Nous partions confiants. Notre hydrogénérateur (sorte d’éolienne dans l’eau) prêt à compenser la consommation des instruments et à faire peu ou prou face au défaut d’ensoleillement du Pot-au-noir…

Résumé:

20 mars- 12H00 départ de Panamacity (La Playita).

22 mars-0H12 demi-tour soit 30 heures plus tard (212 MN effectués).

Retour en 64 heures, face au vent et au courant soit 223 MN à 3,6 noeuds de moyenne.

24 mars- 16H12 arrivée à VISTA MAR Marina

Panama 8° 30’ de latitude…Nord,

Marquises 8° 30’ de latitude… Sud:

Quelle étonnante symétrie n’est ce pas! Entre les 2 , l’équateur.

De part et d’autre de l’équateur,  la zone sans vent de convergence des alizés de l’hémisphère Nord et des alizés de l’hémisphère Sud monte ou descend, s’étale ou dégonfle. C’est “le pot au noir”. Son corollaire est le manque d’ensoleillement d’une dizaine de jours. Un défi pour notre fragile autonomie énergétique.

Et bien “ça ne l’a pas fait”!!!

Le 20 mars après 212 MN et 30 heures de portant nous avons dû faire demi tour et je vais vous raconter pourquoi.

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Charline PICON triple médaillée olympique de Planche à Voile

Le 20 mars, la joie et l’excitation était au Rdv pour Croix du Sud et LunaBay le catamaran OUTREMER de Charline PICON notre triple médaillée olympique de Planche à voile. Régate de nos 2 OUTREMER jusqu’à l’équateur!

• Nous avions comparé nos jeux de voiles: au près foc auto-vireur et GV, notre Gennaker de même surface que leur code zéro et nos spinnakers asymétriques sensiblement équivalents.
• Mano et Charline souhaitaient tester leur 45/48 pieds neuf avec notre faux 42 pieds qui mesure en fait 48 pieds.  Une régate entre un OUTREMER de 20 ans pur produit de l’architecte fondateur Danson avec son homologue flambant neuf (et un peu plus lourd) J’avoue que je m’étais prise au jeu.

Après l’équateur, Charline, son mari Mano, leur petite Lou et leur 2 adorables équipiers champions de Kite, Claire et François, mettraient le cap vers les Gambiers l’archipel d’arrivée SudEst de la Polynésie française et nous cap à l’ouest vers l’archipel d’arrivée NordEst Les marquises

• Nous nous étions rencontrés à la marina de VistaMar. (Côte Pacifique à 92km à l’ouest de PanamaCity).Patrick leur avait déniché un soudeur pour leur ancre qu’ils avaient tordu sous une roche.
• En fait nous connaissions déjà Charline pour l’avoir arbitrée lors d’un championnat à Quiberon moi comme Comité de Course national et Patrick comme Comité Technique national.

Avant notre future “ régate”, nous avions fait route pour Panamá City où se font les formalités de sortie. Eux, aussi pour récupérer un colis sous douane et nous, aussi pour récupérer notre équipier-breton-de-Guidel,  “sous douane” également,  LOL! parce que coincé 12 heures par une monumentale coupure de courant bloquant tout le Panama donc les contrôles de passeports.

OTO, le nouveau pilote AUTOmatique

Mais devant la  Playita ce matin là, à 10 heures, notre joli OTO tout neuf n’acceptait plus aucune configuration…  « Nous n’avons plus de pilote!! » leur criais-je sur la ligne de départ tandis que Charline donnait de la corne de brume pour assurer au départ l’intensité nécessaire. Juron(s)! !

LunaBay s’est envolé!

…Vous dire la déception de Patrick!

Nous avons repris méthodiquement tous les réglages en faisant des cercles et encore et encore pour initialiser encore et encore … jusqu’au succès! OTO fonctionnait!

Nous sommes restés en contact. Pour LunaBay aussi l’autonomie était un défi.

