Des Canaries à Grenade. Une traversée extraordinaire en 2014

Des Canaries à Grenade. Une traversée extraordinaire en 2014

Posté par : DANIEL
27 Décembre 2014 à 02h
Dernière mise à jour 04 Janvier 2021 à 22h
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Nous partons d'Arrecife le 7 novembre pour La Palma, premier galop d'essai de 240 milles, histoire de laisser le temps à mon équipier, Robin, de faire connaissance avec le bateau. Nous allons naviguer à deux et avons décidé de n'utiliser le pilote qu'accessoirement. Il fonctionnera moins de dix heures sur l'ensemble des traversées.

Le vent est au rendez-vous et nous serons obligés de ralentir au bout de 24 heures pour ne pas arriver de nuit dans La Palma.
Nous pêchons une bonite d'un kilo devant Fuerteventura et ensuite ce sera un grand bord de largue à 7/8 noeuds sous la pleine lune  pendant 20 heures.
La prise en main est faite, après une visite express de La Palma, nous repartons le lendemain pour cause de météo favorable, des vents faibles étant  annonçés.
 

 

Nous allons passer par le Cap Vert, escale de regroupement pour la flottille Médhermione.
 Vent arrière au départ, ce qui nous permet de régler le ciseau tangonné (grand voile + génois), Teranga n'avait encore jamais vu ça!!!!!   Pluie et vents faibles nous accompagnent pendant deux demi-journées, avant de retrouver, en moyenne, du vent force 3/4 jusqu'à Mindelo, au Cap Vert.
Nous aurons 24 heures de houle croisée qui va nous apprendre à être vigilants à la barre, bien que, sur Teranga, dérive relevée, les changements de direction intempestifs sont plutôt faciles à récupérer. Mais au delà de 6 nœuds, on n'a pas envie d'empanner................    et pourtant cela nous arrivera (c'est très rapide quand on est fatigué et qu'il n'y a plus d'autres repères la nuit que les instruments). Heureusement que notre Walder (équipement anti-empannage) est   là pour protéger le mat et la bôme,  après quelques réglages, il va   rendre  de fiers services , ce genre d'équipement est  à mon avis  indispensable à la croisière en ciseau, c'est à dire dans les alizés. 
Nous aurons une journée à force 5 qui nous obligera à prendre un ris, après avoir surfé sur les vagues à plus de 12 nœuds pendant plusieurs heures de nuit.
Ces heures sont assez épuisantes, de par l'attention permanente qu'elles demandent, le bruit hors   et à l'intérieur du   bateau, les mouvements qui deviennent  brutaux et enfin la difficulté de se reposer, dormir restant un vœux dans l'état comateux qui s'installe vite.  
Nous aurons le temps de remonter une daurade coryphène d'un kilo avant d'arriver à Mindelo pour une escale technique de trois jours. Nous avons mis sept jours pour faire 810 milles.
Il y a de la couture à faire sur le génois et,  à un degré moindre,  sur le geenaker qui sert peu. Ces voiles  qui ont 10 ans   résistent bien pour l'instant. 
La visite de Mindelo est sommaire, mais le patrimoine est bien modeste par rapport à La Palma.
Ce sont encore des prévisions de vents faibles qui décideront   de notre grand départ le 20 novembre pour la grande traversée.
C'est donc parti le jeudi 20 novembre pour 2200 milles jusqu'à Grenade et nous aurons du vent puisque les 2/3 du trajet   se feront à plus de 6 nœuds ,   nous n'aurons pas besoin du moteur (le geenaker quant à lui ne servira qu'une journée).
Au départ nous "louvoyons" (zigzaguons plus exactement) autour de la route idéale entre ciseau et grand largue, mais nous réaliserons vite qu'en empannant et en restant en ciseau, il n'y a plus 40° mais 20° d'écart entre les deux routes. Des milles en moins à faire quand le vent est sur la même direction que la route.
Et nous resterons en ciseau 7 + 3 jours, en prenant des ris dans le génois et ou la grand voile suivant les conditions. La houle croisée nous aura "fatigués" les sept premiers jours, le reste se fera avec la mer du vent, donc de la pure glisse.................   encore plus sensationnelle sous les étoiles que la journée;   il  n'y a quasiment plus de corrections à faire, juste à être attentif (en effet il est très rare qu'il n'y ait  pas,  à un moment ou un autre, une vague   qui vienne du travers perturber l'équilibre du bateau).
L'alizé mollira sur la fin, ce qui, ajouté à une journée ralentie pour ne pas arriver de nuit, nous laissera le temps de réaliser que la terre ferme approche.
A partir de la moitié du parcours nous avons croisé des "tonnes" d'algues type "Sargasses" qui se sont accrochées au safran générant des vibrations. L'hélice qui était chargée de faire le plein d'énergie a elle aussi subi l'assaut des algues et y a sûrement perdu des watts. Robin plongera trois fois pour faire le ménage.
Et puis il y a la pêche bien sur; nous avons remonté bonites et daurade coryphène quasiment chaque fois que nous avons mis des lignes; la plus belle prise sera faite la veille de l'arrivée, une daurade de 6kg pour un mètre,  très beau poisson. 
Nous arrivons finalement le  6 décembre à David Point sur l'île de Grenade,  après 2150 milles  en 16 jours,  plus de la moitié en vent arrière, voiles en ciseau.
 

Nous retiendrons de cette traversée sous alizés que les cumulus et les exocets sont au cœur du spectacle quotidien. Ensuite il y a les étoiles qui aident à garder le cap dans les nuits où le bateau glisse avec quasiment aucun   besoin de correction; j'ai eu le temps d'observer  Castor et   Pollux, Procyon et   Sirius sur un très bel alignement.....
Je ne parlerai pas des cumulus diaphanes qui défilent devant la lune et les étoiles, des cumulus noirs qui vous  dépassent toute la nuit à basse altitude et  cachent vos repères pendant quelques minutes, des eaux et ciels bleus qui vous ramènent à des mers de Mistral, des grains sans surventes qui peuvent vous procurer beaucoup d'eau si vous avez une surface de récupération ad'hoc, des baignades au milieu de nulle part dans une eau à 28°, de la voie lactée qui éclaire le ciel quand la lune n'est plus là, du sillon du bateau juste éclairé par la  lune qui donne l' illusion de danser sur les vagues........... 
il y a tant de souvenirs accumulés pendant ces plus de dix jours passés à tenir la barre. 
C'est sans doute pour ça que cette première traversée aura été extraordinaire.........     
 
   

 

Coucou les marins. Nous vous souhaitons de bien finir l'année sur les flots, et que cette nouvelle année vous offre pour continuer votre périple une mer calme, de belles rencontres et naturellement un nouveau petit être dans votre famille. Bonne années 2015 à vous et ceux que vous aimez. Gros bisous à vous deux

Bravo capitaine

Bizarre il a coupe mon message ... Je disais c est joliment écrit a quand le livre ? Bonnes fêtes de fin d annee on pense a vous gros bisous a tous les 2 Igor amandine eliott lyse

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