antigua nouvelle version sur la fin (par Joël)

antigua nouvelle version sur la fin (par Joël)

Posté par : Joel
03 Décembre 2012 à 23h
Dernière mise à jour 20 Novembre 2014 à 08h
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Jeudi 22 novembre, le soir.

Toucher la terre pour montrer que le large est moins dangereux. En louvoyant entre les hauts fonds vers notre mouillage, nous croisons une épave que le dernier cyclone avait drossé sur des récifs. Peu après, à proximité du site choisi pour notre mouillage, distraits par la vue d’un bateau français au mouillage, nous en oublions la vigilance et grrrr le frottement de la coque sur un récif. Ça refroidit, ça réveille des cauchemars, échouer en touchant terre, compagnon de malheur de l’épave du cyclone, quelle cruauté ! Quelle dérision ! Marche arrière, le bateau se dégage facilement en soulevant une poussière blanche de débris de coraux. Le goût reste amer de cet avertissement sans frais.

Le mouillage, à portée de vol des moustiques (nous comprenons pourquoi les bateaux au mouillage sont un peu plus au large), est superbe, petites plages de sable blanc, les 3 cocotiers qui vont bien, un encadrement de mangrove verte, une eau gris bleue du soir, la colline boisée de Green Island, une baie peu large peu construite, Non Such Bay la bien nommée, la paix d’un mouillage sur bouée protégé par une barrière de corail.

 

Vendredi 23 novembre

Tôt levés, tôt partis, plaisante petite navigation côtière avant l’émerveillement d’English Harbour, le repère du fameux futur amiral Nelson, où il fit ses armes avant de s’illustrer à Trafalgar. Nelson Dockyard, site préservé, gazon anglais, maisons de pierre, nous voilà à Salcombe en Cornouaille ou sur Beaulieu River dans la New Forest. Quelques touristes mais sans ostentation. De discrètes boutiques, des restaurants aux prix européens.

Sortis du site, dans Falmouth Harbour, nous nous retrouvons dans un village de maisons de bois, des gens aimables, souriants, quel changement de pouvoir parler leur langue. Bien sûr, il y a eu cet officier des douane dont l’anglais était incompréhensible, c’est sans doute pour cela qu’il était un peu grognon. Ses collègues, très sympas et efficaces. Les marchandes de T-shirt insistantes mais sans trop. Un petit lolo pour un repas de midi créole. Au bord de la route, une vieille (plus jeune que nous tout de même), teinte en roux, nous vend ses fruits et légumes produits sur place. Longue partie de rigolade, une copine maintenant. Elle nous apprend qu’Obama a gagné les élections américaines, elle nous regarde bizarre,  on la rassure, on ne descend pas de Mars, juste d’Afrique. On s’était d’ailleurs demandé pendant la traversée combien de personnes au monde (en plus de nous) ignoraient ce résultat.

Presque un petit air de La Digue en plus goudronné s’il n’y avait pas de part et d’autre de l’isthme de Falmouth Harbour ces bateaux monstrueux, le notre étant à peine de la taille de leur annexe, échappés de quelque paradis fiscal (surtout les îles Cayman). Nous imaginons Pierre Henri en haut de ces mats et nous rigolons. Dans une semaine c’est boat show à Antigua et je n’ai jamais vu de voiliers de cette taille. Enormes mais beaux, briqués par un équipage de 10 à 20 personnes selon les bords et nos décomptes.

En résumé, un coup de cœur pour ce petit bout d’Antigua, un vrai souci et une mise en scène de la beauté de l’environnement et du patrimoine culturel. Ça nous change des Canaries et du Cap Vert. Pas de ces immeubles hideux, pas de ces constructions jamais terminées, pas de patrimoine en abandon.

Retour à bord et justement on renvoie Pierre Henri en tête de mat. Essai de déblocage de la drisse infructueux (voir épisodes précédents). Il remonte, scie la drisse au ras de la poulie et le winch électrique en limite de puissance ravale tout. Reste à rétablir une drisse sur une poulie fiable. Ça c’est pour les prochains épisodes.

