l'archipel de Madère (par Joël)

l'archipel de Madère (par Joël)

Posté par : Joel
30 Mai 2012 à 00h
Dernière mise à jour 20 Novembre 2014 à 08h
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L’archipel de Madère

Porto Santo : bonne halte après la traversée, le port est à 2km du centre bourg qui est agréable et très propre. Les maisons et résidences secondaires sont de bonne qualité et entretenues avec un certain esthétisme. De nombreux magasins et un supermarché bien achalandé, juste 2 km à marcher pour ramener les provisions (on aurait pu prendre un taxi, mais l’ambiance était sportive). WIFI en accès gratuit sur la place de l’église (de même que devant les bureaux de la marina 24h sur 24, il y a même des prises 220v de disponible pour des sessions à rallonge et un grand bureau genre table d’écolier avec un banc pour le confort).
Baignade un peu fraiche à cause du vent et parce qu’il était déjà 19h, attention à la petite méduse.
Le soir bon poisson grillé à la plancha (c’est à dire sans friture) au Baiana à coté de l’église (cela va faire 8 km de marche avec 2 aller-retour au bourg).
On est vendredi soir 21h30, le ferry débarque des dizaines ou centaines de voiture, le week end démarre, les résidences secondaires vont ouvrir.
On a la liste hebdomadaire d’entretien du bateau à faire et les rares réparations à réaliser. On a remis tout cela à lundi quand on sera à Funchal.
Aujourd’hui on a voulu gouter à la terre ferme et se reposer. Il est 22h15, même pas question de tarot, tout le monde est au lit. J’y vais.
Ah, non, j’oubliais la recette de cuisine.
J ‘ai une bonne spécialité qui est la tagine d’agneau aux pruneaux, miel et amandes. Mais il faut faire avec les moyens du bord. N’ayant pas d’agneau, j’ai pris les cuisses de poulet qui se morfondaient au fond du frigo ; faute de pruneaux, des abricots secs ; les amandes ? on les avait mangé par erreur la veille à l’apéro ; le miel, il y en avait et donc je n’ai pas molli sur la quantité et pour remplacer les amandes j’ai mis de la canelle en plus du cumin ; oignons rissolés comme d’hab et une demi gousse d’ail au moins à cuire dans le bouillon ; semoule saturée en eau avec flopée de raisins secs et un filet d’huile d’olive. Bien sur, on n’y retrouvait pas le goût de l’agneau, mais c’était bien bon quand même de l’avis des équipiers.
Samedi, lever tranquille et à 9h30 on quitte Porto Santo sous beau temps et vent léger. GV et geenacker en ciseau, geenacker sur tangon pour traverser la baie et attendre de voir ce qu’on va avoir dans le chenal entre Porto Santo et Madère. Quelques empannages plus loin, après avoir croisé le ferry de Funchal qui amène une deuxième cargaison de weekenders, nous voilà dans le chenal avec un bon vent de travers et de nord établi. En route pour le mouillage de Baia de Abra à l’extrémité est de Madère.
Et le déjeuner ? avocats, puis rumsteak, purée de patates douces et une petite salade pour terminer avant les fruits, je commence à me mettre aux produits locaux.
Traversée sans trop de vent puis passage entre 2 falaises de 100m de haut dans un chenal de 100m de large à l’extrémité de Madère : belles photos et petit frisson.
Le mouillage de baia de Abra est magique : un fois arrivé au sud de Madère on voit ce vaste golfe très urbanisé, l’aéroport dont la piste se termine par une vingtaine de pylônes assez ingrats se terminant dans le vide au dessus de la mer, on regrette le charme désertique de Porto Santo. Mais on met le clignotant à droite (tribord si on veut) et on s’enfonce dans une baie coupée de toute urbanisation. Mouillage avec orin par 9m de fond.
On gonfle l’annexe et démarre le moteur pour la première fois de la saison : cap sur la plage de gros galets au fond de la baie et un chemin de randonnée qui en part. En haut, vue sur la côte nord.
J’avais l’habitude des falaises du pays de Caux, battues par la mer et qui s’écroulent. Ici c’est la mer qui s’écroule au pied de falaises minérales zébrées, striées, oranges, grenats, noires, rouges sang, aiguilles, voûtes, arches, défiant l’océan bleu foncé écumant, violence et immanence du règne minéral.
1h30 de marche assez facile en corniche sous l’éclairage du soir avec les iles Desertas au loin et au soleil couchant pour une des plus belles ballades que j’ai faite récemment.
Retour au bateau sans problème, baignade de Bernard qui fait peu d’envieux, il est 20h30.
Le seul bémol, c’est le trafic d’avions un samedi soir sur Funchal : on n’est pas très loin de l’axe de la piste de l’aéroport.
Dimanche, toute une série de première : le premier vrai mouillage forain nocturne du voyage, la première vraie ballade en annexe, le premier bain d’avant petit déjeuner dans la mer (quel délice), la première utilisation des cuves à eaux noires pour ne pas polluer notre aire de baignade, notre première pêche nocturne à la balance (encore un échec bien sur) et un bain apéro tout aussi bon vers midi.
Un héron perché au milieu des goélands sur la falaise, spectacle improbable et incongru expliqué par les fermes aquacoles au milieu de la baie ?
Départ vers Funchal en milieu d’après midi, peu de vent, tarot puis moteur. Amarrage au quai de pierre, boum un grand coup d’ancre dans un escalier en bois (mais ça je ne l’ai su qu’après amarrage), bruit angoissant, après vérification, juste une marche en bois de l’escalier du quai à moitié explosée. Le responsable arrive, nous aide à nous amarrer à cheval sur un escalier en pierre avec 2 mètres de marnage. Ah, j’oubliais, la première amarre a été prise par le skipper de Gwennili, breton qui disparaît dès l’amarre accrochée.
