De Nassau à Toulon. Un retour des Tropiques en 2015

De Nassau à Toulon. Un retour des Tropiques en 2015

Posté par : DANIEL
10 Août 2015 à 16h
Dernière mise à jour 04 Janvier 2021 à 22h
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mouillage aux Bermudes

Le grand retour  vers  Toulon (4 500 milles)  se fera   à trois et  commence  par  une   étape  de  800 milles entre Nassau  et les Bermudes.

La  météo prévoit  quelques jours  d'Est  avant  des  calmes  nous obligeant à   faire  un  quart de cercle  vers le Nord  avant d' atteindre la destination.

Pour quitter Nassau  à  partir  de la marina  de  Harbour Club située à l'extrême Est de la ville et aller vers le Nord,  le plus simple  est de traverser le  port  qui  est  orienté  Est/Ouest.  Deux ponts  routiers  surplombent  le plan d'eau,  tirant d'air 24 mètres, facile pour Teranga dont le mat ne fait que 14 mètres. Nous passons  effectivement  le premier pont  bien au milieu  de l'arc, très  confortablement. Le barreur préoccupé par la  circulation autour de lui va ensuite s'écarter légèrement de l'axe du chenal  et  s'engager en toute insouciance  à droite  de la  travée  centrale du deuxième pont. Et là, quelle  surprise   d'entendre un raclement en tête de mat   et  de voir l'antenne  VHF  se frotter  à la sous  face  d'une  poutre  en béton.  Avec moins de chance,  on aurait pu démater.....

La frayeur oubliée, nous sortons en début d'après midi de Nassau avec un bon force 4 de Nord  Est. Teranga n'étant pas un champion du près serré, la question des prochaines heures est "va-t-on  être obligé de tirer des bords plus que carrés pour passer au vent de Great Abaco?".    La réponse sera non car le vent va adonner dès le début de la nuit pour passer quasiment  Est  ,  ce qui nous permettra  de  rester  à plus de 5 milles de ces très basses terres. 

Ensuite , c'est  4 jours  de très beau temps  avec  un vent  d'Est  qui va progressivement s'évanouir dans le Sud Est. Le moteur va prendre le relais à la fin du quatrième jours pour aller chercher du vent plus à l'Est. La matinée qui  suit sera   réservée  à la baignade dans une eau à 25° superbe et il faudra encore  6 heures de  moteur pour retrouver un peu de vent,  NW force 2.

La  nuit suivante   est exceptionnellement lumineuse, sans lune, et les étoiles plongent dans l'horizon de manière étonnante.

Après être  monté jusqu'à la  force   3, le vent  va faiblir  puis  revenir  du   Sud  Ouest   force  4 .

Nous arrivons deux jours plus tard aux Bermudes  avec des allures  portantes, ce que préfère Teranga,  et un temps exceptionnellement  beau.

Huit  jours  pour  faire  ces 800 milles (en fait plus de 900 parcourus),  15 heures de moteur,  il n'y a  pas à se plaindre pour  cette  zone où l'anticyclone des Bermudes  joue en permanence des coudes  avec  son grand frère  des Açores. Pour la  petite histoire,  un Ovni  parti  deux  jours  plus tard  de  Nassau va mettre  quatre  jours de plus  pour cause de calmes  et    vent de face.

Nous restons  une dizaine  de  jours  dans cette  île  surprenante:  le mouillage de  Saint Georges  est  immense,   protégé de tous les côtés et d'une couleur turquoise digne des  eaux bahaméennes. La ville  possède  un patrimoine très intéressant du à son âge  et au mode  de réalisation original des toitures qui sont en pierre, tout étant  bien organisé  à l'anglo-saxonne et  parfaitement entretenu. Compte tenu du climat  qui ressemble à celui des Canaries, c'est une escale très agréable où  on doit  pouvoir  venir  séjourner  toute l'année;  il y a de très jolies plages et de quoi faire  de belles   ballades  sur des petites  routes  peu fréquentées.

Nous repartons début juin, tous les pleins refaits très facilement,  pour la grande traversée de  2 000 milles  et  atterrissage  sur  Sao  Miguel  aux Açores.

Route au Nord, route au Sud, les scénarios favorables changent  tous les jours et  finalement  l'option sud  paraît comporter  moins de risque  de vents  contraires.

Les deux  premiers jours  se font par  très beau temps  et vent  de Sud Est force  2/3; le  près  bon plein  est  très agréable et  la  nuit  avec pleine lune  superbe.

Suivront encore deux jours de  beau  temps avec par moments une houle  croisée  et un peu de pluie  dans les quarts de nuit.

