Traversée Cap Vert Brésil
En ce dimanche 20 novembre 11h20, nous voilà de nouveau partis pour une grande traversée, ce sera la plus longue de notre périple avec environ 1650 miles nautiques (mn) à parcourir.
La première journée se présente bien avec un vent relativement faible dans la matinée qui se renforce dans l’après-midi et nous permet d’effectuer 120mn les premières 24 heures. A ce rythme nous mettrons un peu moins de 15 jours pour arriver à Jacaré, mais il est encore bien trop tôt pour dire le jour exact de notre arrivée. Cependant le temps est très maussade avec alternance d’éclaircies et d’averses, et toujours le même résultat pour la pêche hormis la nuit avec les poissons volants qui atterrissent sur le pont mais, découverts desséchés le matin, ils ne sont pas mangeables.
A l’aube de la deuxième journée, le soleil nous gratifie de quelques rayons qui seront de courte durée car l’après-midi ressemble étrangement à la journée précédente, pas de pêche aujourd’hui mais lecture ou sieste en fonction des envies de chaque membre d’équipage.
La troisième journée démarre avec un ciel totalement couvert à tel point que nous inaugurons notre premier grain à 9h30. Le capitaine est gâté pour le jour de son anniversaire !!!!! Au repas, tout l‘équipage lui souhaite un heureux anniversaire, pour ses 66 balais, et un gâteau improvisé a même été réalisé.
La journée se poursuit avec une succession d’averses, nous ne sommes pourtant pas encore dans la fameuse ZIC (Zone Intertropicale de Convergence). Le côté positif de ces averses est, que nous avons pu dessaler le bateau.
En ce quatrième jour les prévisions sont exactes, nous avons du vent mais il ne vient plus de l’arrière mais de l’avant nous sommes donc de nouveau au près. Nous ferons avec, d’autant plus qu’il nous permet d’avancer honorablement. Nous avons trouvé le responsable de la surconsommation d’énergie constatée lors de la traversée des Canaries vers le Cap Vert. Ce ne sont pas les frigos sur lesquels nous avions jeté notre opprobre mais l’ordinateur portable qui supporte le logiciel de navigation. Pour cette traversée nous avons donc décidé de le mettre en veille et de ne le brancher que lors des points nous permettant de vérifier que nous sommes bien sur la bonne route.
Le cinquième jour est sous le signe du vent et nous allons peut être battre notre recors journalier. Effectivement nous avons effectué depuis hier à 18 heures 135 mn. Le capitaine est allé au pied de mat pour remettre la drisse de spi qui tapait et menaçait de casser les feux de hune et le projecteur de pont, il en a profité pour enlever le drapeau du Cap Vert qui était dans les barres de flèches côté tribord, courtoisie oblige.
Le sixième jour est la journée pain. Pour un premier essai ce n’est pas trop mal. La prochaine fois il faudra mettre un sachet de levure chimique complet et non la moitié et laisser moins longtemps au four. Carine a profité du temps calme et de la mer pas trop formée pour passiver le chaumard arrière bâbord, demain si le temps le permet elle fera les autres. Sinon rien de particulier, lecture et farniente sont les occupations les plus prisées du bord.
Ce samedi, septième jour de navigation, nous sommes rentrés “de plein pied” dans la fameuse ZIC ou “pot au noir”, les grains se succèdent et l’hygrométrie monte lentement dans la bateau avec une température supérieure à 30° Celsius.
Notre routeur nous prévoit une sortie de ZIC à 350 mn devant nous. Nous serons donc dans ce pot au noir jusque l’équateur, soit environ 3 jours de navigation, pourvu qu’elle se dégonfle et ne nous scotche pas trop longtemps. Nos abandonnons l’option pain on verra en sortie de ZIC. Dans la vérification quotidienne du puisard, le capitaine constate qu’il y a de l’eau qui provient des fonds situés derrière ce dernier. On éponge le maximum et, même si la pompe de cale est en position extraction automatique, le puisard sera vérifié deux fois par jour au lieu d’une seule. Par acquis de conscience le capitaine vérifie également la cale où se situent l’arbre d’hélice et le presse étoupe et la –stupeur- il y a, après extraction, environ 1 litre d’eau, bravo pour un bateau de 6 ans d’âge. Après investigation et plusieurs opérations de séchage, il semblerait que cette l’eau douce provienne des grains que nous subissons. La question qui reste en suspens est d’où vient-elle, il va falloir investiguer. A 20 heures, heure locale, nous avons parcouru la moitié du chemin soit 783 mn. Si nous faisons la même moyenne sur l’autre partie du parcours, nous devrions arriver vendredi prochain mais nous ne serons certains de la date que la veille de l’arrivée.
