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Mardi 30 mai : Transat retour, épisode 2 - Bermudes-Açores

Mercredi 17 mai : 23h15 : après l'apéro sur Oceanix, et 3 ou 4 verres de ti punch et/ou de vin blanc (ça met Mathieu dans l'ambiance, je crois que s'il ne le savait pas encore, il sait maintenant pourquoi il veut faire le voyage l'année prochaine!! on sirote dans le cockpit nos verres en grignotant des tartines de crackers, tomme de brebis des Canaries et pate de goyave de Cuba pendant que les enfants sont en bas, se font cuire tous seuls leurs pattes au cheddar et chauffer leurs moelleux au chocolat), on relève le mouillage et se dirige vers les douanes, ouvertes jusqu'à minuit. On fait le tour des bateaux au mouillage et on arrive au ponton éclairé par les lampadaires. Un petit quart d'heure plus tard, on est reparti, on emprunte le chenal (bouées rouges à babord, vertes à tribord, on est encore en zone anglaise) jusqu'à la bouée d'eau saine. Les enfants restent avec nous sur le pont un moment, pour nous aider à ranger les amarres, les pare-bats, et éclairer les bouées devant, puis ils vont se coucher, c'est qu'il est déjà tard ... comme prévu, pas de vent, on ne prend donc même pas la peinde de hisser la GV, et on commence la nuit au moteur ... Olivier prend le premier quart jusqu'à 2h, Matthieu prend le relai de 2h à 5h et je fais le dernier de 5h à 8h. On a encore un petit bout de lune, et un beau ciel étoilé, la mer est toute lisse, une petite houle, pas bien méchante, mais qui, cumulée avec les verres d'hier soir, ne me plait pas trop ... je profite quand même du lever de soleil avant d'aller me recoucher ...
Jeudi 18 mai (jour 1) : journée moteur, comme prévu. On hisse quand même la GV, plus pour l'aérer que pour ce qu'elle nous apporte comme vitesse, et puis ça fait un peu d'ombre sur le pont ... on est effectivement au milieu de l'anticyclone centré sur les Bermudes, le ciel est tout bleu, le soleil brille, et on aperçoit les lignes de nuages loin, très loin sur 360°. Matthieu et Gaëtan sortent les lignes, on a même une touche dans la matinée mais qui se décroche quand on essaie de la ramener. C'est pas grave, pour l'instant on manque pas encore de protéines, j'ai même prévu du poisson pour midi. On pêche quand même une grosse bouée rose et ronde qui dérivait tranquillement sur l'eau, et on observe les méduses et de tous petits poissons volants riquiquis ... Séance grand rangement du matériel de pêche, il y en a plein la table, nettoyage au vinaigre blanc et tout et tout ... Olivier déroule le génois mais le remballe 3 heures plus tard, le vent n'est vraiment pas décidé. Comme d'hab, Quentin est un peu raplapla, il fait une bonne sieste et retrouve la forme dans la soirée. Il nous faut toujours un ou deux jours pour prendre le rythme ...
Vendredi 19 mai (jour 2): 3h, ça fait une heure que j'ai laissé la place sur le pont à Olivier et que je suis allée me coucher quand je l'entends éteindre le moteur. Le vent souffle à 10 noeuds, avec le gennaker on avance à 6 noeuds, c'est toujours mieux que les 5 noeuds et demi qu'on fait au moteur, et puis ça fait moins de bruit ... quoique ... la retenue de bôme n'arrête pas de grincer, je me demande si finalement je ne préférais pas le ronron régulier du moteur !! On espère être enfin sortis de la grosse bulle anticyclonique, 27 heures de moteur, finalement ça va, c'était pas tant que ça, mais non, à 11h le vent retombe, on n'est plus qu'à 3-4 noeuds ... Olivier accorde à Gaëtan et Matthieu une heure à ce rythme pour tester les leurres petite vitesse avant de remettre un peu de gaz, c'est qu'il faudrait pas que la pétole aille plus vite que nous !! Leurre, poulpe, mitraillette, on a 3 lignes à l'eau mais pas une seule prise ... c'est pas grave, on profite du calme et du soleil pour prendre la douche dehors à la douchette, c'est frais mais ça fait du bien. Après midi cool, lecture, crêpes, CNED, jeux, Yannick Noah à la radio, à 17h, 10 noeuds, on redéroule le gennaker, à 18h, deux cachalots passent à babord, on aperçoit leur souffle d'air et d'eau jaillir de la surface, et leurs dos noirs brillants ... coucou les copains ... mais 5mn plus tard, ils ont plongé, c'est fini, on ne les reverra plus. Matthieu est déjà super opérationnel, il feuillète tous les modes d'emploi des équipements du bateau, et nous explique 2-3 trucs sur le pilote auto ...