Apéro pastis (il a fait chaud), surtout que pour éviter de se blesser, Pierre Henri monte avec chaussures, chaussettes, jean, pull de laine manches longues et gants. Confit de canard accompagné de champignons, de gros dès de courge butternut rissolés dans la graisse de canard et d’une purée de jacquier, que du léger. Mais surtout arrosé de la bouteille de St Julien 1993 que Christian nous avait confiée le 1er janvier 2012 pour cette occasion. Très bien vieillie en fond de cale. Room temperature peut-être un peu élevée mais ça passait très bien.

 

Samedi 24 novembre, nous prenons notre voiture de location et en route pour St John. Vieille ville commerçante, maisons de bois peint d’un étage, qui nous accueille par une bonne pluie tropicale.  Nous nous réfugions au musée pour peaufiner notre connaissance d’Antigua : création volcanique il y a 35 millions d’années, occupation humaine attestée il y a 5500 ans, découverte en 1493 par Chrichri, indépendance complète il y a 30 ans. Analyse des colons anglais : ne rien changer aux habitudes de la métropole, même pas les habits, d’où utilisation abusive (c’est moi qui ajoute) des parfums pour camoufler les odeurs de sudation. Occupation par les français pendant 3 mois au 18ème siècle (est-ce de l’humour anglais ? sans doute).

Petit restaurant local (King Roti rue ste Mary) justement pour un « roti » qui est en fait une espèce de calzone de semoule fourrée (pour notre commande) de conque, patates douces avec une sauce curry. Très bon. Les chants de Noël dans l’animation des rues, un chariot du père Noël avec de la neige. Sourire indulgent.

Marché de produits locaux assez bien achalandé en fruits et légumes. Par contre la visite du marché de la viande était un peu dissuasive malgré les vitrines réfrigérées, l’odeur n’était pas très engageante. Une seule poissonnerie qui aurait pu être tentante sans les 2 ou 3 heures de voiture prévues avant de rentrer.

Retour par Jolly Harbour, resort de bonne qualité avec des bateaux de taille humaine (30 à 50 pieds, ça change de English Harbour). Baignade un peu plus loin à Turner’s beach, dans une eau à près de 30 degrés, joli site avec lolo pour la petite bière de l’après midi. Retour recommandé par old road, éblouis par la végétation qui borde la route et par le bel échantillon d’habitations locales : maisons de bois d’un seul niveau, surélevées de quelques dizaines de centimètres par des parpaings ou des pierres cimentées, toit en tôle ondulée, varangue sur 1 à 3 cotés en fonction du cossu de la maison, écrin de verdure dense du jardin, et surtout ces murs peints de couleurs que seuls les personnes de culture anglaise peuvent oser. C’est superbe. L’avantage de cette végétation tropicale, c’est que les constructions abandonnées (il y en a quelques unes) servent de tuteur et disparaisse rapidement dans la jungle.

Retour au bateau, je monte en tête de mat ; il faut se rendre à l’évidence, les 2 poulies coté geenacker sont très abimées. Celle coté GV est un peu abimée mais pas trop, par contre la drisse peut se coincer entre la poulie et sa joue. Pas trop grand chose à faire, juste espérer que ça n’arrivera pas. J’inspecte le mat en descendant, la tête de l’enrouleur de solent est un peu bizarre, elle frotte sur sa drisse alors que celui de trinquette ne le fait pas. A suivre.

Repas à bord (salade fraiche car il fait lourd) au milieu des orchestres de la baie.

 

Dimanche 5 novembre, lever tôt et vidange du moteur pour la première fois par nos propres moyens. Première connerie, le mode opératoire dit de couper le tuyau d’extraction d’huile à la longueur de la jauge. Erreur, la jauge ne va pas au fond du carter. Le tuyau est trop court et il nous en manque. On en raccorde 2 bouts avec du scotch blanc. Fuite d’air. On change de scotch, du jaune, et ça marche. C’est encore trop court. On raccorde tout ce qui nous reste de tuyau de 6 mm, ça va, la pompe à vide aspire l’huile du carter . Qu’une heure de perdue. On passe ensuite au démontage du filtre à huile pour le changer. La clé à sangle, pas d’assez bonne qualité, ripe sur le filtre. On intercale une chaussette. Ça ripe toujours. On entoure le filtre du scotch  jaune magique. Grosse suée, position acrobatique, mais ça marche. Remplacement réussi, encore une heure de passée. Ouf, ça suffit, on part en ballade en voiture.

