Samedi 8 juillet : de Gibraltar à Santa Pola (ou qui a caché un chat noir à bord de Zanzibar ??)

Samedi 8 juillet : de Gibraltar à Santa Pola (ou qui a caché un chat noir à bord de Zanzibar ??)

Posté par : Olivier
08 Juillet 2017 à 18h
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Mardi 4 juillet : 9h, nous quittons sans nostalgie notre ponton de La Linea. Mais au moment de partir, de ramasser les tongs restées sur le quai, il n'y en a plus que 3 au lieu de 6 ... un pied de chaque paire, la mienne, celle d'Olivier et celle de Gaëtan (Quentin, prévoyant, les avait rentrées pour la nuit). Une blague des enfants ? des voisins de ponton ? Ben non, probablement un petit coup de vent ... un petit coup de marche arrière en partant pour récupèrer à la gaffe la mienne qui flotte dans l'eau, mais pour les garçons, il va falloir aller en racheter. En attendant, comme il reste le pied gauche de Gaëtan et le pied droit d'Olivier, de même pointure, ça fait encore une paire,même dépareillée ... un petit arrêt au bureau de la marina pour les formalités et et au ponton carburant pour le plein d'essence ... on a la flemme d'aller faire le plein à Gibraltar un peu plus loin, ça nous coûte quand même 100€ de plus, mais tant pis. A posteriori, Olivier se demandera si on a bien fait, on est peut-être les seuls clients de l'année et l'essence date peut-être d'il y a 6 mois ... Quentin prend la barre pour sortir de la baie, on surveille les cargos, le vent est variable et tourbillonnant, et on attend d'être au large pour hisser la voile. Le vent est nord-est, forcément, donc on commence par tirer des bords. Grosse houle, au près, pas super top. 19h, ça mollit, on met le moteur en marche et route directe vers l'est. Première nuit assez calme, pas de vent.

Mercredi 5 juillet : 8h, je fais un message à Vincent pour lui dire qu'on arrive en vue de la baie d'Alméria. On espère toujours arriver à Gandia vendredi soir. Mais qu'elle est longue, cette baie ... 13h, le vent revient un peu, on hisse la GV. 13h30, je suis à la sieste, Olivier m'appelle pour prendre un ris. Le vent est monté à 20 noeuds, il y a des moutons sur l'eau, le passage du Cabo de Gata vent de face dans ces conditions nous paraît difficile, même au moteur. On se dirige donc vers l'ouest de la pointe pour mouiller en attendant des jours meilleurs. Le vent soulève l'eau, c'est rafaleux, mais le mouillage tient, on n'est pas tous seuls à patienter ici, et on profite un peu de ce premier mouillage depuis bien longtemps. 20h, le vent est tombé, on relève l'ancre après le dîner, et on passe le cap au moteur. Début de nuit assez calme, pas beaucoup de vent, on a quand même notre GV avec 1 ris mais c'est le moteur qui nous pousse.

Jeudi 6 juillet : 2h du mat, je vais réveiller Olivier pour le changement de quart. Le vent vient juste de monter un peu, il est passé de 3 à 9 noeuds, on va pouvoir dérouler du génois. Mais le temps que j'aille dans la cabine et que je remonte, 12 noeuds, et ça monte 13, 14, 15, 20. Bon, finalement, avant de dérouler le génois, on va peut-être commencer par prendre un deuxième ris ... Olivier au pied de mât, 25, 30 noeuds ... OK, on prend aussi le troisième. Mais ça monte encore, 35, 40, sur tribord, ça tape dans les vagues, 44 noeuds, on affale la GV, les deux moteurs en route pour garder de la vitesse ... 5 minutes après, c'est retombé à 15 noeuds, 5 minutes après encore, c'est remonté à 40, mais sur babord cette fois ... et 10mn plus tard, plus rien, c'est retombé à 3 noeuds ... la météo annonce encore du vent d'est, force 7 sur toute la côte espagnole toute la journée, pas moyen de passer le prochain cap dans ces conditions ... A 10h, on entre dans le port de Carthagène pour y passer 24h en attendant une météo plus favorable. Je préviens Vincent qu'on n'arrivera probablement que samedi matin. La première marina à répondre à notre appel VHF est le Real Club de Regatas de Cartagena, celle où on n'était pas allée en septembre. L'avantage de celle-là, outre qu'elle est moins chère, est qu'elle a une piscine, argument non négligeable pour les enfants ... On est amarrés sur les quais de la ville (amarres au ponton à tribord, pendilles à babord, c'est pas banal, mais pas trop mal, ça évite aux pare-bats de frotter contre le quai et de couiner toute la nuit ...), devant la promenade où se promènent les passants, devant l'esplanade où les enfants peuvent faire du skate, on est au coeur de la ville et c'est assez sympa. On profite de la piscine, on va racheter des tongs, on flâne au marché artisanal, et on se trouve un petit resto de tapas pour le soir.

