Dimanche 30 septembre soir, Las Palmas de Gran Canaria, on aurait dû avoir pris la mer aujourd’hui. Du vent en mer, force 8 aux caps, on est peut-être mieux au port si c’était pour de bonnes raisons. .. Je raconte.

Arrivée tardive jeudi 27 soir, vendredi 28 et samedi 29 septembre, journées marathon pour préparer le bateau et faire l’avitaillement. 200 kg, 1000 euros pour 80 jours en mer.

Samedi après midi, Alvaro vient vers 16h avec sa bouteille de plongée pour nettoyer la coque et inspecter anodes et dérive. La coque pas trop sale, le propulseur d'étrave bien colonisé à gratter, les anodes comme presque neuves, mais la dérive, c’est pas bon du tout. Bernard et moi, nous nous mettons à l’eau et avec la bouteille d’Alvaro, lui nous suivant en apnée, on se rend à l’évidence : une des 2 pièces qui tiennent la dérive à la coque s’est dévissée et a disparu dans les fonds marins. La tuile et une petite amertume : le bateau a été entièrement révisé par Allures en février, depuis nous avons navigué une quarantaine de jours. C’est peu pour expliquer qu’une pièce aussi importante puisse se faire la malle. Photos sous-marines et mail à Allures pour demander des explications et instructions.

Entre temps, dans la check-list de pré-départ, j’essaie le GPS traceur : il ne lit plus les cartes électroniques. C’est plutôt gênant pour le rase-caillou même si pour les grandes traversées, on s’en fout plutôt. Internet consulté, magasin Simrad à las Palmas, on verra ça lundi.

Pas se laisser abattre, on avait décidé d’aller dans le centre de la vieille ville pour profiter de la vue des canariennes ensamedisées et diner au restaurant. On se prépare, Pierre Henri sort son plus beau pantalon Hugo Boss, sa chemise bleue qui va avec et ses mocassin noirs de parfait gentleman. La caractéristique des mocassins, c’est la semelle lisse qui adhère peu sur les sols mouillés par les 3 plongeurs qui se sont rincés sur le ponton. Glissage donc, et Pierre Henri plonge les pieds en avant dans le port, un peu tardivement sans doute pour voir la dérive, entre le bateau et le ponton. S’apercevant de son erreur, un bras sur le ponton, un sur la jupe du bateau, mouillé juste un peu au dessus de la taille, il remonte sur le ponton sans un cri, digne, jusqu’à l’éclat de rire général après s’être assuré qu’il ne s’était pas fait (trop) mal (juste un bel hématome à l’épaule).

Centre ville un peu mort (sans doute à cause du foot à la télé), sortie de mariage à 20H de la cathédrale, spectacle assuré et visite éclair de l’intérieur de la cathédrale parée de son plus bel éclairage.

Dimanche, au lieu de prendre la mer, quasi repos, jogging matinal, nettoyage intérieur par Bernard, premiers repas pris à bord et ballade en voiture l’après midi vers la corniche impressionnante du nord ouest de l’île, plus de 500 mètres de dénivellés, baignade à la playa Aldea bien abritée des vents,

promenade au milieu des maisons et restaurants blancs et bleus de Las Nieves. Une vraie route de montagne dans un univers minéral avec le bleu et blanc d’une mer agitée et au loin, toujours émergeant des nuages, le Teide.

Premier tarot avec le jeu neuf. Répartition des tâches pour lundi.

Lundi 1er octobre, ça va mieux.

Pour le GPS traceur, les cafouilleux ont encore frappé : j’avais inversé les cartes du GPS traceur et celles du GPS portable. Je peux confirmer que ça ne marche pas. Il n’y a que ceux qui ont trop de matos qui peuvent faire de telles conneries.

Pour la pièce de dérive, Allures nous en envoie 2 à deux adresses différentes pour doubler les chances. On a trouvé les boulons qui marchent à l’autre bout de la ville. En même temps on a trouvé les rivets de 6,4 pour l’échelle de bain, la mèche de 6,6 en cobalt pour percer l’alu de l’échelle de bain, on a la perceuse, ne reste plus qu’à trouver sur le ponton la riveteuse qui va pour cette taille de rivet. (pour ceux qui ont loupé des épisodes: l'échelle de bain est à moitié cassée, 2 rivets ayant cédé)

On a remplacé le manche de tournevis qui bloquait le moteur hors bord et l’empêchait de se relever par un axe d’agitateur ramené de France. Que ceux qui doutent ou ne comprennent pas n'ont qu'à venir.

On a re-emmailloté 4 pare-battages dans un tissus neuf, des voisins nous ont amené un gonfleur pour regonfler les pare-battages.

Justement, ces voisins, charmants, Odile et Maxence, bretons de Lorient sur red atau, à l’apéro à notre bord (quand on a un peu de temps libre on arrive même à sociabiliser).

Ils ont aménagé eux même l’intérieur de leur bateau, dériveur en alu : admiration des handicapés du bricolage que nous sommes tous les 3. A la retraite depuis 2006, beaucoup de cabotage dans le golfe de Gascogne et maintenant en route vers les Caraïbes.

Autre bonne nouvelle, on a une place dans le port jusqu’à vendredi, on espère avoir réparé avant.

Seul petit échec de la journée : nous sommes sur la piste d’un narguilé 220v à 200€ alors qu’on envisageait d’en acheter un à 650€ en France. De bouche à oreille, en interrogeant le shiplander du port, les ferreterias en chemin, on croit avoir trouver l’endroit, mais fermé le lundi, on verra demain. Heureusement que la voiture de location nous permet de parcourir la ville à bonne vitesse. On se remet vite à l'espagnol car on n'est vraiment pas dans un pays multilingue.

On continue de surveiller Nadine qui a une longévité et une imprévisibilité exceptionnelles. Elle pourrrait nous frôler le week end prochain, la coquine. A suivre donc.