De Nassau à Toulon. Un retour des Tropiques en 2015
Le grand retour vers Toulon (4 500 milles) se fera à trois et commence par une étape de 800 milles entre Nassau et les Bermudes.
La météo prévoit quelques jours d'Est avant des calmes nous obligeant à faire un quart de cercle vers le Nord avant d' atteindre la destination.
Pour quitter Nassau à partir de la marina de Harbour Club située à l'extrême Est de la ville et aller vers le Nord, le plus simple est de traverser le port qui est orienté Est/Ouest. Deux ponts routiers surplombent le plan d'eau, tirant d'air 24 mètres, facile pour Teranga dont le mat ne fait que 14 mètres. Nous passons effectivement le premier pont bien au milieu de l'arc, très confortablement. Le barreur préoccupé par la circulation autour de lui va ensuite s'écarter légèrement de l'axe du chenal et s'engager en toute insouciance à droite de la travée centrale du deuxième pont. Et là, quelle surprise d'entendre un raclement en tête de mat et de voir l'antenne VHF se frotter à la sous face d'une poutre en béton. Avec moins de chance, on aurait pu démater.....
La frayeur oubliée, nous sortons en début d'après midi de Nassau avec un bon force 4 de Nord Est. Teranga n'étant pas un champion du près serré, la question des prochaines heures est "va-t-on être obligé de tirer des bords plus que carrés pour passer au vent de Great Abaco?". La réponse sera non car le vent va adonner dès le début de la nuit pour passer quasiment Est , ce qui nous permettra de rester à plus de 5 milles de ces très basses terres.
Ensuite , c'est 4 jours de très beau temps avec un vent d'Est qui va progressivement s'évanouir dans le Sud Est. Le moteur va prendre le relais à la fin du quatrième jours pour aller chercher du vent plus à l'Est. La matinée qui suit sera réservée à la baignade dans une eau à 25° superbe et il faudra encore 6 heures de moteur pour retrouver un peu de vent, NW force 2.
La nuit suivante est exceptionnellement lumineuse, sans lune, et les étoiles plongent dans l'horizon de manière étonnante.
Après être monté jusqu'à la force 3, le vent va faiblir puis revenir du Sud Ouest force 4 .
Nous arrivons deux jours plus tard aux Bermudes avec des allures portantes, ce que préfère Teranga, et un temps exceptionnellement beau.
Huit jours pour faire ces 800 milles (en fait plus de 900 parcourus), 15 heures de moteur, il n'y a pas à se plaindre pour cette zone où l'anticyclone des Bermudes joue en permanence des coudes avec son grand frère des Açores. Pour la petite histoire, un Ovni parti deux jours plus tard de Nassau va mettre quatre jours de plus pour cause de calmes et vent de face.
Nous restons une dizaine de jours dans cette île surprenante: le mouillage de Saint Georges est immense, protégé de tous les côtés et d'une couleur turquoise digne des eaux bahaméennes. La ville possède un patrimoine très intéressant du à son âge et au mode de réalisation original des toitures qui sont en pierre, tout étant bien organisé à l'anglo-saxonne et parfaitement entretenu. Compte tenu du climat qui ressemble à celui des Canaries, c'est une escale très agréable où on doit pouvoir venir séjourner toute l'année; il y a de très jolies plages et de quoi faire de belles ballades sur des petites routes peu fréquentées.
Nous repartons début juin, tous les pleins refaits très facilement, pour la grande traversée de 2 000 milles et atterrissage sur Sao Miguel aux Açores.
Route au Nord, route au Sud, les scénarios favorables changent tous les jours et finalement l'option sud paraît comporter moins de risque de vents contraires.
Les deux premiers jours se font par très beau temps et vent de Sud Est force 2/3; le près bon plein est très agréable et la nuit avec pleine lune superbe.
Suivront encore deux jours de beau temps avec par moments une houle croisée et un peu de pluie dans les quarts de nuit.
