ma route pour Madère (par Joël)

ma route pour Madère (par Joël)

Posté par : Joel
25 Mai 2012 à 13h
Dernière mise à jour 20 Novembre 2014 à 08h
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En route vers Madère

 

 

Je me rappelle avoir vu entre Cascais et Sinés un tronc flottant assez volumineux que l’on a passé à 100 mètres environ. C’est pour minimiser les conséquences de telles rencontres que l’on a choisi une coque en alu plutôt qu’en plastique.

 

Notre dernière grande traversée fut le golfe de Gascogne avec son lot d’appréhension  et de froid. Aujourd’hui, rien à voir : grand soleil, mer pas trop agitée malgré le coup de vent de la veille, équipage bien rodé et amariné, pas encore de l’euphorie mais de la sérénité.

Déjà, à la différence du golfe, je cuisine, lentilles-cotes de porc en plat de résistance, une salade et un fruit pour ce premier midi. Lentilles bof ? mais avec oignons rissolés, ail et miettes de tomates séchées, ça a une autre gueule tout de suite.

Bon c’est vrai que pour limiter les risques j’ai pris un demi mercalm et pendant la préparation et la prise du repas, on a réduit la gîte en prenant un premier ris pas tout à fait nécessaire et on a choqué la GV pour éviter que le bloc cuisine ne vienne en butée sur le bois.

Bientôt 14h 30 et mon quart, attention aux coups de soleil, préoccupation vraiment innovante depuis le départ. Vers 15h la cote va disparaître derrière nous.                                                   

Mais auparavant au loin, une cheminée d’usine ? non, il n’y a pas de terre dans cette direction ; un bateau qui brule ou dont la cheminée est mal réglée ? ça n’y ressemble pas ; des tirs d’artillerie ? ça y ressemble, mais peu vraisemblable ; non, un troupeau de baleines (ou équivalents) au loin (au moins 1 ou 2 milles d’après nos estimations) qui nous souhaite bonne route en signalant leur présence par des geysers d’eau au moment de reprendre leur respiration.

Beaucoup de cargos et même un paquebot pendant que le vent a choisi de faiblir un peu. Route de collision, on se déroute, le cargo aussi  (on est prioritaire), on se déroute un peu plus, lui aussi, nous encore, il arrête  de se dérouter, on passe à 0,2 milles, derrière ; c’est trop angoissant de passer si près devant un cargo.

Diner semoule, pois chiches, ratatouille d’aubergines et échantillonnage de saucisses portugaises, pas vraiment un grand moment de gastronomie, mais ça tient au corps et pour une nuit qui s’annonce plutôt fraiche (3 sous-couches mini), c’est bienvenu.

Toile anti-roulis pour Jean Paul qui va dormir dans la carré, thermos de tisane chaude pour les hommes de quart, décision sur la voilure pour attaquer la nuit (on ne change rien, le vent faiblissant un peu), on se prépare à cette première nuit de traversée dans le calme et la sérénité. J’ai sorti la carte du ciel de nuit (et des étoiles pour les reconnaître). Il faut meubler le temps, nous sommes sortis des lignes de cargos, pas de pêcheurs, donc tout le temps pour admirer les constellations.

1h 30, mardi, je suis de quart depuis une heure. Vent 6 à 9 nœuds, pas assez, le bateau gémit de tous cotés : les voiles claquent dans le clapot, les poulies cognent quand les écoutes se retendent et les vaguelettes qui viennent cogner contre la coque comme contre la peau d’un tambour : c’est vivant et bruyant un bateau.

J’ai repéré la constellation du dauphin, Cassiopée (facile) et Altaïr. Un cargo est passé loin derrière. J’ai bu un verre de tisane.

On voit encore le reflet des lumières de Sinés à presque 100 milles. En Manche on voit toujours les lueurs d’une côte (sauf par temps complètement bouché).

On fait des quarts de 2h30, sauf de 10h30 à 14h 30. Cela fait 9 quarts par jour, donc on décale d’une place tous les jours. Le plus dur c’est 3h à 5h30. Je l’ai fait lors de la dernière navigation de nuit. Cette nuit, c’est au tour de Jean Paul de s’y coller. Pierre Henri prend le quart suivant, puis Bernard et à nouveau moi. Cela nous laisse au minimum 7h30 de battement entre 2 quarts, c’est royal.

Nuit sans lune, sans dauphin et sans étoile filante, juste le ciel à contempler et les bruits à écouter pour s’assurer que tout paraît normal.

