CROATIE partie 2 juin 2017
Nous arrivons le jour d’après sur l’île de Brac, l’île de mon enfance. Après un mouillage à la nuit tombante, nous nous rendons en annexe au petit port de Milna. C’est déjà bondé avec des voiliers de charter. A tout hasard, nous demandons le prix à l’une des marinas…C’était vraiment à tout hasard !
Du coup, nous nous rendons dans le fjord de Bobovisce ( encore un nom à prononcer avec une tomate blette dans la bouche). Hélas, tout est payant, le quai mais aussi les nombreuses bouées.
Nous finissons par trouver un petit repli de la côte où nous nous amarrons à nouveau à la «turque ».
Sherpa nous y rejoint avec son nouvel équipage.
IDEMO à l'ancre avec en arrière-plan une partie des bouées pour charters...
Bobovisce était un trou perdu il y a 30 ans. Il l’est toujours sauf qu’il y a des dizaines de voiliers de charter qui sont contents de « faire » la Croatie. Ah s’ils savaient.
Le lendemain, nous contournons « l’île de la pierre ». La pierre de Brac est la plus réputée de toute la Croatie. Nous arrivons à Supetar, le chef-lieu, où j’ai passé mes premières années « yougo ».
Nous passons au large de la maison sise près du mausolée.
Idemo arrive dans le petit port où un employé me fait des grands signes en me montrant des pendilles. Je lui demande « koliko costa » (combien ça coûte), 500 kunas soit 70 euros pour un endroit pas abrité, c’est cher payé. A lui aussi, je lui dis « ti si lud » et IDEMO s’en va à quelques miles de là vers la petite anse de Spliska où d’après le guide de 2015, il y a moyen de mouiller.
Mais 2015 c’est vieux et des bouées ont été mises en place pour barrer le passage…
Du coup, nous nous approchons du petit quai où il y a de la place pour seulement 2-3 voiliers. Les prix sont plus raisonnables et de toute manière, nous n’avons pas le choix. L’accueil est plus sympa.
Nous ne tardons pas à nous rendre à maison où nous avons passé nos dernières vacances « yougo » en 86 et 87. Elle est inhabitée, non entretenue et bordée d’une barrière que nous ne tardons pas à franchir. Emotion.
Le lendemain, nous prenons le bus pour Supetar. Je ne reconnais quasiment plus le village de mon enfance. Un monde fou, des terrasses, des boutiques, des jeux, des toboggans géants dans l’eau, des pédalos avec toboggan intégré, des jet-ski et toutes sortes d’autres attractions…
Là aussi, la maison est fermée, clôturée. Je ne peux m’empêcher d’accéder au petit sautoir qui a vu mes premiers plongeons il y a une cinquantaine d’années. On dirait que mes pieds reconnaissent le chemin sur les rochers pour y arriver. Cela n’a pas changé. Je m’assieds mouillé sur le rocher moussu et je songe au temps qui passe. Je me revois là avec ma mère et mon père qui ont disparus. On ne s’en rend pas toujours compte au moment même mais, lorsque qu’elle se passe bien, l’enfance est une période magique.
IDEMO mouillé en lisière du chenal
A 20 nm plus nord, posée sur un ilot, se trouve l’attachante cité médiévale (encore une) de Trogir, classée au patrimoine mondial. Sur les conseils de « Sherpa », nous mouillons en lisière du chenal.
Nous sommes samedi 10 juin et de l’autre côté du chenal, il y a 2 grandes marinas bondées de bateaux de charter. Figurez-vous que nous avons vu ces marinas se vider en quelques heures en éjectant des centaines de charters en route pour les mouillages payants de Croatie…
Aie, aie, aie, il va falloir les éviter.
Trogir, avec ses étroites ruelles pavées, bordées de hautes maisons de pierre blanche, et ses quais anciens garde l’atmosphère d’un autre temps, malgré l’afflux touristique. Elle possède l’un des joyaux du patrimoine sacré de Croatie, sa somptueuse cathédrale romane. Son portail occidental est encadré de deux lions surmontés des statues d’Adam et Eve.
La statue de Jean de Trogir
Un petit coup d’annexe vers le canal et nous voici au beau milieu du marché typique et quotidien. Fruits, légumes, salaisons, poissons. Tout y est et tout est appétissant.
Nous visitons également la forteresse de Kamerlengo (15 ème siècle) qui était entourée d’un fossé et équipée de son propre puits. Elle pouvait ainsi résister en cas de révolte populaire car elle abritait le responsable des finances…A méditer.
