Cuba - Partie Ouest

Cuba - Partie Ouest

Posté par : Francine
13 Avril 2018 à 22h
Dernière mise à jour 24 Octobre 2018 à 09h
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Cuba – Partie Ouest

Nous repartons le 02 avril dans notre navigation vers l’ouest de l’île. Départ au moteur pour sortir de la baie Siguanea, une brise thermique nous souffle sur le nez. Mais en se dégageant de la terre un petit vent de sud nous permet d’envoyer les voiles et d’avancer tranquillement jusqu’à la tombée de la nuit. Dans la nuit sous un beau clair de lune, nous devons mettre le moteur et, vers 11 heures du soir, l’alarme de température met tout le monde sur le pont. Philippe plonge dans la moteur et je renvoie les voiles pour tenter de profiter de la moindre brise, sans grand succès, si ce n’est un courant qui nous pousse à 0.7 nœuds, nous n’avancerions pas. Trois heures plus tard, le moteur redémarre et refroidit correctement. La poulie de la pompe à eau c’était dévissée et il a fallu trois heures à mon mécanicien de choc pour réparer tout cela. Nous arriverons finalement à la voile, car le vent s’est relevé, vers 10 heures du matin, dans une jolie baie où se blottit le complexe hôtelier de Maria la Gorda.

La baie est un site de plongé réputé, et il se trouve dans le parc national de Guanahacabibes. Il est interdit d’y mouiller afin de ne pas abîmer le corail. Le garde côtier n’a pas beaucoup de solution à proposer aux plaisanciers, si ce n’est les bouées qui servent aux bateaux de plongées pour leurs sorties. Seules deux sont disponibles près de la plage, les autres se trouvent à l’endroit où le plateau corallien s’arrête et où les fond s plongent profondément. Nous nous retrouvons donc sur bouée à un bon mille de l’hôtel Mariala Gorda où se trouvent la vie locale et le poste de la Guarda où nous venons faire nos formalités. Cela nous fait faire des allers-retours en annexe avec un moteur un peu aléatoire et à quatre car Marie et Corentin n’ont qu’un kayak pour débarquer.

 

La plage de Maria La Gorda, le bar avec la WiFi, et les pagayeurs

Le site est un regroupement de bungalows, d’une école de plongée et d’un bar restaurant gérés par l’hôtel et/ou par la société de plongée qui est liée au parc national. Notre première activité est d’exprimer notre besoin de renouvellement de visa. ..

La saga du visa. Quand on arrive à Cuba en bateau il est sage d’avoir pris son visa à l’avance. Ce que nous n’avions pas fait, nous fiant aux indications des guides nautiques. Les cubains ont dû changer leurs lois. L’avoir pris à l’avance nous aurait évité de payer une amende de 50 CUC en plus des 25 CUC pour le visa, par personne. Ce visa est valable 30 jours. Nous sommes arrivés le 12 mars et comptons repartir de Cuba vers le 20 avril. Nous devrons donc demander une extension d’un mois de notre visa. Cette démarche ne m’inquiétait pas trop car à l’arrivée cela s’était très bien passé (malgré l’amende), et tout au long de notre périple il y a des ports d’entrée (port où vous pouvez faire les formalités d’arrivée et de sortie du pays), donc des lieux susceptibles d’avoir des officiers d’immigration. Grave erreur ! Dans la plupart des ports d’entrée de la côte ouest, il y a seulement un garde-frontière qui fait venir tous les officiels nécessaires à l’entrée dans le pays (donc ça prend un certain temps si vous faites votre entrée dans ces ports). De plus il ne suffit pas de voir un officier d’immigration. Heureusement Marie et Corentin s’étaient un peu plus renseignés que nous et nous ont mis au courant de la procédure. Tout d’abord il faut aller dans une banque (donc dans une ville d’une certaine taille) acheter un timbre fiscal à 25 CUC. Ces timbres ne s’achètent pas dans n’importe quelle banque. Nous avons donc tenté dès le vendredi, veille du weekend de Pâques d’acheter notre timbre à Nueva Gerona. Par deux fois le vendredi et le samedi nous sommes arrivés juste après la fermeture prématurée de la banque. Et oui, veille de fêtes ! Nous avons réussi à acheter notre timbre le lundi, mais là nous avons été refoulés à l’immigration de Nueva Gerona car nous n’avions pas sur nous d’attestation d’assurance santé. Pour prolonger son séjour à Cuba il faut justifier d’une couverture santé, sinon ils vous en font payer une. L’officier d’immigration nous assure qu’à Maria La Gorda nous pourrons faire notre extension de visa sans problème, nous repartons donc confiants. Maria La Gorda est un port d’entrée donc pas de problème !

