Notre bilan administratif de voyage en Atlantique

Notre bilan administratif de voyage en Atlantique

Posté par : Jean-Pierre
13 Février 2016 à 17h
Dernière mise à jour 13 Février 2016 à 17h
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Pour faire suite au bilan  technique, nous vous proposons un petit bilan administratif de notre voyage d'un an... toujours dans le même esprit, si c'était à refaire... ou à éviter!

LE COURRIER:

Nous avons rencontré Brigitte au salon nautique à Paris; nous connaissions son site "courrier du voyageur". En plus de nous vanter les qualités d'un catamaran pour notre projet de voyage, elle n'a pas eu de mal à nous faire adopter ses services.  Vous faites réexpédier votre courrier sur son site; là il y a beaucoup de formules, c'est très souple et chacun peut adopter celle qui lui convient ou  en changer...  Nous avions choisi la formule avec ouverture et scanner de notre courrier (y compris recommandés par procuration), la publicité est triée et jetée; vous visualisez vos documents, choisissez de les garder (nous les avons récupérer à notre retour) ou de faire jeter certains. Nous n'avons pas d'actions à courrier du voyageur, mais pour nous, ce service a été top. L'ergonomie du logiciel est très bonne, nous n'avons connu aucun gag de courrier perdu ou autre, on reçoit son courrier comme à la maison, y compris les factures et autres réjouissances (impôts, assurances...) mais cela évite les pénalités et autres retards, on peut enregistrer très facilement tout son courrier sous le format choisi. Le rapport service rendu / coût nous a paru de plus excellent. Il y a d'autres services que nous n'avons pas utilisé: payer une facture, recevoir/expédier un fax, expédier un recommandé, réexpédier des colis ou des  cartes bancaires, gestion de téléphonie. Bon on arrête là, allez voir leur site: www.courrier-du-voyageur.com .  Vous l'avez compris, nous on reprendrait.

 

LES ASSURANCES SANTE ET RESPONSABILITE CIVILE:

​Nous vous faisons grâce d'un topo sur le sujet (celui fait par STW est très bien fait), mais juste pour faire un rappel des écueils à éviter et des solutions que nous avons adoptées.

D'une manière générale, le problème  est différent selon que l'on se trouve en territoire national ou non.

En France, en DOM et en territoire Européen: nous avions gardé notre couverture sociale et notre mutuelle habituelles; l'assurance rapatriement était incluse dans l'assurance du bateau. Avec la RC du bateau et celle de notre logement pas de problème non plus de ce côté-là.

En dehors du territoire français ou européen, tout peut très vite se gâter, particulièrement aux Etats-Unis, mais pas seulement:

La sécurité sociale française peut avoir des accords avec les organismes de soin étrangers: vous serez remboursés de vos frais de soins sur la base des tarifs français: c'est là que le bât blesse, car notre médecine n'est pas si chère et en général à l'étranger les tarifs sont 2 à 5 fois plus élevés; imaginez 8 jours de réanimation pour péritonite suite à une appendicite à 15.000€ par jour remboursés sur une base de 3000 € par jour...  Coût 120.000€, remboursés 24.000€... (c'est un ordre d'idée), qu'il vous faudra avancer en plus! N'aimant pas sortir non couverts, nous avons pris une assurance santé nous couvrant pour l'étranger, USA inclus où nous comptions aller (biens des états tels que les Bahamas… ont un système de soin identique à celui des USA). Après comparaison nous avions retenu la formule Marco Polo chez AVI, partenaire du guide du routard;  elle nous a paru la moins chère, la plus souple et  performante, RC incluse et avec extension sports et loisirs (apnée...).  Attention: la RC du bateau ne vous couvre pas nécessairement en dehors du bateau, c'est à dire dès que vous mettez les pieds sur le ponton...

 

LA SCOLARITE DES ENFANTS:

Nous pensions que cela ne poserait pas de problème! En fait ce fut une prise de tête de dernière minute. Le CNED n'est pas fait pour les voyageurs!

Il y a 2 CNED.

Le CNED à inscription réglementée: gratuit (comme la scolarité habituelle), avec bulletin scolaire et validation du passage en niveau supérieur

L’inscription réglementée n’est autorisée que pour les motifs suivants:
 Les soins en famille après avis du service médical de promotion de la santé en faveur des élèves ;
Les soins en établissement spécialisé après avis du service médical de promotion de la santé en faveur des élèves :
La pratique intensive d'activités sportives ou artistiques ;
L'éloignement géographique du lieu de scolarisation ;
L'itinérance des parents.

Le CNED à inscription libre: payant (environ 750€ par an et par enfant), n'est pas une scolarisation même si le programme est le même que celui du CNED réglementé, ne valide pas le passage en niveau supérieur.