La fin de quart approche, le vent est un peu revenu et les vagues chantent maintenant le long de la coque du bateau, la plupart des bruits parasites ont cessé, le bateau revit. Jean Paul est déjà réveillé. Un dernier relevé horaire dans le cahier de quart et dodo.

8h15, mardi, empannage, réveil bruyant mais enfin j’ai dormi près de 5h et je me sens bien. Petit déjeuner complet comme à terre.

Ciel à moitié couvert, un petit coup des Stones (after math) pour compléter le réveil

Il fait doux dehors mais on supporte bien le T-shirt et même un peu plus, Bernard actuellement en quart a au moins 3 couches.

Prendre la météo en portugais sur le Navtex. Pas d’avis de coup de vent, anticyclone stationnaire, vent force 2 à 4, houle 1 à 2 mètres (en fait on a une impression de mer beaucoup plus plate).

Un cargo à plus de 10 milles qui se dirige vers Gibraltar.

Un petit cachalot d’environ 5 mètres qui prend 2 respirations à une centaine de mètre du bateau et disparaît avant d’avoir été immortalisé par une photo.

 

Entre temps on a remplacé le solent de nuit par le geenacker.

2 des 3 lignes de pêche se sont emmêlées, temps et patience pour tout remettre en état.

Demande de fichier navimail qui confirme les prévisions d’il y a 48h et qui valide l’option plein sud que l’on a pris depuis l’empannage de 8h15. Il y a toujours une grosse bulle sans vent persistante sur la route directe. Nouvel empannage prévu vers 21h ce soir au moment du passage en voiles de nuit (on réduit toujours un peu la toile la nuit pour le confort et la sécurité).

Déjeuner : apéro avec crudités, pistaches et olives noires, puis poulet braisé avec oignons (rissolés bien sur), pdt cuites avec le poulet et miettes de jambon et couenne de jambon espagnol pour relever le tout, sans oublier un peu d’ail.

Empannage à 14h en avance sur le planning du matin.

14h30, c’est l’heure de la sieste, Jean Paul veillant sur nous.

18h, le temps passe vite entre la lecture du Monde d’il y a 10 jours, ses mots croisés, son sudoku, la pêche (toujours infructueuse) et quelques siestes flash, Pierre Henri nous appelle pour assister aux ébats d’une bande de dauphins qui entourent le bateau pendant une quinzaine de minutes. Jean Paul tire des photos par dizaines ou centaines, va dire. Certaines seront réussies.

Il faut recharger les batteries, on démarre le moteur. L’alternateur ne charge que 15 Ah au lieu des 45 attendus. On se plonge dans les manuels (en fait surtout Bernard). On arrête, redémarre le moteur, c’est pire 10Ah et 13,4 V. Bernard veut mesurer l’ampérage en sortie d’alternateur et découvre un fil débranché. On arrête le moteur, rebranche le fil, redémarre le moteur, 35Ah et 13,7 V ; c’est pas parfait, mais c’est très bon comparé à la situation précédente. Bernard, toujours un peu perfectionniste,  continue de tourner autour du moteur et demande de passer à 1000t/mn. Eureka, on passe à 45 Ah, l’objectif. On va pouvoir dormir tranquille tout en ayant pas complètement compris pourquoi une cosse s’était débranchée, les vibrations peut-être. Merci Bernard. Dernière question : pourquoi avec une cosse débranchée, ça chargeait quand même un peu ? Suspense !

Arroz con calamares in su tinta, très bien pour le diner, souvenir du Carrefour de Sanxenxo.

Le vent tombe. D’après nos fichiers météo, il faut aller chercher le vent vers le sud. Nouvel empannage. En route vers le sud pour cette nuit, bâbord amure.

Le soleil se couche dans des nuages, mais tout le reste du ciel est clair, la nuit s’annonce moins froide que la précédente, l’eau de mer s’approche des 20 degrés, on tient le bon bout.

Arrivée Porto Sancto au plus tôt vendredi d’après nos fichiers.

23H, je suis de quart depuis une heure. J’ai vu les étoiles apparaître, le premier quartier de lune se coucher.

Le vent reste faible et tourne sans arrêt. Ca cogne et bat de tous cotés. Il faut faire varier le cap en permanence. Il faut lofer pour empêcher les voiles de battre mais le moins possible car on fait alors de l’est dans notre sud et ce n’est vraiment pas la bonne direction pour Madère. D’un autre coté, on n’a pas à se plaindre : 2 jours de petit vent étaient prévus dans nos fichiers météo au moment du départ de Sinés et c’est ce qu’on a.

