des îles Caïman au Mexique (par Joël) avec photos

des îles Caïman au Mexique (par Joël) avec photos

Posté par : Joel
08 Mai 2013 à 22h
Dernière mise à jour 20 Novembre 2014 à 08h
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Samedi 20 avril 2013.

Une pluie très matinale nous précipite à la fermeture des hublots et je rentre mon couchage dare-dare(je dors toujours dehors). On se recouche mais le cœur n’y est plus. Nous nous levons donc et nous préparons le bateau au départ.

Un dernier petit bain et hop c’est parti vers 10h pour 325 miles vers les islas Mujeres au Mexique dans une molle qui va nous accompagner jusqu’aux environs de 18h quand le vent daigne enfin approcher les 10 nœuds. Bien entendu c’est plein vent arrière et donc on tire des bord vers le Honduras et Cuba alternativement en fonction des légères fluctuations de la direction du vent.

2 hirondelles nous rendent visite dont une se pose tout près de nous et se laisse caresser. Elles repartent peu de temps après.

Après la sieste, le domino, où en l’absence de Bernard, Pierre Henri nous démontre jour après jour sa science de ce jeu. Heureusement qu’au tarot on a interrompu une série de victoire qui tournait à la démonstration. Sans ça, il aurait pu prendre la grosse tête.

Pour ce soir, j’ai récupéré ce qui restait de la sauce de la tagine de poulet aux pruneaux et j’en ai fait une soupe aux vermicelles où les piments étaient très présents pour le plus grand plaisir des amateurs. J’ai ensuite fait revenir des dés de pommes de terre dans une poêle auxquels j’ai ajouté en fin de cuisson des crevettes pour ensuite les recouvrir d’œufs battus et servir une omelette.

Ce midi j’avais fait une salade de tomate et céleri avec le reste de semoule puis un steak délicieux acheté à Georgetown avec une splendide ratatouille faite maison dans les règles de l’art (c’est à dire qu’elle a bien accroché au fond de la marmite et en plus ce n’était pas exactement les constituants habituels de la ratatouille : aubergine, poivron, concentré de tomate, épices dont curry et coriandre).

La météo est plutôt dans la molasse pour cette nuit et ces prochains jours. On décide de laisser le geenacker cette nuit. Sous solent, ce serait moins de 3 nœuds. Avec le geenacker on dépasse parfois les 4 nœuds, ça ne décoiffe que très modérément. On aimerait arriver mardi ou mercredi sans doute avec l’aide du diesel.

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Dimanche 21 avril 2013.

20h30, VMG inférieure à 2 nœuds, vent faiblissant depuis plusieurs heures pour arriver maintenant à 4 nœuds, voile claquant dans une houle pourtant très faible, on craque. On rentre geenacker et GV et broum le diesel à 1700t/mn qui sur cette mer plate nous propulse à plus de 5 nœuds en route directe vers l’objectif avec un ETA mardi matin. D’après les météos, c’est parti pour 24 à 36 heures de vraie pétole. L’alternateur ne charge toujours qu’à 25Ah mais sur 36 heures ça devrait le faire.

D’autres chiffres : sur les premières 24h, on a fait 85 miles vers la cible, GV et geenacker en permanence, soit 3,5 nœuds de moyenne. Ensuite on a touché un peu de vent pour atteindre la moyenne faramineuse de 3,8 nœuds sur les 10 heures suivantes. A 20h 35, on a passé le cap des 200 miles restant à faire.

Toujours cette invasion d’hirondelles de plus en plus effrontées : une s’est posée sur l’épaule de  Patrick pendant le repas, une autre s’est réfugiée dans une équipet de la carré. Elles doivent avoir l’habitude de faire ça sur les assez nombreux cargos croisés. En effet nous sommes sur la route Panama/ Venezuela vers Golfe du Mexique.

Absence de vent + moteur = il fait chaud et moite. C’est un bon temps à hamac, suffit de trouver l’ombre des voiles. Heures de lecture, de sudoku, de mots croisés et de tarot, plus un peu de sieste. Sûr que ce serait mieux avec un peu plus de vent.

Nous nous préparons pour cette deuxième nuit en mer. C’est la seule traversée longue de cette étape premier semestre 2013. De plus elle n’a rien de symbolique, c’est juste une étape de transition vers l’Amérique Centrale, comme on dirait dans le tour de France. Comparée aux autres étapes, elle n’a pas le côté emblématique de la traversée du golfe de Gascogne, ni l’arrachement au continent du Portugal vers Madère, ni le départ de l’Europe entre les Canaries et les îles du Cap Vert sans parler de la traversée de l’atlantique qui est dans une catégorie à part (col hors catégorie du tour de France). Donc on a un peu hâte d’arriver. J’avais rêvé d’un bon alizé de nord-est, vent de travers, comme on a eu ces derniers jours pour avaler cette étape dans le tintamarre du vent, des voiles et de l’eau. Surtout que la pétole pour les traversées, je croyais qu’on avait déjà donné de façon généreuse. D’un autre coté, faut pas se plaindre, j’ai quand même eu mon tintamarre, celui du moteur.

 

Lundi 22 avril 2013.

Même le quart de nuit est moite. Quelques cargos viennent nous distraire.