Ces bateaux de courses croisières sont conçus pour être léger et marcher à la voile même par petit temps.Ils ne sont pas équipés de lourd groupe électrogène ni de gigantesque réservoir de gasoil.

Comme nous , l’OUTREMER 45 comptait sur le travail de son hydrogénérateur…

Mais voilà LunaBay l’a perdu après l’équateur, arraché. 5600 euros HT ! Les copains déjà échaudés sur monocoques ou multicoques nous ont par la suite inondés sur les Réseaux de croquis « maison » pour fixer nos hydro-générateurs.

Les fixations des hydro-générateurs (non prévue par les fabricants) sont en effet très mises à mal par les forces de l’eau qui s’exercent sur eux en navigation.

Rajouter à cela un branchage et vous comprenez que les voiliers rivalisent d’ingéniosité pour créer leur propre système de fixation à la coque.

Patrick venait d’installer des fixations neuves.

Notre première journée fut un régal.

Les instruments et OTO fonctionnaient à merveille connectés à nos iPad. Jamais nous n’avions eu un tel confort ni une telle précision.

Il faut dire que tous ces longs mois avaient été l’occasion de changer bien des choses. Et que Patrick y avait travaillé avec pugnacité.

Puisque la couverture nuageuse ne permettrait pas  une charge suffisante des batteries,

nos jokers, vous le savez désormais, étaient les alternateurs des moteurs et l’hydro-générateur.

• Alternateurs: 4 petits ampères/h insuffisants pour recharger nos 2 parcs batteries de servitude de 450 À chacun.

Patrick restait cependant soucieux puisqu’il n’avait pas réussi à comprendre et résoudre la faiblesse de charge des alternateurs.

Le système de production des alternateurs avait été surenchéri et compliqué par les 4 précédents propriétaires comme en témoignait le recueil incomplet voir muet sur les différents changements,  leur pourquoi et leur comment, au fil des 2 décennies.

• Sauvetage de l’hydrogénérateur

Pourquoi Patrick s’est il retourné à ce moment là ? Un sixième sens ? Une bonne étoile ou un ange qui passait par là?
Toujours est-il que mon mari s’est précipité soudainement sur la jupe arrière bâbord et a rattrape au vol notre hydro-generateur dont les fixations venaient d’être arrachées. Il n’était pas perdu. Mais plus de fonctionnement possible.

• Le bug Starlink ! Pas de météo.

Pendant ce temps à la table à carte, j’étais depuis notre départ dans la plus grande confusion et contrariété avec l’application Starlink.

Premier problème: La page bien connue et utilisée depuis 2 ans pour activer la priorité mobile de connexion en haute mer avait tout simplement …disparue.

Elle était encore présente quelques jours auparavant, d’ailleurs activée par les copains qui partaient avec nous sur cette même fenêtre météo. Et bien moi je ne l’avais plus! Était-ce déjà le grand reset des forfaits annoncé par EM pour Avril25?

À 12 milles des côtes je savais que nous perdrions la connexion puisque notre forfait « d’itinérance illimitée » est une joli appellation pour signifier que seul le cabotage est permis dans le-continent-où-est-domicilié-le-compte (pour nous la Martinique, donc l’Amérique du Nord selon E.M)

Deuxième problème: En désespoir de cause j’avais activé la « priorité mondiale » au tarif de 176 euros mensuel plus 105 euros par bloc de 50 gigas.  Rien n’y faisait! PAS de connexion!

La décision du ciel

Patrick continuait de faire avancer Croix du Sud.

Allions nous naviguer un mois sans pouvoir prendre une météo? Ni pouvoir communiquer sans avoir au préalable averti terriens et copains plaisanciers du changement?

Les cieux ont donc été cléments. Une fois l’hydro-générateur arraché,  la balance a penché définitivement et sagement  pour le retour à terre.

Nous avons choisi VistaMar, plus près, plus confortable et moins cher que les marinas de PanamaCity.