Samedi 20 mai (jour 3): nuit vent arrière à tirer des bords ... ça plait moyen au capitaine, dans la matinée le tangon de génois est de retour. Il faut retrouver les photos de la transat aller pour se remémorer les détails techniques de l'installation bricolée mais sophistiquée, et à 11h, génois tangonné sur tribord, on fait presque route directe vers le prochain waypoint de Michel. Si jusqu'à présent, on tirait plutôt vers le nord (est, bien sûr) pour pouvoir toucher un peu de vent, le prochain point est plus au sud pour éviter la grosse houle qui s'annonce lundi et mardi. Pour l'instant, la mer est calme, les vagues nous viennent de l'arrière, et après quelques nuages matinaux, le ciel s'est dégagé et le soleil brille toujours. Température 25°C, humidité 65%. On communique tous les jours à l'AIS avec Mizar, parti 36 heures avant nous, et qu'on rattrape petit à petit. Ca serait sympa de faire un petit bout de route ensemble, et en tous cas pour l'instant c'est sympa de savoir qu'ils sont pas trop loin. Les enfants passent des heures à lire, jouer aux legos, on sort aussi les jeux de carte, le CNED attendra, Quentin n'a plus qu'une eval qui peut attendre les Açores, et Gaëtan juste une eval de latin à finir pour la fin du mois avant la dernière ligne droite pour mi juin. 16h : popcorn et dauphins pour le gouter. Les fichiers grib et Michel annoncent un renforcement du vent pour la suite, on affale le gennaker qui retrouve les cales de la cabine de Gaëtan, et à 19h, on prends un ris et on roule un peu de génois, histoire d'être tranquilles pour la nuit.
Dimanche 21 mai (jour 4): 5h : Matthieu me réveille, il fait déjà presque jour, on voit les effets de notre route vers l'est. Il va falloir penser à décaler nos montres d'une première heure. Les messieurs ont profité de leurs quarts pour faire la vaisselle, astiquer les plaques de cuisson et nettoyer par terre. Ils sont au top. Presqu'à me donner des scrupules de rester allongée en attendant que la montre sonne toutes les dix minutes pour me rappeler d'aller faire mon tour de surveillance dedans/dehors. Mais presque, juste. Dans la matinée, les enfants jouent à un jeu avec Matthieu ... c'est l'une des grandes différence de cette transat par rapport à la transat aller, c'est qu'on a le temps de jouer avec eux. A l'aller, à deux, on profitait des moments de jour pour aller se reposer en prévision de la nuit d'après, pour s'occuper du bateau, des repas, de tout le reste, mais pas des enfants. A 3, ça change tout !! 15h30 : alors que je me lève de ma sieste, le ciel est tout gris d'un seul coup, Olivier et Matthieu sont en train d'empanner, le vent a tourné de 90° en 2 minutes, et un grain s'approche, on prend un deuxième ris sous a pluie en prévision ... le grain est petit et le vent retombe à 15 noeuds ensuite, mais fini le soleil pour aujourd'hui. On ressort les bottes et les cirés, la température de l'air est bien descendue, celle de l'eau aussi, 18°C, on sent bien dans les coques que le chauffage a disparu ... une petite polaire n'est pas de trop sous les couvertures ... 23h : Au changement de quart, on largue le deuxième ris, on le reprendra 3 heures plus tard, faudrait pas qu'on s'endorme, ce serait monotone !!
