Maintenir des conditions sanitaires optimales à bord

Maintenir des conditions sanitaires optimales à bord

Posté par : Médical grande croisière
15 Mars 2018 à 15h
Dernière mise à jour 15 Mars 2018 à 17h
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Docteur Jean-Yves Chauve Institut Mer et Vie pour STW


Hygiène et eau à bord


Le bateau est un petit espace qui peut générer très vite des problèmes de promiscuité. L’hygiène est un élément essentiel mais parfois négligé.


L’hygiène du bateau :


Il faut éviter au maximum l’eau stagnante dans les fonds qui doivent être rincés à l’eau douce et lavés régulièrement avec des produits désinfectants. Une bonne aération est essentielle notamment des compartiments peu accessibles. Les dessous de couchettes sont également des zones où se développent très rapidement les moisissures. L’idéal est d’utiliser un sous-matelas isolant en nid d’abeille. 


S’approvisionner en eau :


Le problème de l’eau et des aliments: Les réservoirs d’eau douce doivent être particulièrement surveillés surtout s’ils sont inaccessibles (réservoirs souples ou démunis de trappes de visite).
La prévention de base pour éviter la pollution des réservoirs concerne le remplissage. Il faut tout d’abord se renseigner sur la qualité de l'eau puis nettoyer soigneusement l'extrémité du tuyau (eau de Javel) avant de commencer le remplissage.
Si l’on a un doute sur la qualité de l’eau embarquée, il faut la désinfecter avant de la boire.


Plusieurs techniques sont possibles :
• par ébullition : 1 minute suffit.
• par des produits chimiques :
- eau de Javel (12° chl) à raison de 3 gouttes par litre,
- Permanganate de Potasse,
- solution à base d’iode à raison de 8 gouttes/litre (sauf si grossesse, nourrisson ou troubles de la thyroïde). Attendre 30 mn avant de la boire. Cette méthode doit rester temporaire. On peut utiliser des produits type Betadine


• par des produits spécialement conçus pour traiter l’eau claire :
- type Micropur Forte® (dérivé chloré + ions argent) ou tout autre produit de composition identique. A noter que la purification de l’eau ne garantit pas à 100 % d’une contamination. Déposer un comprimé dans l’eau, agiter, laisser reposer 30 minutes avant de boire.
Posologie usuelle : 1 comprimé pour 1 litre d’eau.
- Drinkwell Chlore®, Clonazone®, Hydroclonazone® Aquatabs® (désinfectants à base de chlore) ou tout autre produit du même type. Même utilisation que ci-dessus. Laisser agir 60 minutes avant de boire.
- par des purificateurs à base de résines type Pentapure® (résine pentaiodée, charbon actif) en pailles, gourde, carafes ou tout autre produit de même type. Ce sont des systèmes de purifications autonomes à étages éliminant particules, bactéries et odeurs.


• Si l’eau est visiblement impure et doit être filtrée,
- il faut utiliser des filtres céramiques type Katadyn®, ou tout autre produit de même type. Les cartouches filtrent les particules jusqu’à 0,2 micron et éliminent la plupart des bactéries, des parasites et même certains virus. La présence d’ion argent protège de la prolifération des germes dans l’appareil entre deux utilisations


Conservation de l’eau embarquée


Pour conserver l’eau potable dans les réservoirs, il faut additionner à l’eau des ions argents type Micropur®, ou tout autre produit de même type qui bloquent tout processus de développement microbien si l’eau est conservée dans de bonnes conditions.

L’eau de mer dessalée par le procédé d’osmose inverse :
C’est le procédé le plus couramment utilisé sur nos bateaux. Il correspond au passage de l’eau de mer à travers une membrane semi-perméable sous l’action d’une différence de concentration. Dans l’osmose classique, l’eau passe de la solution diluée vers la solution concentrée ; dans l’osmose inverse, l’augmentation de pression appliquée à la solution provoque le passage de l’eau de la solution concentrée vers la solution diluée.
Sur le plan fonctionnel, l’eau de mer traverse d’abord un filtre de 20 microns pour éliminer les plus grosses particules puis un filtre à 5 microns pour éliminer les plus petites. L'eau filtrée est ensuite forcée contre la membrane par la pompe haute pression (pression d'utilisation de 60 / 65 bars). L'eau sous pression passe par les orifices de la surface des membranes, en laissant le sel et les minéraux, qui seront déversés à la mer avec le restant de la solution.
L’eau de mer dessalée par osmose inverse perd tous ses minéraux y compris les minéraux bénéfiques comme certains alcalins, notamment le calcium et le magnésium, son PH sera alors plus acide. Il est donc préférable de reminéraliser l'eau avant de la boire.

pourcentage de réjection des éléments minéraux1 Tableau comparatif eau de mer /eau potable
Même si les risques de contamination externe sont limités, les règles de conservation de l’eau sont identiques.
Il est important de respecter les règles d’entretien préconisées par le constructeur.

Les grands principes d’entretien d’un dessalinisateur :
• Les membranes doivent être rincées à l'eau douce et à la pression normale du circuit d’eau douce pour un arrêt d’usage d’une semaine
• Au-delà de cette durée, il est préférable d’effectuer un rinçage avec une solution biocide en circuit fermé. On fera la même chose lors de l’hivernage.
• Pour limiter les risques d’encrassement du système, il est indispensable d’extraire l’eau douce dans une eau de mer claire, loin des turbidités des zones côtières vaseuses.
• Un contrôle régulier des filtres de 5μ et 20μ est indispensable
• A noter que les capacités de production d’eau douce sont données pour une température d’eau de mer à 25°C. Globalement les performances baissent de 2,5 à 5% ou chaque degré Celsius en moins.

1 Informations fournies par La Compagnie Hydrotechnique 8 ter, allée de l'Europe Z.A. de la Forèt 44830 - Bouaye

Pour conserver les aliments :


Il est impératif de bien laver les légumes avant de les monter à bord. Eviter de monter les cartons qui peuvent toujours cacher des insectes et en particulier des cafards dont il sera très difficile de se débarrasser. Conserver légumes te fruits de préférence sur des clayettes dans une zone aérée. En zone tropicale, il faut éplucher systématiquement crudités, tomates et fruits.

L’hygiène personnelle :


même si les conditions sont difficiles, il faut prendre garde à ne pas se négliger.
Le lavage régulier des dents est le geste de base.
Pour la toilette, l’usage de lingettes est une bonne alternative en cas de manque d’eau ou de conditions de navigation difficile.
Il est impératif de soigner le moindre bobo qui va s’infecter très rapidement avec l’eau de mer. Dans cet espace réduit les risques de contamination sont réels en particulier s’il s’agit de staphylocoque (bactérie provoquant les furoncles). C’est ce que l’on constate en course au large avec des problèmes cutanés récurrents
 

Docteur Jean-Yves Chauve Institut Mer et Vie pour STW Tous droits réservés Décembre 2017 2

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