Dimanche 4 juin : Faïal, Horta et les baleines ...

Dimanche 4 juin : Faïal, Horta et les baleines ...

Posté par : Olivier
05 Juin 2017 à 02h
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Mardi 30 mai : Nous voilà donc à Horta, "la plus petite grande ville du monde", qui a vu passer les plus grands marins, de Tabarly à Lamazou en passant par Malinovsky et Cousteau ... la marina, appelée à la VHF, nous dit de mouiller dans le port, mais 10mn après nous rappelle, ils ont une place pour nous à couple d'un lagoon 52 ... il faut dire qu'il y a des bateaux partout, à couple sur 3 ou 4 rangées ... car le port d'Horta a accueilli et accueille encore tout ce que la mer compte de voyageurs au long cours. Tous ceux qui ont un jour traversé l'Atlantique à la voile connaissent l'escale mythique de Faïal, témoin quotidien de ces petits et grands exploits. On y parle toutes les langues (mais quand même beaucoup le français!), et les petites coques fragiles côtoient sur les pontons les coursiers sophistiqués sans honte ni jalousie, tous salés par le même sel et mouillés par la même eau. On retrouve Pascal, rencontré à Madère et perdu de vue depuis, Maskali qui est là depuis une semaine, et des bateaux dont on a entendu les noms par bato-copains interposés ... Les quais du port sont recouverts de peintures murales, témoignages du passage de chaque bateau faisant escale ici, graffiti géant qui s'étend du bout de la digue aux trottoirs du port, il y en a partout, par terre, sur les murs verticaux, chaque petit bout de béton disponible en est recouvert ... C'est parfois le simple nom d'un bateau avec une date, parfois une véritable fresque que le vent et les embruns viendront effacer, sans que les nouveaux arrivants soient jamais découragés de prendre à leur tour pinceaux et couleurs pour plaquer ici leur propre graffiti. Nous ne retrouverons pas le Zanzibar d'Emmanuel et Isabelle, témoin de leur passage il y a 5 ans, mais celui de nos prédécesseurs, tout au bout du quai, est encore là, bien qu'un peu défraichi par le temps. A nous avant de repartir de laisser notre trace quelque part ... En attendant, c'est un petit resto qui nous attend, il faut bien fêter l'arrivée ...

Mercredi 31 mai : 9h30, on se réveille tout juste, pas trop envie de sortir du lit, d'abord parce qu'on veut profiter jusqu'au bout de cette grande nuit de sommeil (quand même un peu beaucoup perturbée par le bruit des pare-bats qui grincent contre le lagoon, le vent souffle et ça gigote pas mal), ensuite parce qu'il a l'air de faire froid en dehors des couvertures ... Matthieu est déjà sur le pont, à la recherche d'un avion pour rentrer chez lui, c'est qu'il a un voyage à préparer !! 10h30, on entend Mizar à la VHF, ils arrivent et sollicitent l'aide la marina pour rentrer dans le port ... Olivier et Matthieu partent en annexe à leur rencontre, reviennent chercher le bloc de plongée, et repartent de l'autre côté du port où ils sont au mouillage. Objectif : défaire le bout enroulé dans l'hélice. Pas trop peur des méduses, avec la combi intégrale, le shorty à cagoule par-dessus, les gants, les chaussons (c'est que l'eau est à 17°C, ça change des Antilles!!), le masque et le détendeur, Olivier n'a plus beaucoup de cm² de peau à l'air libre ... Après une bonne heure, le moteur démarre, il y a une place à côté de nous, et en dix minutes ils sont amarrés à couple de Zanzibar. 14h, après toutes ces émotions matinales, on peut enfin se mettre à table et s'ouvrir le bocal de fois gras et la bouteille de Mont Louis apportée par mes parents en Martinique. J'ai trouvé du vrai pain au Spar du coin, et réussi à acheter de quoi faire un repas pour 5 à moins de 9€ ... Que c'est bon d'être de retour en Europe!! 18h, après une petite sieste et un peu de ménage, je vais voir à la laverie, c'est qu'on a quelques lessives de retard ... les machines sont toutes pleines, mais la dame me prend mes sacs, me dit (en français) revenez demain, et le lendemain quand j'arrive à 9h mon linge est lavé, séché et m'attend gentiment dans une grande bassine ... aux douches les serviettes sont fournies, c'est qu'ils doivent se douter que les notres sont toutes salées, humides et poisseuses !! Sur le quai, l'équipage de Maskali (du nom d'une île au large de Djibouti) fait son dessin avant de partir. 19h, on finit la journée avec Mizar (du nom d'une des étoiles de la Grande Ourse, qu'est-ce qu'on en apprend, des choses) au Café des sports, ou chez Peter, institution maritime internationale; bistrot fameux aux confins occidentaux de l'Europe ... Le Peter's Bar est à lui seul une rubrique ... vous en trouverez l'histoire assez détaillée dans le tome 2 de Voyage autour du monde, d'Olivier Mesnier. La salle intérieure est pleine, on s'installe donc en terrasse, ça parle français dans tous les coins, on finit sous la pluie avant qu'un des serveurs ait pitié de nous et nous propose une place à l'intérieur ... ben c'est plein  non ? Ben non, pas dans la deuxième salle !! Ah ben ça fait juste une heure qu'on se caille dehors !! Retour sous la pluie, après quelques bonnes bouteilles du vin blanc de Pico et des tapas à la mode açorienne, on arrive trempés au bateau. Récapitulons, mon unique jean est à la laverie jusqu'à demain, le pantacourt que j'avais réussi à sauver du sel est trempé et ne sera probablement pas sec demain matin, il me reste un pantalon de toile et des shorts, mais avec la température qu'il fait, je crois que je vais rester au lit toute la journée de demain !! J'ai peut-être vu un peu court sur les vêtements chauds ... il faut dire qu'on m'avait dit une année au soleil !! De son côté, Gaëtan a un pantalon qui lui arrive aux chevilles et emprunte les baskets d'Olivier, à part ses tongs toutes ses chaussures sont trop petites !! J'ai l'impression qu'on aura des courses à faire une fois de retour à St Médard pour préparer l'hiver ...

