Le dimanche ensoleillé du 29 novembre, je prends le ferry qui traverse le Tage pour me rendre à Lisbonne; j'ai en effet décidé de participer à la Marche Mondiale pour le Climat.

Comme à chaque passage, on ne peut ignorer à quel point la capitale étouffe sous la pollution, - et surtout après avoir passé un été dans l'air pur des îles atlantiques  ! -  on souffre de voir l'effet de serre jaune-gris-brunâtre flotter au-dessus de la ville et, le nez rapidement bouché, le mal de tête n'est pas long à arriver...

Loin de vouloir faire de la politique ni du prosélytisme, le fait de voyager sans polluer, d'utiliser le vent pour avancer, d'économiser l'eau des réservoirs, d'être autonome en énergie avec panneaux solaires et éolienne, est devenu une manière de vivre et aussi une manière de penser. On devient conscient de ce dont on a vraiment besoin, ce qu'on peut économiser et ce dont on peut se passer.  Le fait d'en être conscient n'autorise plus à faire la politique de l'autruche; je n'aurai pas le droit de dire à nos enfants et petits-enfants "je ne savais pas !"...  Donc me voici arrivée au lieu du rendez-vous au centre-ville pour une marche de 2,5 km le long de la ligne verte du métro, tout un symbole...  Dix minutes avant l'heure fixée, je ne vois désespéremment qu'une poignée de personnes sur la place, visiblement là pour la même raison que moi.

Presque trois quarts d'heure d'attente puis la marche débute enfin, accompagnée de banderoles et de slogans plus ou moins efficaces...

Nous ne sommes qu'une poignée... un milliers de personnes sur un petit tronçon de route dans Lisbonne, quand ils étaient environ 400'000 à Manhattan; 45'000 à Melbourne et  même 1'300 dans notre toute petite Suisse, entre Genève et Zürich !

De plus, j'entends pas mal de français et je suspecte quelques participants d'être des retraités anglais installés à Lisbonne.  Sur la fin du parcours, un couple âgé me demande pourquoi cette manifestation...  Je finis par expliquer que c'est contre la pollution de notre planète - bon exercice en portugais ! - tant les mots "pour le climat" ne semblent rien évoquer du tout pour eux...  La conscience écologique du portugais moyen n'est pas éveillée.  Il faut replacer le Portugal dans son histoire.  Sortie de la dictature de Salazar en 1974 avec la Révolution des Oeillets, l'économie  n'a pris son essor qu'après 1975, amenant près d'un million et demi de portugais à aller travailler en dehors du pays pour fuir la misère et les guerres coloniales.  La marche a pourtant eu lieu; quelque chose est en marche qui, -je l'espère pour l'avenir ! - ne s'arrêtera pas...