les Kradoks équipiers : épisode 2, le départ

les Kradoks équipiers : épisode 2, le départ

Posté par : Jean
03 Marzo 2013 à 10h
Última actualización 22 Octubre 2018 à 09h
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Année 2006, Nous avons  décidé,  les deux kradoks réunis, de voyager plus loin que le petit bout de l’étrave de notre “papillon bleu”, gibsea 76 d’un certain âge.

Cette première expérience d'équipier, c'est le saut vers de nouvelles aventures

lien vers l'épisode 1

 

JOUR J

Aujourd'hui c'est le départ. Le bateau a passé la nuit sur la grue, et dans la matinée, il est libéré de ses liens pour un départ sur la mer Egée. Le temps est calme et nous partons au moteur.

Biquet ne tarde pas à remarquer une vibration désagéable dès que le moteur dépasse les 1500 tours. Nous recherchons la cause de ses vibrations. La vibration semble venir de l'arbre d'hélice. C'est certainement le joint d'arbre situé sur la chaise de l'arbre qui est usé. Il aurait fallu le changer avant de partir. Tant pis, on est parti.

Nous arrivons en fin d'après midi à l'entrée du canal.  Nous nous mettons à quai pour que Biquet aille payer la facture. Première   déconvenue : impossible de diriger le bateau en marche arrière. Le quai étant bien dégagé, nous nous plaçons sans trop de difficulté malgré ce désagrément. Biquet revient à présent vert du bureau du canal : il vient de payer l'addition qui n'était pas vraiment prévue à ce tarif dans son budget de voyage. Le canal est fermé aujourd'hui pour entretien. Un seul passage aujourd'hui avant la nuit. On va passer au soleil couchant. C'est magnifique. Le grand bateau devant nous semble presque toucher les bords du canal.

 

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passage du canal de Corinthe

 

Première nuit en mer, premiers quarts de nuit à travers le golfe de Corinthe. Biquet a pris le quart de dix heures à minuit. Les deux kradoks se font le reste de la nuit. Chouchou est exempte de quart. Elle est chargée de l'intendance. C'est elle qui va nous faire à manger durant tout le séjour. C'est vrai qu'elle cuisine bien.

Nous mangeons à heures régulières. Chouchou nous fait des repas équilibrés avec beaucoup de légumes frais. Les portions sont limitées. Pas de quoi se resservir. Un seul verre de vin ou une bière par jour. Tout cela perturbe mes habitudes alimentaires,  mais je vais perdre durant cette traversée un peu de gras et de ventre.

Jour J +1

Au lever du jour, nous passons sous le pont de Patras, encore un moment magique. Le vent commence à se lever et c'est à la voile que nous nous dirigeons vers l'île de Céphalonie.

 

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le vent se lève à l'approche des sommets enneigés de Céphalonie

En longeant l'île le vent s'est vraiment levé. Nous décidons d'une dernière escale grecque à Argostoli. Ce port est situé au fond d'une grande baie ou le vent violent nous pousse. Sous génois seul, avec un vent à quarante nœuds, nous nous dirigeons vers le fond de la baie. Avec ce bateau lourd, équipé de vieilles voiles bien creuses, je pense que jamais nous ne pourrons ressortir de cette nasse dans ces conditions. Je commence à flipper sérieusement.

Biquet veut aller au port d'Argostoli pour que chouchou puisse dormir à l'abri de la houle. Kradok n'est pas d'accord. Avec ce vent à quarante nœuds, un bateau avec un gros fardage et qui ne recule que tout droit, il pense que nous courrons à la catastrophe. Biquet se laisse convaincre malgré tout. Ce sera mouillage.

Avec ce vent, le mouillage ne tient pas. Nous devons nous y reprendre à deux fois. Pour pouvoir quand même dormir cette nuit, nous mettons une alarme sur le GPS au cas ou le l'ancre viendrait à chasser.

Le vent se calme un peu dans la nuit et nous tentons au matin d'accoster au quai désert d'Argostoli. Nous passons la journée à visiter la ville. Le soir nous buvons l'apéro sur le bateau voisin. C'est un jeune couple de professeurs de musique qui a pris une année sabbatique. Ils ont deux jeunes enfants. Le plus jeune, dix huit mois ne marche pas encore. Ils attribuent cela à l'équilibre instable du bateau ?  Biquet leur raconte son projet.

Biquet et Chouchou sont au chômage. Ils sont bricoleurs. Ils ont déjà réparé, remis en état et revendu un bateau en acier. Ils ont fait la même chose avec un vieux bus qu'ils ont transformé en camping-car. Ils ont pour projet de ramener en France cet Amphytrite 45, de le remettre en état et de le revendre avec un bon bénéfice. Notre hôte les mets en garde contre les mauvaises bonnes affaires que l'on fait avec les bateaux. On y gagne rarement de l'argent, on en perd souvent. De nouveaux doutes rident le front de Biquet après les déboires de la quille à réparer.

Jour J +2

Argostoli a été entièrement détruite par les tremblements de terre d'aout 1953. Pas de vieilles constructions mais une architecture " années 60" aux maisons basses et aux rues bien rectilignes.La ville est encore plus déserte qu'Egine en cette saison. Cette visite rapide me laisse un gros regret : j'aurais aimé aller voir les sapins de Céphalonie. Cela sera pour une autre fois.

