Vendredi 5 mai : Transat retour, épisode 1 - Bahamas-Bermudes ...

Vendredi 5 mai : Transat retour, épisode 1 - Bahamas-Bermudes ...

Posté par : Olivier
09 Mai 2017 à 23h
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Un petit mot pour rassurer ceux qui seraient inquiets, nous sommes bien arrivés aux Bermudes, vendredi dernier après 100 heures (soit un tout petit peu plus de 4 jours) de mer, mais il est compliqué de trouver du réseau ici, c'est pourquoi j'ai un peu tardé à mettre ce billet. Il s'arête à notre arrivée ici, la suite suivra d'ici quelques jours ...

Lundi 1er mai : confirmation de Michel ... nous partons. Mais avant, la clearance, un petit complément de gasoil, et la recherche d'un pilote pour sortir du port par la passe nord, réputée difficile. Le guide de navigation et la marina nous confirment que pour une première, mieux vaut s'assurer les services d'un des pilotes du coin. On pourrait ressortir par là où on est arrivé, et faire le tour, mais ça nous rajouterait 20 miles, 3 bonnes heures, pour se retrouver au bout du compte à 2 miles à vol d'oiseau .. allez expliquer ça à Quentin !! On se dirige donc le long des quais vers les douanes, quand un papy dans une voiturette s'arête pour nous proposer de nous emmener. C'est à deux pas, on décline donc gentiment, mais rien à faire, il n'a pas l'intention de nous laisser marcher. OK, on monte donc dans le golf car, et je lui explique qu'on va aux customs ... il n'a pas l'air de comprendre, je finis donc par lui indiquer le chemin puis lui montrer le bâtiment une fois presqu'arrivés ... "Oh, you're going to the customs!!" Ben oui, il me semble que c'est ce que j'avais dit ... Après la douane, on se renseigne pour un pilote à l'épicerie du coin "we're looking for a pilot" ... la dame ne comprend pas, on lui explique qu'on cherche quelqu'un qui prenne les commandes du bateau pour nous faire sortir de la passe ... "Oh, you're looking for a pilot!!" bon, on commence à être habitués ... Elle prend son téléphone et appelle je ne sais qui, c'est bon, il vous rappelle sur le 16 dans 5 mn. Effectivement, Captain Neil nous recontacte, vient nous voir, l'affaire est conclue, il nous laisse une demie heure pour payer la marina, aller faire notre plein, et prend les commandes du bateau après avoir amarré le sien derrière. Le chenal est effectivement assez étroit, on passe à quelques mètres des cailloux, Gaëtan a peur qu'on s'échoue, je lui réponds j'espère pas, c'est pour ça qu'on a pris un pilote. Ce à quoi Quentin conclut : mieux vaut s'échouer que payer 70$ ... et s'échouer !! Bref, après une demi-heure à naviguer entre le corail, dans une jolie baie bleue turquoise, Captain Neil rejoint son canot et nous souhaite bon voyage. On hisse la voile un peu plus loin, la mer est un peu formée mais le vent souffle à 15-20 noeuds, le ciel est bleu et le soleil brille, et Zanzibar avance bien vers le premier waypoint (point de passage) de Michel. Les premières 24h sont toutefois encore difficiles pour Quentin, et j'avoue que je me traîne aussi un peu. On va au lit sans manger tous les deux dans la cabine arrière tribord, Gaëtan s'installe comme il peut dans la cabine arrière babord entre les legos et les coussins, il trouve toujours que ça grince trop à l'avant. Première nuit tranquille, la lune nous accompagne jusqu'à 1 heure, le ciel est dégagé, et quand je prends mon quart à 5h, le jour pointe déjà le bout de son nez ...

Mardi 2 mai : la mer s'aplatit, et toujours du soleil, du vent, on file à 8-9 noeuds ... La météo (et Michel) annonce une petite baisse de vent demain et après-demain, Olivier ressort donc le gennaker du coffre avant en prévision. Mais alors qu'on est en train de le hisser, il se déroule tout seul, on renroule en urgence comme on peut, et il repart de là où il était venu, mais en vrac cette fois ... Olivier ne veut plus en entendre parler ... je ne m'inquiète pas, on va bien finir par en avoir besoin ... Si on veut arriver vendredi soir, avant une dégradation orageuse attendue samedi, il faut qu'on tienne une moyenne de 7,5 noeuds ... avec parfois 1 noeud, voire 1,5 noeud de courant contraire, le challenge est difficile, le gennaker nous sera bien utile, et je ne doute pas qu'Olivier finira par le ressortir .... Côté Quentin, après un réveil encore un peu flagada, l'appétit revient à midi, les 24 premières heures sont passées, on retrouve un petit sourire ... Gaëtan, lui, met sa ligne à l'eau le matin, la rentre le soir, se douche, sort, rentre, bouquine, vit sa vie ... m'est avis qu'il tient de son père, celui-là ...

