COMMENT PRÉPARER LA NAV pour OUTREMER 42 ET LAGOON 42 DE CONSERVE?

COMMENT PRÉPARER LA NAV pour OUTREMER 42 ET LAGOON 42 DE CONSERVE?

Posté par : Sylvie et Patrick
23 Avril 2022 à 14h
Dernière mise à jour 27 Avril 2022 à 23h
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Préparer la navigation  est une activité que j’affectionne particulièrement: 

En fonction de nos capacités du moment, équipage et bateau, dénicher le bon jour pour larguer les amarres, le bon parcours pour une traversée confortable, les bonnes infos pour une arrivée « sécure » dans le nouvel environnement.

Le challenge:  traverser ensemble, un Outremer 42 et un Lagoon 42 de la côte Atlantique Sud de l’Espagne aux Canaries.

LA MÉTÉO

Pour parler un langage commun avec Hélène qui prépare aussi la navigation de Picota, j’utilise Windy Prévisions (le bleu)  en première intention.  

Le graphisme est élégant. L’évolution  des systèmes de vents de notre planète, déjà représentée clairement dans la version gratuite, devient encore plus explicite avec l’ajout des isobares, de la houle, des marées et surtout des graphes comparatifs des différents « producteurs de météo » de la version PRO.

 

MÉTÉO, NAVIGATION, ROUTAGE

-En 2ème intention, le module navigation+routage de l’appli Weather4D, développé par le français Olivier BOUYSSOUS, précise le jour et l’heure du départ en optimisant les temps à la voile. 

L’appli décline les conditions qu’aura le bateau en fonction de son déplacement prévisionnel et/ou  réel selon les fichiers météo sélectionnés.

Nous avons choisi Weather 4D pour ses performances, son ergonomie parfaitement adaptée à l’environnement APPLE, ses remarquables tutoriels pédagogiques français en accès gratuit et actualisés.

Hélène le découvre, apprécie particulièrement la fonction calcul de distance, simplement en posant 2 doigts sur la carte, le pourquoi météo du routage.

Les cartographies du « Geogarage » qui peut lui être liée, nous ont semblé d’un excellent rapport qualité prix.

 

LE CHOIX DU PARCOURS 

D’où nous sommes, Barbate au Sud de Cadix, le cap général sera du Sud Ouest (222°) mais en réalité nous serpenterons pour 2 raisons:

-D’abord pour éviter les zones où le fond marin remonte brutalement. 

C’est sans doute la caractéristique principale de cette côte marocaine qui n’a rien à envier au golf de Gascogne: les fonds y remontent brutalement des quelques 4500m de La Plaine Abyssale.

Au large aussi, des remontées brutales, à éviter, se trouveront sur notre route, éparses. Sur ces hauts fonds, la belle houle confortable se casse, est agitée de soubresauts…digne des célèbres pavés du Paris Roubaix cycliste qui bringuebalent le bateau. Et si le mauvais temps s’en mêle, ces îlots sous marins deviennent un RDV pour déferlantes.

-Ensuite pour chercher les allures portantes, plus rapides. Les catamarans y excellent.

-Enfin pour éviter le Plein vent arrière, instable.

Ce n’est pas là où les bateaux marchent le mieux. Une retenue de bôme est d’ailleurs nécessaire pour éviter à la bôme de se balader dangereusement en twistant la grand-voile et parfois l’entraîner d’une amure à l’autre Nous parrons ainsi l’empannage sauvage (souvent accompagné de son lot de lattes cassées, au minimum).

 

LE CHOIX DE L’ARRIVEE

Où  atterrir aux Canaries, après nos quelques 560 milles nautiques?

- Dans l’idéal nous aimerions commencer par l’archipel  de Chininjo qui est devenu depuis 1986 un parc naturel en même temps que la côte Nord de Lanzarote. 

L’archipel comprend les îles de La Graciosa, la seule habitée, Allegranza, Montaña Clara, Roque del Este (le Rocher de l’Est) et son homologue Roque del Oeste (de l’Ouest). Pour y passer quelques jours.

Ou Lanzarote. La 3ème île canarienne en superficie, après Ténérife et Grand Canaria. Hélène et Philippe doivent rentrer chez eux pour le 15 mai. Picota a une place de réservée à la marina d’Arrecife, sur l’île de Lanzarote.

 

LE CHOIX DU DÉPART se déduit en dernier des critères précédents. 

Nous sommes donc théoriquement à la recherche de vents de secteur Nord-Ouest, Nord, Nord-Est ou Est.

Jeudi 28 avril 22 s’en rapproche le plus.

 

LA DURÉE DE LA TRAVERSÉE

- La polaire de vitesse

La durée de la traversée dépend de la performance du bateau sous voile.

On a coutume de représenter l’espérance optimale de vitesse par une polaire qui confronte (à minima) les paramètres de poids du bateau et la surface de voile envoyée, avec la force du vent et angle du vent. 

-Le routage  

Pour nous, cet art de conserver la vitesse maximale en conjuguant les données de la polaire de Croix du Sud avec les fichiers météo de la position du bateau qui se déplace + les courants marins + l’état de la mer, s’effectue avec le module Routage et navigation de Weather 4D.

