une appendicite en mer, comment l'éviter ?

une appendicite en mer, comment l'éviter ?

Posté par : Médical grande croisière
15 Mars 2018 à 15h
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Docteur Jean-Yves Chauve Institut Mer et Vie pour STW Tous droits réservés Décembre 2017 1

 

 

L' appendicite au large

 


Doit-on se faire opérer de l’appendicite avant de partir pour un long périple en mer ?


La crise d’appendicite est une urgence abdominale dont les symptômes insidieux rendent le diagnostic difficile. A une certaine époque, cela conduisait à étiqueter « crise d’appendicite » toute douleur abdominale basse à droite avec des interventions en grande série qui n’apportaient pas toujours le soulagement attendu. Cette systématisation a été remise en cause depuis une trentaine d’année.
Parallèlement, l’ablation de l’appendice avant un départ en zone isolée a été largement contesté. Cependant un certain nombre de navigateurs estiment qu’il est toujours utile de se faire enlever l’appendice avant de partir pour un grand voyage.
Cette intervention présente toutefois un risque de complication par occlusion intestinale.
La question restait donc entière : faut-il se faire opérer préventivement et risquer l’occlusion ou ne pas se faire opérer et risquer l’appendicite ?


Face à cette question, les réponses médicales n’ont pas toujours bien tranchées et c’est la raison pour laquelle j’ai proposé à Fabrice Entine d’en faire son sujet de thèse de doctorat en médecine.


A sa grande surprise, les recherches préalables qu’il a effectué dans la littérature se sont avérées très pauvres avec des travaux qui, pour la plupart, dataient de plus de 10 ans.
Son travail a débuté par une enquête réalisée auprès des plaisanciers et notamment des membres de l’association Sail-the-World qui ont répondu massivement avec près de 300 réponses au questionnaire. Les coureurs au large ont été également sollicités.
L’étude s’est poursuivie auprès du CCMM de Toulouse qui recense en moyenne 2 cas par an d’appendicite en mer. La Marine Nationale a été également sollicitée afin de connaître l’opinion des médecins des navires de surface mais aussi de ceux des sous-marins, particulièrement concernés. Enfin d’autres milieux isolés ont été é pris en compte à travers les missions polaires (TAAF) ou les projets d’exploration spatiale (CNES).
De la compilation de l’ensemble de ces informations, il ressort qu’en zone isolée le risque d’appendicite est évalué à 5 pour mille, tandis que le risque d’occlusion intestinale après ablation de l’appendice est de l’ordre de 1,5 pour mille.
Mais attention, face à une occlusion rapidement fatale, l’intervention chirurgicale est obligatoire dans les heures qui suivent. L’isolement est ici un facteur de risque majeur.
Au regard de cette enquête large et approfondie il ressort qu’en l’absence de symptômes douloureux répétitifs pouvant évoquer une appendice inflammatoire ou infectée, rien ne permet de justifier une ablation préventive avant un départ en zone isolée.
Ce consensus est renforcé par l’intérêt du traitement antibiotique qui, s’il est pris précocement, peut retarder l’évolution et permettre de rejoindre les secours.
Si l’on part loin, il est donc préférable, plutôt que de se faire opérer, d’avoir dans sa pharmacie Amoxicilline+acide clavulanique, métronidazole et ceftriaxone, produits que les médecins connaissent bien.
Et au moindre doute, ne pas hésiter à appeler un médecin qui appliquera sans doute le principe de précaution.
Dans ce cas, mieux vaut un traitement excessif qu’un traitement trop tardif.
Thèse F. Entine (Doctorat en Médecine Université Claude Bernard – Lyon 1)

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