3 – Utilisation des checklists : les 7 checklists d’opération du bateau

Je me suis limité à 7. Lorsque je faisais des régates, je m’étais amusé à décomposer les manœuvres de spi et les virements de bouées avec changement d’amures et de voile. On peut pratiquement imaginer le nombre de checklist que l’on veut. C’est fonction du niveau d’expertise de l’équipage.

Ces 7 checklists sont imprimées sur papier et mises dans un classeur. Quand on a besoin d’une checklist,  on ouvre le classeur à la page correspondante. On le pose sur la table à carte et chacun doit cocher la case quand il a terminé une des actions. Cela me permet, en tant que skipper, de déléguer tout ou partie des tâches et surtout de vérifier d’un simple coup d’œil où on en est et si tout est correct.  C’est une façon très efficace d’éliminer les oublis. C’est très rassurant pour quelqu’un d’angoissé comme moi. C’est un exemple où un minimum d’organisation procure une très grande liberté de pensée. Ces checklists couvrent les cas suivants :

-          Retour à bord après une longue absence

C’est une façon de se remettre dans le bain. La plupart des tâches sont évidentes. C’est aussi un moyen d’impliquer rapidement un nouvel équipier et de le familiariser avec certains aspects du bateau. Le tableur Excel a 2 pages: les actions à faire dans la carrée et celles à faire sur le pont du bateau ou à quai.

 check list retour sur tri mar.xls

-          Appareillage

Nous continuons à nous servir de cette checklist même si tout paraît évident. Il n’y a rien de plus ridicule que de larguer les amarres avec le câble électrique encore connecté au ponton (même si je n’ai pas encore fait cette bévue, j’ai vu ça un jour en Ecosse - panique à bord et rigolade assurée sur le ponton).

 check list appareillage.xls

 -          Quart de nuit

Nous n’avions pas une grande expérience des quarts de nuit. Maintenant ce n’est plus le cas et nous ne nous servons plus de cette checklist.

 checklist quart de nuit.xls

-          Très gros temps (60 nœuds et plus)

Nous ne nous sommes jamais servis de cette checklist (heureusement). Elle me paraît néanmoins très utile pour garder l’esprit clair dans un moment où le stress doit être pas loin du maximum.

L’idée est de minimiser la prise au vent sur le pont, de se mettre à la cape et de sécuriser l’équipage dans les bannettes antiroulis. Cette liste peut aussi servir de base de décision si on n’attend ‘que’  du  50 nœuds au lieu de 70.

 checklist très gros temps.xls

-          Entrée dans un port

Utile avec un équipage peu expérimenté, nous ne nous servons plus de cette checklist, parfois à tort... Il y a toujours un relâchement quand on aborde un port après une longue traversée. C’est une grosse erreur car c’est sans doute le moment le plus risqué de la traversée. Une remarque : nous commençons toujours l’amarrage du bateau à un quai ou ponton par le milieu. Ce n’est pas toujours facile à expliquer aux volontaires qui prennent nos amarres à quai.

 check list escale dans un port.xls

 -          Echouage (volontaire)

En fait, les conditions pour faire un échouage volontaire réussi sont si draconiennes (à commencer par avoir de la marée significative ce qui n’est pas vraiment le cas aux Caraïbes) que l’on ne s’en est jamais servi.

 check list échouage.xls

-          Départ du bord pour une longue absence

Primordial pour ne pas se réveiller en sueur à 6000 km du bateau en se demandant si on a bien fermé les passe-coques.  Même avec du temps pour préparer le bateau (pour un hivernage par exemple), il y a beaucoup de tâches à effectuer au dernier moment.

Pour quelques jours d’absence, c’est une checklist que l’on utilise. On ne réalise pas forcément toutes les actions, mais on en discute.

Pour des mois d’absence sous les tropiques, cette liste est complétée par des actions pour protéger le matériel du soleil, de l’humidité et des vols. Je n’ai pas rédigé de checklist pour cela.

Grosso modo, soleil et vol conduisent au même réflexe : on rentre dans la carrée tout ce qui peut se démonter facilement (bouts de tous genres, capotes, …).

Certains vont jusqu’à mettre des messagers pour démonter les drisses.  A la Grande Motte, j’ai entendu dire que certains vont jusqu’à démonter les winches pour les rentrer à cause des risques de vol. Nous nous sommes arrêtés avant ces extrémités. Nous n’avons eu à déplorer depuis 3 ans que le vol (ou l’emprunt ?) d’un pare battage lors de nos longues absences.

Pour l’humidité, nous avons adopté deux solutions différentes mais toutes les deux à base de 2 déshumidificateurs à cartouches rechargeables. En climat tempéré, nous avons favorisé la circulation d’air. Dans le rio Dulce par contre, nous avons fermé toutes les aérations du bateau (dont celles du panneau de descente avec du scotch) et demandé à un guatémaltèque de remplacer les cartouches des déshumidificateurs tous les mois (du fait de cette visite, le bateau était aéré une fois par mois). A Cuba, pour 2 mois, nous avons à nouveau changé de stratégie : aération naturelle et pas de recharge des déshumidificateurs. Pour l’instant, ça a bien marché : à nos retours, pas d’odeurs, pas de moisissures ou de champignons même après 8 mois de saison humide au Guatemala. Nous verrons bientôt ce qu’il en est à Cuba.

check list départ de tri mar.xls

(à suivre...)