Sur l’écran prévisionnel, la route directe définie par nos Waypoints se met alors à onduler au fil des variations de vent et des différentes utilisations des voiles conseillées. Charge au navigateur de suivre ou non le routage pour gagner, selon les cas, quelques minutes ou plusieurs heures.

LAGOON 42 et OUTREMER 42 de conserve?

W4D prévoit pour la polaire de vitesse de notre outremer 42 rallongé, un trajet brut en 3 jours, 6 heures (non encore optimisé par le routage) mais nous nous calerons sur le lagoon 42, qui selon Philippe ne pourra pas tenir cette cadence.

-Sur le Lagoon,

On craint particulièrement tout ce qui résulte du confort spacieux à son bord et qui ralentit la marche: le poids du Lagoon, son fardage (sa prise au vent), la nacelle basse qui tape rapidement dans la vague ainsi que la forme large des coques qui repousse l’eau.

Donc pour Picota, par exemple, pas question de faire des « bords carrés » au près.

- Sur l’Outremer 42,

Avec nos 2m30 de dérives, nous n’avons pas ce souci.  Au près, sous 12 noeuds de vent et mer belle, Croix du Sud, plus léger,  taille volontiers à 7 noeuds.

Ses coques fines et de surcroît rallongées supportent bien une mer formée et sa petite nacelle sans surélévation pour le poste de barre offre le minimum de prise au vent.

Qu’importe nous resterons avec Picota, juste retour de leur soutien quand les orques ont bloqué nos safrans le 11 avril dernier.( voir PAN PAN chez les Orques)

 

PLAN DE ROUTE:

JOUR  1 :

Le peu de vent nous ferait démarrer au moteur. L’idéal pour traverser la zone des orques. 

Les hélices, paraît-il, gêneraient un peu ces cétacés à dents pour leurs jeux favoris: taper dans les safrans ou pire les arracher. Picota pourrait être plus avantagé que Croix du Sud, car le lagon 42 fait partie des rares bateaux qui ont les hélices derrière les safrans et théoriquement moins accessibles aux coups de rostre.

En fin d’AM  nous devrions avoir passé leur zone.

NUIT 1:

Nous pourrions franchir le 35ème parallèle la première nuit. Confortablement.

Le mode pro de Windy me donne une représentation très évocatrice de l’état de la mer après nos 3 jours de coup de vent anticycloniques à 36/39 noeuds établis (8 Beaufort) Il faut attendre près de 48 heures pour que la houle résiduelle, la mer du vent passé se calme.

 

JOUR 2:

Nous devrions naviguer à 100 bons NM des côtes marocaines, au dessus des 4500m de la Plaine Abyssale pour profiter d’une houle longue et régulière.

A hauteur de Rabat le matin, puis franchir le 34ème parallèle et finir la journée à hauteur de Casablanca. 

NUIT 2: 

 S’écarter de la côte sera encore nécessaire pour éviter les turbulences dues à la remontées des fonds à hauteur des plateformes de forage. Nous franchirons le 33ème parallèle.

 

JOUR 3:

l’objectif est de ne pas se faire rattraper par la zone sans vent qui s’est lancé à notre poursuite depuis le départ. Le routage nous conseille d’ailleurs de nous dérouter vers l’Ouest pour cela.

Nous devrions être à hauteur d’Essaouira et franchir le 32ème parallèle 

NUIT 3 :

Nous devrions naviguer à hauteur d’Agadir et franchir le 31ème parallèle .

 

JOUR 4: l’arrivée ?

Au moment de franchir le 30ème parallèle, nous aurons à choisir  de passer à l’Est ou à l’Ouest des turbulences du  Banc de la Conception qui remonte à 163 m sur les cartes numériques…et 23 m sur les cartes papiers IMRAY.

L’Ouest nous rapprochera plus de la Graciosa, l’Est plus d’Arrecife.

Arriverons nous de jour ?ou 4ème nuit?  

Nous resterons avec Picota et si en effet nous devions faire un atterrissage la 4ème nuit, Hélène et moi  étudions d’ors et déjà guides et cartes pour collecter le maximum d’informations.

 

CARTES PAPIER et CARTOGRAPHIE NUMERIQUE

Pour le plaisir et par sécurité nous avons quelques cartes papiers, héritage précieux de « La Baleine Blanche» et de « Pat Roprèsdufond » ( ils se reconnaîtront!). Quel régal de les étaler sous le cristal de la table du carré et d’y laisser l’œil errer. Vive la pointe sèche et le compas de relèvement!

La cartographie numérique d’un rapport qualité/prix imbattable (comparativement à la quantité de cartes générales et de détails en papier qu’il faudrait acquérir) nous permet aussi de ne pas dépendre de la possession matérielle pour choisir la destination. 

Beaucoup plus agréables et mobiles que les instruments fixes, nos iPads et nos iPhones sont chargés avec la cartographie de Géogarage, une entreprise française de petits génies du genre, couplée à l’appli  Weather 4D, (même abonnement pour 5 appareils).

