visite de l'intérieur de St Domingue avec photos (par Joël)

visite de l'intérieur de St Domingue avec photos (par Joël)

Posté par : Joel
06 Avril 2013 à 04h
Dernière mise à jour 20 Novembre 2014 à 08h
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La visite de l’intérieur de l’ïle (du mercredi 6 au vendredi 8 mars 2013)

 

Tout d’abord commençons par tordre le coup à une légende colportée par les guides américains. Ils ont tendance à s’effrayer de la conduite des dominicains. Pour ceux qui ont déjà vécu, ce n’est pas pire qu’en France dans les années 60 et 70 quand on avait 17 000 morts par an sur les routes et pour les plus jeunes ça vous rappellera vos jeux électroniques.

Prenons les autoroutes, il y des bandes d’arrêt d’urgence à droite, parfois à gauche, goudronnées. On y rencontre piétons, vélos et mobylettes, parfois à contresens, sur la bande de droite des échoppes, toute une famille avec bébés sur la bande de gauche à contresens pour surveiller les voitures qui vont prendre cette file pour faire demi-tour, des chevaux traversent parfois, une pelleteuse à contre-sens mais sur la file de droite, respect ! et puis des trains de camions Mack lancés à 110 sur la file de gauche, pani problem. Parfois un feu tricolore en haut de côte ou un grand manque de goudron (genre nid d’autruche). Les véhicules les plus lents ne sont pas nécessairement à droite d’où dépassements à droite très fréquents. Si parfois on peut rouler à 100, une moyenne de 60km/heure est déjà généreuse. Par contre les possesseurs de luxueux 4x4 veulent prouver qu’ils peuvent payer l’essence qui va avec, eux c’est plutôt du 140 klaxon à fond.

Les routes nationales après l’autoroute c’est du gâteau. C’est pareil en plus dense avec plus de monde en face mais moins vite. Ralentisseurs tueurs d’amortisseurs tous les 100 mètres dans les villages, larges pans de route sans goudrons, ornières, nids d’éléphants (c’est plus gros qu’un nid d’autruche). Moins de gros camions, beaucoup de petit Dahaitsu agricoles dépassant péniblement le 5 km/h en côte. Là dessus atteindre le 30 km/h de moyenne c’est tuer père et mère. Un détail : la ligne jaune continue sert à marquer le milieu de la route et pas du tout à interdire de dépasser.

Et puis il y a les pistes. Marrant sur la carte, on ne peut pas deviner. C’est le même dessin avec ou sans goudron. C’était peut-être au plan quinquennal à un moment donné mais le goudron a plutôt rempli la poche d’un politicien. Avec les plus diluviennes fréquentes en été, pas besoin de faire un dessin ! Là du 10 de moyenne, c’est bien parce que c’est une voiture de location et qu’on se fout des amortisseurs (on a été raisonnable, on n’a touché que 5 fois le sol avec le carter pour  un agrégat de 50 km de pistes).

Je n’ai pas encore parlé de la précision des cartes et des guides. Un exemple, parmi d’autres : les dernières grottes avec peintures rupestres Tainos que l’on a visitées,  le guide était clair : en bout de route, vous arrivez à un T et vous prenez à gauche. Sur le terrain, il s’agissait d’un Y et il fallait prendre 2 fois à droite. Peut-être qu’ils avaient déplacé les grottes depuis l’écriture du guide en 2008 ?

Une autre habitude amusante : sur les autoroutes urbains et périurbains, pour les embranchements, ils n’indiquent pas la direction générale ou le numéro de la route (informations figurant sur les cartes routières) mais son nom. Sans plan de détail, ce qui était notre cas, un certain nombre de demi-tours (sur autoroute, mais on s’y fait très bien) est à prévoir.

Cette courte intro pour dire que l’on a pu faire environ un tiers du programme prévu et qu’on termine vanné mais indemne.

On avait décidé d’aller en montagne. Ça monte facilement à plus de 2 000 mètres dans la cordillère centrale et ils ont quelques 3 000 ce qui en font les plus hauts sommets des Caraïbes. Relief type Jura arrondi en beaucoup moins boisé, végétation mélangée de pins et fougères au milieu d’eucalyptus, de bananiers, de cannes à sucre et de bambou qui forment haies avec beaucoup de champs cultivés (fraises, oignons, chaillotte ou christophine, patates, pdt, ail, etc,) c’est un vrai jardin potager sur des pentes invraisemblables (ils ne connaissent pas la culture en terrasse), travail à la main bien sûr vu les pentes, nombreux ouvriers agricoles, souvent haïtiens, très travailleurs, préparation du terrain, arrosage, récolte, une vraie ruche.. Il y a aussi des prés avec des vaches ou des chevaux.

