A la chasse au mouton sauvage sur une île déserte des Marquises
Nous voilà donc prêts à repartir avec Guillaume sur son bateau en acier Errance. L'avitaillement est fait pour 5 ou 6 jours, en sachant que nous aurons certainement poissons et surtout viandes à volonté. Donc surtout des épices pour cuisiner et de quoi ne pas mourir de soif : une caisse d'obus. (Bière Hinano en bouteille d'un demi-litre)
C'est Hervé avec son grand catamaran en bois époxy et son mât aile qui conduit l'expédition.
Il amène les cinq chasseurs marquisiens, le chien, les fusils, un congélateur, un groupe électrogène, des bidons et des sacs de gros sel pour conserver la viande qui ne pourra pas rentrer dans le congélateur.
Alphonse, un des chasseurs, voulait aussi amener un cheval, mais Hervé n'a pas voulu embarquer le cheval sur son catamaran. Dommage, cela aurait rajouté encore un peu plus de piment à l'expédition.
Nous voilà donc partis à deux bateaux vers Eiao.
Eiao est une île déserte à 60 miles au nord de Nuku Hiva. La France dans les années 1970 a envisagé d'y faire les essais nucléaires qui seront finalement faits à Mururoa. Les Marquisiens s'en sont mieux sortis que leurs voisins des Tuamutus.
Une grosse nuit de navigation, avec un vent bien orienté à l'est qui nous permet une allure confortable.
Nous arrivons dans le seul mouillage de l'île. Une petite cabane de chasse borde la baie. Pendant que ses quatre collègues partent chasser, Alphonse nettoie la cabane et ses abords, remet le captage en service pour avoir l'eau au robinet. Il nettoie les cocotiers de la plage trop serrés. Il part cueillir des oranges et ramasse quelques fruits d'arbre à pain.
La cabane de chasse au bord de la baie.
Le catamaran construit par Hervé qui a transporté hommes , chien et matériel.
Le ponton pour débarquer est sommaire. Pas facile de débarquer avec la houle. Je ne pense pas que ça aurait pu le faire avec le cheval.
Les 4 chasseurs ont trouvé rapidement le sentier à peine tracé qui monte droit au sommet de la falaise. Ils rentreront à la nuit tombée avec les deux premiers moutons. Les côtelettes sont mises à griller sur le feu qu'a préparé Alphonse avec le bois qu'Eric et moi sommes allés chercher.
Alphonse a mis le fruit du Uru (arbre à pain) dans le feu.
Nous préparons le gros thazard que nous avons attrapé en venant. Il est préparé cru avec du lait de coco fait avec les noix de coco trouvées sur l'île.
Nous apprenons pour l'occasion à faire le lait de coco directement à partir de la noix de coco.
Râpe du coco .
Premier repas dans la cabane à la lueur des frontales à côté du feu de bois.
Dans la cabane, cuisine, douche et WC.
Les jours suivants, les chasseurs partent à l'aube et reviennent à la nuit tombée avec les moutons dépecés dans le sac à dos. Le sac que je pèse fait au moins 50 kilos. Quelquefois, ils ne rentrent même qu'au petit matin.
Sur l'île il y a aussi quelques chèvres et du porc sauvage. Il y a surtout beaucoup de moutons et les signes de surpâturage sont flagrants. Le sous-bois est complètement à nu et sur le sommet, c'est une steppe où les rares arbres sont broutés jusqu'à deux mètres.
Les chasseurs sont remarquablement respectueux du site et des animaux. Les chevreaux et leur mère ne sont pas tirés. Un cochon trop maigre attrapé à l'oreille par le chien est castré pour qu'il prenne du poids.
Découpe du mouton, Jean-Marc et Alphonse.
Guillaume les accompagne une journée. Avec Eric, nous avons renoncé. Je pense que nous n'aurions pas pu suivre leur train d'enfer.
Alphonse, Jean-Marc et Pako
J'emprunte sur le bateau d'Hervé une canne à pêche et je vais sur la plage faire un peu de surfcasting pendant qu'Eric se baigne. En quelques minutes, je sors trois beaux poissons dont une carangue de belle taille. Je n'avais encore jamais vu cela.
Eric et moi préparons un ragout de mouton accompagné des épices à couscous que l'on fait lentement mijoter. Les grillades étaient un peu coriaces. Lentement mijoté, ça change tout.
Le congélateur est plein. Les bidons avec la viande de mouton salée également. Pour notre dernière soirée, et après le retour de la chasse, Guillaume amène Pako, Alain et Jean Marc à la pêche à la langouste avec son annexe. Ils partent de nuit au bord des rochers. Au bout de deux heures, les voilà revenus avec 14 kilos de langoustes. Guillaume, pourtant apnéiste averti n'en a pas attrapé une seule. Les trois chasseurs à main nues ont fait le plein.
Alphonse et ses collègues nettoient et rangent le campement pour les chasseurs suivants.
Nous rentrons dans l'après-midi après un bon repas de langoustes.
Petit en cas avant la traversée retour.
Un grand merci à Guillaume de nous avoir embarqués dans cette fabuleuse aventure.
Merci à Hervé, à Pako, Alphonse, Jean Marc, Taiki et Taoa pour tous ces moments hors du temps.
Retour à Taiohae sur l'île de Nuku Hiva. Eric et moi retrouvons Tema qui nous conduit à notre bungalow.
Pour les derniers jours d'Eric aux Marquises, nous demandons à Colette de l'office de tourisme de nous choisir les plus belles activités de l'île.
D'abord aller voir la baie d'Anaho. En voiture jusqu'à Hatiheu, puis marche dans la forêt avec panorama sur la grande baie abritée.
La baie d'Anaho.
Baignade sur la belle plage de sable blanc, un peu infestée de nono (petites bêtes qui piquent très fort). Puis retour en bateau de pêche avec Jean Pascal qui ramène vers Hatiheu les fruits et les légumes venus à dos de cheval jusque dans la baie d'Anaho.
Chargement des fruits et légumes sur la barque.
Les chevaux de bât sur la plage d'Anaho.
Puis encore du bateau à moteur pour une excursion vers la cascade de Hakaui. Maria nous amène avec son bonitier jusque dans la grande baie bien abritée d'Hakaui. Puis une marche riche d'explications sur l'histoire de la vallée jusqu'au panorama sur la cascade. Petit repas traditionnel en redescendant vers la plage.
La cascade d'Hakaui
Nous faisons la connaissance de Serge et Babette qui font aussi l'excursion. Serge a été un des marins qui a amené les légionnaires ouvrir une piste sur l'île d'Eiao. Il a passé trois mois sur l'île déserte en 1972. Il nous raconte son histoire qui prend pour nous toute la saveur d'une belle aventure humaine.
Et enfin pour terminer, initiation à la sculpture sur bois marquisienne à l'atelier d'Etienne. Une séance appliquée de gravure sur bois
Artistes appliqués.
L'oeuvre.
Après une dernière baignade dans la baie Colette, Eric rentre en France. Il a hâte de revoir Nadine et surtout de connaître Simon qui vient de naître.
Dernière baignade pour Eric avant l'hiver.
Merci Eric pour ta bonne compagnie et surtout pour ton calme et ton recul qui ont calmé ma fougue dans les moments un peu chauds.
Je prépare la suite du voyage. Ua Pou puis Ua Huka, deux autres îles des Marquises.
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