Les enseignements du TAN

Les enseignements du TAN

Posté par : DANIEL
02 Novembre 2015 à 20h
Dernière mise à jour 13 Avril 2020 à 16h
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aux Bermudes

 

Dix mois sur l'eau  et deux traversées  de plus  de 15 jours, c'est  très différent de   la navigation  en Méditerranée à  laquelle  Teranga était habitué depuis dix ans.

La  première  chose  que je retiens,  après avoir échangé avec les  nombreuses   rencontres  d' escale,  est  que  la fiabilité  du bateau et des  équipements  évitent  bien  des  désagréments, pertes de temps  et d'argent, les réparations  en route sous contraintes  donnant en effet  rarement entière  satisfaction,  chapeau  donc à Teranga qui n'a connu que des soucis  mineurs  (réservoir  d'expansion du réseau eau douce HS)    qui relèvent le plus souvent d'une usure normale et donc prévisible (beaucoup de travaux de couture aux escales sur les voiles et la  capote  qui  ont l'âge   du bateau, 10 ans, peut-être un peu trop  pour un tour  de l'atlantique).

Nous avons  eu du vent  pour les traversées et  échappé aux    pétoles.  Très peu de pluie et  une  douceur très agréable qui  augmente  régulièrement avec la descente en latitude. Des conditions qui changent semble-t-il à chaque traversée;  pas de généralités donc,  sinon  que la navigation  dans les Alizés représente  quand même  une  espèce d'idéal  qui aura comblé Teranga et son équipage. 

Question navigation à la voile,  la mise au point  du tangonage du génois  a  été  la principale  préoccupation.  Le tangon  a été  positionné  à 90 degrés de l'axe du bateau ( il passe entre le bas-hauban avant et le hauban) et est solidement  arrimé au rail de fargue  vers   l'avant et vers l'arrière (en double vers l'arrière pour éviter  à avoir à faire face à une rupture par usure  ( quand ça souffle  ça frotte dur,   et prévenir ainsi  un appui indésirable sur le bas-hauban).    Le geenaker  a  peu servi , mais quel plaisir  quand les conditions sont réunies....

Pour faire  ce tour à partir  de Toulon,  il aura fallu 600 heures de moteur; une vidange a été faite à Saint Martin sur les conseils  d'un représentant  Volvo  local  qui  conseille  de raccourcir les délais  d'entretien   constructeurs sous  les tropiques.  Il invite également à faire  les pleins de gaz oil  chaque fois que c'est possible avec les bidons  et un bon filtre  qui retient l'eau. C'est une habitude que j'ai facilement  adoptée  et qui est,  finalement,  assez peu contraignante.

L'autonomie  énergétique a été  satisfaisante.  Le moteur   est  équipé de 2 alternateurs  de 60 AH  boostés  par un  chargeur d'alternateur  Seatronic (charge   de 40 AH en 40 mn, après il faut attendre  que l'alternateur  refroidisse!, ce qui est  géré automatiquement  par le chargeur avec une sonde de température).    Avec un parc servitudes  de 400 AH  (batteries  AGM) et 100  W  de capteurs  solaires (si c'était à refaire  je mettrais  250W  pour assurer  l'autonomie du frigo au mouillage),  Teranga  tient  3  jours   avant  d'avoir besoin  de   faire tourner le moteur , les batteries sont alors autour  de  50% de décharge. Pendant les traversées,  l'alternateur  d'arbre  à aimant permanent (Windbluepower DC 540) fournit  6 AH , ce qui  est  suffisant pour les consommations du  frigo et de l'électronique.

 Je  n'ai utilisé   le pilote  automatique  qu'avec  le moteur  ou   sous  voile  pour  des temps courts  en fonction des besoins (la règle  a été de barrer en permanence sous voile).    La  contrainte  de barre  est finalement assez  lourde, nous l'avons assurée  à deux ou  à trois (suivant les parcours)   et fait  des quarts de deux,  trois  et quatre  heures. Dans tous les cas  la  fatigue  s'installe  et ensuite  sa gestion  est  simplement  plus facile à trois   qu'à deux.  En cas  d'indisponibilité du deuxième,  il aurait fallu  compter  sur le pilote automatique  et faire tourner le moteur  pour recharger les batteries....et ne pas tomber en panne  de pilote!  c'est pourquoi sur le prochain  tour,  Teranga sera équipé  d'un régulateur d'allure, c'est un équipier semble-t-il robuste  qui de plus ne consomme rien......  

Pour la logistique,  l'équipage  "traversée"  étant  réduit  à deux  ou trois,  les  400 litres d'eau ont toujours  été  suffisants ( la vaissselle  était faite à  l'eau de  mer). A noter la bonne expérience du filtre Katadyn  branché sur le robinet  d'eau douce  qui permet de boire  une eau sans  gout désagréable  et de s'affranchir  de l'eau en bouteille.   Les 200 litres de gaz-oil complétés  de deux  jerricans  de 20 litres  ont été  faciles  à gérer car nous n'avons pas rencontré de longues périodes de calme. Quand à l'approvisionnement , aucune difficulté pour  trouver  une alimentation de base, souvent réduite aux goûts anglo-saxons et à des prix très variables.

Questions communication- sécurité,  la  pratique  des fichiers  grib  météo (globalmarinenet)  reçus quotidiennement  via l'Iridium a donné entière satisfaction.  Leur lecture  sur OPEN CPN  est  d'une  grande simplicité et ....efficacité. Autant je  fais moyennement confiance aux gribs en Méditerranée, autant sur l'Atlantique les prévisions à trois jours ne nous ont jamais déçus. L'AIS sur  l'écran radar  a été  d'un grand confort et  change  radicalement l'ambiance des navigations nocturnes, il ne faut surtout pas s'en priver, même  si au milieu  de nulle part, il n'y a pas grand monde et comme  le dit Antoine,  vraiment très peu de "chance" de faire une  réelle rencontre.  La nuit  il reste    à éviter  les pécheurs  et  les  DCP (dispositifs de concentration  de poissons),  c'est  pourquoi Teranga essaie  de rester  autant que  possible  à plus de 200 miles  des  cotes et  à tout  le moins  au delà   du plateau continental.

Voila,  que du bonheur  et si  la navigation sous Alizée est relativement courte, elle  donne envie  d'y  retourner,  et comme  en plus  il y a au bout  un hiver au chaud, on y reviendra  surement.....

En espérant que ce retour  d'expérience  pourra  être utile à  ceux qui se posent  pleins de questions  avant  le grand départ,  bonnes navigations à tous.

aux Bahamas
 
 

De jolis détails de cette navigation ,cela fait envie!

j'adhère à votre récit et analyse d'une navigation au grand large Je vous propose donc ma participation que vous pourrez trouver dans mon contact Etienne

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