Cuba – Marina Hemingway – La Havane
Cuba – Marina Hemingway – La Havane
Nous avons quitté Cayo Levisa, laissant derrière nous les dernières plages paradisiaques de notre périple à Cuba.
La remontée vers La Havane se fait en deux étapes, avec un arrêt à la Baia Honda. Des navigations au près avec un vent soutenu. Nous n’avions pas déclaré notre arrêt à la Baia Honda, bien qu’il semble y avoir un poste de la Guarda, en tous cas indiqué sur les cartes et guides nautiques. Nous sommes un peu saturés des formalités et espérons passer au travers en ne débarquant pas. En arrivant nous appelons sur le canal 16 pour demander l’autorisation d’entrer dans la baie, comme cela se fait ici. Le poste de la Guarda est bien là mais semble complètement abandonné. Nous n’obtenons pas de réponse et donc poursuivons notre route vers l’Ensenada Teresa, un joli mouillage dans la mangrove bien abrité à l’entrée est de la baie.
La baia Honda semble être un ancien port commercial, reconverti en cimetière à bateaux.
Le lendemain une navigation bien ventée, nous porte vers La Havane. Une mauvaise journée pour nous. Le vent forcissant toujours avec des rafales à 35 noeuds par vent presque travers, il faut encore réduire la voilure, malgré le solent et les deux ris. Nous décidons d’envoyer la trinquette, mais la drisse, mal arrimé part en tête de mat. Nous prenons le troisième ris et renvoyons le solent après quelques acrobaties : Philippe a lâché la drisse et il a fallu jouer à qui attrapera la queue du Mickey, comme dans les manèges. Et je vous passe l’ambiance électrique à bord ! Le bateau n’est pas très bien équilibré et n’avance pas bien. Du coup c’est « Itran » qui nous ouvre le chemin cette fois. Dans l’entrée du chenal, j’ai un moment d’absence et je rentre en collision avec une balise tribord. Heureusement plus de peur que le mal ; ma balise plie et se redresse et notre coque n’a rien. Ouf ! Et pour couronner le tout mon équipier écrase mes lunettes de soleil qui trainaient, avec ses gros pieds. Nous sommes fatigués par cette navigation ventée et tous ces ennuis.
Le dimanche, les cubains font la fête ; retour du bout de la marina où se tenait un orchestre en plein air toute l’après-midi.
Passage d’un front froid, ça souffle, ça vente et il pleut !
Une petite langue de terre abrite la marina du vent de nord.
A la marina Hemingway, nous sommes heureusement très bien accueillis, un dimanche, par un personnel nombreux et aux petits soins. Les formalités sont expédiées au quai de la douane où il faut s‘arrêter à l’arrivée. Nous sommes ensuite dirigés vers un des quatre très longs canaux où l’on s’amarre le long du quai. Toutes les facilités sont présentes, douches, wifi aux bars et restaurants, laverie, épicerie achalandée comme partout à Cuba.
La marina Hemingway, 4 canaux entourés d’hôtels, lieux de passage des voyageurs et de détente des Havanais privilégiés
Nous passons deux jours à faire un peu de maintenance sur le bateau. Grand nettoyage et grande lessive, après un mois dans les cayes sans eau, ça commence à être vraiment nécessaire ! Descente du génois pour refaire deux coutures de lés. Le voilier promis par le capitaine du port n’est jamais venus, ou alors il viendra quand nous serons partis ! C’est comme cela à Cuba, il ne faut pas être pressé ! Démontage et réfection de la cuve à eaux noires qui nous donne bien des soucis… et des odeurs !
Le 18 avril, nous confions « Free Vikings » à Marie et Corentin et nous partons avec nos sacs à dos à La Havane. Après des essais infructueux pour trouver le bus, et deux kilomètres de marche, nous trouvons un taxi qui nous dépose en plein centre devant le" Capitolio Nacionale ". Cette construction inspirée du Capitole de Washington, construit par l’architecte du Panthéon, logeait le congrès à l’époque impérialiste, il abrita une académie des sciences et la bibliothèque nationale lors de la révolution et depuis 2018 , il a été restauré, et y siège maintenant l’assemblée….. Certes la construction est magnifique et assez impressionnante, mais ce qui frappe toujours ici ce sont les contrastes. En face de l’édifice on trouve d’affreux immeubles délabrés et sales.
El Capitolio Nacional
A côté, se trouve El Teatro, un magnifique monument qui abrite les ballets cubains, et de beaux hôtels de luxe …
Façades bien restaurée du théâtre et des hôtels de luxe...
Façades délabrées ou laborieusement en cours de restauration juste en face
Et dans ces lieux très touristiques, des beaux gosses en chapeau de paille conduisent des taxis de luxe : de magnifiques limousines décapotables des années 50-60 parfaitement restaurées et peintes de couleurs pastel. Et juste à côté, contrastes, contrastes, des triporteurs et des calèches pour découvrir la ville de façon, plus écologique. Ecologique ? On respire les échappements de ces vieilles voitures, ici il n’y a aucune contrainte de taux de particules ou de CO2 et ça se sent ! Mais où sont les scooters électriques à la pointe de la lutte pour les énergies renouvelables et qui étaient si présent dans les villes de l’est et même en campagne ?
