Traversée Canaries Cap Vert
Avant toute traversée il est indispensable de faire l’avitaillement. Nous mettons donc à profit la voiture, que nous avons louée, pour faire les achats d’eau et autres grosses quantités. Les courses sont finalisées 3 jours avant le départ. Nous avons du stock pour aller pratiquement jusqu’à Jacaré au Brésil, sauf ce qui concerne les aliments frais.
Voilà, après presque deux semaines notre séjour à Lanzarote est terminé. Ce samedi 28 octobre au matin nous quittons Arrecife et la marina de Lanzarote, nous garderons de ce séjour un souvenir impérissable avec en mémoire une foultitude d’images plus magnifiques les unes que les autres.
Nous avons prévu d’arriver samedi ou dimanche en 8 soit le 5 ou 6 novembre mais, les deux premières journées nous laissent augurer une moyenne bien moindre avec une arrivée entre 10 et 15 jours après notre départ soit entre le 8 et 10 novembre. Les prochains jours décideront et surtout Éole qui, une fois de plus, a décidé de nous faire défaut. Vient la nuit et nous allons reprendre le rythme des quarts. Depuis le départ de Gibraltar et l’arrivée d’une seconde équipière, nous nous sommes organisés en quart de 3 heures chacun, ce qui fait globalement 6 heures de sommeil pour chaque équipier. Il est vrai qu’à quatre c’est plus facile et beaucoup moins fatiguant. De plus, afin que ce ne soit pas toujours les mêmes qui font les quarts les mieux placés (début et fin de nuit), nous tournons chaque nuit.
Ces deux premières journées ont donc été mises à profit pour faire quelques travaux de bricolage en vue de mettre à niveau le matériel de pêche. Le capitaine envoie la ligne avec le lancer et vient l’attente interminable avant une hypothétique première prise, mais rien pour cette journée.
Côté vent, la troisième journée a été pire que les deux autres. Après une nuit au moteur les voiles sont envoyées puis affalées, on a tout essayé : le ciseau avec Génois et trinquette bon résultat on gagne 1 nœud ; le génois seul ; le génois avec la grand-voile mais le vent faibli, tant et si bien que les 2/3 de la journée se passe au moteur. Heureusement que côté pêche le résultat a été bien plus positif (lol). Le capitaine envoie la ligne avec le lancer et 2 heures après, le moulinet débrayé émet un bruit caractéristique de fil qui se dévide. Le capitaine prend la canne et mouline pour remonter la bête, belle, à en juger par les sauts qu’elle fait lorsqu’elle saute à 200 mètres du bateau. Mais là, malheur, la manivelle du moulinet casse et reste dans les mains du capitaine, qu’à cela ne tienne on décide de remonter à la main. On enfile les gants et la lente remontée commence lorsque, deuxième coup du sort, la ligne casse. La persévérance paye puisqu’un nouveau leurre -un poulpe- installé sur la ligne de traine permet de remonter un poisson aux jolis reflets bleus qui se gonfle en situation de stress. Ne sachant s’il est ou non comestible il est rejeté à la mer d’autant plus qu’il ne suffisait pas pour nourrir l’équipage. On essaiera encore demain et qui sait, peut-être que la chance nous sourira.
La quatrième journée débute sous les mêmes augures que la précédente avec un vent aussi capricieux. Une petite embellie à 9 nœuds nous décide à envoyer les voiles. Aujourd’hui donc, on va tester: la grand-voile et le génois en ciseau, et là quel plaisir de voir Batopoupa s’ébrouer à plus de 4 nœuds avec seulement 8 à 9 nœuds de vent arrière et de suivre la route sans la nécessité de tirer des bords. Cette embellie ne dure malheureusement pas et 3 heures après plus de vent et nous faisons de nouveau appel à la risée Yanmar. Sinon les journées s’écoulent paisiblement entre lecture, pêche, réglage des voiles quand cela est nécessaire, bricolage, farniente et sieste, mais toujours pas de poisson. En revanche, à 18 heures UTC le vent revient avec le coucher du soleil et nous envoyons la grand-voile et le génois. Nous avons passé le tropique du Cancer aujourd’hui.
Depuis hier soir nous sommes sous voiles et la journée s’annonce bien. Le capitaine regarde par acquis de conscience la charge du parc de batteries de service et là, stupeur, elles ne sont plus qu’à 77% alors que depuis l’installation du nouveau parc et de tous les appareils de production d’énergie (panneaux solaire et éolienne) le taux de charge le plus bas était en fin de journée de 93%. De plus, nous avons navigué une grande partie de la journée au moteur donc en charge. Il est décidé de remettre le moteur jusque 80% de charge et de surveiller. En effet, les régulateurs de charge indiquent que les panneaux et l’éolienne font leur travail correctement il semblerait que nous ayons une surconsommation due peut être aux frigos (il fait très chaud dans la journée plus de 30° dans le bateau), à suivre donc. Sinon rien de spécial, la journée se déroule normalement et qui sait, peut-être qu’un poisson suicidé mordra à l’hameçon caché dans le poulpe qui traine derrière le bateau. Ce soir, nous devrions avoir fait quasiment la moitié de la route. Et comme tous les soirs avant le couché du soleil, les dauphins nous gratifient d’un ballet nautique en jouant avec l’étrave du bateau. Ces instants magiques nous font oublier la journée sans poisson ou encore, pour les précédentes, sans vent.