Lundi 22 mai (jour 5): La voilà, la houle de 4 mètres qu'on nous prévoyait depuis quelques jours ... certes, elle est longue, ça passe pas trop mal, mais quand même .. j'ai essayé d'en prendre quelques photos, mais ça donne pas grand chose, manque de profondeur, on se rend pas bien compte de la hauteur. Je vous en mets une ou deux dans le film, mais vous allez me dire c'est de la gnognotte, des vaguelettes ... oui, ben de la gnognotte, de la gnognotte, je voudrais bien vous y voir, moi !! surtout qu'elle vient un peu de côté, ça permet à Matthieu d'expérimenter les vagues qui tapent, le thé qui déborde de la tasse quand elle est posée sur la table qui se soulève, les roulements de tambour s sous la coque ... Cumulée avec les 20-25 noeuds de vent qui nous poussent depuis ce matin, Quentin apprécie moyen mais notre vitesse moyenne, elle, n'a jamais été aussi élevée : 200 miles en 24 heures, soit plus de 8 noeuds de moyenne avec parfois un noeud de courant contre !! A midi, c'est choucroute en boite. Dans l'après-midi, il faudrait qu'on pense à se laver ... on aurait du le faire hier tant que les conditions étaient encore correctes, mais une petite flemme nous a pris, et elle a grossi en même temps que la houle ... ça sera donc toilette de chat à la lingette, les cheveux attendront encore demain (c'est pour ça que vous n'aurez pas de photo de moi ... et aussi parce que comme y'a que moi qui prends les photos, forcément, je suis jamais dessus ...). Mizar nous dit qu'ils ont péché un petit thon, ça sent la provocation, Matthieur ressort la ligne qu'il avait rangée, mais avec les vagues et la vitesse, ça ne mord pas. Il faut dire que Mizar ne va pas à 9 noeuds ... D'ailleurs, on les rattrape, on devrait passer à quelques miles d'eux dans la journée de demain. Mais difficile de se voir dans ces conditions, à moins d'être vraiment tout proches.
Mardi 23 mai (jour 6): nuit à 3 ris, plus ou moins de génois selon le vent et les grains. A 8h, Olivier nous dit d'attendre avant de nous lever, ils vont larguer un ris avec Matthieu, ça va taper un peu ... C'est peut-être qu'ils trouvent qu'on va pas encore assez vite, ou que ça tape pas encore assez ... En fait, c'est surtout qu'il faut aller assez vite pour ne pas se faire rattraper par l'anticyclone qui nous suit et qui ne demande qu'à nous croquer ... Notre routeur a l'air confiant, Olivier aussi. Ma mère me demande dans un mail si nous avons des conditions de nav idylliques ... la réponse depend du point de vue. Olivier répondrait surement oui, il a passé une heure à barrer hier, sous le soleil, le vent et les vagues, la vitesse va bien à son âme de marin. Quentin ne serait pas tout à fait du même avis. Je crois qu'il préfèrerait que l'anticyclone nous croque, qu'on ait un peu de pétole et un peu de moteur ... Dans l'après-midi, le vent mollit un poil, on largue les deux derniers ris, déroule complètement le génois. La mer se calme aussi un peu, c'est le moment de la séance shampoing pour tout le monde, avant de faire les crêpes. 17h30 : ça mord à droite, une petite bonite, qui décroche rapidement, mais en vérifiant la ligne à babord, il y a aussi quelque chose au bout, peut-être depuis un moment ... c'est l'inconvénient des lignes fixes qui ne déroulent pas ... en tous cas, celle-là, elle est pour nous. 18h : Olivier papote à la VHF avec Windsurf, un bateau de l'ARC Europe, parti de St George's 12 heures avant nous et qu'on voit à l'AIS et en visuel quelques miles devant nous. 19h30 : alors qu'on prépare la bonite pour ce soir, Windsurf vient nous faire coucou, passe au soleil couchant à peine à quelques dizaines de mètres derrière, on se fait des signes de la main, c'est vraiment sympa de se croiser en plein milieu de l'Atlantique. On se donne rendez-vous au bar d'Horta pour échanger les photos des bateaux ...
Mercredi 24 mai (jour 7): l'anticyclone nous a mangé ... les heures s'étirent, rythmées depuis 10h ce matin par le ronron du moteur, la mer est lisse mais pas plate pour autant, un reste de houle nous berce. Drôle de rythme après le fracas des dernières 48 heures ... notre vitesse moyenne en prend un coup, à peine une petite moitié de celle d'hier. Un groupe de dauphins vient troubler le calme de la matinée, mais la journée se passe, et même les poissons sont trop paresseux pour mordre à nos lignes. Le soleil nous réchauffe, on en profite pour aérer un peu les cabines. Les messieurs bricolent, Olivier répare le filet de la filière tribord et Matthieu remonte les étagères de sa cabine, restées en plan depuis l'opération cuve à caca en janvier, les enfants cuisinent, Gaëtan fait des cookies et Quentin prépare la pate à pizza, je feuillette les guides touristiques des Açores, on se relaie à la sieste. Après avoir enroulé le génois dans la matinée, on se résoud même à affaler la grand-voile, la nuit sera calme, juste le bruit de l'eau qui glisse le long des coques. On a tout de même passé la mi-parcours, Olivier s'octroie un petit verre de ti punch, mais au rhum cubain, pas grand chose à voir avec nos bons rhums français.
