Dimanche 18 décembre : 14 jours et 6 heures

Dimanche 18 décembre : 14 jours et 6 heures

Posté par : Olivier
18 Décembre 2016 à 22h
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Dimanche 18 décembre : Nous sommes ARRIVES !!!!!!! Hier, à 13h heure locale (17h UTC). 14 jours et 6 heures de mer sans voir la terre ... enfin, un peu moins, puisqu'on l'a vue encore un moment après le départ, et aussi un moment avant l'arrivée ... bon, alors 14 jours et 6 heures sans mettre pied à terre ... enfin, un peu plus, parce qu'une fois arrivés, on a mis un moment avant d'aller à terre ... ok, soyons précis donc, 14 jours et 6 heures entre le largage des amarres et le mouillage de l'ancre, sans autre horizon que la mer et le ciel, limités à nos quelques mètres carrés, portés (voire ballottés) par les vagues et poussés par le vent. C'est quand même pas rien ... Nos premières impressions à l'arrivée : super contents, super fatigués et super fiers. Super contents d'avoir parcouru ces 2080 miles (soit 3850km en route directe), super fatigués, c'est vrai qu'à 4 (dont deux enfants), pas beaucoup de moments de libre entre les quarts de jour, de nuit, les siestes, les repas, les enfants,... et pas mal de stress, surtout pour Olivier, dans la gestion du bateau, de la météo, de la route, ... il était temps qu'on arrive, ... et super fiers enfin d'avoir réussi notre pari et d'être arrivés jusqu'ici tous les quatre. Voilà, depuis hier, nous avons dormi, dormi, redormi, sommes allés manger des hamburgers créoles au poulet et à l'ananas avec des frites, avons fait une lessive et un peu de ménage, mis en ligne 9 évaluations pour le CNED, fait les formalités de ré-entrée sur le territoire européen, vidé les poubelles (ben oui, ça peut vous paraître assez pragmatique, mais vous comprendrez bien l'importance de la chose), sommes allés acheter une vraie baguette de pain, avons pris une vraie douche, et commencé les décos de Noël. Les garçons sont tous passés chez le coiffeur (il faut dire qu'il y en avait bien besoin), et il nous reste à faire quelques courses, avant d'aller demain à 16h55 accueillir papy, mamie et les cousins à l'aéroport.

Merci en tous cas à tous ceux qui nous ont envoyé leurs encouragements, via le blog ou par messagerie perso avant le départ, ça nous a fait grand plaisir.

Pour tous les courageux, les curieux, ou les deux, ci-dessous le journal de bord et le film de la transat ...