Je ne le sentais pas bien et demande s’il y a une autre place. Après m’être fait reprocher (à juste raison) de ne pas l’avoir appelé sur la VHF, il m’emmène me montrer une place sur pendille. La pendille pend dans le vide, plus loin on trouve une place dans un trou de souris le long d’un ponton flottant. Plus de problème de marnage, je préfère malgré la manœuvre qui s’annonce délicate avec du vent de travers et des passages très étroits.
Bernard nous largue du quai de pierre et nous attend dans la souricière avec le responsable sur le ponton flottant.
JP envoie l’aussière de devant qui tombe à l’eau. Le responsable se jette à plat ventre sur le catway et à moitié dans l’eau, le ventre du T-shirt mouillé, attrape l’aussière. Quelques instants plus tard, PH lance l’aussière arrière ; plouf à l’eau ; Bernard ayant bien observé la manœuvre du responsable de port se jette à plat ventre et arrive à repêcher (c’est bien une des rares choses que l’on arrive à pêcher d’ailleurs) l’aussière du bout des doigts. Un peu de biceps plus tard, le bateau est à quai flottant dans une position moins souciante que le long du quai de pierre.
Longue discussion avec le responsable qui a eu plusieurs vies, entre autres dans les anglo-normandes et en Suisse. Explications sur la signification de tri martolod avec 2 autres badauds portugais intrigués par cette langue étrangère.
Petite promenade dans Funchal pour finir vers 21h30 dans un bon restaurant (les olives), très bonne qualité des produits et de la cuisson avec des portions enfin raisonnables, service charmant ( ! ) et attentionné de 2 frères.
Funchal le soir, des petites rues envahies des tables des bars et restaurants, une banda composé d’un accordéoniste et d’une grosse caisse circule de bars en bars en circuit fermé, jouant et chantant de plus en plus fort et de plus en plus faux à mesure que la soirée avance. Des touristes (comme nous) par groupes de 10 à 15 qui s’arrêtent aux mêmes endroits pour prendre les mêmes photos. C’est vrai que la mort de l’argentique, ce fut la mort de la réflexion avant la photo, on est à l’ère de la fast-food-photo. D’un autre coté comme tout le monde ne peut pas être Doisneau, c’est peut-être bien mieux comme ça. Et comme, de toute façon, on ne regarde au mieux qu’une fois ou deux les photos de paysages, c’est mieux pour l’environnement.
Lundi : formalités de port en un temps record. A la douane, pas de questions inutiles, remplissage d’un formulaire papier en moins de 4 minutes par la brigade fiscale. La marina, c’est encore mieux : c’est moi qui remplit le papier en moins de 2 minutes. 6 minutes pour les formalités, record à battre, il faut dire que rien n’était informatisé...
Toilettes de la marina à odeur d’urine enivrante qui s’est dissipée dans la journée.
Marina en centre ville, ça paraît l’idéal vu de loin. De près, c’est bruyant, plein de curieux qui s’arrêtent devant le bateau et commentent (il faut dire qu’il est beau et que c’est le seul bateau visiteur du port). C’est un peu comme être amarré dans le vieux port de Honfleur ou de La Rochelle, la beauté du port en moins.
Donc comme Louis XIV on mange en public ; on peut difficilement pisser par dessus bord de façon intime même la nuit.
Mardi, c’est la troisième fois que je viens à Madère mais j’avais oublié comme cette île était belle. Végétation touffue, fleurs, pics volcaniques et levadas, vallées profondes, plateau du parc éolien, villages propres serrés autour de leur église, piscines de lave noire.
Nous nous sommes promenés un moment le long d’une levada (canal d’irrigation creusé à flanc de montagne sur des dizaines de kilomètres pour amener l’eau de source et de ruissellement vers les cultures en terrasses de la vallée encore cultivées de nos jours à la force du jarret et du biceps), dans une brumisation permanente, le brouillard ajoutant au mystère des lieux ce qu’il retirait à la vue panoramique, gaz à tribord, gaz à babord parfois, pierres glissantes, mais pied marin, chutes d’eau seulement et passereaux peu sauvages. Belle promenade en voiture sur la route des crêtes puis en corniche, merci Pierre Henri pour la conduite.
Nous quittons Madère demain (mercredi 30 mai) pour terminer l’exploration de l’archipel de Madère par les îles non habitées Desertas et Salvagem en route vers les Canaries (arrivée prévue au plus tôt dimanche).
Aussi, je vais ajouter une dernière observation faite depuis notre arrivée au Portugal : nous avons été surpris par le nombre d’hommes de tous âges, mais beaucoup d’âge mûr qui semblent avoir une passion pour la pêche, tenant une ligne depuis les jetées, le haut des falaises ou en barque. Malgré nos observations persistantes, nous ne les avons jamais vu attraper un poisson et cela n’avait pas l’air de les émouvoir. Nous en avons supputé, hypothésé, les plus audacieux déduit que la pêche était juste un alibi pour fuir … d’autres obligations peut-être ménagères. Hypothèse en partie confirmée quand nous avons vu un pêcheur de nos âges, tout guilleret, quitter Porto Santo tôt le matin dans sa petite barque bleue et rouge baptisée « viagra ».

Jurassien, canarien depuis 10 ans, si vous avez besoin de qques conseils ou d'un coup de main lors de votre passage à Tenerife, n'hésitez pas. Bon rumbo!

bonjour Sylvain, quel est le meilleur endroit pour récupérer des équipiers qui arrivent par avion à l'aéroport reina sofia? merci d'avance Joël

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