 

Sinés, patrie de Vasco de Gama mais aussi berceau des luttes syndicales du Portugal depuis le début du 20ème siècle. Significativement, des plaques commémorent différents mouvements de grève, le musée de la ville (gratuit) y consacre un étage, le parti communiste a son siège dans la rue principale, 2 voitures rouges garées devant . La ville a une très vieille tradition ouvrière, portuaire et halieutique, ceci pouvant expliquer cela. Au début du 20ème siècle plusieurs milliers de personne vivaient de la transformation de l’écorce du chêne liège. Sinés se vante aussi d’avoir été le berceau des mouvements écologistes portugais par son action contre la pollution de sa plage par les industries environnantes dans les années 80.

Comme indiqué dans le guide Imray, on peut se promener dans la ville sans jamais voir les usines qui paraissent omniprésentes lors d’une arrivée par la mer. C’est une ville perchée sur une petite falaise dominant une baie fermée par 2 digues avec, en regardant l’océan, à droite le port de pêche, à gauche la marina et au milieu la plage avec son pavillon bleu.

Le centre a quelques maisons intéressantes mais aurait besoin d’un ravalement. Gros investissements en cours dans le tout à l’égout, le pavage des rues et l’aménagement du front de mer. Les travaux semblent ralentis.

Le château dont ne subsiste principalement que les murs d’enceinte abrite un petit musée déjà évoqué où on trouvera le récit de la vie de Vasco de Gama, les résultats de fouilles archéologiques locales et des souvenirs de la vie dans Sinés au début du 20ème siècle (dont ses grèves). La cour du château abrite aussi un festival de musiques du monde très bien  présenté au travers d’une vidéo dans le musée.

A noter pour ses azulejos et son trésor dont un remarquable christ en croix en ivoire polychrome, la chapelle de Nostra Senhora de las Salas.

Enfin pour terminer, un très bon restaurant (quoiqu’un peu cher pour les standards portugais) dans l’ancienne gare de Sinés remarquable pour ses azulejos.

 

C’est pas tout, il va falloir empanner, le vent refuse de plus en plus et il n’est pas dans nos plans d’aller sur Gibraltar. J’attends le réveil de Jean Paul pour son quart et on va y aller.

 

Une nuit passée à guetter le vent qui variait en direction de plus de 30 degrés à tous moments, plusieurs empannages plus tard, on est mercredi matin et on va bientôt passer la mi-chemin mais que notre route est zigzagante ! L’eau est à plus de 20 degrés, le ciel clair, le vent 8 à 10 nœuds toujours aussi variable en direction. On va arrêter le bateau et prendre une douche dans la jupe arrière, on a pas mal transpiré depuis hier et la journée s’annonce chaude.

9h45, mi-chemin pile poil en 48h pile poil.

Un seau d’eau de mer à 20 degré pour se mouiller (hurlements), on shampouine le corps, un autre seau d’eau de mer toujours à 20 degrés pour se rincer puis un petit litre d’eau douce à la douche de pont pour se dessaler. On avait tendu une aussière sur le portique comme garde du corps.

Pendant les 3 douches, on avait enroulé le geenacker et mis le moteur pour recharger les batteries et pour être plus rapidement manœuvrant si l’un de nous était tombé à l’eau.

On décide donc de mettre le spi. 30 minutes plus tard, et quelques tâtonnements qui ont enrichi notre learning curve,  une nouvelle voile bleu, blanc, rouge propulse le bateau. Un peu de réglages puis le pilote en mode « wind », un peu de tâtonnement en mode high (sa phase d’apprentissage), puis très vite il repasse en mode low et nous fait gagner 10 degrés en cap et 0,5 à 1 nœud en vitesse par rapport au geenacker.

Le soleil donne, 2 cargos à l’horizon, on attend nos mammifères marins, les voilà, une dizaine de dauphins interrompt sa chasse pour venir nous saluer quelques minutes.

 

Salade de chou chinois, tomates et poivrons avec un peu de Manchega et une large pointe de moutarde de Dijon, cote de bœuf de Cascais avec jueves de Viana et tomato frito de Nazaré, une revisite de nos escales portugaises dont mon bermuda a voulu avoir sa part (gagné, les laveries de Porto Santo ont intérêt à réapprovisionner du produit de lavage).

Une sieste plus tard et 2 nœuds de Machart simple (après un échec avec le nœud de bosse), les écoutes de spi sont passées à l’intérieur des filières à la différence du geenacker où elles doivent être passées à l’extérieur.

Il fait moins chaud que prévu, le vent du nord reste froid. Un petit tarot à 3 sans l’homme de quart (on est très dur) avant le repas du soir, le spi continue vaillamment de nous tracter depuis plus de 7 heures et le pilote assure.

