les Kradoks équipiers : épisode 3, le pétage des plombs
Année 2006, Nous avons décidé, les deux kradoks réunis, de voyager plus loin que le petit bout de l’étrave de notre “papillon bleu”, gibsea 76 d’un certain âge.
Cette première expérience d'équipier, c'est le saut vers de nouvelles aventures
Jour J + 7
Nous arrivons au petit matin à Vulcano. Nous essayons de nous mettre cul au quai en marche arrière, mouillé sur ancre. Nous y parvenons une heure plus tard. Nous savourons la vue et les odeurs du soufre, après l'ascension du volcan, puis nous repartons pour refaire l'avitaillement à Lipari.
Kradok I en haut du volcan de Vulcano
le "port" de Vulcano
les 2 Kradok dans les bains de boue déserts en cette saison
arrêt minute à Lipari
Je prends la météo à l'"internet point". Nous faisons le plein d'eau et de gas-oil au ponton à carburants. Les manœuvres d'accostages sont ratés. On tord le balcon avant. Biquet crie un peu. On est des incapables. Il faut dire qu'à chaque fois que je love une amarre, elle se déplie avec des noeuds. Mais d'après moi, cela vient de la manœuvre. Départ le soir vers Ponza. Nous voyons de nuit les éruptions du Stromboli tel un phare dans la nuit. Que de l'exceptionnel aujourd'hui ! Il faudra que j'y revienne... c'est trop beau !
J'ai pris le quart de deux à quatre heures. Je réveille Biquet à quatre heures. Nous avons réussi à le convaincre pour un vrai quart de nuit . Le vent s'est bien levé, il est dans notre nez, et, au moteur ralenti, nous n'avançons pas très vite.
Jour J + 8
Au petit matin nous sentons le bateau qui tape dans la houle. Kradok se lève. Biquet est prostré en position foetale dans le cockpit. Il est transi et terrorisé. Pourquoi ne nous a t il pas prévenu que le vent avait encore forci ? Il ne parle plus. Il disparait pour la journée. Le soir, nous accostons, toujours avec difficulté au port de Ponza.
C'est là où les choses se corsent. Biquet qui avait été charmant jusque là fait une mise au point :
il est pas là pour s'amuser. Il est là pour gagner son pain et il a investi dans le bateau toute sa fortune. Il tient à rentrer en France, avec Chouchou et avec son chateau flottant . Il n'est pas en vacances, lui, et n'est pas là pour s'amuser et prendre des risques. Nous l'avons entraîné dans une galère qu'il n'a pas maîtrisé. Dorénavant, c'est lui qui reprend les commandes de l'expédition.
Première décision : devant mon incapacité à avoir la bonne météo, c'est lui dorénavant qui se charge de cette tâche.
Deuxième décision : plus que de la navigation de jour.
Troisième décision : on discute plus ses ordres.
Bien capitaine ! les deux kradoks se mettent au garde à vous en pensant que cela va passer. Kradok I profite de sa journée de repos pour aller voir les célèbres grottes antiques qui servaient aux romains pour élever des murènes. Il enfile sa combinaison de plongée-survie et ses palmes et part pour la visite, en nageant. Les carabinieri viennent un peu plus tard à ma rencontre :
"C'est dangereux avec cette houle, votre ami doit revenir".
"oui, mais je ne peux pas aller le chercher, il est dans les grottes..."
Ils partent le chercher en zodiac. Kradok I revient entouré des 2 pandores. Ouf, Il n'a pas les menottes. Il se fait sermonner en italien. Pas trop grave, il n'a rien compris.
Cela semble finir de convaincre Biquet de notre inconscience.
arrivée à Ponza
carabinieri de Ponza
Jour J + 9
nous partons à l'aube vers le port de Rome. Biquet n'a pas trouvé de point internet à Ponza à cette saison. Nous partons donc ce matin sans aucune météo !
Journée malgré cela tranquille. Nous arrivons au port touristique de Rome le soir. Se mettre à quai est difficile. Kradok I compte tenu de l'ambiance devenu lourde à bord laisse la barre à Biquet pour les manœuvres et ne lui donne plus aucun conseil.
La capitainerie arrive immédiatement. Biquet doit passer au bureau pour régler la nuitée. Il ressort rapidement. Nous devons partir encore plus rapidement ! Nous ne serons jamais le tarif de ce port. Apparamment cela doit être très cher. Jusque là nous n'avions payé aucun port depuis le départ.
Quelques années plus tard le captain Rouff me racontera avoir eu la même mauvaise surprise dans le "porto turistico di Roma""
Mais nous n'avons toujours pas de météo. Pas de point internet dans cet endroit désert à la fin du mois de mars. J'appelle Christine par téléphone. La météo n'est pas trop mauvaise, nous pouvons partir.
Nous partons donc, sur ordre de Biquet, en pleine nuit du port de Rome. Il est de très mauvaise humeur. Nous reprenons le rythme de nos quarts de nuit. En pleine nuit, à moitié endormi pendant mon quart de nuit. Un projecteur m’éblouit. Il fonce sur le bateau. Je tente une manœuvre pour éviter le bateau qui nous fonce dessus. Un porte voix m’indique en italien de m’arrêter immédiatement. Le bateau avec une grosse mitrailleuse à sa proue est maintenant à nos côtés. « Guardia di Finanza ». Ils nous accostent. Fusils mitrailleurs dans les mains, les carabinieri nous surveillent. Les pare battages sont sortis rapidement pour éviter les chocs entre les deux bateaux. Ils montent à bord. Passeports et papier du bateau sont demandés. Pourquoi le pavillon grec est il encore dans les haubans ? Pourquoi le bateau a t il un nom en alphabet cyrillique ?
Guardia di finanza en action...
Biquet doit s’expliquer. Le bateau est fouillé sommairement, puis nous sommes autorisés à repartir. Au petit matin nous passons au large de l’ile de Gianuttri qui n’est pas signalée sur le traceur de Biquet. Arrêt le soir au ponton de Porto Azzuro, sur l’île d’Elbe. Il manque un pare battage. Biquet crie encore.
Ras le bol. Les deux Kradok vont prendre une douche chaude aux douches municipales du village puis se font un petit restau pour changer de l’ambiance devenue lourde du bateau. Nous décidons de quitter le bord et de rentrer en train depuis Piombino situé sur la côte, tout prêt de l’île d’Elbe.
De retour au bateau, nous nous expliquons avec Biquet. Les explications ne satisfont personne et le ton monte. Toutes les rancœurs d’un côté et de l’autre ressortent. Kradok I et Biquet sont à deux doigts de se battre. Je me tiens prêt à intervenir. Chouchou sent aussi que cela va dégénérer et arrive à calmer tout le monde pour la soirée. Nous préparons nos bagages pour le lendemain.
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Anonyme (not verified)
4 March 2013 - 12:00am
Ouaouh ! C'est digne des