On commence (en se trompant de route) par Shirley Heights, ancien site militaire avec une vue superbe sur English Harbour. Entrée gratuite du parc naturel quand on dit qu’on est mouillé au Nelson dockyard. On poursuit par une baignade et le lolo de half moon bay (le nom décrit le site très sympa). On termine par Devil’s bridge sur la partie calcaire de l’île (une moitié volcanique, une moitié calcaire). Souffleur et petite falaise avec une arche 3 mètres au dessus de l’eau, rien à voir avec Etretat. 3 dames russes prenant des poses devant le souffleur.

Retour au bateau. Un mot sur la conduite à Antigua : c’est à gauche, le goudronnage a, par de nombreux endroits, connu des jours meilleurs ce qui induit une conduite en zigzag de la voiture qui vient en face ; il ne reste plus qu’à se ranger. On se fait régulièrement klaxonner à chaque dépassement. Notre plaque d’immatriculation commence par un R comme rental. Tout ça, on s’y habitue très bien. La vraie difficulté, c’est l’absence quasi totale de signalisation aux carrefours et l’approximation des cartes locales. C’est Bernard qui conduisait et il est devenu un champion du demi-tour. Parfois, nous demandions notre route au passants jusqu’au moment on a interpellé Fred à Willikies, sage assis sur son parpaing sous son arbre, qui s’est déplacé jusqu’à s’appuyer sur notre voiture à notre vitre baissée pour nous expliquer en quinze bonnes minutes et de nombreuses démonstrations que c’était tout droit, qu’à droite, ce n’était pas bon et qu’à gauche non plus. On a effectivement trouvé mais ensuite, on a continué sans aide.

Rentrés au bateau, on contrôle qu’on n’avait pas mis trop d’huile ce matin (juste un chouïa au dessus du maxi). On décide de vivre avec. On change le filtre à gasoil grâce au scotch jaune magique. Purge de l’air sur le circuit gasoil, démarrage du moteur (après avoir appuyé deux fois sur le bouton arrêt dans la fébrilité, d’où désarroi). Punch planteur pour arroser cette première.

 

Lundi 26 novembre, journée bricolage. Pompage des fonds, tests des pompes de relevage, nettoyage des filtres eau de mer et gasoil, resserrage du pilote, de la commande moteur, téléphone à Marc qui nous enjoint à remplacer une réa de drisse de geenacker. Le jeu consiste à démonter à bout de bras 2 vis en tête de mat pour dégager un axe que l’on doit faire coulisser pour ôter une poulie usagée et la remplacer par une autre. On nous aurait monté des poulies moulées de mauvaise qualité, Allures nous en a donné des usinées plus résistantes et de meilleure qualité. Après 5 essais infructueux de Pierre Henri et 2 de Bernard, il faut se rendre à l’évidence : une des vis cède mais pas l’autre et sa tête commence à donner du mou. Nous n’avons pas les bons outils pour la ramener à raison. On programme ça pour St Martin. Mais on ne s’avoue pas battus. La réa de tribord, abîmée lors de nos « exploits » de juin, est maintenant enserrée dans la joue déformée par la drisse . A la regarder de près, on a l’impression que c’est une « usinée » à la différence de celle de babord qui est visiblement moulée et qui n’a pas supporté le spi. On récupère la drisse de GV de rab que l’on avait depuis un autre incident du neuvage et qui est plus grosse que celle de geenacker. On pense qu’ainsi elle ne pourra pas se coincer entre la réa et sa joue métallique. Après 3 escalades (dont moi une fois mais pas très haut), on passe cette drisse, on récupère le messager (avec difficultés) et on l’établit. Avec sans doute un peu d’appréhension les premières fois, on a récupéré la possibilité d’envoyer des voiles de petit temps.

Pendant les temps morts, nous trions les conserves par date de péremption. Il paraît qu’aux îles Caïman (ou ailleurs), la légende des guides nautiques prétend qu’ils confisquent les boites de conserve périmées. Hors de question de se faire chouraver un confit de canard. 9 coffres à visiter, 2 tas à faire, regrouper les urgences, mettre à jour l’inventaire en changeant la localisation des conserves sensibles. Presqu’autant de sueur que de monter en tête de mat.