Jeudi 1er juin : 8h, Matthieu va prendre son taxi pour l'aéroport. Nous lui disons au revoir, et merci pour tout, sans lui cette transat n'aurait pas été la même. Après le CNED du matin (eh oui, c'est que l'année n'est pas encore tout à fait finie, même si y'a vraiment du relâchement, ça commence à sentir les vacances), nous partons découvrir la ville et faire quelques courses. Horta ressemble à un gros village, on y trouve un marché, des boucheries, des magasins de pêche, des boutiques, des églises à l'architecture très caractéristique, des petites rues aux trottoirs pavés de petites pierres noires et blanches dessinant des motifs sur le thème de la mer, une vraie petite ville qui nous ramène à la civilisation européenne. Et même si l'eau y est froide et le temps couvert, ça fait du bien !! Dans l'après-midi, j'emmène les garçons et les copains de Mizar au musée du scrimschaw, au 1er étage de chez Peter. Le scrimschaw est l'art de la gravure sur l'ivoire issu des dents de cachalot. De l'avis des connaisseurs, celui-ci est le plus beau musée qui lui est consacré. Parmi les centaines de pièces de toutes tailles, certaines sont effectivement superbes. Entre les navires, les scènes pieuses, les tempêtes et les scènes de chasse, on reconnaît aussi des visages célèbres ... Animal mythique des Açores, la baleine, ou plus exactement le cachalot, était encore chassée en 1987. Mais pas à la manière des navires usines japonais ou norvégiens ... Ici, jusqu'à la fin, on chassait à la rame et au harpon. La légende de la baleine reste bien vivante aux Açores, et les anciens baleiniers sont loin d'être des vieillards ...

Vendredi 2 juin : 10h, après le CNED décidément de plus en plus rapide, Quentin et moi allons acheter de la peinture, c'est qu'on a un dessin à peindre sur les quais d'Horta!! De leur côté, Olivier et Gaëtan vont au magasin de pêche, il nous faut remplacer le moulinet d'Emmanuel avant le retour. Mais quand je reviens au bateau, ce n'est pas un nouveau moulinet que je vois, mais un énorme thon jaune sur les marches de la coque tribord !! Donné par les pêcheurs du coin à qui Olivier est allé offrir la grosse bouée rose récupérée en mer pendant la transat!! On en donne la moitié à Mizar qui nous invite pour les sushis ce soir ... Il faut dire que Mizar, c'est un peu le monde entier réuni en une seule famille ... Wouter est hollandais et travaillait à Londres, Hiromi est japonaise et travaillait à New York, ils se sont rencontrés je ne sais où et sont venus s'installer en France, chacun parle aux enfants dans sa langue, ils se parlent entre eux en anglais, et les enfants, qui vont à l'école en France, parlent donc hollandais, japonais, anglais et français, en attendant d'apprendre l'allemand ou l'espagnol en seconde langue au collège ... des fois je me dis qu'il faudrait pt'être qu'on sorte un peu de notre campagne et de nos forêts de pins ... d'un autre côté, s'ils ont choisi la France c'est qu'il y fait meilleur qu'en Hollande (et encore, ils habitent Paris!!) et qu'on y mange mieux qu'à Londres ... alors pourquoi aller chercher ailleurs ce que les autres viennent chercher chez nous ? OK, c'est décidé, on reste à St Médard ! Un tour de l'Atlantique, c'est déjà pas si mal pour s'ouvrir l'esprit ... Bref, après un régal de thon mi-cuit au déjeûner, accompagné d'une fondue de poireaux et d'un peu de riz, et le début de la séance peinture sur le quai, nous partons en promenade avec les copains au Monte da Guia, un promontoire qui domine Horta et Porto Pim et invite le marcheur aux mollets solides (c'est pas très haut, mais ça monte raide!!) à découvrir de son sommet un très beau panorama. On y découvre aussi l'ermitage de Nossa Senhora da Guia, dont la blancheur aidait les marins à se repérer au clair de lune. Un petit détour par l'aquarium, en fait maison de passage des poissons du coin commandés par les aquariums du monde entier, une petite glace sur le port, et nous voilà de retour au bateau. On termine le dessin sur le quai avant d'aller déguster les sushis et sashimis préparés par Hiromi. Hummmmmmmmmm!!