D’une actualisation automatique, régulière et rigoureuse, nous bénéficions d’ors et déjà de l’accès au monde entier du SHOM avec l’abonnement de base annuel(59 euros). A notre convenance et selon les zones de navigation, nous pourrons étendre cet abonnement à d’autres fournisseurs, anglais américains ou le restreindre…. Bien sûr les cartes téléchargées sont disponibles hors lignes.

 

LES GUIDES: 

Pour les guides, nous les téléchargeons actuellement sur le site participatif et gratuit sea-seek.com qui a probablement inspiré les développeurs de Navily, tant il lui ressemble. 

Merci à CarAmel qui nous l’a conseillé. CarAmel est un consciencieux marin blogueur qui offre depuis des années, son tour du monde achevé , une mine d’infos actualisées rigoureuses aux circum-navigateurs.

Le voilier SILKAP vient à publier récemment sur son blog une belle synthèse des ports et mouillages canariens, ships, formalités… avec liens pour téléchargements.

Bien sur il y a Navily, mais sans le mode premium payant, il faut penser à noter toutes les infos des ports et mouillages qui ne sont accessibles que connectés au réseau internet, ou faire des photos d’écran.

Idem pour Google Earth, il peut être utile de faire des photos d’écran de petites criques pressenties pour en visualiser les fonds, sable, roches vus du ciel et comparer ainsi avec la lecture des cartes marines papiers ou numériques.

 

HORS LIGNE, SANS CONNEXION  

Conseils  pris directement auprès de PrédicWind vendeur de la carte SIM de notre Irridium GO nous ne déclencherons pas l’abonnement mensuel de 180 euros pour ces 3 à 4 jours de traversée pour obtenir des fichiers météo par satellite.

Avec Weather4D et Windy PRO, je peux télécharger les météos et fonctionner en mode « hors lignes ». 

Quand à Hélène, sur le Lagoon, elle prépare des photos d’écran des aspects les plus caractéristiques pour les consulter ensuite « hors ligne ». Nous avons créé ensemble un album Canaries sur son iPad pour stoker tout ça.

 

POUR NOUS SUIVRE

… Pour savoir comment cela va se passer « dans la vraie vie de navigateurs », RDV sur POLARSTEPS notre journal de bord, dès que la connection de ma carte prépayée espagnole re-captera « le réseau » et me permettra de vous envoyer le récit des aventures des Seniors Des Flots.

(Domi merci: nous avons bloqué le roaming automatique sur nos iPhones pour éviter les frais intempestifs des opérateurs).

ou si vous êtes impatient connecter vous, par exemple, sur Marine Traffic site du trafic international pour nous y retrouver (via l’AIS) avec notre très officiel numéro d’identification MMSI 227 691010

Pour terminer quelques photos de ces derniers 15 jours à BARBATE extraites de notre journal de bord sur Polarsteps

Le marché couvert, magnifique, les ballades sur la plage


 

Entraides: Préparatifs de la chaussette de Spi sur Picota et du genaker sur Croix du Sud

Carénage avec l’annexe  et  repères d’alignements successifs sur la tête de safran



Fête du Thon à BARBATE : la pêche au filet devant le port.

Bilan de l’attaque des Orques:

Le moteur Bâbord a simplement nécessité le changement  de la pompe de refroidissement qui avait fondu, parce que trop près de l’aspiration des turbines des sauveteurs 

Nous avons travaillé dur pour aligner safrans, vérins , barre et Pilote, et surtout Patrick!

Après chaque réglage, nous partions faire des essais en mer. Je vérifiais sous l’eau l’alignement des safrans pendant que Patrick ajustait les réglages.

1985 euros 

La facture des 5H30 de remorquage (72 km) a été envoyée aux assurances directement par La société de Sauvetage Maritime. On vous tiendra au courant. Nous leur avons envoyé aussi des photos au fur et à mesure des travaux qui, exécutés par nous même, leur évitent les frais d’expertise d’une redoutable lenteur en Espagne (subie cet hiver) de main d’oeuvre, d’immobilisation. Sauront-ils l’apprécier?

Cette expérience nous a donné matière à méditer sur la chance que nous avons eu, sur nos réactions, nos ressentis.
Où en étions nous dans nos préparatifs, dans notre connaissance de Croix du Sud?
Ce qui était important l’est-il encore maintenant? 
Nos interrogations nous entraînent vers la quête du sens de tout cela, balbutiante.

D’ors et déjà, nous goûtons tout ce qui l’éclaire, l’enrichît, avec humilité.

A très bientôt, Sylvie et Patrick, Croisés du Sud.

 

Emplacement

Bonjour Croix du Sud, je vais bientôt entamer un tour de la mer des caraîbes pour 1 an sur un outremer 42. je suis à la recherche de polaires de vitesses et aimerais discuter de diverses choses avec vous. comment puis je vous contacter? bon vent, Philippe

Bonjour, nous sommes en France pour 30 jours. Nous retournons ensuite aux Canaries. Nous contacter: mail pcottet54@gmail.com Ou 0623785359 A tout bientôt. Patrick , Senior Des Flots

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