Transat, jour 1 : 9h30 : nous sommes prêts à partir. Les enfants ont rameuté les bato-copains qui sont tous là sur le ponton, appareils photos et cornes de brume à la main ... il faut attendre notre tour pour le coup de main des marineros, un bateau quelques places plus loin s'est mis en travers et s'est pris le safran dans les pendilles. Ca y est, c'est à nous, on largue les amarres à l'avant, les amarres à l'arrière, et on se quitte à grands renforts de signes de la main, de pouet pouet, bonne nav, bonne pêche, bon CNED (elle est bien bonne, celle-là!), rendez-vous de l'autre côté ... Deux pontons plus loin, c'est Pascal, qui vient juste de finir de s'amarrer avec Hermès, qui nous fait de grands signes, et plus loin Larissa et Erwin quand on passe dans la baie près de Larwin au mouillage. ... moment chargé en émotion, vraiment sympa, qui restera l'un des grands souvenirs de notre aventure. A la sortie de la baie, on déroule le génois seul, le vent monte progressivement jusqu'à 30 noeuds sous l'effet venturi dans la passe entre les deux îles et la mer est assez formée ... ça démarre fort !! Deux heures plus tard, ça s'est un peu calmé, on peut manger tranquillement le bon taboulé préparé la veille. 13h : le moulinet de Gaëtan se déroule avec son cliquetis caractéristique ... il mouline lentement pour rapprocher le poisson qui se débat au bout, c'est une grosse dorade coryphène, au moins 10 kilos d'après Gaëtan, au moins 1,20m, la taille de Quentin d'après Olivier (quoi, mais je fais 1,39m, s'indigne Quentin!!), Gaëtan enroule tout doucement, la bestiole se rapproche, elle gigote, se tortille dans tous les sens, et arrivée à 20m du bateau, dans un dernier sursaut désespéré, finit par se décrocher ... encore pas pour cette fois !! 14h30 : maintenant qu'on s'éloigne un peu de Santo Antao et des effets de côte, on se décide à hisser la GV, avec deux ris tout de même, le vent est encore autour des 25 noeuds ... alors que je suis à la barre à essayer de maintenir le bateau face au vent, j'entends à l'intérieur un bruit de verre cassé épouvantable ... allons bon !! la porte du four, mal crochetée, s'est ouverte dans la manoeuvre et les plats en verre en ont profité pour se faire la malle et se jeter par terre. Miraculeusement, seul le grand est cassé, il nous reste le petit et des dizaines de morceaux de verre à ramasser ... 15h00 : rebelote, le moulinet  de Gaëtan se déroule, cette fois à une vitesse impressionnante, impossible de l'arrêter ou de freiner le bateau, on file à 8-9 noeuds, Quentin aperçoit une queue énoooooooooooorme au bout, la moitié du fil est déjà partie mais le temps que Gaëtan enfile son gilet pour venir voir ça de plus près, clac ... le fil casse d'un coup sec juste derrière le moulinet ... Avec la pêche, Gaëtan apprend la patience, la persévérance, ... et l'échec ... mais pour l'heure, la leçon est amère. Il remballe sa deuxième ligne. La journée de pêche est finie. Le reste de l'après-midi est assez compliqué, on subit l'effet de dévente de l'île, on se retrouve au près dans 10 noeuds de vent avant de retrouver du largue à 20 noeuds. Tout ça se stabilise en fin de journée, mais on prend quand même un troisième ris pour être tranquilles cette nuit. Depuis l'épisode entre Boa Vista et Sao Nicolau, on appuie maintenant systématiquement les prises de ris d'un petit coup de moteur, histoire de garder un peu de vitesse pour se maintenir face au vent, c'est nettement plus facile (et sécurisant!!).

Transat, jour 2 : 10h : alors que je suis en super forme depuis le départ (voilà, il me fallait juste 4 mois pour m'amariner complètement!), les estomacs des enfants n'apprécient pas les smacks du petit déjeuner ... petite forme toute la matinée. Ca m'inquiète un peu, eux qui n'avaient pas été malades (nauséeux mais sans plus) depuis notre départ de Sète, tous les deux en même temps, alors que la mer n'est pas spécialement plus formée que sur les autres nav, j'espère qu'ils n'ont pas chopé un sale truc à Mindelo ... Mais non, ça va un peu mieux à midi, ils trouvent un peu d'appétit pour manger ma bonne salade piémontaise, et ils sont en forme au goûter pour faire des pancakes. Quentin se lance dans un atelier bracelets en bout et manille : il fait de tout, des tresses, des noeuds plats, des unis, des bicolores, vous pouvez passer commande ... Côté nav, on est toujours avec nos 3 ris alors que le vent oscille maintenant entre 15 et 25 noeuds, on ajuste avec le génois, le bateau avance tranquillement entre 6 et 7 noeuds, Olivier préfère commencer doucement. L'expérience de Jage sur Danademer, qui a levé une coque (si, si, comme un vulgaire Hobbie16!! Je n'ai rien contre le hobbie16, c'est juste que pour traverser l'Atlantique c'est un peu léger ...) sur une mauvaise vague lors de la traversée Canaries-Cap Vert, l'a conforté dans son appréciation de la maxime italienne "qui va piano va sano" ... bon, pour l'instant, on oublie le "ma va lentano" de la fin, on n'est pas encore spécialement pressés. Nuit tranquille, il faudrait qu'on largue un ris mais on attend le matin. Les enfants dorment tous les deux dans notre cabine, Quentin veut tester une cabine arrière, on est relégués en alternance dans la sienne à l'avant.