Pour paraphraser un bon ami, je dirais « DEMI-TOURNO ». Au bout de quelques semaines, nous nous sommes rendus compte que la Croatie n’était pas faite pour nous et que les « gens de bateau », ceux qui naviguent plusieurs mois par an, ne sont pas les bienvenus.
Nous allons commencer notre descente vers le Sud, non sans encore profiter un peu de ces merveilleux paysages, de ces eaux translucides et de ces senteurs de pinède.
Drvenik Veli est un mouillage paradisiaque. Et forcément, nous ne sommes pas seuls. Il y aura une vingtaine de bateaux pour la nuit pour ce mouillage pas très grand.
Une belle nav nous amène sur l’île de Vis. Encore une fois, c’est très joli, préservé, les constructions sont restées authentiques et il n’y a pas de grands hôtels qui défigurent le paysage. Par contre, le long des quais, il doit y avoir une centaine de voiliers dont 90 % de charters !
Nous ancrons, en libre, dans une baie proche. Nous louons un scooter pour visiter l’île.
Sur le flanc du mont Hum se trouvent les grottes de Tito. Avec notre petit scooter 50CC, nous peinons, peinons dans les montées jusqu’au moment où in ne veut plus rien entendre. Sabine est obligée de descendre et de terminer à pied. Du coup, le scooter va beaucoup mieux !
Un chemin pentu nous amène vers ces cavités qui abritèrent le futur chef d’état et ses partisans durant la seconde guerre mondiale.
Puis, nous allons nous baigner à la plus belle plage de l’île, la plage de Srebrena avec ses galets d’un blanc éblouissant bordée de pinèdes odorantes.
Nous terminons par le charmant village de Komiza et sa forteresse. Il y a là aussi le "Comeza-Lisboa", une reproduction d'un voilier traditionnel de pêche de Komiza.
Toute cette partie de la Croatie a été impactée par le rayonnement grec. Au début du 4ème siècle avant JC, les grecs envahissent l’île et en font la base de leur colonisation de l’Adriatique, contrôlant les routes maritimes et fondant des colonies à Korcula, Trogir et Salona.
le "Comeza-Lisboa",
Notre dernière étape croate sera l’île de Lastovo. Tout comme l’île de Vis, elle est restée interdite aux étrangers jusque dans les années 80. C’était une base militaire et on peut y voir encore les « garages à sous-marins ». Elle est encore plus isolée, à l’abri du tourisme de masse et c’est ce qui nous plaît. En outre, comme les autres îles de la région, elle est le creuset du « prosek », un vin de dessert absolument délicieux. L’archipel est classé parc naturel depuis 2006 et recèle des espèces marines et terrestres rares ainsi qu’une flore préservée. Il faut s’acquitter d’un droit d’entrée, ce qui est bien normal, eu égard aux brochures et plans qui nous sont remis et qui permettent de faire des randonnées sur au moins 200 km de sentiers bien balisés.
le garage à sous-marins
IDEMO est ancré dans une baie bien protégée, proche du village de Ubli. Avec nos amis de Sherpa, nous prenons le bus pour la ville principale de Lastovo, un superbe village construit en amphithéâtre au pied de sa forteresse . L’ensemble conserve un charme fou, malgré quelques maisons en ruines d’où jaillissent les figuiers. La particularité de Lastovo, ce sont ses cheminées. Enormes, souvent disproportionnées et toutes différentes. Ces cheminées sont celles des cuisines et servaient à montrer la richesse de la maisonnée.
Par ces 30 °C bien tapés, nous avons la stupide idée de gravir le sentier qui mène à cette forteresse perchée. Pourquoi ? Alors que l’on pourrait être tranquillement à l’ombre d’une terrasse à siroter une « karlovacko »(la bière locale) bien fraîche. L’homme est ainsi fait…
Nous terminons par visiter une demeure bourgeoise, la résidence du noble de la ville. Tout y est encore. Elle a été habitée jusqu’il y a peu. Intéressant. Elle va être rénovée et deviendra un musée.
Ubli sur Lastovo est un port d’entrée et forcément, de sortie. La Croatie ne nous laissera pas partir sans un dernier pied de nez. La capitainerie devait ouvrir à 7H30…elle le sera à 8H10. La police portuaire à 8H00, elle le sera à 8H45. Plus d’une heure d’attente, c’est énervant d’autant plus que nous avons l’Adriatique à traverser, nous !
En attente de l'officier de police pour les formalités de sortie
La suite, c’est l’Italie et les Pouilles...
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