Les beaux gosses qui font de petits coucous aux jeunes touristes féminines
Taxis havanais
Nous trouvons une chambre dans « una casa particular »dans un rue adjacente au Prado. Cette belle avenue avec un large terre-plein central, conduit du Capitole à la promenade sur la mer, le Malecon. Le soir, le centre de l’avenue se remplit de badauds et il n’est pas rare de trouver un orchestre de rue qui joue de la musique et des promeneurs qui se mettent spontanément à danser. Ambiance cubaine assurée ! Nous sommes gentiment accueillis par notre hôtesse et tout une équipe d’employés, de membre de sa famille qui tiennent ces chambres d’hôtes, dans un grand appartement très haut de plafond et chaleureusement décoré, au premier étage d’un immeuble restauré, entre deux taudis.
Le Prado, la matin … et le soir à l’heure de la musique
Nous arpentons les rues de la Havane toute la journée. Le Malecon en bord de mer où un groupe de musiciens cubains vient me jouer une sérénade.
Sérénade sur le Malecon
Le vieux Havane, avec ses rues piétonnes très touristiques mais si sympathiques ! On y trouve de petits musées à entrée libre, à vocation informative ou commerciale, des bars et restaurants dans de jolis patios, beaucoup d’animation et bien sur de la musique partout. Après avoir fait pas mal de kilomètres, nous rentrons fatigués en triporteur à vélo, pour finir la soirée dans un restaurant avec vue sur la mer, sur le Malecon.
La jolie cathédrale romane de La Habana et sa Plaza
Le vieux Havane et la Plaza Vieja
Un ancien magasin d’armes transformé en musée à la gloire de la Révolution
Le lendemain, un tour des sites historique en bus à impériale (il faut bien jouer un peu les touristes !) nous mène à la place de la révolution, qui certes est impressionnante par sa taille, mais est plutôt sinistre à mon avis, entourée de larges avenues et d’immeubles en béton années 50, toute à la gloire de la révolution.
La place de la révolution avec le mémorial à José Marti le héros de la première révolution
Fresques sur les immeubles entourant la place aux mémoires du Che et de Fidel Castro
La journée se termine dans les rues moins touristiques mais très commerçantes et animées où les Havanais font leurs courses. Nous trouvons enfin des boutique, avec des semblants de vitrines, où il se vend des vêtements. Nous n’en avions pas vu ailleurs ou cachées à l’étage d’un immeuble grisâtre et sans fenêtre (centre commercial à la mode cubaine), et nous nous demandions bien où ils achetaient leurs habits qui sont plutôt modernes. Par contre la vente de fruits et légumes est tout aussi confidentielle à La Havane qu’ailleurs. Nous déjeunons dans un bistrot très sympathique tenu par Raymond, très content d’échanger avec des étrangers.
Maison coquette dans la banlieue pauvre de la Havane, les rues commerçantes animées et toujours en travaux, un des rares marché aperçu depuis le bus.
Déjeuner chez Raymond
Nous passons une dernière journée à Cuba, à surfer sur Internet et faire notre eNOA aux USA (Electronic Notice of Arrival) et ce n’est pas simple ! Ce séjour à la marina Hemingway a été aussi l’occasion de faire des rencontres intéressantes avec deux skippers français, Valérie et Yves qui convoient le bateau d’un couple rentré en France pour raisons professionnelles ; avec Gérard un vieux baroudeur qui lui rentre pour raisons de santé.
Et enfin, nous disons au revoir à Marie et Corentin qui après un séjour à La Havane vont renter aussi en France. Nous vous souhaitons une bonne transat retour. Vous allez nous manquer ! Merci à tous deux pour ces très agréables moments passés avec vous depuis le Cap vert, pour votre gentillesse et bonne humeur, et…
Ce n’est qu’un au revoir !...
Et nous allons quitter Cuba, après plus d’un mois de séjour. Cuba fait partie de nos destinations préférée. Est-ce grâce à la chaleur de l’accueil des Cubains ? A croire que plus les populations sont pauvres et brimées, plus elles sont ouvertes vers l’extérieur, disponibles et empathiques. Il y a déjà la beauté de l’île, ses sites encore vierges, ses plages, ses mangroves, ses fonds coralliens, sa nature si belle. Ensuite malgré la pénurie permanente, on ressent une grande richesse culturelle. Les Cubains parlent peu de politique, c’est un sujet tabou. Malgré tout, samedi dernier c’était l’élection de leur nouveau président, et certains d’entre eux nous ont confié qu’ils étaient contents de voir partir la famille Castro. Néanmoins ils ne sont pas très optimistes sur un changement rapide de leur situation. Castro est parti, mais il a été remplacé par son bras droit. Il y a encore du chemin à parcourir, même si on ressent un début d’ouverture, avec par exemple, l’arrivée inéluctable et progressive d’Internet ou, l’accès pour tous les cubains à la monnaie, anciennement réservée aux touristes, et alignée sur le dollar (le CUC). Espérons aussi qu’ils garderont leur version du rêve américain avec ces superbes voitures et ne tomberont pas dans le piège si facile et tentant du consumérisme à tout va. Et surtout n’oublions pas la vraie richesse de Cuba : la musique et la danse !
Alors nous disons aussi : « Au revoir Cuba ! ».
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