Au programme:

1 Réparer l’hydro-générateur

2 Forcer nos alternateurs à charger les batteries de servitudes

3 Et…Retrouver une connexion pour la météo.

Plus une foultitude de menus préparatifs que nous avons découverts nécessaires grâce à cette « répétition générale ». En doutiez-vous?!

Au temps du sextant !

Vous êtes songeur…? Nous le sommes également… enfin surtout moi, face à l’inéluctable révolution de la navigation de plaisance vécue ces 3 dernières années.

Partis avec un sextant bien rangé dans sa boîte et quelques cartes papiers, nous n’avons utilisé pour nous géo-localiser en fait que les cartes numériques…

Je relis une fois de plus ALKINOOS au temps du sextant 1976-1980 Journal de bord d’un tour du monde dédicacé par Eric, fils de l’auteur et équipier d’alors.

Nous l’avions rencontré  à ARUBA, jeune retraité comme son épouse Isabelle.

Ces vendéens après avoir franchis le canal de Panama quelques mois avant nous, emmènent ALKINOOS vers l’Alaska.

Nous vous suivons avec votre blog, les amis.  Éric toi qui te dirigeais avec le sextant à cette époque, comment vis-tu cette révolution? Que prends-tu? Que laisses-tu?

Comment aurais-tu vécu le fait de ne pas avoir de fichier météo pendant un mois? Avec la même sérénité que Patrick?

Car pour moi, élevée (Les Glenan, l’UCPA croisières) aux météos des capitaineries et aux bulletins des Sémaphores ou de la météo marine de France Inter (j’ai l’enregistrement du dernier bulletin le dimanche 25 décembre 2016 à 20H04) Le fichier météo reçu des satellites est venu inexorablement compléter l’observation du ciel ou la demande VHF d’une météo aux cargos voisins.

 Encore complexe il y a 3 ans pour notre transatlantique avec les iridium GO!,  l’arrivée de l’internet Starlink a permis  en quelques clics, en haute-mer comme à terre, l’accès à de multiples fichiers météo, colorés et ludiques, regorgeant d’indications actualisées plusieurs fois par jour, sur les iPad, ordi et autres smartphones.

Le pire pour mon Macgyver est l’électronique connectée du bord à toutes les étapes et postes de l’autonomie. Quel travail et quelles compétences  pour l’installation et la maintenance de tous ces appareils! Que de temps et d’ argent!

Mériter le retour à terre !

64 heures!  C’eut pu être pire.

• Les courants pénètrent dans l’immense Baie de PanamaCity par le côté Colombien et ressortent accélérés de notre côté à l’ouest. Donc nous les eûmes de face, le plus souvent à 2 noeuds, parfois plus.

• La  fragile latte de corne une fois de plus s’était cassée dans un empannage. Nous dûmes marcher uniquement avec les moteurs le temps de réparer. Marcher est beaucoup dire à 0,5 noeuds face à 20-30 noeuds de vent du nord. Heureusement le séchage terminé de l'époxy de la latte  et du carbone, la GV pût être renvoyée à 16 heures et nous  eûmes notre 2ème nuit  à la voile.

• La 3ème et dernière journée fut une école d’acceptation: le diesel était consommé, Eole nous avait oublié. Le réglage des voiles dans la pétole, me maintint éveillée pendant que les hommes récupéraient.
  A 16 heures nous arrivâmes au ponton carburant de la marina où l’équipe toujours aussi attentionnée nous attendait joyeusement.

Résumé chiffré des travaux:

Pour la fixation de l’hydro-générateur

Torneria-Satelite, le fameux soudeur, suivit les plans de Patrick pour confectionner en 8 jours une belle chaise inox pour fixer l’hydrogénérateur. 300$

Pour la charge des batteries de servitude par les alternateurs des 2 YANMAR 29CV

Patrick se lança dans l’installation de 2 Orion XS ( chargeur courant continu 12volt/50A VICTRON) branchés sur les batteries moteurs.

Capables de demander aux alternateurs de ne pas s’arrêter à la charge des batteries moteurs, ils permettent de poursuivre plus fort et plus longtemps par la charge des 2 parcs batteries de servitude de 450/460 Ampères chacun.