Ce matin de cette 6ème journée, le ciel est nuageux mais le vent est au rendez-vous, nous n’allons donc pas nous plaindre. Hier, j’annonçais que nous avions fait la moitié du chemin, à 8 heures ce matin nous avons parcouru 546 mn (milles nautiques) et il ne nous en reste plus que 439 mn. Aujourd’hui nous avons fait 120 mn soit une moyenne de 5 nœuds à l’heure. Pour conclure cette journée en parodiant Robert Lamoureux “et les poissons étaient toujours vivants”.
Les jours se suivent et se ressemblent “un peu”. Ce matin le ciel est aussi nuageux et le vent est là mais quelque peu faiblard. Heureusement que nous avons attrapé nos premiers poissons même si ce ne sont que des poissons volants ramassés sur le pont au petit jour. Une chose que l’on n’imagine pas lorsque l’on fait de la croisière côtière sans navigation de nuit, est le bruit ambiant dans le bateau. Les écoutes qui tapent sur le pont à chaque embardé, le génois qui, déventé par la houle, claque dans la nuit, tout ceci pour la cabine avant. La cabine arrière n’est pas mieux lotie, à la voile on entend le bruit de l’arbre d’hélice qui tourne et dans la pétole c’est le ronronnement du moteur qui vous empêche de dormir.
A l’aube de cette 8ème journée, MaxSea notre logiciel de navigation prévoit que nous devrions atteindre les îles du Cap Vert et notre point d’atterrissage -Mindelo à Sao Vincente- lundi dans la journée. Hier aucune ligne de pêche ne fut mise à l’eau, aujourd’hui nous allons tenter une nouvelle fois notre chance qui sait ? Cette journée fut l’une des moins venteuse de la traversée puisque nous avons mis le moteur ce matin à 6 heures UTC et à l’heure où j’écris ces lignes (18 heures UTC) nous sommes toujours au moteur. Heureusement qu’en partant nous avions fait le plein (plus 3 bidons de 20 litres chacun) dans le petit port de Puerto Calero, 9 mn à l’ouest de la marina de Lanzarote. Nous avions donc une autonomie de 300 litres soit un peu moins de 100 heure de moteur, à un peu plus d’une journée de l’arrivée il reste une peu moins de la moitié du réservoir (donc environ 100 litres) et les 3 bidons.
La dernière journée, car effectivement comme je l‘écrivais hier nous devrions arriver demain, semble vouloir se dérouler à la voile. En effet, à 10 heures nous avons envoyé le génois et avec moins de 8 nœuds de vent apparent, Batopoua avance tranquillement à 4 nœuds. Il était temps car après 24 heures et ¼ de réservoir en moins nous avions des difficultés à supporter le ronronnement du moteur. Et si nous attrapions notre premier poisson, dans cet objectif la ligne de traine est mise à l’eau. Bilan de la journée au niveau pêche : zéros, il se dit que les eaux des iles du Cap Vert sont poissonneuses on verra sur place. Nous gardons effectivement les voiles jusqu’à notre arrivée lundi 7 novembre. Malheureusement la houle est de travers et nous nous faisons chahuter pendant toute cette dernière ligne droite. Nous arrivons à la marina de Mindelo à 8h30, Momo le frère du capitaine arrive peu de temps après sur le ponton.
Pour conclure sur cette traversée Canaries – Cap Vert :
Si je devais résumer cette traversée, je n’irai pas jusqu’à dire “chiant” mais presque. En effet, elle ne laissera pas un souvenir impérissable dans nos mémoires. Où sont l’alizé bien établi de nord-est et la longue houle de l’atlantique tant dépeints dans la littérature ? Nous avons eu de la houle courte et croisée comme en méditerranée et lorsque nous avions du vent il n’était établi ni en direction ni en force. Nous avons fait shaker pratiquent tout au long de la traversée avec 1/3 de la navigation au moteur pour raison de pétole. Peut-être que nos choix stratégiques de navigation n’étaient pas les bons. En effet, à l’arrivée nous avons retrouvé un bateau copain que nous avions suivi sur l’AIS et leur traversée s’est déroulée tranquillement. Nous attendons avec beaucoup d’impatience la traversée du Cap Vert au Brésil où, comme il est dit, nous devrions rencontrer l’alizé du nord puis celui du sud avec entre les deux bien sûr la ZIC (zone intertropicale de convergence). Mais avant, nous allons visiter Sao Vincente notre île d’atterrissage et sa voisine Santo Antao puis si possible : Sao Nicolau ; Santiago et Brava que vous trouverez dans le prochain billet.
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