Dimanche, début deuxième semaine de navigation mais aussi deuxième jour de ZIC qui n’est pas que synonyme de grains mais aussi de moles comme on dit dans le jargon voileux, c’est-à-dire peu de vent. En effet, celui-ci est très faible et changeant ce qui réduit les chances de déhaler mon 50 pieds, nous restons donc au moteur.
Pour ce qui est de l’entrée d’eau douce une piste doit être approfondie : sur le banc tribord arrière il y a une nable qui permet d’évacuer l’eau. Cette évacuation est quasiment toujours bouchée, si le tuyau d’évacuation est défectueux l’eau pourrait provenir de là, à suivre. Fausse piste, la nable fermée par un bouchon l’eau coule toujours donc cette piste est à éliminer.
Les jours se suivent et …. Hier nous avions eu du soleil le matin avec un petit vent nous permettant de naviguer tranquillement à la voile puis l’après-midi, régime de grains avec peu de vent. Aujourd’hui nous prenons le même chemin avec du soleil et de la voile ce matin et maintenant les grains arrivent et le vent refuse, il ne veut pas que nous allions ou nous voulons aller. Pour la fuite d’eau douce il va falloir attendre d’être au port pour effectuer une recherche approfondie, en attendant, on éponge !!! Le vent a vraiment décidé de nous faire défaut. En effet, nous sommes à 30° du vent et encore nous n’avons pas le bon cap, il faudrait faire 0° autant dire du moteur avec le vent et la houle en pleine face, donc nous louvoyons. Demain sera peut-être mieux, d’après les prévisions nous devrions avoir un vent plus favorable.
En ce dixième jour de navigation nous sommes sortis de la ZIC. Cependant, depuis hier nous avons le vent qui refuse avec une forte dominante de sud alors que notre route est au sud-ouest où est le portant ? De plus, nous avons un courant franchement Est qui nous porte à l’Ouest et comme nous sommes à l’Ouest des iles saint Pierre et saint Paul la route devient difficile à faire. Nous faisons du près serré avec le courant qui nous pousse à l’Ouest et devons tirer des bords. Je m’interroge sur le choix de notre routeur, SeaRoute, de nous avoir fait passer à l’Ouest de ces iles alors que la littérature précise qu’il faut les laisser à l’Ouest. D’autant plus que passer l’équateur nous aurons le courant équatorial qui monte vers le Nord. Cependant, nous avons passé l’équateur ce 29 novembre 2016 à 22h44.
Nous sommes sortie de la ZIC depuis hier et aujourd’hui sera la journée du pain. Contrairement aux idées reçues des terriens on ne s’ennuie jamais pendant une traversée. Après les longs conciliabules pour déterminer le contenu des repas du jour il y a les manœuvres qui bien que toujours sur le même bord ne manquent pas pour toujours porter la voile du temps. Il faut également faire des vérifications périodiques des fonds, du gréement, des poulies etc.. Le capitaine s’est essayé au pain mais les résultats ne sont pas excellents. La prochaines fois il faudra faire des petits pains individuels plus petits pour qu’ils cuisent plus rapidement, affaire à suivre.
Antépénultième journée avec un fort vent d’Est-Sud-Est qui compte tenu de la dérive se situe pour nous au Sud-Est voire Sud-Sud-Est. Dans la nuit nous avons enregistré des pointes à 30 nœuds soit force 7 beaufort, nous naviguons avec 3 ris dans la grand-voile et la trinquette. Le capitaine s’interrogeais sur le bienfondé de l’installation d’une trinquette plutôt que d’un spinnaker type Parasailor. Le bilan de cette traversée milite plus pour la trinquette alors que nous aurions dû nous attendre à faire 80 voire100% de portant. D’après les calculs du logiciel de navigation et les nôtres nous devrions arrivée samedi dans la matinée.
Dernière journée en mer puisque nous devrions arriver demain en tout début de matinée. Les précédentes 24 heures nous avons battu notre record avec 150 mn parcouru soit une moyenne de 6,2 nds. La matinée a été consacrée à la remise en état de la pompe de cale, les fils d’alimentation étaient coupés. Nous avons vu notre première baleine à bosse, mais le temps d’aller chercher l’appareil photo et elle était déjà loin. Ce moment ne sera donc malheureusement pas immortalisé sur la pellicule. Sinon rien de particulier si ce n’est un vent qui ne descend pas en dessous des 19 nds avec des points à 27 et une houle totalement erratique qui nous donne l’impression d’être dans un tambour de machine à laver à l’essorage, on se croirait de retour en méditerranée.
Nous apercevons Joao Pessoa au levé du jour du samedi 3 décembre.
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eric
15 Décembre 2016 - 10:28am
eric gretz