Je reprends donc mon récit avec l’expression de notre besoin au garde-frontière. Celui-ci nous informe qu’il n’y a pas d’officier d’immigration et que le poste le plus proche est à Sandino à une heure de taxi de là.

Nous voilà donc partis en taxi avec Marie et Corentin (qui se montrent solidaires, eux ayant réussià obtenir leur précieux sésame à Nueva Gerona), et nous en profiterons pour tenter un réapprovisionnement. Nous ne sommes pas partis tout de suite ! Il a fallu parlementer avec le garde-frontière qui refusait que nos bateaux restent sans surveillance. Il ne voulait pas disait-il, prendre la responsabilité de nos bateaux (qui ne risquaient rien sur bouée, un jour sans vent !). Il a fini par céder en nous disant qu’il voulait nous rendre service, mais de ne pas ébruiter l’affaire, car c’était risqué pour lui. Bref nous n’avons pas compris s’il voulait un bakchich, ou s’il était seulement zélé, car il a décliné nos propositions ! Nous lui ferons un petit cadeau ultérieurement avec des denrées qu’il ne trouvera pas sur l’île.

La route à moitié défoncée vers Sandino, traverse la réserve naturelle de Guanahacabibes et des plantations de tabac. On se croirait au Far West. Il n’y a pratiquement pas de véhicule motorisé. L’agriculture se fait avec des chevaux, les ballots de tabac sont transportés en charrette ou avec les quelques vieux camions des années 60. La ville de Sandino est très laide, plutôt rurale. Nous n’avons pas trouvé grand choses à acheter. Au marché local, des bananes minuscules et pas mûres, des radis et des tomates. Et à la station-service (c’est souvent le lieu le mieux achalandé) nous avons fait le plein d’eaux minérales. Et nous avons, en une demi-heure, obtenu nos extensions de visa. L’avantage des petites villes, c’est qu’il n’y a pas les queues interminables, habituelles de tous les lieux administratifs. Nous avons subi un interrogatoire car ils se demandaient d’où nous sortions. Ils ont fait venir une petite dame qui baragouinait l’anglais et qui a servi d’interprète. . Finalement un moment bien sympathique car cette dame était vraiment charmante et les officiers plutôt coulants. Nous avons pu arroser cela au bar de l’hôtel au retour !

Le Far West de Cuba

   

Réapprovisionnement au marché et à la sation-service de Sandino

Nous avons passé à Maria La Gorda, en dehors de l’épisode Sandino, trois jours bien calmes. Nous avons profité de la plage et des fonds magnifiques en faisant du snorkeling le long des récifs de corail. Nous nous sommes fait de petits repas sympathiques avec ce qu’il restait dans les soutes de « Free Vikings » ou d ’« Itran » accompagnés de parties Tarot ou de Whist. Nous y avons rencontré pas mal de Français qui venaient plonger ici.

 

Des soirées très sympathiques avec nos jeunes amis

Le 7 avril nous reprenons la mer vers l’ouest. Nous passons le Cabo San Antonio par 89° 59.5 W, longitude la plus ouest de notre périple. Une navigation au portant sous gennaker, puis sous génois car le vent fraîchi à 25 nœuds. Au large de Cabo San Antonio, Philippe met la ligne et presque aussitôt nous sortons un beau barracuda. Nous le remettrons à l’eau, les barracudas de Cuba peuvent déclencher une Ciguatera (enfin ceux du nord, et comme la frontière entre le nord et le sud n’est pas loin et n’est pas fermée, nous ne prenons pas de risque !). Nous envoyons la grand-voile pour remonter vers l’est et rentrer nous abriter à Cayo de Lena juste après le cap. C’est un mouillage complétement isolé dans la mangrove.

La Ciguatera est une intoxication alimentaire qui est générée par la Ciguatoxine. Ce produit provient d’algues microscopiques qui se développent sur les coraux morts. Des poissons mangent ces algues. Ils sont eux même mangés par d’autres poissons et ainsi de suite, la toxine se concentre dans les plus gros poissons prédateurs, notamment les poissons carnivores comme le barracuda ou la murène. Cette maladie est extrêmement grave pour l’homme et peut être mortelle. Il faut donc faire très attention à certains poissons lors de pêche sous les latitudes tropicales.

Barracuda !

Passons le point le plus ouest de notre voyage par 89° 59.5 W, un quart de tour du monde accompli !

