Flores aux Açores

Flores aux Açores

Posté par : Joel
08 Juin 2014 à 21h
Dernière mise à jour 20 Novembre 2014 à 08h
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Lundi 2 juin 2014.

Tiago, le capitaine du port, visiblement fatigué de sa journée, nous dit qu’il va nous donner une place de port mais nous enregistrer que demain.  Les bateaux sont en double, ça danse un peu partout sur les aussières dans un grincement permanent mais le sentiment de sécurité balaye toutes ces petites imperfections.

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Pierre Henri se précipite en haut du mat pour découvrir que la drisse de spi, qui n’avait pas servi depuis longtemps, s’était ovalisée à un point de frottement et qu’elle ne coulissait plus dans la trompette. Si on avait osé appliquer un peu de violence, on aurait tout décoincé.

 

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On part ensuite à la découverte du village tout à flanc de colline. 3 km de montée plus loin, on arrive au restaurant du roi, tenu par une allemande, pour une nourriture abondante et très correcte. Vive la descente pour retourner au bateau et une très longue nuit.

 

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Mardi 3 juin 2014. Bon anniversaire moi.

Sur les conseils de Tiago, on réserve César, taxi francophone (12 ans à Melun),

 

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César avec Bernard et Pierre Henri

 

 pour une visite commentée de l’île  (85€ mais il faut dire que ça fait 18 jours qu’on ne dépense pas grand-chose). Flores île volcanique, 17km sur 14km avec un sommet à 900 mètres, point le plus à l’ouest de l’Europe (on a l’air fin avec notre pointe du raz).

 

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6 heures de miradors en lacs et en cascades.

 

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C’est l’île où les haies sont des hortensias, canna et arum sont partout, les paysages changent à chaque détour de la route, champs en terrasse transformés pour la plupart en herbage à vaches envahis de lapin,

 

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 forêts d’essences locales, sur les plateaux du haut une collection de bonzaïs plus que centenaire, tordus au-delà du permis par les vents d’hiver, falaises noires plongeant dans une mer bleue.

 

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Un peu de pluie, un  plafond parfois très bas, de superbes et longues éclaircies, une température très clémente. Un enchantement.

 

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Au retour au port, on trouve Marc et Patricia de Black Niboune et Louis et Roseline de Kayok arrivés. On peut enfin faire connaissance. Christian et Marc de Koh Tao (on a enfin l’orthographe exacte) arrive un peu plus tard. Tout le ponton est français et c’est tout naturellement que l’on se retrouve à 6 équipages sur Black Niboune pour fêter mon anniversaire et goûter au marlin et au barracuda que Marc a pêché.

 

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On mange beaucoup, on boit pour faire passer. Beaucoup d’échanges jusqu’à tard dans la nuit. C’est bien Marc et Patricia qui ont remorqué un bateau entre le Cap vert et les Caraïbes.

On reçoit des tuyaux sur les origines possibles du bruit du pilote et sur la marche arrière du moteur qui m’a encore fait défaut pendant les manœuvres de port. Demain c’est randonnée pédestre. On va tester tout ça jeudi.

 

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Mercredi 4 juin 2014. La randonnée pédestre.

Fort du dépliant qui nous indique 2 randonnées de 9km et 3h qui permettent de parcourir toute la côte ouest de Flores, nous décidons d’en faire une (entre Lajedo et Faja Grande) le matin et l’autre (entre Faja Grande et Ponta Delgada) l’après-midi après une halte dans un restaurant de Faja Grande recommandé par Cesar. Départ à 9h20 de Lajedo par de petits chemins généralement pavés entre des murets et des petits champs,

 

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entre sommets dans la brume et falaises vertigineuses.

 

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Fléchage très précis, récent et fréquent, aucun risque de se tromper. Le seul problème, c’est que chaque randonnée fait 13 km au lieu de 9 et c’est plutôt pentu mais c’est vraiment magnifique, paisible. Un berger avec ses moutons nous regarde passer,

 

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des petites maisons de pierre abandonnées au toit effondré,

 

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toujours des lapins partout, des oiseaux, de rares villages calmes, à moitié abandonnés. La vie à Flores en 2014 ne correspond pas vraiment à l’aspiration de la jeunesse. On n’y voit essentiellement que des vieux. L’île a perdu plus de la moitié de sa population ces cinquante dernières années. Les champs cultivés sont rares. Tout vient en container depuis le continent à part la viande qui est produite localement. 80% de la population est constituée de fonctionnaires et d’administratifs divers.

Bon pour revenir à la randonnée, mes chaussures de randonnées n’ont pas apprécié 2 ans de climat tropical. Au bout de 6 km, alors que nous nous restaurions sur la place d’un village, la semelle de ma chaussure droite se désolidarise. On récupère des bouts de ficelle en plastique dans une poubelle proche et on brêle la semelle rebelle sur la chaussure restante. Tous les 500 mètres le brêlage est à reprendre. Au bout d’un kilomètre, la semelle gauche se solidarise de la droite. Il reste des ficelles et 6 km pour atteindre Faja Grande. Je laisse mes 2 compagnons poursuivre la deuxième étape (ils sont rentrés morts de fatigue). Quant à moi, un taxi me rapatrie et la poubelle de Lajes récupère très vite mes chaussures de randonnée. Elles avaient 25 ans.

