LE TOUR DU PELOPONNESE-partie 1- de Killini à Pilos

LE TOUR DU PELOPONNESE-partie 1- de Killini à Pilos

Posté par : Rene & Sabine
18 Août 2017 à 09h
Dernière mise à jour 30 Août 2017 à 12h
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LE PELOPONESE

Lorsqu'on évoque le voyage en Grèce, c'est d'abord l'image de carte postale des idylliques Cyclades qui vient à l'esprit. Plages magnifiques, eaux turquoise, petits villages blancs aux ruelles éclatantes... Le périple en Grèce continentale offre une tout autre facette de ce pays, une multitude de sites archéologiques et mythologiques pour un voyage dans le temps, mais également des paysages d'une nature sauvage à couper le souffle, tantôt hostile, tantôt hospitalière et toujours grandiose. Plages et montagnes se côtoient, et l'on passe aisément de l'un à l'autre. La côte sud et sud-ouest, plus difficilement accessible, offre des trésors cachés comme ces petits ports de pêche et ces criques très intimistes.
Le Péloponèse est une grande péninsule, d’une superficie équivalente à la Slovénie, qui compte plus d’un million d’habitants. Depuis le creusement du canal de Corinthe en 1893, on peut même dire que c’est une île, une immense île. Elle n’est reliée au continent que par le pont au-dessus du canal et par le pont de Rion-Antirion, le 2ème plus grand viaduc au monde après celui de Millau en France.
C’est une région qui échappe, pour le moment, au tourisme de masse malgré la beauté sauvage de ses montagnes et de ses côtes.
Elle compte d’innombrables sites de visite, certains très connus, comme Olympie, Monemvasia, Mystra, Mycènes, Navplion etc…

Nous avons décidé d’en faire le tour dans le sens contraire des aiguilles d’une montre.

Mais d’abord un peu d’histoire pour planter le décor. Cette terre était dans l’Antiquité l’île de Pélops(d’où Péloponèse), fils de Tantale. Celui-ci eût une vie singulière. Découpé en tranches, il fût servi aux dieux par son père puis ramené à la vie par Zeus…

Vers 2000 avant J-C, le Péloponèse fut envahi par les premiers peuples de langue grecque. Puis arrivèrent les Mycéniens et plus tard encore, vers 850 avant J-C, les Spartiates, peuple guerrier s’il en est.
La Sparte antique occupait un site spectaculaire, enserré entre les monts du Taygète et du Parnon. Les enfants faibles ou difformes, indignes d’appartenir à cette race guerrière, étaient abandonnés. Le mot « spartiate » est passé dans notre vocabulaire pour décrire ces habitudes de vie rigides et austères. Au déclin de Sparte, les peuples de la péninsule de Mani formèrent la ligue de Laconie et leurs descendants s’appelèrent des Maniotes. Ceux-ci étaient presqu’aussi redoutables que les Spartiates. Ils vivaient en clans et construisaient des tours pour se protéger des représailles. On peut encore observer ces tours sur la péninsule de Mani.
Celle-ci resta durablement indépendante alors que le reste du Péloponèse était occupé par une succession d’envahisseurs. Ni les Romains, ni les Turcs ne réussirent à soumettre ces féroces guerriers.

En regardant une carte, on imagine facilement l’importance stratégique du Péloponèse dans le commerce entre la mer Egée et l’Europe. Jusqu’au percement du canal de Corinthe, la route commerciale contournait cette côte isolée. Celui qui contrôlait cet itinéraire contrôlait la route des épices, de la soie, des perles, des pierres et métaux précieux, de l’opium, des parfums, toutes les richesses de l’océan Indien…
Aujourd’hui encore, une bonne partie du traffic méditerranéen emprunte cette route plutôt que celle du canal de Corinthe, trop onéreuse.

Au point de vue du navigateur, les caps Matapan et surtout Malea, ont la réputation d’être de petits caps Horn.
Nous voilà prévenus !

Notre tour du Peloponèse commence véritablement par la ville de Killini.
Ami navigateur Il y a un beau bassin à côté du port commercial. Comme souvent, il est occupé par toutes sortes d’embarcations et nous sommes obligés, pour la première fois en 5 ans, de nous mettre à couple d’un autre bateau.
Ici, il ne t’en coûtera pas un cent.
C’est une ville de passage, en fait le terminal de ferries pour Zakinthos et Cephalonia. Il est difficile d’imaginer que cet endroit un peu poussiéreux, sans grand intérêt était auparavant un port cosmopolite plein de vie sur la route de l’Orient. De cette époque, il subsiste le château au loin sur la colline. Construit par Geoffrey Villehardouin en 1220, il est tombé aux mains des Vénitiens puis des Turcs qui l’ont en partie détruit. Il est maintenant restauré.

