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- 7-Avril : Rep Dom & Bahamas
Jeudi 20 juillet : de Soller à Cadaquès, derniers bords avant le retour en France ...

Samedi 15 juillet : 7h, nous partons au moteur, le vent est de face, direction Puerto de Soller au bout de la côte nord-ouest. Le soleil se lève, éclaire d'une lumière voilée les falaises et leurs cultures en terrasse. Sur 20 miles de distance (~ 35 km), la côte nord-ouest de Majorque ne compte aucun abri. Sur de nombreuses pointes, on peut apercevoir de petites tourelles qui servaient autrefois à surveiller la mer dans la crainte des pirates barbaresques. Les montagnes descendent vers la mer en de grands éboulis, vallées encaissées, et le rivage présente des falaises abruptes qui font dire au guide nautique que c'est l'un des plus beaux panoramas de Méditérranée occidentale. Nous faisons un détour par la pointe Foradada, étroite avancée de roches couverte d'une crête de pins. Le site est d'une beauté très sauvage. Seule se niche dans le creux du vallon une maison isolée qui dispose d'un petit ponton. Il y a quelques bateaux au mouillage, mais les fonds sont un peu trop profonds pour nous. Nous passons notre chemin, non sans admirer tout ça, et poursuivons 3,5 miles plus loin vers Puerto Soller. Nous y étions venus il y a 14 ans, Gaëtan n'existait pas encore, ou si peu, et Quentin encore moins. Vincent (celui de Gandia) nous y avait invité dans sa maison de famille ... Une perle de maison, sans électricité, sans eau (mais avec un puits), perdue dans les collines au milieu des oliviers et des murets de pierre, du chant des cigales et de l'odeur du sud, vue sur mer, hamacs et chapeaux de paille, un vrai bonheur. Cette fois ci c'est de la mer que nous découvrons l'entrée sur le port, niché dans une baie très fermée qui s'incruste dans le rivage au débouché d'une large vallée. Là encore, le site ne manque pas de majestuosité (?), et le village a gardé son charme d'antan. Il y a déjà du monde au mouillage et des corps morts au milieu de tout ça, pas mal de français, pas forcément très accueillants, il faudrait pas qu'on vienne se mettre trop près et qu'on gâche leur petit confort !! Qu'à cela ne tienne, on va mouiller un peu plus loin, les voisins sont des bateaux de style vieux grément, c'est plus sympa. Dans l'après-midi, après la sieste obligatoire, c'est qu'il fait chaud, on comprend pourquoi tout est fermé jusqu'à 16h, nous débarquons sur la plage pour y jouer au ballon, frisbee et raquettes, finalement ça ne nous est pas arrivé si souvent !! 21h, de notre place au mouillage, on profite d'un magnifique coucher de soleil sur la mer au loin ... le voisin grincheux mouillé plus loin ne doit pas avoir cette chance, tant pis pour lui !!
Dimanche 16 juillet : 8h, oui, c'est dimanche, mais nous avons un train à prendre ... le petit train de Soller qui relie le port au village, 3km plus loin à l'intérieur des terres, part à 9h30. Une promenade agréable dans une campagne verdoyante entre des massifs élevés, qui nous conduit au village tout en ruelles, maisons en pierres et façades fleuries. Nous y flânons un moment avant de prendre le chemin du retour. Après-midi tranquille, on pensait aller mouiller dans une crique un peu plus loin, mais le vent s'est levé, le mouillage risque d'être agité, et vu le monde qui arrive encore dan le coin, il nous paraît un peu utopique de quitter notre place au mouillage en espérant la retrouver plus tard. Baignades, jeux, douche à l'eau de mer, mes cheveux sont tout rêches, entre le soleil et le sel, il est temps qu'ils retrouvent Pauline et une bonne coupe !!