 

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Des villages de cabanes de bois peint, toit en tôle, simples et d’aspect assez pauvres.

La première journée on atteint Constanza après 4 h de route et 170km et on poursuit sur 15km de piste jusqu’à El Covento pour voir la cascade des eaux blanches. On nous conseille de laisser la voiture 2 ou 3 km avant la cascade, la piste devenant vraiment difficile ( !)  et une petite fille se propose pour nous la garder (la voiture pas la piste, balot). Après avoir pris un raccourci à flan de montagne qui nous a perdu au milieu d’un vallon, après avoir effrayé une haïtienne peut-être illégale, nous retrouvons enfin le site désert où il est demandé de laisser les armes à feu à l’entrée entre autres choses. Belle invitation à la baignade

 

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mais le jour tombant, on rentre vite après 2h30 d’une belle promenade. On offre à la petite fille le choix entre quelques pièces et un stylo. L’école attendra.

La nuit, Constanza, ville agricole sans intérêt. Des gardes en arme, impression étrange.

Le lendemain on va vers Jarabacoa par une route toute neuve au lieu des 20 km de piste annoncés. En chemin, café et descente à la cascade de Jimanoa, payante et avec un guide officieux. C’est une initiative de la ville pour inciter les habitants du village à adhérer au projet environnemental du gouvernement : aménager le chemin d’accès à la cascade 200 mètres plus bas en leur procurant une rentrée d’argent des touristes de passage. En échange, ils arrêtent de déboiser.

 

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En effet depuis environ 40 ans, les différents gouvernements cherchent de façon plus ou moins adroite ou brutale à faire cesser la catastrophe écologique de la pratique de la culture sur brulis et de l’exploitation anarchique des forêts. 7 parcs nationaux ont été créés pour préserver les restes forêts et les sites écologiques remarquables, intervention (toute en douceur sans doute) de l’armée pour exproprier des paysans et planter des arbres dans leurs champs sans réellement leur fournir de revenus de substitution (révolte et rejet jusqu’à ce que des compromis soient trouvés).

Jarabacoa, ville bouillonnante, sale et bruyante. Nous prenons la route puis la piste vers Ciénaga, entrée du parc qui comprend le point culminant des Caraïbes à 3083 mètres, le pic Duarte du nom du héros de la première indépendance Dominicaine (1844).

Ciénaga, petit village agricole très root avec la maison du parc. 14h, un guide officieux nous fait ouvrir un lolo pour un déjeuner qui ne restera pas dans les annales de la gastronomie mais à 2,5€ par personne, on ne peut pas demander un miracle.

 

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15h, on voit un responsable (?) du parc et on lui fait part de notre intention de nous promener une heure ou deux dans le parc. Il nous demande 700 pesos par personne (14€) et nous demande de prendre un guide (à rémunérer en plus). Il se met à bruiner, ciel plombé, interlocuteur peu souriant. En fait ce qui les intéresse, ce sont les excursionnistes pour le pic Duarte, 2 jours de randonnée avec guide et une nuit ou deux à la maison du parc. Ce soir, ils en ont 100 qui arrivent (si on veut bien les croire). Nous, on les fait vraiment chier avec nos souhaits minables. L’empathie ne passe pas. Les prix ne baissent pas, le ciel ne se lève pas. On repart.

En conclusion de ce périple en montagne, il y a des chemins dans tous les sens pour se perdre dans la solitude des plateaux, des vallées ou au milieu des collines, des cascades remarquables, de beaux points de vue. Le seul problème a été ce ciel couvert les 3 jours, il pleuvait même en soirée. Sinon sous le soleil, c’est un vrai paradis pour les randonneurs, en altitude la température est très raisonnable et les moustiques peu actifs.

Pour changer d’air, c’est le cas de le dire, on décide de terminer notre périple dans la deuxième ville de l’île, Santiago de Los Caballeros, 1 million d’habitants.

En route et selon la spécialité des villages traversés, il y a des dizaines de vendeurs en bord de route qui proposent tous la même chose. Ça peut être des meubles, des tapis, des poteries et même parfois, ça se mange. On s’arrête à la locale, sur la route dans une côte devant l’étal d’une vieille volubile : crêpes de maïs (pas bon), flan de farine de maïs et lait (pas mauvais). On opte pour du gâteau au coco. Au moment de redémarrer plus de contact. Après avoir trituré tous les boutons, on se décide à ouvrir le capot pour trouver une cosse de batterie dévissée. Il faut dire que la batterie repose sur un socle plastique éclaté et qu’elle a dû danser au bout de ses fils pendant tous les km de piste. On se fait prêter une pince par un vieux qui nous regardait et on repart. On ne refera plus de piste ensuite, trop peur de perdre la batterie.