L'inspecteur d'académie a tout pouvoir pour décider si votre enfant relève de l'un ou l'autre, et c'est sans appel. Nous étions enthousiastes et naïfs dans notre lettre de motivation: la maman enseignante, un projet de partenariat avec l'école du plus jeune autour du voyage et de la mer, l'adhésion à argonimaux, le souhait de maintenir le lien avec l'école en vue du retour. Le verdict est tombé quelques semaines avant notre départ, un voyage d'agrément n'a pas à être pris en charge par l'Education Nationale, pas de CNED réglementé! Dans notre département, un bateau copain a eu le même problème, d'autres bateaux copains dans d'autres départements ou à l'étranger n'ont eu aucun problème.  A noter que pour notre inspecteur, nous n'étions bien sûr pas des parents en itinérance! Et tout le monde sait qu'un tel voyage n'a aucun intérêt pédagogique et ne doit pas être encouragé: ouverture au monde, utilité et pratique des langues étrangères, géographie, histoire, géologie, biologie... (C’est du second degré !). Le coût moyen annuel d'un élève au collège est de 8000€.  L'infrastructure nécessaire à un suivi à distance coûte 10 fois moins cher: adopter le CNED n'est pas vivre sur le dos de la société, mais plutôt générer des économies. Tout ceci a été confirmé par la cour des Comptes dans son rapport de 2013.  Le nombre d'élèves du CNED est passé de 400000 à 200000 entre 2000 et 2010. Allez savoir pourquoi? Ceci dit, certains ont pu bénéficier du CNED et en ont été très satisfaits.

Mais pour nous,  vous l'aurez compris, c'est notre vrai coup de gueule.

Alors nous avons trouvé les Cours Académique de France. Ce sont des cours privés et payants, mais pas plus que le CNED à inscription libre; nous avons reçu au bout de 48h00 une clé USB avec tous les cours de l'année pour les 2 enfants.  Les cours et corrections sont toujours assurés par le même enseignant dans chaque matière. Les supports de cours sont satisfaisants (ceux du CNED aussi d'ailleurs). Il y a des bulletins et un avis de passage ; même si celui-ci ne vaut que dans la filière privée, il a le mérite d'exister. Quand vous annoncez que les enfants n’enverront plus de devoirs pendant 3 semaines pour cause de transat par exemple, on ne vous répond pas qu'ils doivent impérativement être rendus pour telle ou telle date, mais certains enseignants vous suivent et vous souhaitent bon courage! 

Ah, j'oubliais: le CNED a son siège au Futuroscope!!

 

LES VISAS:

A vrai dire, rien de particulier à raconter, si ce n'est le rappel que pour rentrer aux USA,  un visa type B2 est préférable, mais nécessite de faire le dossier (et se rendre) à l'ambassade US à Paris avant de partir. Les visas simples SEPA ne permettent pas de rentrer avec son propre moyen de locomotion aux USA (on ne peut pas présenter de billet de "retour");  nous n'avons pas testé le visa que l'on va chercher aux iles vierges US à partir des BVI par navette inter iles; il semble aléatoire, et ne dépasse pas 3 mois de validité. Aux Antilles, la seule ambassade US est à la Barbade!

 

LES CLAIRANCES, IMIGRATION, DOUANES, DROITS DIVERS ET SERVICES PORTUAIRES:

Au début, cela fait partie du folklore, à la fin cela devient pesant et cher (voire volontairement dissuasif comme à Anguilla). Dans le bon ordre, il y a souvent les autorités portuaires (avec frais de séjour, de parc national, de mouillage ou de bouée...), puis viennent l'immigration et les douanes. Ces formalités se font à l'entrée de chaque état et à sa sortie. Les attestations de sortie de l'ile précédente vous seront demandées dans la suivante. C'est parfois bon-enfant, c'est souvent tatillon. Dans nos déconvenues, il y a 1 poste de douane à Wallilabou sur St Vincent; c'était notre première vraie clairance; l'intitulé du papier était "douanes et immigration"; un douanier fort sympathique nous a donné moult tampons, et nous nous sommes crus libérés. Pour sortir de St Vincent, passage à Union (même état de St Vincent et des Grenadines) où nous nous sommes fait engueulés: nous n'avions pas fait  l'immigration à l'entrée! Alors pourquoi mettre un bureau de douane sans immigration à Wallilabou? Joker! Bon, dans ces cas-là 2 attitudes: contrite et penaude, l'officier fait les gros yeux et tout s'arrange; hautaine et grande gueule: encore un mot et nous pouvons vous saisir le bateau.