Chouchou a profité de cette journée pour faire l'avitaillement complet qui nous permettra de survivre à la première longue traversée de notre périple. De mon côté j'ai trouvé un point internet pour récupérer la météo et les fichiers grib. Cela parait bon pour un départ demain matin. Il nous faut à présent traverser la mer ionienne jusqu'au détroit de Messine.

J'ai été désigné météorologue, cartographe et routeur par Biquet. Ce n'est pas sur mes compétences qu'il me désigne : certaines contrariétés l'ont poussé à ce choix : le traceur de carte qu'il a acheté en France a bien été livré avec une carto Méditerranée, mais uniquement précise pour la partie française. Pour le reste c'est très approximatif et les petites îles n'y figurent pas. Pour la partie météo, il a acheté un navtex, mais vu nos expériences communes, personne n'y comprend rien. De plus nous soupçonnons que les messages ne sont pas vraiment anticipés sur cette zone de navigation. le coup de vent de hier n'a pas été signalé.

Heureusement pour nous, j'ai embarqué avec moi mon ordinateur portable, avec logiciel de carto, cartes de la Méditerranée chargées sur internet et le GPS sport-track à brancher sur le port série de l'ordi.

Pour mes compétences météos, je connais quelques sites qui prévoient la météo en Méditerranée. Je les consulte à chaque escale au point internet.

De son côté, le captain Kradok I a été désigné Bosco. Son expérience de la navigation  à la voile, sans moteur et sans autres instruments que la boussole dans la mer des Caraïbes sont mises à profit. C’est d’ailleurs le seul à vraiment savoir faire avancer ce bateau à la voile. Il tente souvent avec calme de conseiller Biquet sur les manœuvres. Il est déjà habitué à ce rôle d’instructeur. Cela fait certain temps qu’il  le joue avec moi.

Biquet est le skipper, du moins officiellement.

 

Jour J + 3

pour notre départ d'Argostoli, un petit vent portant nous accompagne. Une grosse houle résiduelle nous accompagne aussi. Encore peu amariné, Biquet et Chouchou disparaissent dans leur  grande cabine arrière. Kradok sous l'effet conjugué de la houle et de la cuisine grecque se vide de tous les côtés. Je reste accroché à la barre en fixant l'horizon. Pas le choix...

Kradok émerge de l'intérieur du bateau un peu plus tard dans la journée. La houle finit par se calmer et la cuisinière peut reprendre son poste.

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Kradok I reprend des couleurs

 

Deuxième nuit en mer. Biquet a décidé de reprendre le quart de dix heures à minuit. Nous refaisons avec Kradok notre traditionnel tirage au sort pour partager les quarts restants

Jour J+ 5

Tout va bien à bord, rien que l'horizon.

L'Amphitrite 45 est un gros ketch qui ressemble un peu à une ancienne caravelle avec son château surélevé à l'arrière. Il est large avec un haut franc bord. Il est assez peu toilé par rapport à son poids et à sa taille. Il remonte très mal au près. Son moteur, puissant en fait quasiment un fifty. Il a une quille longue, à l'ancienne, qui le rend pas ou peu manœuvrant en marche arrière. Beaucoup sont donc équipés d'un propulseur d'étrave. Ce n'est pas une caravane flottante, c'est quasiment un mobil-home. A l'intérieur, c'est de la belle qualité à la Wauquiez, avec de belles boiseries. Un carré immense avec une grande cuisine en L. Au dessus des banquettes du carré, à la place des équipets, deux couchettes bien pratiques en navigation. Une cabine à l'avant et un cabinet de toilette. Un long couloir, à l'arrière babord qui correspond à l'espace du cockpit central, permet de rejoindre la « suite » une immense cabine arrière, avec bureau et surtout vue sur la mer, avec cabinet de toilette attenant. De l'autre côté du cockpit central un véritable atelier s'ouvre sur l'intérieur et l'extérieur du bateau. Sous le cockpit central, le moteur, bien dégagé et accessible de tous côtés. Son cockpit central, bien à l'abri des vagues et des embruns, est bien confortable en navigation. il a ses inconditionnels.

Quel dommage qu'il ne soit pas plus toilé et plus léger!

A la nuit, nous entrons dans le détroit de Messine sans vraiment nous poser de questions sur les courants. Des courants ?

Jour J+ 6

Le détroit de Messine a été passé de nuit et nous décidons de faire escale à Scylla au petit matin.

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sortie de canal de Messine au petit jour

Le petit port et le village situé au dessus sont magnifiques.

Le port de Scylla est lui aussi désert en cette saison. Même pas de pêcheurs d'espadon. Ils ont remisé sur les quais leurs barques et  les longs mats et passerelles en treillis qui leur servent en été à   trouver et à harponner les espadons. . La ville est situé au dessus du port. Elle est pleine de charme avec ses ruelles en pente, impraticables pour les voitures.

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Scylla

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l'amphitrite amarré au port de Scylla

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barques de pêche

 

 Une petite journée à Scylla, pour décider de la suite du voyage. Sur proposition de Kradok I, détour par les îles éoliennes. Nous quittons Scylla le soir pour traverser le flot de ferries et de paquebots qui sortent du détroit de Messine. Pendant le quart de Biquet, dix heures à minuit, un gros cargo nous mets un coup de trompe. Nous sommes sur sa route. Je sors de mon sommeil pour jeter un œil dehors : il est juste à notre bord, immense ! Frayeur...


lien vers l'épisode 3

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