Dans la même frénésie d’occuper le temps libre, j’ai démonté les vis d’ancrage du frigo mais ça suffit pour aujourd’hui.

Passage à terre, douche à 2 US$ puis wifi à la mad mangouste (en fait wifi, ça veut dire bières. On a bien cherché à acheter une clé 3G à St John chez Digicel pour pouvoir se connecter depuis le bateau mais c’était 125 US$ et uniquement valable pour Antigua. On pense ne pas arriver à 125 US$ de bières à raison de 2 US$ la bière – en comparaison, c’était 15€  la clé 3G au Cap Vert).

Quelques achats de golden apple, pomme canelle, anones, oranges, patates douces, tomates, poivrons verts  et pamplemousses chez ma copine rousse qui me fait cadeau d’une patate douce d’au moins 50 grammes et me choisit les fruits avec délicatesse. Ce sont des gestes qui comptent.

Un néo-zélandais installé en Floride, ignorant des choses du rugby (il ne savait même pas combien ça coûtait d’acheter un arbitre pour une finale !), vient partager notre table wifi et commence une conférence skipe avec son bureau, fout le bazar dans nos connections et demande s’il peut fumer. PH et B répondent que eux sont tolérants mais le skipper pas du tout (bien joué).

Ce soir, c’est averses tropicales. Il fait vraiment chaud et lourd dans la carré mais ça alourdit les ailes des moustiques qui ont du mal à venir tenir leur conférence habituelle sur le bateau.

 

Mardi 27 novembre, on se fait le frigo. Des dizaines de vis à défaire avant de trouver les bonnes, vider le frigo, sortir les tiroirs, vider le placard à vaisselle pour atteindre ces foutues vis et tout ça pour constater que pour un bon frigo, c’est un bon frigo, tout propre, bonne tension aux bornes. On remonte les vis pas dans le bon ordre, tout à refaire. Bonne occasion de tout nettoyer, de recoller un joint de porte, de lubrifier les rails. Bilan, le frigo devrait s’arrêter pour une tension inférieure à 11,7 volts, la sécurité est sans doute plus haut, vers 12,2 volts. Il n’y a rien à faire si  ce n’est dépenser un peu plus de fuel pour maintenir les batteries à ce niveau.

Après avoir vidé les poubelles à terre et tout rangé, on décide de lever l’ancre pour aller faire du fuel et reprendre notre transhumance. Nelson tient à nous, l’ancre est accrochée dans des vestiges Nelsoniens ou plus vieux ; Marche avant, marche arrière rien n’y fait. Bernard plonge, passe une aussière dans la tête de l’ancre (beaucoup plus vite écrit que fait dans une eau trouble et fangeuse au fond, une ancre à près de 5 mètres et l’aussière trop courte au début). On croche chaque extrémité de l’aussière à un  taquet avant du bateau, on relâche la tension sur la chaine et marche arrière pour dégager l’ancre qui se laisse faire assez facilement.. Petit distribil entre l’ancre et l’aussière.

Qu’à cela ne tienne, cap sur le fuel… no fuel to day, revenez jeudi. Pénurie déjà expérimentée lundi matin par Bernard quand il a cherché une pompe à essence avant de rendre la voiture de location. La première station service, la pompe était en panne, la deuxième n’avait plus d’essence, la troisième, c’était OK mais déjà 15km plus loin.

On poursuit notre chenal, tout droit mer moutonneuse (on avait déjà 18 nœuds de vent bien abrités du large), à gauche plage, cocotier et mouillage assez fréquenté. Hésitation … on part au large … ça moutonne vraiment beaucoup… il y a vraiment du monde au mouillage il est 14h et on n’ … où est-ce que tu vois de la place au mouillage …ça moutonne vraiment beaucoup… il est 14h et on n’a toujours pas déjeuné… ça va secouer dur… on va pas manger tout de suite … et puis merde on est crevé, on a faim et puis ce n’est pas une journée pour nous,  clignotant à gauche.