Transat, jour 3 : 8h00, le vent nous emmène au 300°, beaucoup plus nord que ce qu'on voudrait ... je réveille Olivier (de toute façon, c'est l'heure), on largue un ris, Olivier installe son tangon et on se met vent arrière voiles en ciseaux. La journée se passe comme ça tranquillement entre 10 et 18 noeuds, les enfants font un peu de CNED et du pain, séance douche pour tout le monde sur le trampoline à l'avant, c'est frais, mais ça fait du bien de se sentir propre et de sécher au grand air ... il faut dire qu'il fait 28°C, ça aide !! 17h30 : Gaëtan est assis nonchalamment au poste de barre, la main sur le fil de pêche, prêt à rembobiner pour la nuit, encore 10mn, quand il aperçoit un poisson sauter juste derrière le bateau, et aussitôt le fil qui se déroule ... c'est reparti, et cette fois, on est prêts ... après 10mn de combat appliqué, il parvient à ramener la daurade coryphène (car c'en est une) tout près du bateau, Olivier la crochète une première fois, la perd, en même temps que le chiffon destiné à calmer la bête, la crochète une seconde fois, ça y est, le poisson est à bord ... 5kg, 85cm, pêchée avec le leurre fait maison que Gaëtan avait fabriqué à Sal. Leçon pêche du jour : la récompense des efforts accomplis. Au menu de ce soir : apéro, et daurade grillée aux petits légumes. 21h00 : le vent mollit franchement, passe carrément est, c'est à dire plein arrière, la voile ne porte plus avec les vagues de côté, Olivier allume le moteur pour la nuit. 01h20 : le vent remonte un poil, repasse un peu au nord, je choque la GV, déroule le génois, arrête le moteur, et c'est reparti ...

Transat, jour 4 : pas de pêche aujourd'hui, le temps qu'on termine notre daurade ... Gaëtan est donc tout désoeuvré ... petit vent, 10 noeuds max, petite vitesse, 5 noeuds de moyenne ... on n'avance pas bien vite, en revanche, c'est tout calme, on profite de la journée, du soleil, de la mer (presque) plate, on avance le CNED, on recule nos montres d'une heure ... Quentin nous fait un gâteau, on flemmarde couchés sur le pont à profiter du souffle d'air, et on croise même un bateau en fin de journée ... il y a du monde, au milieu de l'Atlantique !! 17h00 : tiens, les toilettes babord refoulent ... revoilà le problème de la cuve à caca !! ni une ni deux, Olivier sort son tuyau, sa pompe manuelle, on vidange tout ça, on nettoie à l'eau de mer et on condamne, tout le monde à tribord ... le débouchage attendra bien l'arrivée en Martinique. 23h : le vent monte un peu, entre 15 et 20 noeuds, au changement de quart on en profite pour prendre un ris pour la nuit. Deuxième ris au petit matin (ça monte à 22-23 noeuds, notre moyenne augmente), largué juste quelques heures plus tard, décidément, il sait pas ce qu'il veut, ce vent  ...

Transat, jour 5 : la journée ressemble à la précédente, un peu plus de vent, un peu plus de mer, mais si peu ...Quentin trouve qu'il y a beaucoup moins de mer que ce à quoi il s'attendait !! On s'occupe à prendre ou larguer le premier ris en fonction de l'humeur du vent, et à passer le génois sous le vent ou en ciseaux en fonction de sa direction, pour essayer de suivre globalement l'orthodromie (la route la plus courte, qui n'est pas la ligne droite sur le plan compte tenu de la rotondité de la terre), et pour l'instant on s'en sort pas si mal. Dans l'après-midi, on aperçoit une tortue qui passe nonchalamment à 2 mètres de la coque babord, Gaëtan a peur qu'elle se prenne dans sa ligne (qu'il a eu le droit de remettre à l'eau aujourd'hui, il nous reste des rillettes de dorade, mais demain il n'y aura plus rien!), mais à la place, c'est un petit poisson qu'il remonte, qui s'avère être une liche amie qu'il remet généreusement à l'eau. Deux manoeuvres d'évitement pour passer à moins de quelques miles d'un cargo qui fait route dans l'autre sens, et d'un cata qui semble suivre le même chemin que nous ... décidément, quel trafic !! On passe la nuit GV haute et génois 100% en ciseaux tangonné, on boucle le premier tiers du parcours, la lune nous accompagne un moment avant que n'apparaisse un magnifique ciel étoilé ...

