la croisière de neuvage de Tri Martolod (Joël)

la croisière de neuvage de Tri Martolod (Joël)

Posté par : Joel
26 Mai 2011 à 09h
Dernière mise à jour 20 Novembre 2014 à 08h
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Le bateau c’est les rencontres, c’est la recherche de soi-même, c’est l’immensité et l’humilité et plein d’autres choses.

Je vais vous parler des rencontres, surtout les imprévues.

 

La première a eu lieu à Cherbourg avec un  jeune couple, leur fille et un chat qui quittent Cherbourg 2 jours avant nous et que l’on retrouvera à Camaret trois semaines plus tard, nous sur le chemin du retour, eux sur l’aller pour leurs années sabbatiques en méditerranée. Nous avons le même bateau. Ils ont eu des problèmes de têtière de grand voile, nous aussi, ça rapproche. Le chat a le mal de mer. Je ne sais pas si je plains plus le chat ou les humains.

 

Nous partons de Cherbourg le mercredi 6 avril et nous faisons peu de rencontres avant l’Aber Wrach atteint au bout de 3 jours via Guernesey et Trebeurden où nous étions le deuxième bateau visiteur de la semaine.

 

Dans la marina de l’Aber Wrach, nous étions au ponton à coté d’un grand jeune belge barbu, brun,  qui a construit son voilier en acier sans trop s’encombrer d’ouvertures et de hublots.  Il a bricolé un régulateur d’allure dans des morceaux de caisse en bois de récupération. Son projet : le Brésil avec un bateau qui nous paraît être à l’opposé du notre si ce n’est la solidité. C’est la première vraie rencontre que l’on fait. Un peu timides sans doute, nous ne poussons pas très loin la discussion surtout que l’on subit la première invasion des amis et familles qui viennent visiter le bateau (2 des tri martolod sont bretons si vous avez loupé les épisodes précédents).

 

Une bonne douzaine de visiteurs rien que pour l’escale de l’Aber Wrach. Je vais juste en mentionner les retrouvailles avec Fanch et Maguy, pas vus depuis 30 ans et chaleureux comme si l’on s’était quitté la veille. Retrouvailles fêtées et prolongées par un arrêt de 24h à l’aller et au retour. De superbes ballades vers les dunes de Ste Marguerite ou vers le chantier du père Jaouen en amont de l’aber. Que vous soyez joggeur ou marcheur, n’hésitez pas, vous êtes au bout de l’Europe, c’est superbe. Avec un faible tirant d’eau, vous pouvez aussi remonter l’aber, la vallée est superbe.

Seul bémol connu à l’Aber Wrach : les commerces à 2 km (en montant) mais nous on connaît Fanch qui nous a véhiculé (encore merci).

Le guide Imray parle de bistrots sinistres : il doit s’agir d’une erreur de traduction, les bistrots sont sympas et animés assez tard grâce à la présence toute proche du centre UCPA.

Un restaurant aussi à recommander (l’écailler des abers), on y est allé 3 fois. La potée du pêcheur, un peu chère peut-être, mais on en a pour son argent, ses papilles gustatives et plein l’estomac (arriver à jeun après une traversée éprouvante, c’est mieux). Pensez à réserver en saison ou le week end.

 

Nous avons continué notre tour de Bretagne, visiblement en saison creuse avec peu de navigateurs rencontrés jusqu’à Locmiquélic atteint 12 jours plus tard où le skipper de ‘gangster’ (c’est le nom de son bateau) nous a aidé à nous amarrer. Je ne sais pas si le nom de son bateau est sa raison sociale (J) , mais voilà un homme heureux qui semble passer sa vie sur son bateau et aime le faire marcher. Nous l’avons retrouvé le lendemain au mouillage devant Penfret et avons encore discuté un moment. Beaucoup de chaleur humaine et d’empathie de sa part. Mais il fallait rentrer sur Ste Marine où nos femmes nous attendaient et nous lui avons dit au revoir, certain de le revoir un jour dans un lieu improbable.

 

Aussi, je voulais relater une rencontre à l’ile aux Moutons dans l’archipel des Glénan que tout marin superstitieux ne va pas lire et doit passer directement au paragraphe suivant. Cette île est peuplée d’énormes lapins (sans doute la sélection naturelle). Mais le plus étrange, nous en avons vu un se jeter à l’eau et nager pour passer de l’autre coté d’un rocher alors qu’il avait toute la place pour se sauver par un chemin terrestre.

