les ports italiens…
Je ne connais toujours pas très bien l’Italie. Ma pratique de la langue italienne reste encore très alimentaire : « pasta, pizza, granite al limone,… ». L’arrivée en voilier dans les ports italiens a souvent été pour moi déconcertante.
le port de Ponza
J’avais jusque là compris la loi implacable de la côte provençale : tu restes très aimable avec le rugueux maître de port, que tu as pris soin de prévenir par VHF, et tu payes le tarif affiché avec le sourire content de celui qui a pu se caser sur la panne d’accueil.
J’ai aussi à peu près compris qu’il était impossible de se caser dans un port corse en juillet et en aout et que la légendaire hospitalité corse ne franchissait pas les limites du domaine public maritime et de ses à coté portuaires.
Mais l’Italie et ses ports échappent à ces règles trop simples. Dans un même port, les tarifs et la qualité de l’accueil varient souvent dans des proportions abyssales suivant des critères échappant à la petite logique du plaisancier provençal.
Ma sagacité, mise à rude épreuve par toutes ces surprises, bonnes ou mauvaises suivant les jours, m’a poussé à tenter de comprendre le pourquoi du comment.
N’ayant pas la prétention d’avoir tout décrypté et compris, je vous livre ici quelques réflexions et expériences, dans le plus grand désordre. Elles auront, je l’espère, le mérite de faire réagir ceux qui connaissent ce sujet et qui feront, grâce à leurs pertinentes remarques, avancer les sciences sociales sur ce propos et complèteront avec profit ma petite contribution.
Ulysse au port d'Ustica
J’ai découvert les ports italiens en mars 2005. Nous avions décidé, les deux kradok réunis, de dépasser notre horizon corse estival. Nous avons embarqué, en tant qu’équipiers pour un convoyage entre l’île d’Egine, en Grèce et Gruissan. Le voyage fut mouvementé, plein de surprises et de péripéties. Il faudra aussi que je raconte cela un jour. J’en ai tiré quelques conclusions sur les précautions à prendre avant de s’embarquer équipier.
Nous avons après la longue traversée de la mer ionienne et le passage nocturne du détroit de Messine découvert Scylla désert, puis Vulcano, Lipari, Ponza et Porto Azzuro, que de l’extraordinaire ! La suite ne fut pas toujours à la hauteur de ce premier voyage mais réserva toujours d’extraordinaires surprises, une fois décrypté quelques règles de savoir vivre portuaire italien.
Le port est compartimenté, avec un port de commerce, un endroit pour les ferries, un secteur pour les pécheurs, et un secteur pour les bateaux de plaisance. Jusque là, que du normal…
Pour ce qui est des bateaux de plaisance, chaque ponton est en général concédé à une association comme la « lega navale », ou à un « ormeggiatori » privé qui va gagner sa vie en tentant de vous soutirer le plus d’argent possible.
Il existe aussi des quais communaux gratuits !
à couple d'un bateau de pêche à Procida,
Le port peut être gratuit en hiver, mais plus la saison touristique s’avance et plus les tarifs sont élevés. La renommée du site et sa fréquentation par la jet-set ne jouent pas en faveur du plaisancier. Certains ports sont à éviter absolument si votre budget vacances n’est pas celui de Bolloré. Porto Cervo et Capri atteignent des sommets : 150 euro pour une nuit pour un 36 pieds. Mais les ports voisins ne veulent pas être en reste et vous proposent des prix conséquents pour des prestations bien légères. La baie de Naples et la cote amalfitaine ont des prix qui tournent pour la nuit aux alentours de 70 euro toujours pour la même dimension de bateau. Ces « maîtres de ponton » gèrent chacun à leur manière leur ponton et ils ont une totale liberté sur le prix. Il est donc possible, hors période d’affluence ou dans les lieux moins fréquentés de négocier son tarif. Il est quelquefois possible de passer de 70 à 30 euro. Passer de 70 à 50 euro n’est pas exceptionnel. L’humeur de l’ormeggiatori et le lien de sympathie que vous saurez créer avec lui pourront vous aider. Inutile de tenter l’exercice dans les grandes marinas et les grands ports comme le port touristique de Rome, Capri et Porto Cervo. Les prix dans un même port peuvent également varier du simple au double, à service équivalent. Pas facile de se renseigner. En général j’évite soigneusement le ponton de celui qui s’agite sur le quai et fait des grands signes pour me faire venir : c’est presque toujours le plus cher. Je me suis souvent mis à une place ou personne ne m’a fait signe, quitte à avoir à me redéplacer par la suite.
Ulysse au port de commerce de Crotone
Il m’est arrivé quelquefois de trouver des pendilles hyper tendues, prêtes à passer dans l’hélice. J’ai même eu à faire à un spécialiste qui a réussi à poser la pendille sur l’arbre d’hélice, heureusement pour moi débrayée. Ces spécialistes vous proposent ensuite un plongeur pour débloquer votre hélice à un prix qui vous enlève toute inhibition pour plonger dans les eaux souvent très sales des ports. (Catane et Reggio de Calabre, 2009)
Les pontons des associations sont en général complets. Mais lorsqu’il y reste une place, elle est en général à un prix raisonnable et l’accueil est sympathique.
Licata au sud de la Sicile
Il existe aussi dans quelques trop rares endroits un quai communal non concédé ou l’amarrage est gratuit. On mouille cul à quai, sur ancre. Pas d’eau, pas d’électricité, mais c’est gratuit. J’ai trouvé quelques uns de ces endroits fabuleux, qui ont malheureusement tendance à disparaître. On se retrouve alors quelquefois aux cotés des pêcheurs. J’aimerais bien que ceux qui connaissent ces havres de paix (et d’économie) me les indiquent ! Il m’est arrivé une fois de devoir payer un prix conséquent uniquement pour l’eau et l’électricité. En se privant des services de l’ormeggiatori, le quai est redevenu gratuit ! (Ustica 2009)
Les ferries italiens (comme les grecs d’ailleurs) entrent dans le port à grande vitesse et stoppent l’erre en jetant l’ancre dans le port et faisant demi tour sur l’ancre pour finir cul au ras du quai. C’est vraiment très impressionnant et il vaut mieux dans ces cas être soi-même assez éloigné du quai, pour préserver l’intégrité de son propre bateau. (Ponza et Ventotène)
Favignana, dans les îles Egades
Peu de mouillages, en règle générale sur la côte italienne. Il arrive fréquemment que les bateaux à moteur vous passent tout près et à fond la caisse lorsque vous êtes au mouillage à proximité des pontons concédés (Lipari, Capri). Il s’agit quelquefois des ormeggiatori !
Ce sont les mêmes qui ne vous facilitent pas du tout le débarquement en annexe.
Pour éclaircir un peu ce tableau peut être un peu noirci de l’accueil dans les ports italiens, voici dévoilé quelques escales qui m’ont laissé le meilleur souvenir de l’Italie :
Les mouillages de l’ile d’Asinara au nord est de la Sardaigne,
Le port d’Acitrezza en Sicile,
La pizza de Rocella Ionica en Calabre,
Le petit port de Castella toujours en Calabre,
Le mouillage devant le port de Ponza.
le port antique de Ventotène
Et tous les autres que je garde pour moi !...
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