Des Canaries à Grenade. Une traversée directe en 2018.
Nous partons de Las Palmas le 5 janvier 2018 avec une prévision de vents faibles sur les Canaries dans les 2 jours.
Nous ne nous arrêterons pas à El Hierro, dernière île des Canaries que Teranga n'a toujours pas vu. Dommage, on verra dans trois ans si on a plus de chance....
Départ à 10H au moteur pour contourner Gran Canaria par le Nord et aller chercher le vent vers Ténérife.
A 16H la voile plaisir, le geeneker, nous déhale entre les deux îles avec un petit vent de nord force 2.
A 20H un vent d'Est en sortie des îles s'établit et nous attaquons la nuit avec un ris de précaution dans la GV et le génois.
A minuit, moteur dans les turbulences au sud de Ténérife (merci le Teide et ses 3700m), et deux heures plus tard nous avons 20 nœuds de NW, 3 ris dans la GV et 2 dans le génois.
A 8H, le tangon est installé babord amure pour une route SSW grand largue, l'idée est de faire le maximum de SW les premiers jours pour échapper à la pétole qui va s'installer.
A 23H nous sommes à 7 nœuds avec une impression de glisse incroyable, les vagues sont très modérées.......ça ne va pas durer.
Deux jours après le départ, le matin, le temps est maussade, il pleut un peu, il y a des rafales, mais nous sommes toujours plein pot avec un génois qui ressemble à un tourmentin, les batteries sont rechargées à bloc par l'alternateur d'arbre, qu'il va falloir arrêter pour éviter tout échauffement inutile (l'alternateur est à aimant permanent, style dynamo), une première sur Teranga qui navigue d'habitude plutôt entre 70 et 90 % des 400AH des batteries de service.
L'après-midi, le soleil revient, le vent faiblit, on respire un peu......
Le quatrième jour le vent vent remonte tranquillement, enfin nord est (les Alizés sont là), et nous avons droit à notre première nuit étoilée, particulièrement lumineuse avant l'apparition de la lune, mais sans les grands acteurs de la nuit que sont les cumulus.
Le rythme Alizé s'installe enfin, on peut se laver tranquillement sur la jupe avec un vent de NE 2/3 bien agréable. L'eau a gagné 2 degrés depuis le départ, et cerise sur le gateau, une dorade coryphène monte à bord. Le sillage dans la nuit sera éclairée par une lune bien placée mais malheureusement sur son déclin........et ce sera un grand regret pour le skipper.........
Cinquième jour, les voiles mises en ciseaux vont permettrent de faire plus de sud, avec plus de houle croisées et un vent qui se renforce surement, 2 ris dans la GV et plus de 7' de moyenne, pas vraiment confortable....
Au huitième jour, une autre daurade monte sur Teranga pour le plus grand plaisir des papilles. Nous sommes à plus de 120 milles par jour de moyenne avec un vent qui oscille entre 4 et 5 Beaufort.
A 1000 milles des Canaries, l'eau a gagné 4 degrés et nous commençons à sentir les Tropiques, bons grains avec surventes, cumulus qui courent, soleil, mais plus de lune.....dommage pour les nuits qui paraissent bien ternes, même si les étoiles font leur maximum.............
Les premiers poissons volants commencent à monter à bord, le vent passe à l'Est et le tangon tribord amure, il faut bien continuer à faire du Sud.
Nous arrivons à la moitié du trajet, grand largue à plus de 6'.
Au douzième jour, la troisième daurade monte à bord et les premières algues « dites des sargasses » font leur apparition.
Dorénavant, pendant les prochains 1000 milles, ce sera le rythme tropical, vent d'Est entre 4 et 6, des grains plus ou moins virulents, plus ou moins de nuages, plus ou moins de soleil, plus ou moins d'étoiles la nuit, plus ou moins d'algues, plus ou moins de houles croisées, mais une température de l'eau qui ne descendra plus en dessous des 26°.
Il y aura une jounée avec deux empannages surprises et le deuxième aura raison du bout de 8 mm qui retient la bôme à travers le Walder. Usure, choc trop violent ? On se pose toujours la question. Toujours est-il que cet équipement de contrôle de la bôme parait indispensable pour ce type de traversée. Ici, c'est le régulateur d'allure qui s'est laissé embarqué, peut-être mal réglé, il y a trois ans, c'était le barreur qui tôt ou tard, fatigue aidant, commet l'erreur qui peut être lourde de conséquence pour le matériel.
A quatre jours de l'arrivée, le vent faiblit et nous arrivons à moins de cinq nœuds de moyenne.
L'alternateur d'arbre n'étale plus, on va faire des économies d'électricité en coupant l'électronique (pilote, AIS.....) la journée.
Les houles croisées se calment et le confort de Teranga s'améliore sensiblement.
Avec moins de vent la houle ne déferle presque plus, ce qui rend l'ambiance de nuit beaucoup plus agréable, moins bruyante.
Nous accueillerons pendant deux nuits des oiseaux sur les capteurs solaires ; ils sont venus dormir !
Avec la quasi disparition des algues (elles auront été là pendant plus de 1000 milles) nous recommençons à pêcher et une quatrième daurade coryphène va venir améliorer l'ordinaire.
L'arrivée se fait tranquillement le 27 janvier comme il y a trois ans, à David Point à Grenade, et nous serons content de dormir sur un lit à peu près horizontal, et de pouvoir disposer d'eau à volonté.
Très belle traversée, qui reste, j'imagine, une des plus belle dans le sens où avec un peu de chance le vent est là et vous pousse plus ou moins gentiment vers la destination de rêve que restent les Antilles.
Nous aurons fait 120 milles par jour en moyenne sur la route théorique qui est de 2 660 milles.
En réalité, la moyenne est autour de 135 car nos zig et zag nous ont fait parcourir bien 10% de chemin en plus. Le départ plein sud pour s'éloigner au maximum des vents faibles et par la suite une route au sud de la plus courte (cf photo de la trace)
Pour la prochaine traversée et pour augmenter la part poétique du voyage, je m'assurerai que la lune sera pleine dans la deuxième partie du parcours, seule frustration ressentie durant ces 22 jours pendant lesquels on est ailleurs et qui gagnent à être connus, chaque fois et chacun différents.
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