L'avantage des Açores, c'est qu'on y rencontre plus ou moins autant de navigateurs des deux continents bordant l'atlantique.

Pour la grande majorité, des gens d'une discrétion et d'une humilité très inspiratrice; pas du tout le genre de ceux qui remplissent des pages de site web sur leurs extraordinaires exploits, du style:

-Traversée en équipage Saint-Malo - Chausey par pétole et morte eau à coefficient minable

- Traversée Cannes- iles de Lérins un jour sans mistral

- Voire, et c'est un record: une trans Lac  de Bret en solitaire (ou alors le  lac des Taillières pour les frontaliers du Jura)

Ainsi, lors de notre séjour à Terceira, (promis, on fera un album digne d'une agence touristique très bientôt), il nous est arrivé de croiser quelques personnes hors du commun; ainsi :

- le couple d'américains, amplement septuagénaire, accompagné de 3 chiens, que nous avions croisé en décembre dernier à Agadir. On se retroiuve amarré juste devant eux à Praia. Après quelques minutes de discussion,on apprend que, contrairement à nous qui avons plus ou moins caboté dans les archipels de l'atlantique est, eux ont simplement fait une "petite" navigation triangulaire Agadir-Cariacou-Açores (cherchez Cariacou sur Google earth et imaginez le nombre de milles);

- Pierre et son improbable bateau, né des relations incestueuses d'un brise-glaces, d'une barque de pêche et de n'importe quel yacht à moteur. Devant mon incompréhension, il m'explique qu'il l'a fait construire dans un célèbre chantier pour bateau en alu près de Lyon pour pouvoir naviguer en toute saison chez lui. Au fait, il vit au Nunavut, pour ne pas paraître totalement inculte, j'ai passé une bonne partie de la nuit sur Wikipedia pour en savoir plus sur ledit Nunavut, c'est passionnant... Je vous encourage à en faire autant. De longues discussions avec lui m'ont aussi fait relativiser "l'exploit" que constitue le passage du Nord-ouest;

- Un autre couple septuagénaire, tricolore cette fois, déjà, croisé à plusieurs reprises dans l'archipel, qui boucle son troisième tour du monde sur leur Maramu;

- Le couple de bernois, amarrés depuis 3 ans à Praia, parlant désormais le suisse-allemand avec l'accent portugais, tout heureux d'organiser un barbecue "1er aout" pour les deux autres bateaux helvètes du port;

- Le petit quadragénaire insignifiant qui remplit son check out au bureau de la marina alors que je fais la queue pour mes jetons de laverie et qui provoque des sueurs froides au préposé du bureau; en effet, Saint Pierre et Miquelon ne figure pas dans leur base de données; peu de bateaux quittent l'archipel pour cette destination... Du coup, intrigué, je lance le dialogue; Il vit dans ce coin, mais sa femme a continué le voyage en avion, car dans son 6,50 m, il n'y a pas de place pour deux...;

- Nos chers Victor et Marta, que l'on croise sans cesse depuis les Canaries et avec qui on se réjouit de partager une fondue, dès que la matière première arrive, ce qui devrait arriver d'ici demain, donc une petite nav en perspective car nous ne sommes plus dans la même île;

- Plus, évidemment, tous les anonymes, nombreux, naviguant en couple, en famille, vivant à bord ou simplement venus passer des vacances, parfois anxieux de la traversée retour, que ce soit vers l'est ou l'ouest.