Un bon point pour notre administration française: c'est la plus simple, on remplit un simple formulaire sur site informatique; on paie éventuellement une somme symbolique dans un café, un commerçant ou une marina qui propose le service et c'est tout. En arrivant de métropole en DOM ou TOM, il faut en faire une. Il n'est pas nécessaire de fournir les documents de sortie précédents.

Passer outre aux clairances? Nous n'avons pas tenté, certains le font. Y-a-t’il des contrôles? Oui. Nous en avons vu aux Tobaggo Cays, en Guadeloupe, à Saint Kitts (avec visite du bateau en rangers, aimable mais ferme), Saba ou Statia. Il y a beaucoup de trafics dans cette région du monde; les autorités sont bien présentes, et quand  l'on voit les problèmes que certains voyageurs affrontent avec des systèmes judiciaires dont les pratiques sont parfois loin des normes européennes... Alors, on continuerait à faire sagement nos clairances pour minimiser les risques juridiques.

Il n'y a guère qu'en quittant St Kitts (où nous savions ne pas revenir) pour la Guadeloupe que nous n'avons pas fait les sorties.

 

L'ASSURANCE DU BATEAU:

Pas si évident de trouver un assureur  qui couvre les Etats Unis! Comme c'était un de nos objectifs, cela a été un critère dans notre choix. Après avoir fait plusieurs compagnies (y compris américaines!) et courtiers, nous n'avons finalement trouvé que De Lassée, qui a un cabinet sur La Rochelle mais aussi Antibes et Saint Barthelemy qui pouvait nous couvrir selon nos souhaits, avec un contrat chez Helvetia. Contrat souple, que l'on module par des avenants selon les périodes et les zones de navigation où l'on se trouve. Ils assurent également en période cycloniques sur les zones concernées, moyennant quelques exigences élémentaires. Nous avons trouvé les prix très corrects, la disponibilité bonne; nous n'avons heureusement pas eu d'expérience de sinistre. On reprendrait. 

 

LE RAPATRIEMENT DES AFFAIRES:

Nous avons laissé le bateau en vente en Martinique. Alors bien sûr, nous nous sommes retrouvés avec des bagages et du fret. Finalement, les choses sont assez simples. Sur les conseils de notre broker, nous sommes passés par Madininafret ( http://www.madininafret.com/ ) ; l'enlèvement s'est fait à la marina du Marin, et tout est arrivé à la maison avant nous! Ils enlèvent les cartons, les bacs et même les sacs, pourvu qu'ils soient solides. Le prix de revient est de l'ordre de 1,8 à 2 € le Kg, pour transport par avion,  2,5 €/Kg pour nous jusqu'à domicile. Tout s'est bien passé; au niveau douanier, il faut joindre un descriptif grossier des affaires transportées; nous étions un peu inquiets, car théoriquement il faut produire les factures de chaque élément, même s'il a été acheté en métropole avant le départ: cela est assimilé à une importation et théoriquement soumis à droit de douane si l'on ne peut prouver que la TVA a déjà été payée en métropole.

 

LES BROKERS:

On ne va pas développer outre mesure.  Il y a des dossiers faits sur STW par des professionnels ou des gens bien plus compétents que nous. Mais quelques aspects pratiques nous semblent utiles à signaler à la lumière de nos expériences ou celles de bateaux rencontrés. 

Le choix du broker est essentiel: est-il renommé ; existe-t-il depuis longtemps ; quelles sont ses références ? Ne pas hésiter à aller sur  les sites d'analyse de bilan des sociétés pour s'assurer qu'il n'y a pas de redressement en cours ou autre... Le risque est important et réel que l'argent de l’acheteur et/ou du vendeur ne  disparaisse dans une liquidation judiciaire si les choses ne sont pas bien bordées. Il n'est pas inutile de demander une attestation de garantie financière bancaire avec son montant à votre intermédiaire. Il vous regardera de travers, l'air de dire "c'est n'importe quoi", on ne me demande jamais cela, mais peu importe!

Le mandat de vente est essentiel, trop souvent succinct, "général" et incomplet. Généralement, les brokers minimisent son importance,  là aussi il ne faut pas se laisser intimider. Tout doit être bien précisé, les droits et devoirs de chacun.  Les sommes engagées sont parfois suffisamment considérables pour ne pas se contenter d'un "ne vous inquiétez pas, on s'arrangera". 

La commission, calculée en pourcentage, l’est-elle sur le prix de mise en vente ou sur le prix après négociation?

L'acompte versé revient-il bien au propriétaire (et non au broker!) dans le cas où l'acheteur renonce à l'achat?