Vendredi 7 juillet : 9h. Conditions toujours pas top, on a eu des orages au petit matin et le ciel est encore bien chargé. On part quand même, au moteur jusqu'à la pointe, 10 à 15 noeuds de face, mais ça passe pas trop mal. Une fois passée la pointe, on hisse la GV, mais alors qu'on est face au vent, je sens le moteur (babord) s'arrêter. Il a calé ... Je remets des gaz, rien. Bon, j'allume en urgence le moteur tribord, de là où je suis je ne l'entends pas tout de suite, et j'ai un moment de gros doute à me dire qu'on a perdu les deux moteurs ... Mais non, le moteur tribord fonctionne, on finit de hisser notre voile, de mettre du génois, et on avise ... petit coup de blues de la part d'Olivier, psychologiquement fatigué de ces dernières nav difficiles depuis les Açores ... elles sont loin, les eaux turquoises des Antilles, leurs fonds poissonneux et leurs coraux multicolores ... on s'attendait à un retour difficile et à des nav compliquées en Méditerranée, la mer d'Alboran est réputée pour ça, mais là, ça commence à faire beaucoup ... Bref, changement de programme, on se dirige vers le port de Tomas Maestre sur la Mar Menor pendant qu'Olivier tente de voir ce qu'il peut faire ... Le boitier n'a pas l'air en cause cette fois (j'espère bien, il est tout neuf!!), d'après ce qu'il peut constater, Olivier pense plutôt à un problème de carburation. Notre essence de La Linea ? Si c'est ça, on est mal, on en a mis dans les deux réservoirs et tous nos bidons ... mais à la réflexion, non, on n'a presque rien mis dans le moteur babord ... une crasse dans le réservoir ? une bulle d'air ? Olivier retourne dans sa cale moteur, inspecte, constate que la pompe ne pompe plus, il n'y a plus d'essence à arriver jusqu'au moteur ... soit c'est bloqué entre le réservoir et le préfiltre, soit entre le préfiltre et le moteur. Il coupe la durite qui alimente le réservoir, elle a l'air propre, la plonge dans un bidon, purge tout ça (je suis pas sûre de tout avoir dans le bon ordre, la purge, c'est peut-être avant, mais vous ne m'en voudrez pas ...), retente un allumage ... ça marche !! Il met des gaz, ça pousse !! Bon, ça veut dire que c'est bloqué quelque part entre le réservoir et le préfiltre. En attendant de résoudre ça, on a une solution provisoire, et on peut reprendre notre route pour tenter de passer le Cap de Santa Pola. Mais là encore on est au près, la mer est courte et de face, vraiment pas top, même avec un moteur en soutien, ça tape dur, le bateau n'apprécie pas vraiment, nous non plus. Cette fois, gros coup de déprime du capitaine ... Je lui dit ironiquement qu'il n'est pas près de revenir naviguer en Méditerranée après ça, il me répond qu'après ça, il ne remettra plus les pieds sur un bateau ... aïe !! c'est plus grave que ce que je pensais. Je sais bien que ça n'est pas vrai, mais le fait qu'il le dise (et peut-être même à cet instant là qu'il le pense) en dit long sur son ras-le-bol du moment. Bref, on ne peut pas rester comme ça pendant 2 heures, on abat un poil, en même temps le vent refuse, on se retrouve donc encore au près mais avec les vagues un peu de côté, c'est déjà beaucoup mieux. On fait du coup route directe vers Santa Pola et une fois là-bas on avisera en fonction de la météo. 19h, on est en approche de la ville, le vent est monté à 20 noeuds, pas moyen de passer la pointe, on reste là pour la nuit. Je rappelle Vincent pour décaler encore notre arrivée, si on repart demain vers 3h du mat, on peut espérer arriver samedi soir et passer la soirée avec eux ... En attendant, on a bien besoin d'un petit apéro ...