Transat, jour 6 : Quentin se traîne toute la journée, il est tombé de la banquette du carré hier soir, petite bosse sur le front (merci le gel à l'arnica!) mais mal au cou qui tarde à passer ... pour le reste, copier/coller de la journée précédente, vent faible à modéré, mer peu agitée, vitesse moyenne 6 à 7 noeuds, pour l'instant, une transat tout en douceur, et on en profite !! Nos journées se résument aux gestes simples de la vie quotidienne : manger, dormir, se laver, flemmarder ... d'après Olivier, un aperçu de la retraite (je vous laisse juges) ... les enfants travaillent quand même un peu, regardent quelques films sur l'ordi, nous on regarde la mer et le ciel, plus de bateau en visuel ni sur l'écran de l'AIS depuis deux jours, mais on discute avec les bato-copains par l'iridium, c'est sympa.

Transat, jour 7 : les jours passent et se ressemblent ... GV haute et génois 100%, 10 à 18 noeuds de vent toute la journée, mer peu agitée, ciel bleu, soleil, Bob Marley à la radio, on fait des crêpes, de l'origami, Quentin une éval d'histoire-géo, on s'approche petit à petit de la mi-parcours ... et on arrive au bout de nos provisions de frais, il ne reste que des oranges, des pommes, pommes de terre, carottes et une grosse courge ... à partir de maintenant, ça sera légumes en boite, pates, riz, semoule, lentilles. 17h00 : 10 noeuds au lieu des 15 annoncés, on avance encore, mais la voile bat dans les haubans, Olivier râle (contre la voile ou contre le vent, je n'ai pas bien compris, contre les deux peut-être), et bricole encore une retenue de bôme (en plus de celle qu'il a mise au milieu) fixée en un point en bout de bôme et en deux points reliés par un élastique sur le pont ... son imagination ne cessera jamais de m'étonner ... 23h : au changement de quart, quand Olivier me réveille, le vent monte progressivement, on prend un premier ris pour être tranquilles pour la suite ... sauf que, 2 heures plus tard, on attaque les 23 noeuds, puis 25, l'alarme n'arrête pas de biper, je descends dans la cabine réveiller Olivier qui a déjà un pied par terre, on monte sur le pont prendre un deuxième ris ... on est rodé, moi à la barre, moteur allumé, lui au pied de mât ... et rebelote 1/2 heure plus tard, 3ème ris, on est à au-delà des 28 noeuds ... il est 01h30, on passera le reste de la nuit tous les deux chacun sur un bout de banquette dans le carré, mais ça redescend progressivement autour de 22-23 noeuds et la nuit se termine comme ça ...

Transat, jour 8 : 9h00 : on passe la mi-parcours, 1040 miles parcourus pour 2080 au départ ... les choses sérieuses commencent, le vent ne descend pas en dessous de 20 noeuds de toute la journée, la mer se forme, ça commence à secouer un peu ... Gaëtan allongé sur la banquette du carré se retrouve avec un tabouret sur la tête et recouvert de legos ... on commence à sentir un peu la fatigue, pas tant la fatigue physique que la fatigue nerveuse ... même si tout se passe bien, on sent qu'on est sans arrêt sur le qui-vive, les sens en alerte, à épier le moindre bruit anormal, à observer le ciel et la mer pour déceler les prémices d'un grain éventuel, ... on passe la journée avec 2 ris dans la GV, ça avance bien, 7 noeuds de moyenne voire un peu plus. A l'approche de la nuit, même si le ciel est clair (contrairement à la nuit dernière), on en prend quand même un troisième. La nuit est tranquille, mais on surveille les nuages éclairés par la lune.