Ce n’est pas encore gagné, premier mouillage, ça tient pas, deuxième mouillage, un allemand voisin nous dit qu’on est sur son ancre. Ayant déjà donné pour aujourd’hui, on repart, nouveau mouillage mais on est vraiment trop près de notre nouveau voisin (je vous ai déjà dit je cois que le mouillage était un peu encombré), nouveau mouillage plus isolé à une extrémité de la plage mais trop près des cailloux. On déjeune quand même et on relève l’ancre. Premier mouillage ne tient pas, deuxième mouillage une risée nous dévie sur un bateau, bon, on finit par y arriver.

On na va pas se reposer maintenant, donc plongée dessous la coque, les boulons de dérive n’ont pratiquement pas bougé ces derniers 2500 miles, bonne nouvelle, elles n’ont pas été nombreuses aujourd’hui. Par contre la coque est colonisée par des mollusques genre petits pousse-pieds pas faciles à gratter et qui, en vieillissant, se dotent d’une coquille. Du boulot pour les prochains mouillages. On inspecte l’endroit de la coque qui a touché terre à Antigua, pas de vrai bobo. Coups de fil pour remonter le moral d’un de nos prochains équipiers. Ça fait beaucoup pour aujourd’hui.

On cherche à réparer l’échelle de bain dont les 4 rivets ont cédés avec du patex et des vis. Résultat au prochain numéro.

Ça suffit pour aujourd’hui, demain on navigue.

 

Mercredi 28 novembre, lever tôt, départ aux premières lueurs, vent 10 à 20 nœuds, de direction variable. On opte pour la sécurité et le grand tour extérieur des récifs plutôt que le passage étroit le long de la côte. Du près dès la pointe sud ouest d’Antigua passée, plaisir de barrer, pas fait de près depuis la Gallice, 3 virements de bord, un record depuis le départ. On enquille la baie profonde (deep bay), évite de peu l’épave qui barre l’entrée, puis mouillage facile, plein de place malgré les 6 bateaux déjà présents.

Laissez-moi décrire le lieu de gauche à droite : îlot et fortin de défense coté nord, en face, plage et cocotier sur une bande étroite avec, derrière,  une lagune bordée de mangrove, hôtel et villas au sud de la baie sur des petites falaises sombres, avec un bar en terrasse sur la plage du coté de l’hôtel, quelques parasols et chaises longues et quelques vendeurs de souvenirs qui ferment à 17h. vous rajoutez le vert de la végétation tropicale. Eau turquoise, nous sommes dans la mer des Caraïbes et la poussière de corail est partout en suspension pour colorer l’eau qui est de ce fait un peu trouble.

Promenade au fortin en ruine et sur la falaise qui ferme la baie, bières au bar susmentionné, discussions moyennement intéressantes avec les américains de service. Retour à bord pour un peu de bricolage (ça nous manquait). Le vrai problème du bricolage le voici : Pierre Henri et Bernard répare une charnière de coffre, travail prévu. Inemployé, j’en profite pour faire un tour d’inspection du bateau et j’en reviens avec du boulot imprévu de quoi m’occuper plus que largement  le temps nécessaire aux deux autres pour réparer la charnière du coffre.

Apéro, spaghetti alla vongole puis crème Mont Blanc, tarot, dodo.

 

Jeudi 29 novembre, en route essentiellement contre le vent, donc au moteur vers le North Sound, espèce de petit lac intérieur après avoir passé des barrières de corail et des îles défendant l’entrée . Mouillage sur bouée devant Great Bird island, dans un parc naturel. Un petit air de Tobago cays. Snorkeling (moyen, la barrière de corail a été pulvérisée par un ouragan récent, une pieuvre et une raie en plus des myriades habituelles de poissons et quelques gorgones du plus beau vert tendre) et visite de l’île sanctuaire de ces oiseaux blancs à longue queue déjà vus au large et qui s’appelle phaétons (du moins en latin).

En plus de voir des oiseaux à 1000 miles des côtes, les autres choses qui m’ont surpris pendant cette traversée de l’atlantique, c’est cette prédominance de houle croisée, on se serait cru en Manche ; ensuite, deux ou trois chutes de baromètre de 5 à 7 hp en une heure suivies d’aucune variation notable du temps et du vent (la première fois, j’étais vraiment inquiet, ensuite je m’y suis fait) ; et puis le désert complet, je croyais que l’on allait croiser plus de bateaux.