Samedi 3 juin : 8h, oui, c'est samedi, mais nous sommes pressés ce matin. Nous avons rendez-vous à 8h30 avec Mizar, Pedro et Marc pour une matinée de whale watching ... nous avons donc rendez-vous avec les baleines!! La matinée s'annonce belle, le soleil brille, et même le sommet de Pico est dégagé des nuages!! Après une petite heure d'explications (en français), nous embarquons dans le zodiac, 300 chevaux, c'est qu'il faut être réactifs pour se rendre sur les lieux indiqués par les guetteurs ... ils sont en effet 4, positionnés aux points stratégiques de Faïal et Pico, à passer leur journée les yeux rivés sur l'océan au travers de leur longue vue, à guetter le souffle droit des baleines, celui, penché, des cachalots, pour guider les zodiacs en bas sur l'eau. Et c'est efficace. Après quelques dauphins communs (mais ceux-là, on les connait bien, ils nous ont acompagnés une bonne partie du trajet), on approche un premier cachalot, puis un second, avant d'aller voir un rorqual commun ... un bon début, ma foi ... un peu plus tard, le guetteur indique un souffle qui pourrait être celui ... d'une baleine bleue !! une fois sur zone, moteur coupé, on scrute l'horizon pour apercevoir le souffle, et quelques minutes plus tard, c'est son bruit qui crève le silence à quelques mètres de nous ... le temps s'arrête l'espace d'un instant ... nous sommes à quelques mètres d'une baleine bleue, juste une vingtaine de mètres et quelques dizaines de tonnes, on aperçoit un halo bleu turquoise sous l'eau avant que son dos ne déchire la surface de la mer, et que son aileron n'apparaisse. Nous restons là un bon moment, elle respire quatre ou cinq fois avant d'arrondir son dos et de plonger, 5 à 10 minutes d'attente avant de la voir réapparaître, des fois à gauche, des fois à droite, ou devant, derrière, c'est toujours une surprise. Elle nous offre même, sur sa dernière plongée, une vue magnifique de sa queue qui s'élève majestueusement avant de rejoindre l'eau ... que dire de cet instant magique ... c'est un grand moment ... mais d'autres zodiacs ont eu l'information et commencent à arriver aussi, il est temps qu'on aille voir ailleurs ... Pedro se dirige vers le souffle d'un rorqual commun quand le guetteur lui indique quelque chose au sud de l'île de Pico ... quelque chose qui n'est autre ... qu'une baleine à bosse !! un petit specimen, 8 à 9 mètres d'après nos spécialistes, et qui nous offre le même spectacle que la baleine bleue, le souffle, le dos qui s'arrondit, mais noir, celui-là, et non plus gris, l'aileron, puis la queue majestueuse. Très peu de photos, on est trop occupés à regarder, et notre petit appareil étanche n'est pas à la hauteur de l'évènement ... mais que de souvenirs dans nos têtes!! Sur le trajet du retour, on apercevra encore un poisson lune et une tortue pour finir en beauté cette matinée ensoleillée. Merci à Pedro, merci à Marc de nous avoir fait partager leur passion de la mer et des cétacés. Il est 13h30 quand nous rentrons au bateau, les joues rougies par le soleil et le vent.

Dimanche 4 juin : 9h, le ciel est bas sur Horta aujourd'hui, une brume épaisse recouvre toute la ville, on ne distingue pas l'île de Pico en face et une bruine matinale nous réveille. Journée repos, ménage, bricolage, brownies, CNED, les enfants jouent avec les copains, et on invite Mizar à l'apéro du dimanche soir. Le temps devrait être plus clément demain, on a donc réservé une voiture pour faire le tour de l'île. Dans l'après-midi, une lituanienne vient nous rendre visite. C'est Marc qui nous l'envoie ... elle fait un reportage sur la marina d'Horta, les dessins sur le quais et les gens qui se cachent derrière, elle voudrait savoir si elle peut nous interroger et nous filmer, nous et Mizar ... mais comme on a déjà fait notre dessin et qu'on va probablement repartir d'ici quelques jours, elle n'aura pas grand chose à filmer ... en revanche, Mizar l'intéresse, elle pourra filmer leur séance dessin sur le quai, et la sortie d'eau du bateau prévue d'ici quelques jours ... et puis, Océanix doit arriver demain ...

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