Les 8 et 9 avril départ nous poursuivons notre remontée de la côte nord-ouest de Cuba, vers l’Ensenada Anita dans le fond de l’Ensenada San Francisco, puis le lendemain vers la Punta Alonso Rojas.Une navigation vent de travers, toujours sous un vent soutenu, mais à l’intérieur de la barrière de corail, donc sur une mer juste un peu clapoteuse. Ces deux étapes sont d’autres mouillages complètement isolés dans la mangrove. Heureusement qu’« Itran » est là, nous nous sentons moins seuls ! A la Punta Rojas nous partons en annexe explorer la mangrove, mais rien à signaler, pas d’oiseau, pas de crocodile sinon ces beaux arbres tortueux. Le paysage commence à changer un peu. Nous nous éloignons des plaines de l’ouest et commençons à apercevoir de belles montagnes aux formes arrondies avec de jolies couleurs.

Mouillages isolés dans la mangrove à Cayo Lena avec son ponton de pêcheurs et à la Punta de Rojas, où on commence à apercevoir les montagnes en arriere plan.

Mouillage isolé

La mangrove

Coucher de soleil avec de belles couleurs sur les montagnes

Le 10 avril nous sortons de la barrière de corail car la navigation y deviendrait trop hasardeuse. Nous remontons toujours nord-est sous un vent qui est nettement tombé et qui tourne un peu, nous devrons faire deux heures de moteur, et enfin nous pouvons envoyer le gennaker car un vent de nord-ouest se relève. Cette opération nous fait faire un peu d ‘exercice car lors de sa dernière sortie la voile s’était mal enroulée et formait une poche, nous avions dû l’abattre rapidement. Nous devons l’affaler à moitié sous le vent de la grand-voile comme un spi pour le démêler.

Nous rentrons à l’intérieur de la barrière dans des fonds très variables de 2.5 m à 6 m et trouvons notre chemin au milieu des hauts fonds en ouvrant la route à « Itran » qui n’a pas la chance d’avoir une dérive qui se relève. La navigation dans les cayes de Cuba est bien facilitée avec un petit tirant d’eau et un sondeur « regardant vers l’avant ». La plus grande difficulté vient de la cartographie. Le guide Imray de Cuba qui est très bien fait, ne suffit pas en lui-même. Nos cartes C -Map sont complètement insuffisantes et imprécises ici. Il nous aurait fallu acheter des cartes cubaines (encore faut-il les trouver !)qui sont très détaillées et les lieux que nous avons visités y sont bien cartographiés. Nous avons installé sur notre tablette l’application Navionics’ qui est parfaite. La cartographie y est bien détaillée et avec le GPS intégré nous pouvons voir en temps réel et avec une bonne précision où nous sommes dans les cailloux. C’est un vrai confort mais cela n’empêche pas une veille attentive ! Les hauts fonds se repèrent bien, car l’eau y est souvent plus claire et cela en complément de la tablette nous permet de faire ces slaloms à l’intérieur de la barrière de corail. Je conseillerais aux bateaux calant plus de 2 mètres d’éviter certains endroits, notamment CayoLevisa !

Slalom dans les cayes avec l’application Navionics’

Nous arrivons au mouillage de Cayo Levisa. C’est encore une mangrove, mais un petit débarcadère mène à un chemin qui conduit à un complexe hôtelier sur une plage idyllique.

Le joli mouillage de Cayo Levisa

   

La quai qui mène à l’hôtel par un chemin dans la forêt

Plages de rêve

   

Le restaurant sur la plage où nous nous sommes offert une bouteille de vin chilien après tous ces jours de solitude

 

En attendant le ferry qui amène le garde-frontière pour faire les formalités

A part un hôtel, des touristes et des plages de rêve, il n’y a rien ici et nos réserves commencent à sérieusement diminuer. Nous dinerons souvent au restaurant de l’hôtel qui n’est pas trop cher et heureusement les employés cubains ne loupent pas une occasion d’arrondir un peu leurs fins de mois. Ainsi l’un d’entre eux nous suit un soir que nous regagnons le bateau. Il nous propose de nous approvisionner en fruits, légumes, pain, œufs. Ce que nous nous empressons d’accepter ; certes ce n’est pas aussi bon marché que directement sur les marchés cubains, mais il faut bien qu’ils s’y retrouvent aussi ! L’échange se fera discrètement et tout le monde est content ! J’ai pu faire 8 pots de confiture avec les papayes un peu mûres et c’est délicieux !

Nous passons trois jours de « vacances » à Cayo Levisa en attendant que le vent veuille bien tourner un peu pour continuer notre remontée de la côte nord-ouest. Demain, départ vers la marina Hemingway terme de notre périple à Cuba…

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