Orion xS 450$ pièce donc 900 $ livrés à PanamaCity chez GPS marine.

Le passage des câbles, l’ installation et le paramétrage lui pris encore une petite semaine, toujours à cause du démontage complexe des installations passées.

Pour la connexion internet (météo et sécurité)

Le service clientèle de Starlink m’ a répondu au bout de 3 jours.

Votre abonnement « Priorité mondiale est exactement celui qu’il faut pour la haute-mer”.

-Ah mais il n’a pas fonctionné!

-Il fonctionnera !

Sur « ma » disparition de la page donnait accès à mobile priority …silence poli.

Pour les tarifs, vous l’avez compris , il y a inflation:

• Avant, j’avais un forfait mensuel à 83 euros et la possibilité d’activer ou de désactiver autant que nécessaire pour la haute-mer des gigas prioritaires facturés 2,15 E
• Désormais avec cet abonnement à 160 euros, j’ai certes les mêmes gigas prioritaires à 2,15 euros mais je dois les acheter par blocs de 50Gigas. 3 blocs 3x 105€ ( et ils seront perdus à la fin du mois de facturation s’ils ne sont pas utilisés)

Pour me consoler le service clientèle me rappelle que je ne suis plus sujette avec « Priorité Mondiale » à l’obligation de retourner au bout de 60 jours au domicile-de-mon-compte, c’est à dire la Martinique.

En Polynésie, les opérateurs français font blocage

A ce propos, l’impossibilité de domicilier mon compte en Polynésie ne me permettra pas (théoriquement) de récupérer mon forfait d’itinérance illimité à 83 euros en arrivant en Polynésie.

Les opérateurs français ont obtenu l’exclusivité pour l’internet dans les 5 archipels au grand dam des utilisateurs bloqués à la 2G, à la 3G voir à rien depuis des années. Les infrastructures ne suivent pas.

Théoriquement car un WhasApp anglophone « Starlink en Polynésie française » regroupe tous ceux qui se battent pour cet accès internet notamment avec une adresse aux Fidji …comme m’a conseillé le service clientèle de STARLINK !

L’iridium Go!

Reste que je suis devenue très méfiante envers l’application et l’accès STARLINK à internet.

Donc ”ceinture et bretelles”, j’ai réactivé 45€ une carte SIM (Prédict Wind) de notre iridiumGO utilisé pour la transatlantique et payé 2 mois calendaires. 2 x 176 euros .

J’avais oublié l’attente de 20 mn pour charger un fichier météo lilliputien, la limitation à 250 caractères des SMS (par ailleurs illimités) et l’heure30 de communications vocales dignes d’un bon film  Bourvil, De Funès pendant la guerre..

Voilà chers amis, les menues dépenses associées à notre demi-tour « pédagogique ».

300+900+(160+315)+(45+252)=  1 972 €

19 jours en marina (réduction OCÉAN POSSE) 1000€

• Notre équipier a appris à nous connaître et à connaître le bateau. Nous apprécions sa discrétion, son calme, …et son absence totale de contrainte de temps.
• Il a fallu refaire l’avitaillement du frais!
• Je me suis lancée dans des confitures de sauvetage des ananas au Thermomix, étonnamment fort réussies: 4 pots au Gingembre et 5 au citron vert appréciées des gourmands.

Désormais nous attendons une fenêtre météo acceptable…comprenez assez de vent pour gagner la zone de convergence équatoriale.

Nous envisageons 7 Jours jusqu’aux Galapagos archipel dépendant de l’Equateur. Puis 2 à 3 jours pour atteindre les bons alizés de l’hémisphère Sud.

Après le courant Sud-Équatorial conjugués à ces alizés de l’hémisphère Sud devraient nous pousser jusqu’aux Marquises, premier archipel des 5 de la Polynésie française. En 3 semaines.

A bord de Croix du Sud, les seniors des Flots vous embrassent.

Bruno et Patrick réparent la latte de Grand-Voile