Transat, jour 9 : 04h30 : on se prend deux bonnes averses, Olivier a juste le temps de rouler un peu de génois avant que les grosses gouttes ne viennent rincer le bateau. Une troisième vers 9h, bienvenue sous les tropiques à l'approche des Antilles. La mer n'a rien à voir avec celle de la semaine dernière ; beaucoup moins sympathique : ridée par le vent, blanchie par l'écume, creusée par la houle, on se croirait dans un reportage de Thalassa en plein milieu de l'Atlantique, je préfère ne pas y penser ... toujours 20 à 25 noeuds de vent, avec des pointes à 27-28, on garde nos trois ris et un petit bout de génois, Zanzibar n'est pas très toilé, mais il avance, porté par les vagues et poussé par le vent. On commence à prendre un peu de retard sur le CNED, on aura trois jours avant l'arrivée de la famille pour boucler toutes les evals mais je sens les garçons assez motivés. Pas de trampo pour la séance douche d'aujourd'hui, on se replie dans le cockpit ... En fin de journée, on empanne pour repiquer vers le sud. Pas de possibilité de tangonner sous cette amure, tout est installé de l'autre côté, et mettre le génois du côté de la voile nous ferait bien gagner un peu de vitesse mais nous  éloignerait de la route ... Olivier finit donc pas le rouler complètement, espérant naïvement être tranquille pour la nuit ...!! que neni, les grains se succèdent, à chaque fois l'anémo s'emballe un peu plus, on ressort les bottes, cirés et vestes de quart, j'arrive à dormir quelques heures, mais Olivier reste sur le pont quasiment toute la nuit et à 5h30, alors que la lune vient de se coucher et que le jour n'est pas encore levé, qu'il fait donc bien noir, ça monte à 30, 32, 35, 37 (force 8, pour ceux à qui ça parlerait plus) ... ok, on affale tout, j'allume les deux moteurs cette fois, je mets la gomme, 1700 tr/min chacun, il s'agit de garder de la vitesse face au vent et face aux vagues, Olivier au pied de mât, je ne distingue pas les vagues mais je loffe au pilote, de +10 en +10, ça permet de mieux maîtriser, et puis au moins, si y'en a un qui fait une bêtise, ce sera lui et pas moi ... affalage OK, on se remet sur la route et on déroule juste un petit bout de génois ... le jour se lève ...