On a inauguré un nouveau rythme de quart en prévision d’une mer agitée et d’un Patrick un peu sujet au mal de mer. Bien sûr la mer n’est pas du tout agitée et Patrick n’a absolument pas le mal de mer, mais on a quand même essayé.

Je prends le 22H à 3h du matin. Pierre Henri enchaine de 3 à 8h du matin. Patrick fait ensuite un quart de 4h jusqu’à midi. Je reprends de midi à 15h puis je vais à la sieste pendant que Pierre Henri en émerge et assure le 15 à 18h. Patrick termine de 18 à 22h, Pierre Henri allant se coucher assez tôt vers 21h.

Deux innovations : des quarts de 5h la nuit qui se passent très bien. Un réveil toutes les 30 minutes, 5 à 10 minutes pour faire le point, les relevés, consulter le radar et on se ré-allonge sur un des matelas du cockpit. On dort ou on ne dort pas mais on relaxe. L’autre innovation est que les quarts ne sont pas tournants, on fait toujours les mêmes. Sur cette courte expérience, ça se passe très bien.

12 hirondelles assaillent le bateau. Toujours celles qui ont la gorge fauve et le ventre crème et d’autres plus classiques au ventre blanc. On en trouve une de morte. Les autres étaient peut-être là pour l’emmérement. 12 dauphins aussi et une frégate.

125 miles faits ces dernières 24 heures, arrivée demain car les météos continuent d’annoncer 0 à 5 nœuds de vent. On a eu 0, la mer est métallique comme un lac le matin. On a traversé un banc de brume comme un lac le matin.

Ça va quand même faire du bien d’arrêter le moteur demain. Toujours ces petites fuites sous contrôle, liquide de refroidissement depuis le filetage du chauffe-eau et huile de l’inverseur par le haut du réservoir.

Le Philippi est passé de 350 à 420 Ah de charge des batteries service en un claquement de doigt. Il a un petit problème de fiabilité. A cela s’ajoute sans doute (c’est notre meilleure hypothèse) une usure prématurée des batteries suite à la surcharge survenue pendant le neuvage. Cela me rappelle une discussion récurrente à propos de ce que je peux écrire dans le blog. Je suis partisan d’être transparent vis à vis d’un potentiel futur acheteur. Je pense que connaître tous les petits et gros ennuis que l’on a eu avec ce bateau, savoir quelles solutions on y a ou pas apportées, cela constitue un plus et un bon argument de vente. Mes co-équipiers ne sont pas forcément toujours de cet avis. Mais comme c’est moi qui écris, j’en fais un petit peu à ma tête.

Très beau coucher de soleil ce soir, spectacle rare sous les tropiques, souvent des nuages escamotent la phase finale.

 

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Mardi 23 avril 2013.

0h, Patrick part se coucher dans la cabine avant. La nuit dernière il avait déjà fuit sa cabine arrière pour la carré. Cette nuit trop chaud, toujours le bruit, la cabine avant par mer plate c’est pas loin du paradis. Moi, je vais essayer le hamac. Il y fait toujours frais. Le seul problème est que je vais être réveillé par le jour. Il va falloir être en forme aujourd’hui, il paraît que les formalités mexicaines sont assez complexes et variables.

Dehors la lune éclaire la peau métallique et lisse d’une mer aux confins brumeux. Seules les plus vaillantes étoiles existent encore. Seul à bord éveillé. De toute façon à cause du moteur, je n’entends mon réveil qu’une fois sur deux. Là je l’ai coincé en haut du gilet de sauvetage contre l’oreille, ça marche.

3 heures du matin, la relève et je n’ai toujours pas sommeil. 7 nœuds de vent, on décide de mettre les voiles. On apaise nos oreilles mais on dérange quelques hirondelles.

4 heures plus tard et quelques empannages, il faut remettre le moteur, vent faiblissant et fort courant vers le nord. On va désormais progresser en crabe.

De volumineux dauphins nous accompagnent régulièrement, deux fois la taille des habituels.

On vient de changer d’heure et passer en GMT -4 pour rester en phase avec le décalage de 2 heures avec le soleil.

Au loin, les immeubles de Cancun, ça sent l’écurie. Pour contrer le courant, moteur à 2200t/mn, arrivée vers 16h, 15h locales.

A 14h 45 locales nous mouillons en face de l’autorité portuaire. VHF canal 16. Au troisième appel, ils répondent d’attendre. Puis plus rien pendant 15 minutes. Je relance, la marina Paraiso répond et m’invite à y aller. On y va. Ponton 16h20. José très serviable nous amarre

 

isla mujeres josé au lancer du lasso.JPG

 

et appelle les autorités qui ne viendront pas avant demain 8 heures. José nous parle de la propinia de 20$ qu’il faudra donner à chacun des 4 officiels qui viendront demain matin. Il nous dit de ne pas oublier la sienne. Il va aussi falloir aller sur le continent par le ferry pour la procédure d’importation temporaire du bateau qui va aussi coûter 50$. En attendant, interdit de quitter la marina. On savait que ce serait long, compliqué et cher.

Les photossont vraiment belles, surtout le bateau rouge (2 fois) et la pub pour Nellie's Beauty Center. On constate que Joël en a profité ( belle coupe) avant d'aller à "Mujeres" Island! On espère pour vous qu'il n'y aura pas trop de trafic sur l'aéroport juste à côté. Amitiés à tous les 3.

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