Samedi 8 juillet : il fait encore nuit, je me réveille, une intuition, regarde l'heure sur le téléphone, 03h53 ... Olivier, le réveil devait pas sonner à 3h ? Ben si !! Sauf qu'il était réglé pour dimanche, et pas pour samedi ... Bon, on a déjà 1h de retard sur le programme ... En 2 minutes on est habillés tous les deux, on appelle le marineros à la VHF pour qu'il vienne nous rendre nos 5€ en échange de la carte de la marina, et nous aider à désamarrer. Je largue les pendilles à l'avant, m'apprête à larguer à l'arrière quand j'entends un bip quelque part et qu'Olivier me dit arrête tout, le moteur babord a calé, et ça charge plus à tribord. Le marineros n'a pas du tout comprendre, on lui redemande les pendilles, on se réamarre, on lui redonne les 5€ en échange de la carte, ... et on retourne se coucher. Cette fois, ça attendra le jour, tant pis pour le week-end à Gandia, on verra toujours Vincent qui habite sur place, mais pas Jérôme et sa petite famille, venus exprès de Madrid pour le week-end et qui doivent repartir demain ... Quand ça veut pas, ça veut pas, cette fois on est vaincus, c'est pas la peine de lutter ... 8h30, on se lève, on prend le petit déjeûner, Olivier a profité de sa fin de nuit pour réfléchir au problème. Il se trouve que le moteur prélève plus d'essence que ce dont il a besoin, et renvoie le surplus dans le réservoir. Du coup, notre bidon s'est vidé plus vite que prévu, et effectivement, la durite n'est plus immergée ... si on veut continuer comme ça, il faudrait donc aussi renvoyer le surplus dans le bidon ... ça commence à être compliqué, autant essayer de régler le problème au niveau du réservoir ... rebelote, Olivier démonte, vidange, purge, ne voit rien qui bloque, remonte tout, réessaye, il est midi, ça marche ... sans qu'on sache pourquoi ça ne marchait pas ... reste le problème du moteur tribord qui ne charge plus. Le même coup que celui qu'il nous avait fait sur la nav entre les Açores et Gibraltar. Olivier lui avait monté le répartiteur de charge du moteur babord, faire et défaire, c'est toujours travailler, il redémonte et remonte le répartiteur à babord. Il est 16h, en attendant, j'ai fait un peu de courses, du ménage, le repas, répondu à quelques mails de notre fan club, versé l'acompte pour la réservation de notre box, téléchargé le livret de compétence de Quentin sur le site du CNED, les enfants ont profité du wifi de la marina pour faire je ne sais quoi, sont allés faire un peu de skate, des batailles de nerfs, un peu de brossage du cockpit, le plein d'eau, on est de nouveau prêts à partir. En se demandant ce qui va nous arriver cette fois ...  Pour reprendre une réflexion de notre amie Nathalie de Talitha sur son blog (grosse bise à vous), à notre retour, ne nous demandez pas si on a passé une bonne année de vacances ... si on a fait un beau voyage, oui, mais pas si on a passé de bonnes vacances ... Si vous avez l'occasion d'aller lire son blog, vous comprendrez. Comme elle le dit très bien, elle a eu l'impression que ses vacances commençaient à son retour sur terre ... Ceux qui sont en bateau ou l'ont été comprendront ...

Pas de photos pour cette fois ...

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