Barbuda (par Joël)

Barbuda (par Joël)

Posté par : Joel
03 Décembre 2012 à 22h
Dernière mise à jour 20 Novembre 2014 à 08h
483 vues
Flux-RSS

Samedi 1er décembre, tôt partis d’Antigua, sorti du North Sound par le horse shoe reef (le sondeur jamais monté au dessus de 10 mètres malgré des sondes de la carte à 5 mètres). Bon bord bon plein de 25 miles. Barbuda apparaît tardivement à moins de 10 miles. On vise Low bay à l’ouest de Barbuda. le GPS nous met sur la plage alors que celle-ci est à plus de 200 mètres. Je navigue à vue avec des fonds de plus de 4 mètres en suivant un catamaran qui s’échouera bien  avant nous. Bon mouillage sur sable avec tenue franche de l’ancre, un demi mile avant l’hôtel.  Le mouillage paraît excellent tout le long de cette plage étroite de sable jaune dans lequel on s’enfonce comme dans de la neige, orientée nord-sud, d’environ 15 km de long, quasiment déserte. Léchée d’une eau turquoise laiteuse, elle nous cache une lagune immense derrière un petite haie d’arbustes verts. Juste un hôtel isolé et quelques cabanes de plage fermées, on est hors saison. 5 bateaux mouillent sur ces 15 km. Même hors saison, Antigua et Barbuda restent un haut lieu de la voile. Rien à voir avec le hors saison complètement désert des Canaries ou du Cap Vert.

Le « Patuelli » nous dit qu’on peut porter l’annexe sur l’étroite langue de terre pour aller visiter la lagune. Ouais… On peut la porter si pas trop lourde (donc pas trop motorisée) et ensuite ? on débouche sur un lac intérieur de 8 miles sur 2.

En face à 2 miles, Codrington, étrange capitale de 1300 âmes, construite sur un plan carré, faite de petites maisons éparses, assez pauvres d’aspect, encloses de grillages et de barbelés, peut-être pour se protéger des ânes errants. Une banque avec distributeur près de l’église. Un supermarché qui paraît vide en entrant mais où on trouve finalement pas mal de choses. Et bizarre, un port de pêche construit en 2011 par les japonais. Avec fisherman lockers et bouteilles d’air avec compresseur. Verrue de béton jaune, clean, paraissant totalement inutilisée, juste utile pour se mettre à l’ombre.

Au nord ouest de la lagune, après avoir slalomé entre les hauts fonds pendant 3 à 4 miles et s’être enfoncés dans la mangrove, nous déboulons sur le site de reproduction de 20 000 frégates, vous savez, ces oiseaux noirs avec un jabot rouge qu’ils peuvent gonfler comme un ballon de rugby. Claquements de bec pour attirer les femelles, odeur prenante de guano, quelques hérons et aigrettes participent à la fête, les juvéniles à tête blanche sont plutôt calmes. Envergure de 2 mètres en forme de W stylisé, nous les avions déjà rencontrées au large dans l’Atlantique et à Antigua, mais là c’est l’abondance de virevoltes, plongées dans les buissons, longs vols planés et chamailleries. Déjà vu à la télé ? mais c’est tellement mieux en vrai.

Alors, on peut faire tout ce périple en annexe en 4 à 5 heures environ sans les arrêts, en s’arrosant tout plein car l’eau du lagon est très agitée,  il faut la réserve d’essence qui va avec, la nourriture et l’eau pour presque la journée, avec les risques de se perdre dans la mangrove, de heurter les hauts fonds ou de se prendre dans les filets posés pour défendre l’accès de certains endroits de la réserve. Ou alors, on appelle un bateau taxi comme celui de Solomon, colosse rasta de 35 ans, sur VHF 16. C’est cher (environ 70€ pour 3), prix pour touriste américain mais non négociable. Il nous montre la banque (pas facile à trouver, mais il était motivé pour être payé), le supermarché et nous raconte la vie des frégates entre Barbuda et les Galápagos. Nous n’avons pas eu à l’appeler. Les néo-zélandais du bateau Toodles,  jeune couple avec 2 enfants,  nous ont filé le tuyau alors que l ‘on arpentait la plage et que Solomon attendait des clients. Nous avions mouillé à coté des Toodles à English Harbour sans échanger un mot mais ils avaient dû nous repérer. Nous avons même laissé un pourboire à Solomon, maigre contribution pour son mariage ou son projet d’achat d’un catamaran, à lui de choisir.

