et finit par venir se poser à l'avant. Notre ami Roger, comme on l'a appelé, passera un bon moment avec nous. A 20h15, terre en vue ... Gaëtan reste un peu sur le pont avec Olivier pendant que je me repose,  23h je prends le relai, minuit on affale la GV pour ralentir à l'approche de l'île, mais toujours à 5-6 noeuds avec juste la moitié du génois ! 2h30 on rentre dans le port, mouille une première fois, je vais me coucher, Olivier reste en veille pour surveiller le mouillage qui ne nous inspire pas, me réveille 1/4 d'heure après, ça dérape, on relève l'ancre, remouille une seconde fois, cette fois je vais me coucher mais Olivier ne dormira que d'un oeil jusqu'au matin ...

Mercredi 5 octobre : 9h30 Réveil tardif au port de Porto Santo, petite île de l'archipel de Madère située au nord est de l'île principale. On retarde nos montres d'une heure, ça y est, notre périple vers l'ouest commence ... Matinée au ralenti, on se remet de nos émotions, les enfants font (un peu) de CNED (le réseau est pourri, je sens que Gaëtan va faire des arts plastiques, du latin et de la musique toute la semaine (les seules matières qu'on peut travailler hors ligne, vraiment les plus importantes!!)), Olivier appelle Emmanuel pour discuter structures et moteur. Après-midi formalités d'entrée à la gendarmerie et au port, inspection de l'hélice du moteur babord (celle pour laquelle on soupçonne l'embrayage), mise en place de la seconde ancre pour plus de sécurité (ça dérape encore, et ça souffle en rafales et en troubillons), et enfin promenade le long de la plage jusqu'au village. La description de l'île attendra le prochain billet, il est 21h heure locale (22h heure française), la nuit a été courte, la journée a été longue, je vais me coucher ... PS : toujours pas de réseau, le billet attendra demain ...

Emplacement

J'espère que cette première expérience de l'atlantique sera fortement appréciée pour la suite. Vous estimez à combien de temps la traversée et pour arriver où? Bises à vous 4.

Prochaines traversées: 2 jours pour aller aux Canaries, 1 semaine ensuite pour aller au Cap Vert, et enfin 15 jours environ jusqu'aux Antilles...

Les vacances méditerranéennes sont terminées. La vraie aventure commence maintenant et la mise en Atlantique s'avère un peu plus difficile. J'espère que vous êtes remis de vos émotions et que vous allez profiter de votre arrêt à Madère. Quentin supporte-t-il bien le roulis, le tangage et autres mouvements du bateau? Les garçons , ce serait bien que vous nous parliez de vos impressions. Cela pourrait être le sujet d'un devoir. A bientôt la suite de vos aventures et bonne pêche !!!!!!! Grosses bises à vous quatre. P.S. Cécile, as-tu bien reçu les messages sur l'assurance?

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