Les enseignements du TAN
Dix mois sur l'eau et deux traversées de plus de 15 jours, c'est très différent de la navigation en Méditerranée à laquelle Teranga était habitué depuis dix ans.
La première chose que je retiens, après avoir échangé avec les nombreuses rencontres d' escale, est que la fiabilité du bateau et des équipements évitent bien des désagréments, pertes de temps et d'argent, les réparations en route sous contraintes donnant en effet rarement entière satisfaction, chapeau donc à Teranga qui n'a connu que des soucis mineurs (réservoir d'expansion du réseau eau douce HS) qui relèvent le plus souvent d'une usure normale et donc prévisible (beaucoup de travaux de couture aux escales sur les voiles et la capote qui ont l'âge du bateau, 10 ans, peut-être un peu trop pour un tour de l'atlantique).
Nous avons eu du vent pour les traversées et échappé aux pétoles. Très peu de pluie et une douceur très agréable qui augmente régulièrement avec la descente en latitude. Des conditions qui changent semble-t-il à chaque traversée; pas de généralités donc, sinon que la navigation dans les Alizés représente quand même une espèce d'idéal qui aura comblé Teranga et son équipage.
Question navigation à la voile, la mise au point du tangonage du génois a été la principale préoccupation. Le tangon a été positionné à 90 degrés de l'axe du bateau ( il passe entre le bas-hauban avant et le hauban) et est solidement arrimé au rail de fargue vers l'avant et vers l'arrière (en double vers l'arrière pour éviter à avoir à faire face à une rupture par usure ( quand ça souffle ça frotte dur, et prévenir ainsi un appui indésirable sur le bas-hauban). Le geenaker a peu servi , mais quel plaisir quand les conditions sont réunies....
Pour faire ce tour à partir de Toulon, il aura fallu 600 heures de moteur; une vidange a été faite à Saint Martin sur les conseils d'un représentant Volvo local qui conseille de raccourcir les délais d'entretien constructeurs sous les tropiques. Il invite également à faire les pleins de gaz oil chaque fois que c'est possible avec les bidons et un bon filtre qui retient l'eau. C'est une habitude que j'ai facilement adoptée et qui est, finalement, assez peu contraignante.
L'autonomie énergétique a été satisfaisante. Le moteur est équipé de 2 alternateurs de 60 AH boostés par un chargeur d'alternateur Seatronic (charge de 40 AH en 40 mn, après il faut attendre que l'alternateur refroidisse!, ce qui est géré automatiquement par le chargeur avec une sonde de température). Avec un parc servitudes de 400 AH (batteries AGM) et 100 W de capteurs solaires (si c'était à refaire je mettrais 250W pour assurer l'autonomie du frigo au mouillage), Teranga tient 3 jours avant d'avoir besoin de faire tourner le moteur , les batteries sont alors autour de 50% de décharge. Pendant les traversées, l'alternateur d'arbre à aimant permanent (Windbluepower DC 540) fournit 6 AH , ce qui est suffisant pour les consommations du frigo et de l'électronique.
Je n'ai utilisé le pilote automatique qu'avec le moteur ou sous voile pour des temps courts en fonction des besoins (la règle a été de barrer en permanence sous voile). La contrainte de barre est finalement assez lourde, nous l'avons assurée à deux ou à trois (suivant les parcours) et fait des quarts de deux, trois et quatre heures. Dans tous les cas la fatigue s'installe et ensuite sa gestion est simplement plus facile à trois qu'à deux. En cas d'indisponibilité du deuxième, il aurait fallu compter sur le pilote automatique et faire tourner le moteur pour recharger les batteries....et ne pas tomber en panne de pilote! c'est pourquoi sur le prochain tour, Teranga sera équipé d'un régulateur d'allure, c'est un équipier semble-t-il robuste qui de plus ne consomme rien......
Pour la logistique, l'équipage "traversée" étant réduit à deux ou trois, les 400 litres d'eau ont toujours été suffisants ( la vaissselle était faite à l'eau de mer). A noter la bonne expérience du filtre Katadyn branché sur le robinet d'eau douce qui permet de boire une eau sans gout désagréable et de s'affranchir de l'eau en bouteille. Les 200 litres de gaz-oil complétés de deux jerricans de 20 litres ont été faciles à gérer car nous n'avons pas rencontré de longues périodes de calme. Quand à l'approvisionnement , aucune difficulté pour trouver une alimentation de base, souvent réduite aux goûts anglo-saxons et à des prix très variables.
Questions communication- sécurité, la pratique des fichiers grib météo (globalmarinenet) reçus quotidiennement via l'Iridium a donné entière satisfaction. Leur lecture sur OPEN CPN est d'une grande simplicité et ....efficacité. Autant je fais moyennement confiance aux gribs en Méditerranée, autant sur l'Atlantique les prévisions à trois jours ne nous ont jamais déçus. L'AIS sur l'écran radar a été d'un grand confort et change radicalement l'ambiance des navigations nocturnes, il ne faut surtout pas s'en priver, même si au milieu de nulle part, il n'y a pas grand monde et comme le dit Antoine, vraiment très peu de "chance" de faire une réelle rencontre. La nuit il reste à éviter les pécheurs et les DCP (dispositifs de concentration de poissons), c'est pourquoi Teranga essaie de rester autant que possible à plus de 200 miles des cotes et à tout le moins au delà du plateau continental.
Voila, que du bonheur et si la navigation sous Alizée est relativement courte, elle donne envie d'y retourner, et comme en plus il y a au bout un hiver au chaud, on y reviendra surement.....
En espérant que ce retour d'expérience pourra être utile à ceux qui se posent pleins de questions avant le grand départ, bonnes navigations à tous.
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Oboudumond
11 Avril 2017 - 4:03pm
Sympa
Etienne
30 Mai 2017 - 2:52pm
j'adhère à votre récit et