Contrairement à l'usage habituel, l'argent de l'acheteur n'a pas nécessairement à transiter par le compte du broker: la vente, l'achat ou le transfert de LOA  d'un bateau ne relève que du droit privé. Rien ne s'oppose à ce que cet argent vous soit directement versé, quitte à prévoir des clauses garantissant la rémunération du broker qui doit lui aussi être protégé.  Il faut au moins préciser les délais dans lesquels votre argent doit vous être reversé, et les pénalités encourues (certains vendeurs ont ainsi attendu des mois avant de percevoir leur argent selon le bon vouloir de leur broker).

Autre exemple, le transfert de LOA: il ne faut pas hésiter à mettre comme clause que vous n'autoriserez le transfert de la LOA qu'après réception des fonds de la soulte sur votre compte personnel. Si vous autorisez la banque propriétaire du bateau à transférer le bénéfice de la LOA à votre acheteur avant réception des fonds de la soulte,  l'acheteur peut fort bien refuser de vous verser cette somme et il sera très compliqué de la récupérer.  La banque ne vous sera d’aucune aide, elle a son nouveau locataire et vous ne pouvez plus comptez sur elle pour récupérer votre soulte. 

Le contrat est-il exclusif ou non? La commission est-elle partagée à  50% avec vous si vous amenez le client? Pour combien de temps le mandat est-il établi? Comment est-il reconduit? Pouvez-vous refuser un client qui ne vous parait pas solvable?

Si vous êtes l’acheteur, l'expertise doit se faire avant signature du compromis de vente, ou au moins avec des clauses de réserve précises: poursuite de la vente avec réparations à la charge du vendeur? Mais si la réparation envisagée ne vous convient pas? Annulation pure et simple de la vente? Réduction du prix de vente sur la base du prix des travaux estimés (par qui?).

Il  est des circonstances où il est urgent de prendre son temps et le pire peut toujours arriver dans le nautisme, peut-être même plus qu’ailleurs.

Attention,  je ne dénigre pas les brokers. Eux aussi ont affaire à des vendeurs et acheteurs indélicats. Heureusement, beaucoup sont de bon conseil, aussi bien sur un plan technique que financier, et leur rôle peut-être essentiel et indispensable; par exemple quand vous confiez votre bateau à la vente aux Antilles, alors que vous êtes rentré en métropole.

Le problème est que c'est une profession beaucoup moins réglementée que celle d'agent immobilier par exemple. En cas de litiges, les responsabilités de chacun sont beaucoup plus difficiles à établir et peuvent aboutir à des imbroglios dont les blogs regorgent.  Il serait bon qu'un statut juridique sérieux soit enfin instauré, les bons brokers, les bons clients et les bons acheteurs y auraient tout à gagner.

Pour "acquérir" et "céder" la LOA de notre bateau, nous avons eu recours à un intermédiaire financier qui nous a été d'un grand secours et de très bon conseil (Jean-Etienne Dezemard de JED finance). Nous reprendrions!

Ces quelques points, les plus pertinents à nos yeux, sont bien sûr non exhaustifs. En espérant qu’ils puissent servir !

 

Nautiquement vôtre.

Jean-Pierre.

 

Un petit PS sur le matériel :  l'application Anchor Alert. 

Nous avons bien aimé cette petite application, conçue pour surveiller le mouillage à moindre frais énergétique, car s’utilise avec un smartphone ou une tablette. Après avoir mouillé, on vise l'ancre, on intègre la longueur de chaine et la marge de sécurité voulue avant une alerte. On peut également déterminer un secteur, façon tranche de camembert, où l'on veut que le bateau reste (utile parfois en cas de rotation du vent). On peut même, en laissant le smartphone à bord, déclencher une alarme sur un autre téléphone portable si on va à terre. Nous avons gardé cette petite appli!

Bonjour, Dans votre projet de départ, aviez vous prévu de céder la loa de votre cata? Après une certaine période ou c'est la "visite" du monde qui vous a fait réfléchir. Bravo pour l'exposé.

Lorsque nous avons acheté le bateau, il était sous LOA. Grâce à notre intermédiaire financier, nous avons pu transférer la LOA à une autre banque avec des taux plus avantageux, tout en prolongeant la durée de cette LOA et en l'augmentant. On peut augmenter une LOA pour changer ou installer certains équipements, ce que nous avons fait (électronique, iridium, bout-dehors, gennaker...), et qui du coup sont facturés à une TVA réduite de moitié à 10%. Sans savoir quand cela surviendrait, nous avions dès l'achat anticipé la revente du bateau, et une LOA plus conséquente et prolongée peut faciliter cette revente. L'avantage de la LOA est une baisse de TVA, l'inconvénient majeur est que vous n'êtes pas propriétaire... Ce n'est pas anodin. Nautiquement vôtre. Jean-Pierre

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