le propulseur d'étrave

le propulseur d'étrave

Posté par : Joel
17 Décembre 2010 à 17h
Dernière mise à jour 20 Novembre 2014 à 08h
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Pourquoi un propulseur d’étrave ? (joel)

 

 

Ce fut une longue discussion. Sur la commande initiale, il n’y figurait pas. Il a été ajouté depuis. Voilà notre cheminement de pensée.

 

Le chantier Allures était visiblement pour le propulseur et nous y poussait. Ça nous a interpellé et j’ai fait quelques recherches sur Internet et dans mon expérience.

 

J’ai cherché des blogs sur le sujet et l’argument des gens contre le propulseur d’étrave a commencé à me convaincre du contraire : « les vrais marins n’ont pas de propulseur d’étrave ». Ca me paraît être une bonne raison pour en avoir un. Ca me fait penser à Tabarly qui disait que le marin qui tombait à l’eau n’était pas un marin (oups, je sens que je vais me faire des ennemis).

 

Ensuite j’ai fait appel à mon expérience. Je sais que le moment le plus délicat est celui de l’entrée dans un port inconnu pour trouver sa place.

Ça me rappelle en Suède cet été où nous avions aperçu une place au fond du port entre 2 catways. Pas de chance en y arrivant, elle était occupée par un petit bateau invisible de loin. Comment faire faire demi-tour à un 47 pieds qui enclenche mal la marche arrière avec environ 50 pieds entre les proues des bateaux et un peu de vent de travers.

Tout l’équipage était sur le pont avec pare battages prêt à intervenir et les autres équipages avaient interrompus leurs discussions et leurs bières pour regarder la catastrophe annoncée. Manœuvre limpide (et rapide) avec le propulseur d’étrave.

Bien sûr après 3 stages aux Glénans dans les années 70 avec des bateaux sans moteur, j’aurais pu organiser une manœuvre d’aussières pour faire faire demi-tour au bateau sans le moteur, on était 8 à bord, c’était amplement suffisant. D’abord on n’est pas toujours 8 à bord, un 47 pieds ce n’est pas les 20 à 30 pieds des bateaux des Glénans et puis on vieillit .

Je me rappelle aussi d’une manœuvre d’aussières sur un 44 pieds à Bonifacio en 1990 avec un fort vent dans de travers. Nous n’avons pas eu de blessés mais pour le reste je préfère ne pas en parler, une vraie catastrophe avec tout le port au spectacle et du matériel de cassé. Et j’avais 20 ans de moins ! C’est vrai qu’en 1990 la question du propulseur d’étrave ne se posait pas, il n’y en avait pas.

Dans les manœuvres de port, l’hélice du moteur peut toujours se prendre dans un bout ou la pendille d’un autre bateau. C’est plus difficile pour celle du propulseur d’étrave qui reste disponible.

J’ai beaucoup apprécié sur les catamarans d’avoir 2 moteurs qui, en les inversant, permettent de tourner sur place.

Je me rappelle d’une bêtise récente. Dans un espace dégagé nous étions à l’ancre et j’ai voulu faire un départ sous voile. Nous avons remonté la grand voile face au vent en la laissant faseyer. Concentrés à remonter l’ancre, nous n’avons pas fait attention et le bateau s’est mis vent de travers et a commencé à prendre de la vitesse avec l’ancre encore au fond, la chaine commençait  à frotter sur la coque de façon désagréable. Nous avions démarré les moteurs par sécurité. Immédiatement en les inversant nous avons pu remettre le bateau face au vent, l’arrêter et finir de remonter l’ancre sans dommage.  C’est une manœuvre qui doit aussi être possible rapidement avec le propulseur d’étrave, beaucoup plus délicate et longue avec le seul safran (à mon avis).

 

Après nous avons fait le calcul suivant :

- étant donné une assurance bateau avec une franchise de tant d’euros

- étant donné que dans la plupart des cas, le coût d’un accrochage dans un port reste inférieur à la franchise et reste donc à notre charge

- combien faut-il que le propulseur d’étrave nous évite d’accrochages et d’incidents pendant toute la durée de vie du bateau pour que celui-ci soit rentable ? Soit environ 30 ans.

- En effet, même si nous n’avons pas prévu de garder le bateau 30 ans, son espérance de vie est d’au moins 30 ans et ce propulseur fera économiser de l’argent à ses futurs propriétaires et garde donc une valeur marchande à chaque revente du bateau. C’est un investissement qui ajoute de la valeur au bateau et qui sera récupéré en partie au moins à la revente.

Dans ce raisonnement, l’inconnue est le coût d’entretien du propulseur, on néglige par contre son coût de fonctionnement (l’électricité consommée).

 

Voilà comment nous en sommes arrivés à rajouter cette ligne sur la commande, ce qui a contribué à exploser le budget mais pour la bonne cause.

 

Joël

 

 

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