Transat, jour 10 : les fichiers météo donnent un vent autour de 20-21 noeuds, une couverture nuageuse de 2% et pas de pluie ... mais que font les météorologues, ils sont déjà partis en vacances pour Noël, ou quoi ?? en réalité on est plutôt entre 25 et 35 noeuds et des nuages de partout, on se prend une bonne quinzaine de grains dans la journée, et une mer qui commence à bien se former (Quentin trouve que ça y est, elle ressemble à ce qu'il imaginait!). On ajuste avec notre petit bout de génois, un peu plus, un peu moins, du coup on se traîne à 5 noeuds de moyenne, mais c'est pas si grave. Les enfants sont cools, ils s'occupent à leurs activités BD, origami, lego, CNED, DVD, ils regrettent juste qu'on aille un peu moins vite, parce que ça veut dire qu'on va mettre plus de temps à arriver ... Pas de nouvelles des bato-copains, on espère qu'ils galèrent un peu moins que nous ... pas de bateau non plus sur l'AIS depuis plusieurs jours, on a l'impression d'être seuls au monde ... ça m'a fait super plaisir d'entendre quelqu'un parler à la VHF dans l'après-midi, même si le message ne nous était pas adressé, ça fait du bien de savoir qu'il y a du monde pas trop loin ... On se prépare à une nouvelle nuit difficile ... et on n'a pas tort ... 20h : à peine les enfants couchés, je m'apprête à y aller aussi (c'est à dire à m'allonger sur un bout de banquette dans le carré) quand Olivier me prévient que ça va tomber ... cirés et vestes de quart tous les deux, Olivier reste à côté de la barre pour surveiller les réactions du pilote, je reste à la porte du carré pour surveiller Olivier, et c'est parti. Des trombes d'eau (ayant mis 5mn à réagir avant de fermer la porte, je suis bonne pour éponger, il y en a partout à l'intérieur, le livre de bord prend l'eau, j'espère que ce n'est pas trop mauvais signe ??), un ciel gris et bas de tous les côtés, et le vent qui commence ... l'alarme réglée à 35 noeuds ne s'arrête plus de biper, je vois passer les 40, 42 ... l'anémo enregistrera des rafales à 45 noeuds!! de là où je suis, c'est assez impressionnant ... de vous à moi, là je suis pas très rassurée. Bon, normalement, avec notre petit bout de génois, on ne risque pas grand chose, on est déjà en configuration gros temps, et la mer n'est encore pas trop méchante. Mais quand même !! En tous cas, on est bien contents de ne pas avoir renvoyé la GV !! Au bout d'un bon quart d'heure, ça a l'air de se calmer un chouilla (tout est relatif, hein!!), Olivier se rentre, il est tout trempé, et on regarde tous les deux le spectacle derrière la porte. Le ciel ne s'éclaircit pas d'un poil de toute la nuit, les grains se succèdent toutes les 1/2 heure, on se relaie à la surveillance (qui se résume à voir arriver les grains, regarder à combien ça monte, et vérifier qu'il n'y a pas d'autre bateau dans le coin). On arrive quand même à dormir un peu, finalement, la porte fermée, on a presque l'impression qu'il ne se passe rien!! Mais à 5h, quand je réveille Olivier pour son quart, il ne peut plus poser le pied par terre, cheville toute gonflée, probablement une bonne tendinite de fatigue musculaire à essayer de garder l'équilibre sur le pont face aux mouvements désordonnés du bateau dans une mer qui ne l'est pas moins!! On termine la nuit comme on peut, encore une bonne averse à 6h, ciel bas et gris sur 360°, rafales à 35 noeuds, moral pas top, on a l'impression que ça ne va jamais s'arrêter ...

Transat, jour 11 : 9h : après le petit déj, on ouvre le sac pharmacie préparé par Vincent pour en sortir la pommade anti-inflammatoire, l'attelle et le sparadrap et Olivier se bloque la cheville. Je pars faire ma sieste du matin, et à mon retour, quelle surprise : du ciel presque bleu, quelques (encore gros mais quand même nettement moins) nuages blancs (et plus gris, ça change tout!!) épars de-ci de-là, et un peu de soleil !! Aurai-je dormi 24h ? Ben non, juste mes 3/4 d'heure habituels ... D'un seul coup, c'est fou comme ça va mieux!! Le vent souffle encore autour des 25 noeuds, on n'envisage pas de remettre la GV tout de suite, on a besoin d'un peu de temps pour se reposer, et Olivier ne se sent pas d'aller vadrouiller au pied de mât pour l'instant ... On passe donc la journée comme ça, à profiter de pouvoir ouvrir et sortir un peu, lego, crêpes, pain, CNED. On maintient une vitesse autour de 6 noeuds avec le génois. Idem pour la nuit, on redoute encore un peu les grains éventuels, et on aimerait passer une nuit tranquille cette fois ... A 18h, la lune se lève, presque pleine, dans un ciel dégagé, elle éclaire la mer derrière nous, c'est beau ...