Jeudi 25 mai (jour 8): 5h, alors qu'Olivier vient se coucher, j'entends le moteur qui s'éteint. Au changement de quart avec Matthieu, ils ont renvoyé la GV et déroulé le génois, le vent souffle à 12 noeuds, la mer est presque plate, on glisse tranquillement à 7 noeuds. 6h : Matthieu me réveille pour prendre un ris, ça monte tout doucement, mais rien de bien méchant. La journée se passe tranquillement, la nav est belle, on tire un peu vers le sud sans aller trop vite, le front froid devrait arriver par le nord, on voudrait essayer autant que possible d'éviter les grains et les averses ... Il y a un bateau derrière nous à l'AIS ... c'est Mizar !! On les voit au loin, toute petite voile blanche sur la ligne d'horizon ... on est manifestement trop loin pour être à portée VHF, mais Olivier et Wouter s'échangent des mails sur l'iridium "eh, on vous voit ... comment ça va chez vous ? pas trop secoués ? vous continuez vers le sud ?" "ben ça va, et vous, ça va ? ben oui, un peu de sud jusqu'à ce soir avant de repiquer nord ...". Dans l'après-midi, on se cale au 170° du vent, génois tangonné sur babord, les vagues arrivent de derrière, pour un peu on aurait presque l'impression que ça ne bouge plus!. Les messieurs bricolent toujours, installent un palan pour la retenue de bôme et préparent des bouts pour les barbers de génois, j'ai l'impression qu'en arrivant à Sète on sera fin prêts à partir ... Les enfants regardent Le grand bleu, ils sont dans l'ambiance ... Ils commencent aussi à réfléchir à ce qu'ils pourront télécharger comme jeux aux Açores avec les 10 Go de nos forfaits free, et à ce qu'ils vont commander par l'intermédiaire d'Annie qui doit nous rejoindre à Sao Miguel pour la dernière traversée Açores-Gibraltar : des livres, des BD, une boite de legos ?? ... 18h : Gaëtan, avachi comme d'habitude sur les coussins du carré, regarde par le hublot et voit manifestement quelque chose qui heurte sa logique (si, si, apparemment, il en a une!)... il sort voir dehors puis demande nonchalemment à son père "c'est normal qu'il soit pas tenu, ce tube ?" ... en effet, le tube de liaison entre la barre de flèche babord et la barre de flèche avant s'est déboitée de son extrémité avant ...bon ... je descends réveiller Matthieu, on a un petit souci ... On enroule le génois et on affale la GV. A ce stade, ça va encore, le mât est toujours debout! On se cale dos aux vagues, les deux moteurs allumés, pour limiter au maximum les mouvements du bateau dans l'objectif de monter au mât. C'est qu'il va bientôt faire nuit et qu'il ne faut pas trop traîner. C'est Matthieu qui s'y colle, il y a 1,5 mètres de creux ... Olivier le hisse à la drisse de gennaker, je l'assure à la balancine de tangon. Après une bonne heure d'intervention et quelques aller-retours, il réussit à réemboiter le tube dans son logement, mais pas suffisamment pour pouvoir le re-riveter, et le sécurise avec un bout tendu entre le bas-hauban babord et le bas-étai pour éviter qu'il ne se re-déboite. Ca devrait tenir jusqu'à Horta. La légende retiendra donc de cette transat retour que Matthieu aura mangé de la choucroute en haut du mât par 4 mètres de creux en pêchant un thon ... un vrai héros, c'est Mizar qui l'a dit !! En attendant, la météo annonçant un renforcement du vent dans la nuit, jusqu'à 25/30 noeuds avec des grains possibles, on reprend notre route sous génois seul déroulé à 50% pour ne pas trop solliciter le gréement, et Olivier envoie un mail à Manu ... On ne va pas bien vite, avec toujours un noeud de courant contre, mais on verra demain quand il fera jour. 2h : Matthieu me réveille, c'est mon tour de quart. Le vent est établi autours des 25 noeuds, rafales à 30, la mer recommence à se former un peu, la nuit est noire, pas une seule étoile, juste les deux petites loupiottes rouges et vertes en haut du mât ... j'ai même du mal à distinguer la ligne d'horizon qui sépare le ciel et la mer.