Bon, les lapins ça ne ronge pas les coques en alu, c’est pour cela que l’on a décidé que nous n’étions pas concernés par cette superstition. Les autres peuvent reprendre leur lecture.

 

Un week end de Pâques à l’Ile Tudy à l’invitation de Pierre Henri, sous un soleil magnifique comme pour tout ce mois d’avril, où nous nous sommes retrouvés à 27, amis et familles, pour le baptême du bateau. De courtes navigations entre Ste Marine, l’Odet et l’ile Tudy avec une vingtaine de passagers au total ont ponctués ce week end de bonheur.

 

Puis nous avons amorcé le retour vers Cherbourg. On sentait la saison démarrer avec plus de rencontres à venir.

A Audierne, le skipper d’Hyménée qui prend nos aussières, devant d’abord, face au courant et au vent, puis derrière pour aligner le bateau. Il nous fait gentiment la remarque qu’il fait cette manœuvre tout seul en attachant le bateau avec une aussière frappée au milieu du bateau. Je plaisante en disant que ce n’est pas comme ça que j’ai appris aux Glénan. C’est aussi un ancien des Glénan. Il me rappelle que dans le temps (de notre temps autrement dit), il n’y avait pas de taquet au milieu du bateau. J’avais aussi lu la manœuvre décrite par un navigateur solitaire dans Voiles et Voiliers. Désormais, à chaque fois que c’est possible, nous nous amarrons d’abord au milieu, c’est la manœuvre « hyménée ».

 

 A Camaret rencontre avec le chat malade dont j’ai déjà parlé.

 

A l’Aber Wrach, le retour, où, après un accostage musclé sur un bateau hollandais, nous avons discuté avec lui  le temps de lui remplacer un feu de mouillage cassé. C’est un juriste qui travaille 4 heures par semaine pour son employeur depuis son bateau et qui est parti sans destination précise en Atlantique. Elle n’est pas belle la vie ?

Mais j’ai mieux, un couple d’australiens, anciens régatiers de haut niveau, qui a acheté un bateau de 41’ (Scarlett) à Jersey et partait pour 5 années sabbatiques en méditerranée. Ils pensaient rentrer en Australie l’hiver et naviguer 6 à 9 mois par an en méditerranée. Bien sûr un juriste aussi : n’est-ce pas un beau métier ?

David et Shanny (orthographe approximative) que l’on a eu au café et digestif à bord (on s’enhardit et on commence à vaincre notre timidité).  Shanny passionnée de rugby, on lui a fait cadeau du dernier Midi Olympique pour qu’elle continue à travailler son français. Très surprise qu’un journal puisse paraître 2 fois par semaine en France en ne parlant que de rugby. Ils sont venus à bord avec une bouteille de Cotes du Rhône. On leur a expliqué que la tradition française était de la boire plus tard en se souvenant d’eux (ce que l’on a fait). J’espère qu’ils ont compris. Ils ont trouvé notre whisky et notre porto à leur goût. Ils étaient arrivés la veille sous voile par un bon force 5 par le passage de la malouine sans bien sûr connaître le coin- gonflés ces australiens.

Le lendemain ils partaient découvrir la région à vélo, mais pas n’importe quels vélos, des vélos de course qui pesaient environ 6 kg (chacun) et qu’ils avaient à bord. Le soir, ils trouvèrent qu’il faisait trop froid pour des gens vivant sous les tropiques, ils sont partis vers le sud à la voile. On s’est donné rendez-vous en 2014 quelque part en méditerranée en laissant faire le hasard.

 

Le reste s’est fait avec peu de rencontres et beaucoup de miles. A noter que dans tous les ports, nous recevions mille compliments sur notre bateau.

Un conseil touristique, n’oubliez pas de visiter Tréguier si vous remontez sa rivière, une des plus jolies villes de Bretagne.

Chausey est toujours aussi magique même si les vaches ont disparu.

 

Pour conclure, ce fut 38 visiteurs de 3 à 91 ans qui nous ont fait le plaisir de nous rendre visite lors de ce périple et pour certains de larguer les amarres pour un  tour plus ou moins long à bord.

 

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