Katakolon, 20 nm(37 km) plus au sud, est notre prochaine escale. Nous arrivons un samedi vers 16H00 en croisant un immense paquebot. La ville semble endormie, il n’y a personne. Pas âme qui vive. Peut-être y a-t-il eu une attaque nucléaire. Finalement, un homme émerge d’un des 3 bateaux présents et nous aide à l’amarrage.
Ami navigateur, il t’en coûtera 15 euros/jour plus 5 euros pour l’eau et l’électricité.



le port de Katakolon


Sans le savoir, nous avons à la fois de la chance et pas de chance d’arriver aujourd’hui, samedi 15 juillet... Je m’explique.
De la chance, car Katakolon est le port où viennent s’amarrer les paquebots qui déversent 2 ou 3.000 personnes pour aller visiter le fameux site d’Olympie. Et il n’y aura pas de paquebot dans les 2 jours…
De la malchance car pour se rendre à Olympie, il y a un train (10 euros A/R) qui part à 50 mètres de notre bateau sauf que lorsqu’il n’y a pas de paquebot, il y a l’aller mais pas le retour !
Le train s’arrête à la grande ville de Pyrgos, de là il nous faut marcher 500 mètres et puis prendre un bus jusqu’à Katakolon.
Ah la Grèce…

Les ruines du site d’Olympie valent vraiment la visite surtout si elle est combinée avec la visite du très beau musée, richement doté et assez exceptionnel. Je recommande d’ailleurs de  commencer par le musée afin de bien appréhender ce site merveilleux dans une vallée boisée recouverte par les oliviers et le maquis.
Le site d'Olympie, classé au patrimoine mondial, fut habité dès la préhistoire, et le culte de Zeus s'y implanta dès le Xe siècle av. J.-C. Le sanctuaire de l'Altis – partie consacrée aux dieux – abritait l'une des plus fortes concentrations de chefs-d'œuvre du monde antique. En plus des temples, on y trouve des vestiges de toutes les installations sportives destinées à la célébration des jeux Olympiques qui s'y tinrent tous les quatre ans à partir de 776 av. J.-C pendant presque 1.000 ans !
Une des particularités de ces jeux antiques était « l’Ekeheiria », la trève sacrée, qui était observée pendant toute leur durée. Pour prendre part à l’évènement, les cités en guerre oubliaient, pour un temps, leurs différends, reprenant probablement les hostilités par la suite…

Au cours des premiers jeux, les récompenses étaient purement symboliques, une palme ou une branche d’olivier, le nom gravé sur des tables de marbre dans le gymnase d'Olympie.
Plus tard, les athlètes pouvaient espérer une récompense financière en plus de la gloire. Avec les Romains, les Jeux étaient richement dotés.
Les Jeux Olympiques modernes ont vu le jour en 1896 grâce au Baron Pierre de Coubertin dont le cœur est enterré à Olympie.
Malgré la chaleur de ce mois de juillet, nous sommes bien contents de  cette visite qui renvoie à certains fondements de nos sociétés…

 
fronton du temple de Zeus

anse en bronze 480 av.J-C

l'Hermès de Praxitèle 330 av.J-C

la fontaine d'Arsinoé

la piste du stade mesure avec entre le départ et l'arrivée une distance de 192,27 mètres soit 600 pieds olympiques

 

                                                                                       la rotonde d'Olympie                                                                                                                                                                                                                                                                      pavement enmosaique des thermes


Avant de quitter Katakolon, nous allons visiter de bonne heure le musée de la technologie grecque antique qui expose les inventions des anciens Grecs. Ce musée qui ne paie pas de mine est un véritable petit bijou. Comme il est interdit de filmer et de photographier, je laisse mon sac contenant le matos et mon portefeuille sous la bonne garde de l’unique employée. L’objectif de ce lieu est de prouver que la technologie des anciens Grecs était presque identique à la technologie moderne au début des premières inventions. Et c’est absolument extraordinaire !
Cadrans solaires, horloge hydraulique d’Archimède, machine d’Anticythère( l’ancêtre de l’ordinateur), astrolabe, pantographe, fontaine magique, appareils de levage, instruments de guerre… figurent parmi les 300 inventions exposées dont quelques unes  sont montrées en fonctionnement. En observant cela, on se dit que la civilisation technologique moderne doit énormément aux Grecs.

Kiparissia est notre prochaine étape, 30nm plus au sud. C’est une ville sympa, bien grecque et qui vit toute l’année. Pour une fois, le centre nerveux de la ville est un peu en retrait du port où IDEMO a trouvé une place en bout de quai. Grâce à cet éloignement, nos 2 nouveaux vélos pliants trouvent toute leur utilité même si ça monte assez fort.
Tiens Sabine, où est mon sac avec la caméra ?
Après recherche, pas de sac, pas de caméra, pas de portefeuille.
Je l’ai oublié au musée de Katakolon à 65 km !
Nous téléphonons au musée, ils ont mon sac en sécurité. Ouf !
Nous nous renseignons pour la location d’une voiture. Entretemps, le directeur et fondateur du musée nous fait un courriel et nous dit que, pour éviter un long déplacement, il peut mettre le sac sur le bus qui arrive à Kiparissia à midi. Chouette. Toujours aussi aimables les grecs. Merci monsieur Kotsanas.