Le cinquième jour le vent se renforce et adonne jusqu'au Sud 4/5, la mer devient hachée et la pluie arrive.... nous garderons notre cap plein Est et réduirons la toile régulièrement jusqu'à 3 ris dans la grand voile et dans le génois; on va filer à 6 à 7 noeuds pendant deux jours et l'allure deviendra relativement confortable dans une houle courte mais régulière.
Le vent finit par adonner Sud Ouest et on va passer du travers au ciseau vent arrière pour suivre le courant d'air visible sur les gribs météo quotidiens. Le cap passe au Nord Est, il ne changera plus jusqu'à l'arrivée, nous avons fait plus de la moitié du chemin!.
Au neuvième jour, il faudra faire une dizaine d'heures de moteur de nuit pour aller chercher du vent qui oscillera entre le Nord et l'Ouest jusqu'à l'arrivée. Le soleil va finir par revenir franchement, il était temps, l'humidité s'est immiscée partout, jusqu'au fond des placards, c'est particulièrement désagréable......... et nouveau surtout pour les méditérranéens du bord.
Après seize jours, nous arriverons à peu près sec à Sao Miguel des Açores, avec du temps variable mais plutôt beau et des navigations très agréables entre grand largue et près bon plein.
Nous aurons parcouru 2 200 milles, fait 38 heures de moteur, toujours pas de quoi se plaindre dans ces zones qui ne connaissent pas beaucoup de stabilité. Le pilotage aux gribs quotidiens a bien fonctionné et surement grandement contribué au relatif confort dans lequel cette traversée a été vécue.
L'escale à Ponta Delgada ne va durer qu'une trentaine d'heures , mais nous aurons le temps d'entrevoir une île très accueillante, avec de nombreuses possibilités de ballades en forêt, une cuisine au rapport qualité prix imbattable ; la marina est moderne , très confortable, dans un environnement fort agréable. Il semblerait que cette escale détrone lentement mais surement Horta, plus à l'ouest; d'ailleurs les infrastructures commencent à être taguées..........comme à Horta.
Les 930 milles vers Cadix vont se faire avec du vent variable plutôt faible et du beau temps. Une journée un peu plus animée en arrivant sur le cap Saint Vincent à cause d'un renforcement du vent de nord qui a l'air d'être "quasi stationnaire" devant le Portugal, et du passage des rails bien encombrés de cargos. Dix jours et 53 heures de moteur, décidément on se rapproche de la méditerrannée....des mauvais côtés de la méditerrannée.
L'escale de Cadiz à la marina de Puerto America est aussi agréable qu'à l'aller, il y a dix mois....... déjà. Cette ville est décidément très sympathique.
Le passage du détroit se fera le 1er juillet sous pleine lune, poussé par un vent d'ouest qui forcira régulièrement jusqu'au milieu de la mer d'Alboran. Grand spectacle......
Et puis la galère pour passer les trois caps, Gata, Palos et Nao avec du Nord Est 4/5 (à l'aller on n'avait pas eu plus de chance avec pluie, moteur et force 6! dans le nez devant Alméria ); deux jours de louvoiement pour faire 160 milles et des doutes qui à la fin du premier jour nous font hésiter à viser la Sardaigne!!!!
Finalement à la fin du troisième jour nous arrivons à Ibiza . Le lendemain , très belles conditions (le même vent de Sud Ouest qu'à l'aller) pour traverser le canal de Majorque. Nous remonterons ensuite sur Barcelone pour traverser le golfe du Lion entre deux coups de mistral, moitié voile, moitié moteur, suivant un ratio bien méditerranéen.....
Le retour des Tropiques a été beaucoup plus varié que l'aller ; il en restera de très bons souvenirs de navigation et la découverte attachante des Bermudes et des Açores. Nous avons évité la pétole et le vent fort : l'essentiel.
Pour conclure on dira que l'aller est plus poétique que le retour, sans doute à cause d'un grand magicien qui se nomme Alizé!
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