 

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Jeudi 5 juin 2014. La mécanique.

Journée bricolage, on répare la drisse de spi (on a quand même renvoyé Pierre Henri en tête de mât pour son plaisir), je recouds et bouche les trous du lazzy bag qui a un peu souffert de la traversée. Et puis Christian (de Koh Tao) vient à bord pour regarder notre problème de marche arrière et nous donner quelques conseils. Marc (ancien propriétaire d’un chantier naval au Cap Ferret) trouve l’origine du bruit sur le pilote, nous dit que ce n’est pas grave et qu’il n’y a sans doute rien à faire, nous adoucit la commande de moteur qui a toujours été très dure et nous donne une rondelle de plastique pour serrer les boulons du mâtereau d’éolienne. On serre les boulons et vaporise de la protection sur les contacts électriques (Pierre Henri), protège les bouts pointus des goupilles avec du scotch (Bernard).

 

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Je visite le Pogo 8,50 de Christophe, médecin urgentiste, montagnard grenoblois, cycliste (on l’a vu hier en vélo à Faja Grande), naviguant en solitaire pour une année sabbatique. Il part ce soir randonner depuis Faja Grande pour monter sa tente près du lac noir dans le brouillard. Il a l’air d’aimer.

 

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Skype et bistro internet à un bon kilomètre de montée et c’est une journée de bouclée.

Nos petits copains parlent de partir demain. La météo dit 25 à 30 nœuds de vent et des vagues moyennes de 3 à 4 mètres, on va attendre 24h de plus.

 

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vendredi 6 juin 2014. Le départ des autres.

Curieuse de Toulon, Persévérance de Saint Malo, Filao du Havre, Koh Tao d’Amsterdam (mais français) et quelques autres bateaux français partent pour Horta. Nous allons attendre demain, moins de vent et moins de mer. Black Niboune et Kayok, prêts à partir, se laissent convaincre et remettent leur départ à demain : le rallye de l’ARC quitte Horta dimanche et va libérer 80 places, la météo donne des vents de secteur sud à partir de dimanche, tous les autres bateaux en attente d’un créneau pour rallier le nord de l’Europe vont aussi partir dimanche de Horta. De plus le mouillage dans l’avant-port de Horta ne tient pas bien. Alors pourquoi y arriver samedi avec une mer grosse et un port saturé quand on peut y arriver dimanche de façon plus cool ?

Journée nettoyage intérieur/extérieur, un peu de ravitaillement de frais à l’épicerie du coin, un peu de bricolage. Le vent souffle, il fait frais (17 degrés dans le bateau ce matin), mais il ne pleut pratiquement pas.

Ce midi, on a enfin fêté notre arrivée aux Açores : rillettes de canard en tapas apéritives, confit de canard avec des cubes de pommes de terre sautées … à la graisse de canard, Margaux 1994 (merci Christian, on a pris des photos)

 

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et une bonne grappe de raisin. Sieste ensuite pour la digestion.

 

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Samedi 7 juin 2014. Notre départ de Flores.

Black Niboune et Kayok partent à 8h suivis d’autres bateaux français. Nous ce sera vers 13h pour une traversée un peu musclée au début babord amure avant un empannage vers 19h pour nous amener sur Faial demain vers midi. Tout faux, dès le début, on a eu 5 nœuds de vent par l’arrière et une brise diesel qui ne s’est jamais démentie.

Quand nous sommes arrivés lundi, il y avait environ 25 bateaux dans la marina dont au moins 15 de français et jusqu’à 11 bateaux au mouillage dans l’avant-port. Quand nous sommes partis, il ne restait plus que 5 voiliers dans la marina et 3 au mouillage. Les créneaux météo sont les mêmes pour tous. Ça fait 30 bateaux en route vers Horta.

Au revoir à Lajes, petit village à flanc de falaise,  ni très joli, ni très vilain avec son bar internet, Porto Velho, où le wifi marche mieux qu’à Paris et où la bière est à 90 centimes d’euro, son supermarché où il faut se précipiter à l’arrivée du cargo pour avoir des produits frais, ses restaurants (du Roi à recommander même si la marche à pied est longue et pentue), ses maisons typiques et ses autres moins,

 

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son église,

 

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sa plage mi galet, mi sable avec parfois ses méduses et sa marina construite en 2011 parfois très tassée, parfois très vide, tout le temps très rouleuse avec du ressac, ses toilettes spartiates, eau froide à volonté, pas de miroir sur les lavabos, son capitaine du port, Tiago, qui fait office de tourisme, lessive et conseils en tous genres.

 

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Au revoir Flores, petit écrin de verdure, lacs et falaises tout à l’ouest de l’Europe, loin des routes touristiques, petit à petit abandonnée par ses habitants pour retourner à l’état de nature. Son climat breton en un peu (si peu !) plus chaud et l’absence de vraies plages n’en fera jamais une destination touristique de masse. Une destination secrète de marins et d’allemands romantiques épris de nature.

 

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