Lundi 17 juillet : 7h, Olivier allume les moteurs, je relève l'ancre avec Quentin qui retourne ensuite se coucher, et nous quittons les Baléares, direction la côte espagnole. On prévoit d'y atterrir demain matin vers La Escala afin d'être à l'abri des vents de sud annoncés pour les deux jours à venir. Gaëtan fait une petite apparition pour mettre sa ligne à l'eau, puis retourne aussi se coucher. Moteur jusqu'à 10h, après une première tentative de hissage de voile vers 9h, mais le vent est de l'arrière, pas encore bien décidé à souffler, la voile bat, ne sait pas si elle veut aller à babord ou à tribord, Olivier affale tout 10 mn après avoir hissé ... Deuxième tentative à 10h, cette fois c'est la bonne, 10 à 15 noeuds de côté, on peut éteindre les moteurs et avancer à 8,5 noeuds. Il faudrait pas qu'on aille à cette vitesse trop longtemps, on risquerait d'arriver dans la nuit, mais la météo dit que ça doit mollir ... En attendant on avance, la mer est plate, conditions de nav idéales, même Quentin apprécie ... 10h30, ça mord sur la canne ... et ça déroule du fil, manifestement un gros poisson ... Olivier abat en grand, on enroule le génois, Gaëtan sort de sa cabine, essaye de remonter la bête, mais trop dur pour ses petits bras qui manquent encore un peu de muscles, il passe le relais à son père, le combat est rude, le bestiau se débat, n'a pas l'air d'avoir envie de se faire manger ... Une fois ramené juste derrière le bateau, on distingue la voile caractéristique du marlin bleu (cousin de l'espadon, et plus grosse espèce de marlin, le rêve de pêche de Gaëtan!!) ... Celui-là est un petit, mais quand même un bon 1,20 m ... Arrivé là, Olivier réussit à le crocheter et à le maintenir contre la coque, mais il se débat tellement que pas moyen de le ramener à bord, il finit par se décrocher, la chair un peu abimée, et repart au fond de l'eau ... Décidément, la pêche est un métier, et manifestement pas le nôtre ... Grosse déception de Gaëtan, content toutefois d'avoir au moins réussi à en accrocher un. Encore une fois, merci les knackis et la purée mousline qui nous assurent notre repas de midi ... Après-midi tranquille, le vent mollit un peu, on ralentit un poil, arrivée prévue demain aux aurores. Gaëtan ressort le jeu d'échecs pour faire une partie avec son père, qui se fait aider par Quentin ... 23h, Olivier vient me réveiller, c'est mon tour de quart. Je me lève tranquillement. Rien ne presse. Je savoure ces derniers moments de navigation de nuit. La mer est plate et la brise légère, Zanzibar nous berce doucement au doux ronron du moteur rallumé il y a 1/2 heure. Je n'ai qu'à surveiller les bateaux alentour en regardant se rapprocher les lumières de la côte. Devant nous, Palamos, plus loin le Cap Nègre et le Cap Creus, puis la frontière française, Collioure, Argelès, où j'ai des souvenirs d'une petite fille à couettes tirant ses premiers bords d'optimist au large de la plage des pins et de grillades et camembert fondu aux barbecues du vendredi soir. Comment ne pas penser que ce sont ces premiers bords qui m'ont conduit ici aujourd'hui, que sans eux je ne serai pas là, et les enfants encore moins ... la vie tient finalement à peu de choses ... Après Argelès, les grandes plages de sable de St Cyprien et Canet puis les étangs de Port Barcarès et Port Leucate ... et encore un peu plus loin, Sète, l'étang de Thau, et les pontons du chantier de Navibois. Zanzibar est bientôt de retour chez lui. Après 6000 miles, presque 10 000 km, le voilà à portée de voile de son port d'attache.
Mardi 18 juillet : 02h, au changement de quart, on éteint le moteur, le vent remonte. 04h30, ce n'est pas encore l'heure, mais Olivier me réveille, il voudrait affaler la GV pour ne garder que le génois, le vent souffle maintenant de l'arrière à 25 noeuds. Je me rallonge dans le carré pour la petite demi-heure restante, et ne me réveille qu'à 6h moins 10 ... il m'a laissée dormir, et nous arrivons maintenant à La Escala, en même temps que le soleil et les bateaux de pêche ... la cala Montgo, un peu plus au sud, est déjà occupée par plusieurs bateaux au mouillage, et les fonds descendent vite, on préfère aller se mettre dans la baie derrière le port, le site n'est pas des plus pittoresques, mais pour l'instant ça ira bien, et on verra plus tard. En attendant, on retourne faire un petit dodo ... 10h, j'émerge, personne n'est encore levé !! Après un petit déjeuner tous ensemble (c'est assez rare, finalement, ces derniers temps!), Olivier et Gaëtan vont faire un tour en annexe, voir s'il n'y aurait pas un mouillage plus sympa derrière la pointe. D'autant plus qu'ici, à 6h, on était tout seuls, mais maintenant, on est un peu au milieu du terrain de jeu de l'école de voile locale ... Au moment où on s'apprête à relever l'ancre, l'un des gamins d'un bateau collectif qui fait des aller-retours devant nous perd sa casquette à quelques mètres du bateau. La demoiselle à la barre fait demi-tour, récupère la casquette, mais une fois face au vent, ne sait plus comment repartir, n'arrive pas à virer, abat donc en grand, mais pas assez pour nous éviter ... ça frotte un peu contre la coque babord, ils se retrouvent à la gite, la bôme vient se poser dans l'annexe, et ils finissent à l'envers quelques mètres derrière nous. Je ne vois d'abord personne remonter de la coque retournée, puis les cinq petites têtes ressortent de l'eau les unes après les autres. Olivier surveille tout ça depuis l'annexe, et une sécu vient récupérer tout ce petit monde ... Décidément, ilvaut mieux qu'on aille se poser ailleurs. Après s'être assuré que tout allait bien, on quitte donc notre place pour aller se mettre juste de l'autre côté de la pointe de la Olla et de l'îlot Caragol, devant les vieux quartiers de la ville, et plusieurs petites anses abritant quelques plages de gros sable et de cailloux. Beaucoup plus sympathique, effectivement. L'après-midi est tranquille, on profite du site, on rechausse les palmes, masques et tubas remisés depuis les Bahamas, enfilons un shorty (il faut dire que l'eau est ici à 22°C, c'est beaucoup plus froid que ce à quoi on s'était habitués) et allons explorer les cailloux alentours, il y a pas mal de pêcheurs au harpon dans le coin, c'est qu'il doit y avoir du poisson ... Un petit tour en ville en fin de journée, ma foi, c'est plutôt joli, par ici, et pas encore trop envahi de touristes ...