Ce soir omelette avec poivrons et oignons confits relevé d’un peu de jambon cru, spaghetti et fromage râpé de Sanxenxo (merci Frankie) pour les gourmands.

On rentre le spi sans problème, on établit le geenacker pour la nuit sans oublier de repasser les écoutes à l’extérieur des filières, le vent restant scotché à 8/10 nœuds. Très beau coucher de soleil.

Un gros tanker file vers le nord. Les feux de route sont allumés, la vaisselle se termine, l’équipage prend ses dispositions pour passer une troisième nuit en mer : les réveils sont programmés, les habits chauds sortis de l’armoire, les boules Quies affûtées, le thermos a sa tisane chaude, les biscuits sont près de la table à carte. On a répété la procédure pour rentrer le geenacker et établir le solent si le vent forcit plus tôt que prévu.

Troisième journée de bredouille à la pêche mais des mitraillettes tapissent le fond de l’océan ou la glotte de trop gros poissons.

Le premier quart de nuit, 19h30 à 22h, est vraiment sympa : jusqu’à 21h tout l’équipage est encore debout, ensuite le spectacle est dehors avec le premier quartier de lune, l’apparition des planètes puis des étoiles juste avant d’aller se coucher pour un prochain quart débutant à 5h30, ce qui n’est pas trop tôt.

Relevé de 6h fait. Consignes passées à 5h30 : vent mollissant, houle de quart face, voir réglage des voiles car le bateau se traine un peu en SOG. En fait, en plus de la houle, on doit avoir un léger courant de face qui nous fait perdre 0,5 nœuds.

Bernard a vu des dauphins cette nuit faire des arabesques autour du bateau, c’est toujours magique.

Au loin des feux, gros bateau loin ou pêcheur près ? un premier relèvement au 250, un deuxième quelques minutes plus tard au 235, il va largement passer devant et c’est un gros.

Le GPS traceur affiche l’ETA : pas la lettre grecque ni le mouvement basque mais l’estimated time of arrival. 12h15 d’ETA, on sait qu’il parle de demain. En fait c’est l’heure où on parera l’ilheu da Cima située à l’extrémité est de Porto Santo, il restera encore une heure pour rejoindre un mouillage ou le port. Avant il affichait aussi des heures, mais on ne savait pas trop de quel jour il parlait, surtout lors de nos bords vers le sud est avec une VMG (velocity made good) négative.

Dès 5h30 la lueur du jour s’immisce imperceptiblement, maintenant tous les détails sont clairs, étoiles et planètes disparues, il ne reste plus au soleil qu’à apparaître.

Un petit frichti pour faire passer le temps, je ressors au moment où 4 dauphins sautent de façon synchronisée le long du bateau et vont jouer quelques instants avec l’étrave.

8h, jeudi, fin du quart et fichiers météo corrects pour une arrivée demain, mail de nos épouses.

Il reste 120 milles, une traversée de Manche, ça sent l’arrivée.

Pour moi, la traversée n’est pas une fin en soi ; c’est l’arrivée, les paysages, les personnes à rencontrer, les bateaux à fraterniser, la découverte, voilà le but. La traversée est un moment hors du temps, fait de petits moments complices, de longs silences (tout relatif, le bateau se chargeant de monter le niveau des décibels), de longues siestes et de courtes nuits, de repas pris en commun, de météo discutée ainsi que des options de route et de toile. C’est pour ce dernier point que l’on n’a pas acheté le logiciel de navigation Maxsea et ses calculs de route optimale, pour exercer notre jugement et laisser un peu de place au hasard. Sachant que l’on ne fait pas la route optimale avec le jeu de voile ad’hoc, cela ôte toute pression sur l’heure d’arrivée qui arrivera quand elle arrivera.

Depuis hier une très longue et très haute houle de nord, reliquat du coup de vent sur Charcot du début de semaine. Certains creux font 3 à 4 mètres mais les arrondis sont très plats et tout cela n’est pas du tout menaçant. Ca perturbe juste le pilote qui n’arrive plus à fonctionner de façon satisfaisante en mode vent, les variations de vent apparent étant trop importantes entre les creux et sommets de la houle. Comme le vent a refusé, on reste sous geenacker, pas de spi aujourd’hui, peut-être même le solent ce soir quand le vent passera nord ouest en forcissant un peu selon les fichiers météo.

A midi, après la salade de tomate, concombre, mais, pousses de soja et jambon cru, cotes de porc avec des conserves de carottes, haricots verts et beurres agrémentés d’oignons et ail rissolés. Pour conclure, Bernard nous a découpé des mangues un peu filandreuses qui auraient peut-être mérité un bain de crème chantilly pour rehausser leur goût.