Transat, jour 12 : Après une nuit assez calme (juste quelques grains tout gentils en fin de nuit, j'ajuste en enroulant/déroulant un peu de génois à chaque fois), il est quand même temps de faire quelque chose si on veut arriver samedi au Marin. On hisse donc la GV, cette fois c'est Olivier au moteur et moi au pied de mât, pour cette fois je m'en sors pas si mal. Deux ris pour se mettre à l'abri et s'éviter d'avoir à revenir en prendre plus tard, on avance quand même un peu mieux ...En fin de journée, Olivier se traîne sur le pont avec sa patte folle et tangonne le génois à tribord, route directe vers la Martinique à 7 noeuds pour avaler les 400 derniers miles qu'il nous reste à faire ... de leur côté, les enfants entament aussi la dernière ligne droite, 7 évaluations à faire pour Quentin, 5 pour Gaëtan, entre deux séances de lego, on a un planning tendu jusqu'à dimanche ...  

Transat, jours 13 et 14 : je vous avoue, je ne sais plus trop. On est dimanche quand j'écris ces dernières lignes, nous sommes mouillés dans la baie du Marin en Martinique depuis un peu plus de 24h, et je mélange un peu ces derniers jours de nav ... pas grand chose à en dire, du temps plutôt beau avec encore quelques grains, beaucoup moins méchants que ceux qu'on a pu avoir, on décale nos montres d'une dernière heure, on surveille le speedo, c'est un peu la course contre la montre pour arriver samedi avant la tombée de la nuit, Olivier n'a pas du tout l'intention d'arriver de nuit ni de passer une nouvelle nuit de nav à faire des ronds dans l'eau en attendant qu'il fasse jour ... on appuie donc les voiles d'un petit coup de moteur jeudi, le vent a bien molli, mais il repart pour la nuit, on prend deux ris. Vendredi matin, au largage des ris pour gagner quelques dixièmes de noeud, je suis pas encore bien réveillée, le nerf de chute se prend dans le mousqueton de le première bosse de ris, et au hissage de la voile, ça déchire un petit bout du guindant au niveau du point d'amure du ris n°1 ... on finira donc avec un ris en attendant de pouvoir réparer quand on sera arrivés (Olivier a l'air de dire qu'on peut s'en sortir tous seuls, de la couture, ça va être pour ma pomme, et en même temps, c'est moi qui ai fait la bêtise, c'est de bonne guerre!!) ... on attend maintenant l'arrivée avec impatience, Olivier est épuisé, sa cheville est encore bien gonflée ...

Transat, jour 15 : samedi, 07h57, terre en vue !!!!!!!! à l'approche de la Martinique, le vent se renforce, la mer est toute striée de moutons blancs, ça souffle !! on aperçoit Ioda sur l'AIS depuis le milieu de la nuit, Olivier a papoté avec eux à la VHF, partis un jour avant nous de Mindelo, ils vont aller mouiller à Grande Anse d'Arlet. Les enfants profitent de la matinée pour faire encore quelques évals, là aussi on est proches du but !!  à 13h, après 14 jours et 6 heures de mer, nous mouillons dans la baie du Marin, où sont mouillés des centaines de bateaux (non, non, je n'exagère pas!!), après être passés devant la baie de St Anne où il y en a quelques centaines d'autres ... mais qu'est-ce que c'est que tous ces touristes !!!!! En tous cas, ça y est, nous sommes arrivés ...

Emplacement

Bonjour à tous les 4 Merci pour ces news. Nous venons de visionner le reportage avec Gaétan. Les enfants sont en vacances depuis hier. A lyon beaucoup de Pollution mais nous allons aller en, Bretagne chez la allant de Pierre donc on respirera un sur marin. Profitez bien de ces fêtes de Noël pas comme les autres. Je vois que vous etes à la fois, infirmier coiffeur maitresse c'est génial Bises Emma

Bonjour la famille, Nous venons de nous mettre à jour dans vos péripéties et nous sommes contents d'apprendre que vous êtes bien arrivés !!! Vous pouvez être fiers ! Rien qu'à vous lire, on n'en serai pas capable ! Profitez bien des Antilles, de la famille... On retient : Madère et Lanzarote sont de belles destinations... Joyeux Noël !!! Bises, David et Christelle

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