Sao Nicolau (par Joël)

Sao Nicolau (par Joël)

Posté par : Joel
30 Octobre 2012 à 18h
Dernière mise à jour 20 Novembre 2014 à 08h
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Mercredi 24 octobre 2012 Après avoir quitté de nuit Boavista, le point le plus sud de notre périple, nous arrivons vers midi à Sao Nicolau. 3 bateaux visiteurs nous attendaient au mouillage de Tarrafal, 3 français dont un marseillais déjà vu à Sal. La pioche hésite avant de crocher. Deux poissons volants et un petit calamar dans le rail de fargue. Après repas et sieste, on se dirige en annexe vers le port de pêche pour descendre à terre et faire les formalités. A l’approche du quai une dizaine d’adolescents se bousculent pour saisir notre amarre, nous choisissons Kennedy qui était arrivé le premier et qui se fait immédiatement charrier par ses amis, bousculer et il vient s’étaler au fond de l’annexe. Moi qui avait passé comme consigne de tout prendre avec le sourire, je pousse une grosse gueulante. Kennedy, 14 ans, consigné à l’annexe, c’est Roger, 10 ans, qui nous accompagne tout l’après midi (en fait il doit s’appeler Jao mais ils semblent tous avoir un nom de guerre pour les visiteurs). Il parle quelques mots de français, assez pour nous trouver ce qu’on cherche. Il nous montre les affaires maritimes (la déclaration d’arrivée est très rapide, le monsieur est charmant mais il garde le livret du bateau pour nous obliger à faire la clearance et il ne demande pas d’argent pour la formalité d’arrivée), un bon resto à langoustes, les épiceries du coin et porte nos achats jusqu’à la caisse. Il aura 20 cts et Kennedy 50. Aucune idée si on met le marché en l’air, mais ça avait l’air OK. La promenade dans Tarrafal sous une température record pour notre périple ne nous a pas laissé un souvenir impérissable et on a eu du mal à tirer une ou deux photos. Rues assez larges, maisons sans âme de 1 ou 2 étages, dont la moitié ont encore les parpaings nus et ne sont pas terminées (elles sont construites par des capverdiens expatriés au fur et à mesure de leurs rentrées d’argent pour y passer leur retraite). Bières bienvenues à la terrasse d’un bistro où un groupe de marcheurs ornithologues anglo-canadiens récupérait en écoutant leurs enregistrements de chants d’oiseaux. A nouveau beaucoup d’hommes désœuvrés dans les rues. Petit marché sympa près du port de pêche. Jeudi 25 octobre, dans 2 mois Noël. Tous les bateaux visiteurs ont quitté le mouillage ce matin, nous sommes les seuls non locaux. Il reste un allemand qui est stationné ici sur un cata avec une capverdienne de Sao Antao qui lui fait le ménage, entre autres. Sa spécialité (à ce qu’on nous a dit) est la chasse au requin dont il ne prélève que l’aileron, sans doute pour les chinois de l’île ou peut-être d’ailleurs. Ce coup-ci, ils s’appellent Hamilton (petit rasta d’une douzaine d’année, cheveux en queue de cheval partiellement teints en blond, T-shirt rouge et jaune España en charge de l’annexe) et Francili, 22 ans, petit, mince mais athlétique, barbe et moustache éparses, qui sera notre guide pour la journée. Francili est allé à l’école de 7 à 10 ans, assez pour lire, écrire un peu et sûrement compter. Depuis il aide des pêcheurs, soit au gros, soit en apnée au fusil sous-marin. Son titre de gloire : une murène de 10 kg, la flèche direct dans la gueule ouverte de l’animal. Il a aidé un français qui avait une demi-douzaine de bateaux de pêche au gros, il a sillonné avec lui tout l’archipel et incidemment a appris suffisamment de français pour servir de guide. La fréquentation des clients de son patron lui a permis d’apprendre aussi l’anglais et l’italien. Puis son patron a tout revendu et est parti vivre sa retraite en France. Le Cap Vert est réputé pour des prises record de gros poissons. La pièce reine est le marlin bleu, poisson nageant à plus de 140 km/h (j’y crois pas), pris pour la photo et ensuite remis à l’eau (c’est la torture de la baignoire à l’envers). Francili s’est spécialisé dans le navigateur français. Il guette l’arrivée des bateaux au mouillage et se positionne dès 8h du matin à la cale aux annexes pour attendre les français qui vont à terre. Il a bien un concurrent, un cousin à lui, mais trop fainéant pour se lever si tôt. Hier il a « fait » les marseillais, avant hier l’autre bateau (des bordelais), aujourd’hui nous, c’est une bonne semaine pour lui. Il ne veut surtout pas quitter son île, habite chez maman et a 3 frères et 3 sœurs, famille capverdienne classique. Nous refusons sa suggestion de louer une voiture avec chauffeur à 7 000 escudos (70€) et choisissons les aluguers, entre mini-bus et taxi, parfois pick up qui sillonnent les routes en quête de clients à transporter. La journée en aluguer, à 4, nous reviendra à 2200 escudos et nous aura fait côtoyer la vraie vie des locaux : les tours et détours dans les villages à coups de klaxon pour remplir le véhicule, le chauffeur qui fait demi-tour au bout de quelques kilomètres pour aller gonfler ses pneus(bonne idée), les odeurs de poisson, les rires, la nièce et la tante qui s’engueulent pour savoir si c’est le bon moment pour tuer le cochon, la drague des hommes et la coquetterie des femmes. Départ de Tarrafal pour une montée de 700 mètres sur une route superbe (construite par les français) jusqu’au col à Cachaco. Ribeira Brava apparaît 500 mètres