Moment calme de sieste, le vent de nord pas très chaud, mais le bimini est à poste car le soleil devient réellement tropical. Eau de mer à 21,5 degrés.

Tarot dans le cockpit avec thé vert et petits biscuits, le bateau poursuit sa course un peu gité car le vent est passé nord ouest et file à près de 6 nœuds en SOG pour un vent réel de 8 nœuds. Le geenacker toujours efficace avec un vent apparent à 60 degrés.

Chacun étudie les guides sur Porto Santo et Madère : il va y avoir plein d’avis éclairés au moment des décisions stratégiques (ou est-ce qu’on se baigne, quel resto on choisit, ..).

Repas du soir avec pdt rissolées à l’huile d’olive, ail et tronçons de saucisses portugaises finalement assez bonnes, en entrée apéro avec tapas à base de rillettes du sud-ouest, fromage, fruits frais.

Le vent faiblit à 5 nœuds, loin des prévisions de 15 nœuds. On finira bien par arriver. Le seul souci est qu’avec ce vent on va garder le geenacker et que si le vent forcit, il faudra le rentrer de nuit. L’équipage n’est pas chaud et je pense qu’on va le rentrer avant l’extinction des feux.

Ce soir on passe le pilote en mode Nav pour atterrir où l’on a prévu et pas où la dérive du bateau nous entraînera.

On rentre donc le geenacker et sort le solent avec des nuages noirs qui se rapprochent depuis le nord. Bonne nuit.

Petite pluie abat grand vent, mais abat aussi petit vent. A la relève de minuit 30, démarrage du moteur dans une pétole complète : petite impatience d’arriver. Adieu sommeil.

Le plancton phosphorescent dans le sillage, la lueur du phare de l’ilheu, de rares étoiles au milieu des nuages. Le vent monte un instant à 8 nœuds puis rechute, puis remonte à 8 nœuds encore, espoir d’arrêter le moteur ? Solent sorti, moteur arrêté, averse, vent à 2 nœuds, attente fin d’averse voir si vent redémarre. Pétole et pluie, voilà le menu de cette nuit chaude : après avoir ôté diverses couches, me voici en T-shirt et jean, du jamais vu.

Beaucoup de points lumineux dans diverses directions : on se rapproche d’une côte et les bateaux se multiplient. Il va falloir être vigilant, mais au moins avec le moteur, on est parfaitement manœuvrant.

4h, je vois l’éclat du phare en direct.

Un gros nuage noir s’approche, bien visible au radar. Le vent monte devant le nuage mais je résiste à l’envie de renvoyer la toile, le vent va rechuter dès le front du nuage passé, je profite de la brise dans la GV pour avancer 2 nœuds plus vite.

4h30, on voit les lumières de la côte. 2 bateaux de pêche font route avec moi, un devant, un derrière.  Autres lueurs au nord pour 2 autres bateaux sans doute. Une au sud ouest pour Madère ou un autre bateau ?

C a y est, j’ai craqué, moteur arrêté, solent envoyé, on file à plus de 6 nœuds dans un vent déjà mollissant.

Jean paul prend le quart à 5h30, le vent forcit à 17 nœuds, il me réveille pour me demander les instructions que j’avais oubliées de lui donner. On ne change rien jusqu’à 18 nœuds apparents, puis prise du premier ris, je lui rappelle l’enchaînement de la procédure.

A 6h45, Jean paul me réveille, on est à moins de 30 minutes de Porto Santo, le vent toujours à 15/17 nœuds mais les nuages sont partis et il fait beau et déjà chaud.

Je prend la barre pour rester éveiller, le spectacle est magnifique avec les récifs et ilots à l’est de Porto Santo et les pics de quelques centaines de mètres, camaïeu de rouge, ocre et gris, couronnés du vert des essais de plantation d’arbres, mer bleue, quelques oiseaux inconnus qui nous changent des goélands et cormorans.

Voiles affalées, on repère une place en bout de catway, amarrage de routine à 8h, rangement du bateau (un peu…), petit déjeuner dehors sous le bimini.

Puis les 45 minutes de formalités à chaque fois que l’on touche un nouveau port : douane (un jeune homme) et marina (une jeune femme, on garde toujours le meilleur pour la fin) qui me demandent et notent à peu près la même chose, réduction de 30% pour STW, on rentabilise bien nos cartes..

Douches bienvenues puis la borne wifi et je suis prêt à envoyer cette note.

Quelques jours sans trop de navigation pour visiter Porto Santo et Madère avant de repartir vers les Canaries.

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