Prix de la bière à l’hôtel désert : 18$, même si ce sont des EC (j’ai un doute), on en avait 3 et demi pour ce prix là à la mangouste sauvage de Falmouth Harbour qui n’est pas l’endroit le plus roots d’Antigua. La salade César était à 50$ et celle de langouste à 90$. Bernard nous explique que comme les américains ont peu de vacances, ils claquent un maximum de fric pendant ces quelques jours. Demander à payer en EC au lieu d’US$ permet parfois d’obtenir une ristourne (voir l’épisode des langoustes) mais pas toujours et pas avec Solomon qui a sorti sa calculette pour nous donner le prix en EC$. L’autre option, c’est de fuir les endroits fréquentés par les américains mais c’est parfois dommage car il y en a de chouette.

Retour à bord et soirée alexandra avec les moyens du bord : rhum blanc, lait condensé sucré, lait de coco en boite et jus d’ananas avec tapas et graines. Riz avec cassolette de St Jacques de la Belle Iloise. Salade de chou. Bananes ou oranges.

Dimanche 2 décembre, il neige en France, ici grasse mat et départ pour Barbuda Harbour où notre vieux Patuelli nous indique la présence du bureau de douane pour faire la clearance. Mouillage devant une plage que de 5 km. Sable rose à l’arrivée et Shilo, le gardien de la carrière de sable (export principal de Barbuda, quand c’est fini, il n’y a plus d’île !), nous dit que le bureau des douanes et de l’immigration sont à Codrington, à 5 milles d’ici, nous appelle un taxi et nous demande 2 bières pour le service. Ça, c’est très correct.

Nous découvrons que les maisons chics de Codrington sont en « banlieue », qu’il y a au moins 3 églises archi pleines en ce dimanche matin, quelques restaurants, bars et même une boulangerie. Quant au port de pêche des japonais sur la lagune, les pêcheurs ne travaillent pas le samedi et le dimanche, c’est pourquoi c’était vide. Bizarre. Ils ont aussi un projet de port de haute mer à Barbuda Harbour pour plus tard.

Ile très peu cultivée, quelques cocotiers, de petits jardins particuliers et ça paraît tout. Tous sont pêcheurs et/ou vivent des touristes pendant la saison (décembre à mai).

Une heure plus tard et 35€ de taxi (ça, c’est pas correct), nous voilà avec notre clearance (gratuite). Nous donnons ses bières à Shilo qui nous fait un recensement de son île : 3 000 habitants, pas de chinois, 40 jamaïcains, 3 vénézuéliens, 5 guinéens et quelques uns de St Domingue. Shilo, c’est le gars cool de l’île, 18 jours en mer pour traverser l’atlantique, sans escale, sans rien, ça lui en bouche un coin et il doit penser qu’on est un peu malade.

Le paradoxe de cet île, c’est sa très grande simplicité et le fait qu’elle vive en partie de tourisme très haut de gamme dans 2 ou 3 hôtels de luxe isolés.

Retour à bord, repas, sieste et snorkeling. Un petit requin, petit mais toujours impressionnant et 20 mètres derrière le bateau une patate de corails affleurant. Très beau mais aussi très bonne décision de ne pas mouiller 20 mètres plus loin. La carte sur Barbuda est vraiment très approximative.

Adieu Barbuda, 24 heures plus tôt que prévu. Pas le même coup de cœur qu’avec Antigua. Les gens nous ont paru réservé, silence lorsque nous sommes entrés dans l’épicerie (à Antigua, nous étions immédiatement interpelés : bonjour, comment ça va, c’est une bonne journée pour vous, …), je n’ai pas entendu le son de la voix de la caissière, la douane, l’immigration, la gueule, pas un sourire, pas un mot de plus que nécessaire, toutes les maisons entourées de grillage et de barbelés, de plus les prix sont dissuasifs, le body language lors des essais de négociations très dissuasif, la tronche du taxi quand je ne lui ai pas laissé de pourboire, ce n’était pas l’accueil espéré, ce n’était peut-être pas un endroit pour nous. Dommage, les plages sont immenses et magnifiques, l’eau turquoise, du bon snorkeling, la lagune toute verte et ses frégates remarquable.

C’est parti en navigation de nuit pour St Bart à 60 miles. Nous nous attendons à quelque chose d’énorme.

 

Vous devenez trės exigeants... Amitiés à vous 3

Vous devez vous identifier pour laisser un commentaire : cliquez ici pour vous connecter .

Le site de la Grande Croisière...