Santiago, les règles sont spéciales pour circuler. D’abord se munir d’un klaxon qui tire vraiment dans les aigus, genre Castafiore. Puis ensuite le code : tu klaxonnes 5 fois, c’est fout le camp de mon chemin, 4 fois, tu es un des innombrables taxis en maraude (dans une seule rue, il y en a plus que dans tout Paris) et tu cherches à attirer l’attention des piétons pour qu’ils montent et ça tu le fais tous les 1 mètres ou 30 secondes, 3 coups c’est juste pour dire bonjour, tout va bien. Bien sûr, pompiers, ambulances (il doit y avoir quelques accidents de temps en temps) et policiers (très peu nombreux, remplacés par des vigiles armés, ce n’est pas plus rassurant) doivent avoir des sirènes qui couvrent ce concert. J’ai même vu des motocyclistes avec un sifflet d’arbitre pour faire dégager le chemin devant eux. Quand le bruit descend en dessous de 120 décibels, c’est presque reposant. Circulation, intense, moteurs mal réglés, essence de mauvais qualité, ah les odeurs, la fumée, la poussière. Pour les carrefour, c’est la voiture la plus pourrie qui passe. En premier ce sont les taxis, vrais tacots, mais nous on n’était pas mal placé avec notre voiture cabossée de ses 140 000 km (il faut bien multiplier le kilométrage par 3 ou 4 pour avoir une usure équivalente en France). On se ballade un peu en ville mais le coup de cœur n’y est pas.

 

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Pour compenser bon restaurant (Pez Dorado) pas loin de l’hôtel (Aloha Sol, correct).

Le lendemain, on avait repéré sur la place de la cathédrale des panneaux expliquant la vie de Duarte. On devait avoir l’air des parfaits touristes. On n’a pas pu tout lire avant d’être attiré au musée par un homme parlant bien le français et nous présentant à Pépé, professeur à l’orphelinat voisin. On a eu juste le temps d’apprendre que Duarte avait été le découvreur de la pyramide de Ponzi. Il avait fondé la société indépendantiste secrète les Trinitaires : chaque membre devait en recruter 3 qui eux-mêmes devaient en recruter 3 chacun et ainsi de suite.

Pépé nous montre l’exposition de masques du carnaval,

 

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nous explique la signification des sculptures sur les portes de la cathédrale, nous fait traverser le périph (il y a un terreplein au milieu), pour la vue sur le fleuve et son pont suspendu, nous montre la première université du nouveau monde, le bistro où Hillary Clinton a été photographiée en train de boire une Presidente (la bière locale),

 

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nous fait passer devant les plus belles maisons coloniales de la ville

 

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et nous amène finalement au marché agricole où se vend aussi tous les accessoires du culte vaudou.

 

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Disert et agréable, connaissant tout le monde, nous parlant dans un espagnol très compréhensible de son pays et de sa ville, Pépé nous a offert 1h30 de visite très intéressante.

Entre nous, nous avions discuté et vu les prix pratiqués dans le pays, une « rémunération » de 10$  pour un guide non professionnel nous paraissait très généreuse et au niveau de notre satisfaction. Mais à la fin de la visite, il nous annonce tout de go qu’il veut 60€, soit 80$ et devant notre étonnement prend un air buté qu’il avait dû étudier dans une glace tellement il paraissait comique si ce n’était la situation. Nous n’étions pas pressés. De longs moments de silence. Je suis offensé. C’est plus cher qu’en France. C’est pour les médicaments des orphelins. Nous doutions de sa qualité de professeur. 15 minutes de blocage. 10h55. Il faut que j’y aille. On décide de sortir un billet de 20$. Il le prend et part vite. Pénible et énervant.

Nous rentrons vers Santo Domingo en visitant les ruines d’un vieux fort espagnol près de La Vega,

 

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quittons l’autoroute à Madrigal pour aller vers San Cristobal et traversons une région boisée et agricole très agréable. Près de San Cristobal, nous visitons une des 150 grottes occupées par les Taïnos avec ses 490 peintures pariétales à base de charbon de bois et de graisse animale comme fixateur (cuevas pomier).

 

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Là aussi le guide nous voit venir et nous demande 7€ par personne. Marre de ces situations, on transige rapidement pour 5. Le vrai prix était affiché à 2.

C’est avec beaucoup de plaisir que nous avons retrouvé un Tri Martolod intact mais couvert des cendres noires provenant des champs de canne à sucre mais aussi peut-être des dépôts d’ordure des alentours.

 

c'est bien ça , et c'est enervant plaisant , merci de serge .

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