Le cinquième jour le  vent se renforce et adonne jusqu'au Sud 4/5,  la mer  devient hachée  et  la pluie  arrive....  nous   garderons notre  cap plein Est et réduirons  la  toile régulièrement  jusqu'à 3 ris  dans la grand voile et dans le génois;  on va  filer   à  6 à 7 noeuds pendant deux jours et l'allure  deviendra   relativement confortable  dans une  houle   courte  mais régulière.

Le  vent  finit  par  adonner  Sud Ouest  et on va  passer du travers au ciseau vent arrière pour suivre  le courant  d'air  visible  sur les gribs  météo quotidiens. Le cap passe  au  Nord Est,  il ne changera  plus jusqu'à l'arrivée,   nous avons fait  plus de la  moitié du chemin!.

Au neuvième jour, il faudra  faire   une dizaine  d'heures de moteur de nuit pour aller chercher du vent qui oscillera entre  le Nord  et l'Ouest jusqu'à  l'arrivée.  Le soleil va finir par revenir franchement, il était temps, l'humidité s'est immiscée partout, jusqu'au fond   des placards,  c'est  particulièrement  désagréable.........  et  nouveau surtout  pour les méditérranéens du bord.     

Après seize jours, nous arriverons  à peu près sec  à Sao Miguel des Açores, avec du  temps variable    mais plutôt  beau et des navigations  très  agréables  entre  grand largue et près bon plein.

Nous aurons  parcouru  2 200  milles,  fait 38 heures  de moteur, toujours  pas de quoi se plaindre dans ces zones  qui ne connaissent pas beaucoup  de stabilité.  Le pilotage aux gribs quotidiens a bien fonctionné et surement grandement  contribué  au  relatif   confort  dans lequel  cette  traversée  a été  vécue.

L'escale  à Ponta Delgada  ne va durer  qu'une  trentaine  d'heures , mais  nous aurons  le temps  d'entrevoir  une île  très accueillante,  avec  de nombreuses possibilités de  ballades en forêt,  une cuisine  au rapport  qualité prix imbattable ;  la marina est  moderne , très confortable, dans un environnement  fort  agréable.  Il semblerait  que cette  escale  détrone  lentement  mais surement  Horta,   plus  à l'ouest; d'ailleurs les   infrastructures  commencent  à être taguées..........comme à Horta.

Les  930 milles  vers  Cadix  vont  se faire  avec du vent  variable plutôt  faible  et  du beau temps.   Une journée un peu  plus animée  en arrivant  sur le  cap  Saint Vincent  à cause d'un renforcement  du vent  de nord qui a l'air d'être  "quasi stationnaire"  devant  le Portugal, et  du   passage  des rails  bien encombrés  de cargos.  Dix jours  et  53 heures de moteur, décidément on se rapproche de la méditerrannée....des mauvais côtés de la méditerrannée.

L'escale  de Cadiz à la marina de Puerto America  est  aussi  agréable qu'à l'aller, il y a dix mois....... déjà. Cette ville est décidément très sympathique.  

Le passage du détroit  se fera  le 1er  juillet sous   pleine  lune, poussé par  un vent  d'ouest qui forcira  régulièrement  jusqu'au milieu  de la  mer  d'Alboran. Grand spectacle......

Et puis  la galère  pour  passer  les  trois caps, Gata, Palos et Nao avec du Nord Est 4/5 (à l'aller  on n'avait pas eu plus de chance avec pluie, moteur et  force 6! dans le nez devant Alméria );  deux  jours  de louvoiement  pour faire 160 milles et des doutes  qui  à la fin du premier jour nous font  hésiter  à viser  la Sardaigne!!!!

Finalement à la fin du troisième jour nous arrivons à Ibiza . Le lendemain , très belles conditions  (le même vent de Sud  Ouest qu'à l'aller) pour traverser  le canal  de Majorque.  Nous  remonterons ensuite  sur  Barcelone pour traverser  le golfe du Lion entre  deux coups  de mistral,  moitié voile, moitié moteur,  suivant  un ratio bien méditerranéen.....

Le  retour des Tropiques  a été beaucoup   plus varié  que l'aller ; il en restera  de très bons  souvenirs  de navigation et la découverte  attachante des Bermudes  et des  Açores. Nous avons évité la pétole  et le  vent fort :  l'essentiel.

Pour conclure  on dira que l'aller est  plus poétique  que  le  retour, sans  doute  à cause  d'un grand  magicien  qui se nomme  Alizé!

Sao Miguel

 

 

 

 

 

  

 

  

 

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