Vendredi 26 mai (jour 9): bienvenue en Bretagne ... ciel gris sur tout l'horizon, petite bruine fraîche, mer formée, écume blanche, le shaker océanique est de retour. Pas monotone, cette transat, vraiment ... On reste une bonne partie de la journée sous génois seul à moitié enroulé, en attendant que le vent mollisse un poil, ça va déjà pas bien vite, mais avec toujours ce satané courant contre, le logiciel de nav nous fait arriver dans 5 jours, c'est déjà ce qu'il nous disait il y a 2 jours !! Par là-dessus, la petite houle de 2-3 mètres qui arrive maintenant de travers nous fait faire notre sport journalier, les abdos travaillent, les articulations aussi, il faut toujours avoir une main quelque part pour se tenir, une attention de tous les instants ... A part ça, Quentin a la super forme, après une semaine de mer, il est prêt à supporter n'importe quoi. On joue un peu, on décale encore nos montres d'une heure (plus qu'une avant les Açores, c'est bon signe), des dauphins viennent jouer autour du bateau toute la journée, ils profitent des vagues pour faire des cabrioles, on refait des crêpes (mais cette fois c'est Olivier qui s'y colle, moi je veux bien les manger, mais les faire dans ces conditions, c'est une autre histoire ...), on se regarde un petit DVD, et à 16h30, on se décide quand même à rehisser la GV sous 3 ris, histoire de gagner un peu en vitesse en ménageant quand même le gréement. 20h, après la soupe et les oeufs au bacon, on s'écoute "C'est pas l'homme qui prend la mer" sur l'autoradio ... difficile de faire plus approprié ... Je vous laisse juger sur ce petit extrait :
C'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme,
Moi la mer, elle m'a pris, au dépourvu, tant pis ...
J'ai eu si mal au coeur sur la mer en furie,
J'ai vomi mon quatre heures et mon minuit aussi (ça c'est pour Quentin),
J'me suis cogné d'partout, j'ai dormi dans des draps mouillés (ça c'est pour tout l'monde!),
Ca m'a coûté des sous, la plaisance, c'est l'pied!!
Dès que le vent soufflera, je repartira, dès que les vents souffleront, nous nous en allront ...
Samedi 27 mai (jour 10) :5h, changement de quart avec Matthieu, le vent mollit, on largue deux ris dans la GV. 10h15, largage du dernier ris, 13h25, affalage et allumage du moteur ... la pétole est de retour ... pas monotone, je vous dis. Mais avec la pétole, le soleil revient aussi, après une matinée encore grise, et on en profite ... La houle n'a pas encore totalement disparu, mais Olivier remonte au mât dans l'après-midi pour consolider la réparation de Mathieu et remettre un rivet. Cette fois pas de photo, il avait emporté l'appareil là-haut ...
Dimanche 28 mai (jour 11) : 2h, changement de quart avec Olivier, on renvoie la GV et le génois tangonné, 10-12 noeuds du 170°, pas bien vite mais toujours mieux qu'au moteur ... 11h30, Olivier a parié qu'on arriverait mardi soir, mais pour l'instant, il nous manque un ou deux noeuds ... qu'à cela ne tienne, on ressort le gennaker de sa cale, adapte le tangon, et nous voilà GV haute et gennaker en ciseaux (c'est beau), sous le soleil et le ciel bleu, avec les dauphins qui jouent dans les étraves et Zanzibar qui glisse sur l'eau à 7,5 noeuds, on file vers le prochain (et dernier) waypoint de Michel ... un bonheur que cette journée de nav, les jeux de société sont de sortie, musique à la radio et gateau au citron pour la fête des mères, on veut bien tenir encore une semaine comme ça ... Qui a dit que la transat retour était une épreuve ? 18h, mail de Mizar, une cinquantaine de miles derrière nous ... sur un empannage, leur écoute de gennaker a lâché et est allée s'enrouler autour de l'hélice ... pas cool ... ils devraient pouvoir terminer à la voile sous génois, mais on surveillera leur arrivée à Horta pour leur filer un coup de main. 20h, on remballe le gennaker avant la nuit, la météo ne prévoit pas que le vent se renforce, mais on ne sait jamais. Génois en ciseaux, on avance encore bien, l'objectif de mardi soir est toujours jouable ... on salive d'avance du foie gras qu'on va s'ouvrir à l'arrivée, mais pour ce soir, c'est pâtes bolo et ananas au sirop ...