Retour à bord pour bricolage ( voile et nettoyage coque). Je commence à préparer le diner quand nous sommes approchés par un canot avec un blanc et un noir qui nous proposent des langoustes. Je crois les entendre parler espagnol entre eux. Je me lance : « habla espagnol ? » « donde estan ? ». Un vénézuélien et un de St Domingue. « iremos in Santo Domingo el febrero proximo » Celle-là, j’ai eu à la répéter 2 fois, mais ils finissent par comprendre. On poursuit en anglais, c’est quand même plus facile pour nous. Combien la grosse langouste ? 40US$. Et en EC$ ? 60 EC$ (euh, le change c’est quand même 2,7 CE$ pour un US$. Ils ne doivent pas aimer les américains). Et si on en prend une autre, vous faites un prix ? 80 EC$ les 2. C’est correct. Je descends chercher l’argent. Bernard présente un seau. Comme il ne leur en restait plus qu’une langouste après notre achat, il nous la rajoute pour le même prix. Hasta luego, hasta la vista, muchos gracias, les 2 parties sont heureuses de la transaction. Ça nous fait environ 4 à 5 kg de langouste à moins de 7€ le kg. Nous supposons que les quelques phrases en espagnol ont dû aider. De plus, avant de venir à notre bateau, ils avaient abordé un autre bateau français au mouillage et le ton un peu agressif de la négociation étaient monté à un tel niveau qu’on entendait pratiquement ce qu’ils se disaient malgré la distance.  Nous avons été tout sourire, le contraste est toujours payant, c’est le cas de le dire (fin de la leçon d’achat).

Je range mon repas prévu et on enchaine sur les langoustes en en mettant la moitié au frigo pour demain. Juste le temps de mettre un Sancerre au frais pour couronner l’occasion.

 

Vendredi 30 novembre, matinée nettoyage de coque (plein de mollusques y squattent la place) avec le narguilé et tentative de réparation avec du fil à surlier des sangles déchirées de la GV au point d’amure (on verra à l’usage si ça marche). Tour en annexe pour photos du site et promenade sur le « sommet » de Great Bird Island. L’occasion de voir que le vendredi, c’est férié. Pas de vendeuse de T-shirt, pas de day-boats avec leur cargaison de touristes. Donc l’île pour nous tout seul.

Départ en milieu d’après midi pour faire du fuel à Shell Bay marina. Vraiment pas prévu pour des voiliers, manœuvre en 6 fois dans moins de 2 mètres d’eau, le hauban couine sur la gouttière du bâtiment protégeant les pompes, vent de travers à 18 nœuds. La cerise sur le gâteau, c’est qu’ils demandent 8 EC$ pour déposer son sac d’ordure dans la poubelle. A se demander s’ils ne préfèrent  pas qu’on la vide à la mer ! Vite partir sans casse pour aller mouiller en face à Long Island dans Jumby bay, île entièrement construite de résidences touristiques de bon standing, avec une certaine discrétion et intégration au paysage.

On souhaite prendre la bière et le wifi à terre, car on capte mal depuis le bateau. Bon accueil au ponton, encouragés, cap sur le bar, on nous adresse à la réception. Accueil souriant et professionnel. Sorry, c’est private. De façon générale, nous ne servons pas de visiteurs au bar, nous en sommes réellement désolés. Pouvez-vous faire une exception pour nous (c’est complètement hors saison et il n’y a pratiquement personne dans ce superbe parc) ? Non, mais si vous le souhaitez, nous pouvons vous accueillir au restaurant pour le diner à 150 US$ par personne et nous avons une carte de vins très fournie. Blanc. Sinon, la plage est libre d’accès. OK. Nous avisons 3 chaises et nous wifions tranquillement en regardant le coucher de soleil. La bière ce sera à bord.

Voilà notre semaine d’Antigua à nous qui se termine. Ile très attachante, habitants charmants avec 3 mouillages à ne pas manquer : Green Island dans Non Such Bay, Great Bird Island dans North Sound et dans un style tout différent, English Harbour. Visiter Saint John et Nelson Dockyard, passer par Old Road, goûter aux “rotis” et boire la bière locale wadadli, nom d’Antigua en dialecte arawak.

 

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