Mercredi 3 mai : La deuxième nuit a été à peu près la même que la première, tranquille (mais fraîche, on ressort les pantalons et vestes, Olivier met même son bonnet), un petit bout de lune en début de nuit avant un beau ciel étoilé, et après le petit déjeuner et la sieste du matin, on passe une partie de la matinée à réinstaller le gennaker ... je vous l'avais bien dit ... Comme il est en vrac, on le hisse façon spi sous le vent de la GV et depuis le capot de la cabine avant, et après avoir défait la belle cocotte qui s'était formée, on navigue sous GV et gennaker, le vent est aux alentours des 10-12 noeuds. 16h : ça sent bon le popcorn, reggae à la radio, soleil et mer belle, tout va pour le mieux. Séance douche, l'eau est fraîche et l'air aussi, mais ça fait du bien. Un peu plus tard, un groupe d'une vingtaine de dauphins vient jouer un moment entre les deux étraves. Ca fait plaisir de les retrouver, ça faisait un moment qu'on n'avait pas vu leurs jolies nageoires autour de Zanzibar !! . Dans la nuit, ça mollit franchement, on allume le moteur tribord en soutien. Gaëtan réintègre sa cabine, Quentin la sienne, et Olivier et moi nous installons dans la cabine arrière babord. Mais dans la nuit, quand le vent remonte et qu'Olivier coupe le moteur, ça grince à l'avant babord, Gaëtan récupère sa couette et son oreiller et retourne s'installer à l'arrière tribord ... pas une nuit sur cette transat où chacun aura dormi dans son lit ... 2h, 8 noeuds, je rallume à nouveau un moteur en soutien.

Jeudi 4 mai : 7h30, le vent revient, je coupe le moteur. Petites habitudes du matin, je prends la météo de 7h sur l'iridium et récupère les mails, fais la vaisselle de la veille et prépare le petit déjeuner. Les enfants déjeunent avec moi, puis Olivier se lève un peu avant 9h, et je retourne me coucher une petite heure. Arrivée prévue demain soir. Toujours beau temps, belle mer, un rêve de transat ... Les enfants font un peu de CNED, d'origami, et relisent Harry Potter, le tome 5 fait 1000 pages, ça occupe.

Vendredi 5 mai : nuit au moteur pour appuyer la voile, le vent ne souffle qu'à 8-10 noeuds et avec le courant en face, pas facile de garder notre vitesse cible de 7 noeuds pour arriver demain soir avant la nuit. 8h : 12-13 noeuds, courant nul, j'arrête le moteur. 14h, nous apercevons les Bermudes au loin. Arrivée à 17h (18h heure locale), la Bermuda Radio gère le trafic, il faut les appeler 30 miles avant d'arriver, ils nous demandent le n° de l'EPIRB, le n° de tel iridium, la marque du radeau de sauvetage, l'indicatif radio, le n° MMSI ... !! Ouh là, là, ça rigole pas, ici !! Autorisation d'entrer accordée, mais pas le droit de mouiller ni d'aller où que ce soit avant d'être passé aux customs (les douanes, vous vous souvenez ?). On aperçoit Maskali amarré à un ponton à l'entrée de la baie, et alors qu'on vient d'amarrer le bateau devant le quai des douanes, une annexe vient nous voir ... "Bonjour Zanzibar ..." Je mets un peu de temps à reconnaître René, de Taravana, notre voisin de ponton de Navibois, à Sète, en août dernier ... ils attendent un créneau météo favorable pour partir pour Halifax ... on commence à parler d'apéro ensemble, mais pas ce soir, on a envie d'une bonne nuit de sommeil, même si la nav a été plutôt facile, mais voilà que la dame des customs sort de son bureau et me rappelle à l'ordre parce que je n'ai pas le droit d'adresser la parole à quelqu'un avant d'avoir fait les formalités !! OK, ça rigole vraiment pas. Ils commencent par nous confisquer le harpon jusqu'à notre départ (mais ceci dit, vu ce qu'on l'a utilisé jusque là, ça nous manquera pas trop!!), mais finalement sont plutôt sympas. On mouille dans la baie au milieu des autres bateaux, nous voilà officiellement aux Bermudes, après une transat idéale, 7,6 noeuds de moyenne pour parcourir en 100 heures les 760 miles qui nous séparent des Bahamas ... on veut la même jusqu'aux Açores !!

Je vous aurais bien mis un petit film des dauphins, mais le réseau m'en dissuade ... vous devrez vous contenter de celui-là ...

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