Mercredi 19 juillet : 9h, tout le monde est debout, j'ai prévu ce matin une petite ballade à pieds vers San Marti l'Empuries à peine 3km plus loin. La ballade longe le bord de mer, piste cyclable, dunes et pins, on se croirait presque à Lacanau. Bon, les pins ne sont pas les mêmes, ceux-là sont maritimes ou parasols, pas les pins des Landes de chez nous, mais quand même ... La piste longe également les ruines de l'ancienne ville gréco-romaine d'Empuries, du grec “Emporion” (place du marché, place du commerce). À cette époque, elle était située favorablement à l’embouchure de la rivière et tout près de l’embranchement des différentes routes commerciales. Un peu plus loin, nous arrivons à Sant Marti l'Empuries, ancien village médiéval, tout en pierres et pavés, qui conserve encore la structure originale de ses rues. Les blasons et symboles de noblesse figurent toujours sur les façades de pierre de nombreuses maisons du village. A 11h30, nous sommes de retour au bateau, une petite baignade et à table. Après-midi planche pour Quentin, mais le vent est mollasson, alors qu'hier il soufflait à 20 noeuds en rafales, pêche pour Gaëtan et Olivier, le harpon est de sorti, mais le poisson ne se laisse pas faire, paddle pour moi, mais s'il n'y a pas assez de vent pour la planche il y en a un peu trop pour le paddle ... Gaëtan lit le livre d'apnée que j'avais offert à Olivier avant de partir, il voudrait s'inscrire à la rentrée avec son père aux cours proposés par le CE. C'est qu'on commence à repenser à tout ça, les inscriptions aux activités en septembre, la reprise de la voile au VLG, les travaux à faire dans les deux maisons, Gaëtan a toujours à St Médard le papier peint à pattes de chat qu'on avait posé quand il avait 9 mois ... Ca fait des projets pour la rentrée, c'est qu'il va falloir qu'on s'occupe, après tout ça ... De son côté, Olivier scrute les bulletins météo, le vent doit tourner au nord demain, on prévoit donc de quitter notre abri pour aller de l'autre côté de la baie, voire un peu plus loin, aux avant-postes pour passer le cap Creus dès qu'un créneau météo nous le permettra, vendredi ou samedi.
Jeudi 20 juillet : 04h30, Olivier se réveille, on entend les haubans siffler, le bateau gigote, le vent a tourné et commence à se lever ... c'est plus tôt que prévu. Il va falloir anticiper un peu notre départ ... 06h, il est temps de partir. Les premiers rayons du soleil éclairent suffisamment la mer pour qu'on puisse y distinguer d'éventuels casiers de pêcheurs. Les deux bateaux qui nous tenaient compagnie pour la nuit sont déjà partis. Une petite heure pour traverser la baie, Olivier avait prévu d'aller mouiller après la pointe Falconera, mais une houle de sud-est persiste, risque de rendre le mouillage rouleur, on se rabat vers la cala Canyellas Petitas à l'est de Rosès. Sauf qu'à l'approche de la cala, le vent souffle de plus fort, 25, 28 noeuds, après s'être engouffré dans la vallée. On va voir ailleurs ... Il y a des bouées juste de l'autre côté du banc de cailloux qui affleure à la surface de l'eau, la mer y a l'air plus calme, on s'amarre à une bouée devant une petite plage et les nombreuses villas qui se serrent sur les flancs de la colline. Mais après le petit déjeuner et la météo du matin, le vent a l'air de s'être calmé , il y a moyen de pousser jusqu'à Cadaquès, on repart. Après le cap Norfeo, le vent souffle un peu plus fort, la mer est plus formée, le ciel couvert, les montagnes de la baie de Juntulls recouvertes d'un épais maquis, le site est sauvage et assez grandiose ... Après le cap de Figuera, Cadaquès est un petit village de pêcheurs pittoresque, aux ruelles étroites grimpant entre des maisons blanches fleuries vers le parvis de l'église adossée à des collines élevées. Le guide nautique en fait l'un des plus jolis mouillages de toute la Costa Brava ... Des corps morts sont installés dans toute la baie, un marinero vient nous accueillir pour nous y installer, la houle de sud-est y rentre un peu mais ne gêne pas, il est 10h, nous voilà à Cadaquès ... Nous y traînons toute la journée, arpentons les ruelles pavées, alors que le ciel se dégage et que le soleil apparaît. Retour en terre française demain, arrivée à Sète prévue dimanche, cette fois, ça y est, le voyage touche à sa fin ...
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