plus bas dans un superbe cirque volcanique verdoyant et déchiqueté. Nous quittons l’aluguer et faisons la descente à pied par le chemin muletier au milieu des cannes à sucre, mais, bananiers, manguiers, sisal, lantana et liserons. Des fontaines avec de jeunes capverdiens de corvée d’eau. L’eau courante n’est pas la règle générale et elle est coupée dès que l’argent manque pour payer les factures. Les maisons de Ribeira Brava n’ont pas beaucoup plus de cachet que celles de Tarrafal, mais la ville ressemble à quelque chose avec ses rues étroites et parfois tortueuses, ses nombreux magasins et l’animation marchande qui les entourent. Belle place centrale avec la cathédrale (intérieur harmonieux sur les bleus). Nous croisons l’évêque à la barbiche blanche taillée à la Ho Chi Minh. Après un café sur une terrasse surplombant le jardin public très bien entretenu, un peu de change, la visite du marché, on reprend un aluguer pour aller à Preguiça, village de pêcheurs en partie abandonné, au môle dévasté par les tempêtes mais avec plein d’enfants à l’école, tous en uniforme bleu clair. Francili a travaillé ici pour des pêcheurs et il connaît du monde dont de très jolies filles (vous aurez les photos dès que j’ai retrouvé de la capacité sur internet). D’ailleurs Ribeira Brava est réputée pour avoir les plus belle filles de l’île et peut-être même de l’archipel. C’est vrai qu’elles sont nombreuses à être très jolies. D’après Francili, les pêcheurs que l’on voit au loin dans la baie sur la barque pêchent la langouste avec des bouteilles. Un complice fait le guet et les prévient par portable si la police de Ribeira Brava fait une patrouille. Ils risquent très gros et il y a de moins en moins de langoustes. Le prix monte à 15€ le kg. On déboule au restaurant de Preguiça qui n’avait pas dû voir de clients depuis l’indépendance du Cap Vert. Francili négocie durement avec Ismelda un poulet au riz qui nous sera servi une heure et demi plus tard. Ils ont sans doute dû aller en ville acheter le poulet. Quant à la salade qui devait l’accompagner, Ismelda nous dit qu’elle est loupée et qu’elle ne nous la servira pas. Le riz était délicieux. Une petite ballade sur l’inévitable fort portugais en ruine et à l’école. L’école fonctionne le matin avec un groupe d’élèves et l’après midi avec un autre, 6 jours par semaine, avec 3 semaines de vacances par an (Pâques, Noël et Carnaval) et un seul instituteur. Ça interpelle, non ? Un nouvel aluguer pour retourner au col à Cachaco pour l’ascension du Monte Gordo à 1350 mètres, point culminant de l’île. 500 mètres de dénivelé avalés en une heure et là haut un spectacle qui fait penser à la Réunion, Mafate ou Cilaos, à l’échelle un demi, superbe. Au nord, des pitons à moitié enfouis dans les nuages ; au sud, des ravins déchiquetés et crènelés où les ombres jouent aux chinois. Vol de pintades sauvages, bosquets de lantanas et d’euphorbes, vent frais et agréable. Descente en courant en 35 minutes et attente de l’aluguer de retour à Tarrafal qui sera un pick-up : caillante à l’arrière sur T-shirts en nage. Eau fraiche et grog à l’arrivée. On règle Francili (2000 escudos négociés le matin) et Hamilton, 100 escudos pour l’annexe, il râle et on ajoute 50 escudos. Il a l’air heureux. Vendredi 26 octobre, un peu de nettoyage intérieur/extérieur du bateau et on part pour une plage au sud est de Tarrafal, Baixo Rocha ou Rocra, à une heure de marche, décrite comme magnifique. Aucun comité d’accueil pour l’annexe (peut-être qu’on ne paye pas assez ou que c’est jour de contrôle à l’école). Les pêcheurs nous disent où mettre l’annexe, pile poil sous les écoulements du stand de nettoyage des poissons (d’où nettoyage d’annexe au retour). Un passage aux autorités maritimes pour la clearance, récupérer les papiers du bateau et payer 700 escudos. Accueil à nouveau charmant et administration rapide. Une heure dix de marche le long de la côte, spectacle semi-désertique de laves, rares herbes, quelques taureaux et vaches apathiques (heureusement) pour arriver à un vrai bijou. Une petite plage d’environ 200 mètres de long, irrégulière, de sable blanc en dunes, au pied d’orgues basaltiques noires, une eau turquoise encadrée de récifs noirs et sous les orgues, des mini grottes naturelles pour se mettre à l’ombre. Un héron et une aigrette s’envolent à notre arrivée. Baignade bien méritée, visite du site et je me retourne : Bernard et Pierre Henri sont rhabillés, prêts à partir, cela fait une demi-heure que l’on est arrivé. Comme une réminiscence, n’est-ce pas Annie ? Retour contre le vent et sous le soleil de midi, une heure dix à nouveau, les provisions d’eau s’épuisent vite. Resto, bateau, sieste. Francili qui nous avait promis des langoustes, ne les a sans doute pas trouvées. Un peu de bricolage puis diner (crudités, purée courge/pdt et lomo, papaye), internet, tarot et dodo. La météo paraît bonne, demain on part pour Santa Luzia.

Bonjour ! Vraiment très intéressant votre blog et très riche en infos pour nous " débutants en croisières" , je viens tout juste de le decouvrir , merci :)) Je vois " bateau à vendre en 2014" , dommage car intéressant pour nous mais trop loin , si vous changez d avis faites le nous savoir svp , Ces bateaux sont rares en occasion . Merci , Et belle croisière ! Chantal

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