Lundi 29 mai (jour 12) : quand même, c'est grand l'océan ... on attaque le 12ème jour, et à 8h, après avoir essayé toutes les combinaisons possibles (GV + génois en ciseaux, GV + gennaker en ciseaux, génois + gennaker en ciseaux), Olivier se résoud à allumer un moteur en soutien du gennaker, le vent ne souffle plus assez fort pour nous pousser ... on ne remettra la voile qu'à 20h avant de prendre nos quarts. Sur Mizar, Wouter qui s'est mis à l'eau pour esayer de dégager son hélice, s'est fait piquer par une méduse ... pas cool. De notre côté, rien de particulier, quelques souffles de baleine ici ou là, des cookies pour le goûter, et une éval de latin. A 20h, quand je prends mon quart, ça sent bon le pain chaud, il est au four et sera prêt pour le petit déj demain matin, un petit bout de lune s'est levé, il éclaire la mer qui scintille, et le ciel étoilé m'accompagne ...
Mardi 30 mai (jour 13) : 5h, dernier quart de cette transat. Entre deux sorties sur le pont, je me blottis sous la couverture dans le carré pour me protéger de l'humidité qui arrive et envahit tout. Tout est humide et salé, il est tant que Zanzibar pase à la douche, et nos habits aussi ... Pour le reste, on est toujours dans les temps pour une arrivée ce soir, la marina et les douanes ferment à 20h, on y croit, malgré la dernière heure de décalage pour se mettre à l'heure des Açores. Le ciel, couvert dans la matinée, se dégage peu à peu, le vent souffle à 13-14 noeuds, on avance pas trop mal, mais à 14h, alors qu'on devrait arriver d'ici 3 ou 4 heures, toujours pas d'île en vue. Le Pico, situé sur l'île du même nom, à quelques miles de distance seulement de Faïal où nous devons atterrir et quasiment dans notre axe, culmine pourtant à 2300m, mais une grosse brume couvre l'horizon ... heureusement que le téléphone capte le réseau portugais, sinon on croirait presque qu'on s'est trompé de destination ... 14h30, terre en vue !! mais un tout petit bout à l'extrême nord de Faïal ... 16h, en attendant l'arrivée, on sacrifie nos trois derniers oeufs pour une dernière tournée de crêpes ... il y a quand même pire, comme fin, pour un oeuf, non ? 17h, à l'approche des îles, nous sommes accueillis par des cachalots, un groupe de dauphins et une nuée d'oiseaux de mer, les champs qui s'alignent le long des collines et la brume qui enveloppe les sommets ... Bienvenue aux Açores !!
Au final, 12 jours et 15 heures de nav pour relier St Georges à Horta, une transat variée alternant hautes pressions (= pétole) et fronts froids (= vent) dont j'ai l'impression d'avoir mille fois plus profité que la transat aller, peut-être parce que c'était la deuxième, justement, peut-être parce que nous étions trois, peut-être parce que la météo a été conforme aux prévisions de Michel et des fichiers grib, et peut-être tout ça en même temps. Merci en tous cas à Matthieu d'avoir partagé ces moments avec nous. Merci pour les saucissons, rillettes et foie gras, appréciés à leur juste valeur, pour les conseils sur les techniques de pêche, merci d'être monté au mât, d'avoir joué avec les enfants, d'avoir eu l'air d'apprécier tous les repas que je lui ai servis (même le dernier, il comprendra!!), merci pour sa bonne humeur et ses compétences. On espère qu'il gardera un bon souvenir de cette transat avec nous, malgré les bleus, les embruns, les shampoings à l'eau froide , la toilette aux lingettes, et le remplissage des bouteilles d'eau par 4 mètres de creux ...
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Philippe
15 Août 2017 - 8:28am
Il résout.