Kiparissia vue du port


Ami navigateur :Le port semble abrité. C’est sans compter la très, très grosse zone orageuse qui nous tombe dessus avec un vent de 35 kn qui rend la mer folle. Il y a énormément de ressac dans le port et nos amarres prennent un coup de vieux en quelques heures.
Enfin bon, le bateau est rincé…
Il y a un point d’eau, bien caché près de l’enrochement mais il faut plusieurs longueurs de tuyaux…
Le port est gratuit mais remuant.

 

Les vents portants nous poussent toujours vers le sud. Même tangonné, IDEMO est quelque peu malmené par cette grosse houle peu en rapport avec ce vent de nord-ouest de 10-15 kn. Et si IDEMO est malmené, forcément son équipage aussi…
Nous entrons dans l’immense baie de Ormos Navarinou. A notre tribord, la ville de Pilos gardée par l’impressionnante forteresse « neokastro », construite par les Vénitiens et agrandie par les Turcs.
C’est dans cette rade qu’eut lieu la fameuse bataille de Navarin.

l'entrée de la baie de Navarin avec la "marina" de Pilos


Le 20 octobre 1827, la flotte turco-égyptienne est attaquée sans préavis et détruite par une escadre anglo-franco-russe sous le commandement de l'amiral de Rigny et de l'amiral Edward Codrington. C'est un acte de guerre involontaire, conséquence d'une bévue inexpliquée. 
La défaite turque fut complète, si bien que la Turquie commença l'évacuation de la Grèce au cours des dix mois suivants, ce qui conduisit à la création du royaume de Grèce en 1832.
Nous aimons beaucoup la ville de Pilos si bien que nous y restons quelques jours.

Ami navigateur : nous trouvons même une place dans la petite « marina » qui est, comme souvent en Grèce, squattée par toutes sortes d’embarcations. C’est gratuit, il n’y a aucun service et les vagues ricochent sur la falaise avant de pénétrer dans la darse. Mais c’est bien quand même.

la place centrale

à l'ombre...


nos amis Francis et Nathalie de "soleil bleu"


Avec nos vélos, nous sommes à quelques coups de pédale de la grande place centrale ombragée et bordée d’immeubles élégants.
Pilos fût bâtie en grande partie par les Français après la bataille de Navarin et l’on pourrait presque se croire dans une ville de province française. Fortuitement, nous y retrouvons des « amis bateau », Nathalie et Francis de SOLEIL BLEU. Ils ont troqué leur bateau contre un camping-car avec lequel ils sillonnent la Grèce. Et ils nous parlent du site archéologique de l’ancienne Messene, méconnu encore pour le moment, mais qui vaut apparemment le déplacement. Nous louons donc une voiture pour constater qu’il est toujours aussi difficile de trouver son chemin en Grèce si l’on n’a pas de GPS…
Située à 25 km au nord de Kalamata et à 60 km à l’est de Pylos, la capitale antique, date du 4ème siècle av.JC. C’était la ville des Hilotes, population d’esclaves qui faisait vivre les Spartiates qui eux étaient plutôt occupés à faire la guerre. C’est le victorieux général de Thèbes, Epaminondas, qui en 369 av. J.C. délivra les Hilotes, lesquels construisent une nouvelle cité état de Messenie en 338 av. J.C.

  

la porte d'Arcadie avec son énorme linteau monolithique


Messene a les plus grandes murailles  de toute la Grèce classique. Un site fabuleux en très bon état, avec encore des centaines de colonnes, entouré d’un paysage naturel méditerranéen subjuguant qui rivalise, à mon avis, avec la grandeur de Delphes et d’Olympie.
On y trouve l’écclésiastéron et le sanctuaire d’Asclépios, la fontaine monumentale d’Arsinoé, le stade et l’agora.

l'agora

le stade avec les gradins

l'écclésiastéron

 

Sabine la muse                     et Isis Pelagia la protectrice des marins et des navigateurs

 

 

une copie de la tour Eiffel au village de Filiatra dans le Péloponèse


Moyennant un détour, nous revenons par la route côtière. Des kilomètres et des kilomètres de dunes de sables, de plages intactes, vierges. De petits hameaux où il fait bon arrêter le temps et siroter une boisson en observant les enfants jouer dans l’eau.

 

ce qu'on peut voir...du palais de Nestor

ce qui a été reconstitué...du palais de Nestor

la plage de Voidokilia


A 18 km avant de revenir sur Pilos, se trouve « le palais de Nestor » . D’après les guides, un grand centre de la civilisation mycénienne…
Nous sommes déçus. Le site, surmonté d’un toit construit avec des fonds européens, abrite des ruines dont il est difficile d’imaginer quoique ce soit.
Pour terminer cette journée, nous poussons jusqu’à la fameuse plage de Voidokilia avec ses eaux turquoises. En forme d’Oméga, elle jouxte un lac d’eau salée. Bel endroit.

Nous sommes le 22 juillet. Nous ne le savons pas encore mais à partir de maintenant et pour quelques semaines, nous allons avoir chaud, très chaud avec des températures de 35-36°C qui parfois, ne descendent pas en-dessous de 30 °C la nuit…
Même les pigens n'en peuvent plus et prennent une douche !

 

Tres belle presentation bravo , merci et a bientot.bisous de nous deux

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