Et voilà c’est livré. Notre style, ce n’est pas vraiment l’exubérance, c’est à la fois exaltant et un peu inquiétant : nous sommes investis de nouvelles responsabilités. Ce truc bizarre en atelier est devenu un bel objet flottant : « Tri Martolod » existe vraiment ! Nous sommes passés du stade du ‘faire faire’ au ‘faire’ et surtout au ‘savoir faire’ et au ‘savoir être’. C’est notre premier bateau et cela n’a rien à voir avec une location ou l’utilisation d’un bateau associatif (quoique c’est sans doute ce qui s’en rapproche le plus).

Comprendre, maîtriser, aménager, s’approprier, nos 4 priorités.

Comprendre : une mise en main impeccable sur 3 jours par Marc. Nous avons soulevé tous les planchers, coffres, couvercles, capots, touché à tous les boutons, tourné les capuchons, un travail d’explorateur en commençant par l’avant et en terminant par l’arrière. Nous étions 3 à prendre des notes et à poser des questions. Nous avons essayé toutes les combinaisons de voiles, multiplié les manœuvres de port, même mouillé en rade de Cherbourg pour essayer le guindeau. GPS traceur, radar, moteur, VHF, pilote, centrale de navigation pour l’électronique, frein de bôme et empannage, manipulation du tangon et de la dérive, prises de ris, propulseur d’étrave pour les manœuvres et j’en oublie.

Des pages et des pages de notes pour repérer tout ce qui est différent sur ce bateau, pour enregistrer tout ce qu’on ne nous disait pas lors de locations de courtes durées.

Maîtriser : on ne se refait pas. Nous avons repris toutes nos notes et avons créé des fichiers sur tout ce que nous avions appris. La maintenance et sa fréquence, la liste des achats complémentaires, les consignes permanentes, les procédures et les choses à faire et à ne pas faire. Toute une journée un peu grise et froide dans le port de Cherbourg à comparer nos notes, à vérifier sur le bateau et à en extraire la substantifique moelle. Nous avons soumis ces fichiers au chantier pour vérifier notre bonne compréhension et s’assurer de ne rien avoir oublié. Il faut dire que, comme c’est la saison creuse des livraisons, le chantier est aux petits soins pour nous. Un retour rapide par Marc, avec des corrections et des compléments, du travail sérieux (merci Marc).

Nous ne maîtrisons pas tout, loin s’en faut, mais nous progressons et nous avons la base. J’ai beau me dire que la mise en main des bateaux de location ne prenait qu’une heure et qu’ensuite ça se passait à peu près bien, c’est cet « à peu près » qui fait toute la différence. Nous ne sommes pas là pour maîtriser à peu près.

C’est sur cette constatation que se termine notre premier week end de 5 jours passé à Cherbourg sur Tri Martolod

Aménager : aucun de nous trois ne sommes vraiment bricoleurs dans l’âme. Aussi le bricolage va se limiter au strict minimum.

Mais il y a l’emménagement, une liste de plusieurs centaines de choses à acheter (j’ai des listes pour ceux que ça intéresse) et une dizaine de magasins à écumer : Ikéa, Accastillage Diffusion, Norauto, Bricodépot, Leroy Merlin, Leclercq, la Belle Iloise, le marché Saint Pierre, le Printemps, Castorama, … et ce n’est pas fini. Et puis des petits boulots qui mis bout à bout prennent deux jours comme de rien (surtout quand on n’est pas doué au départ) : la passivation de l’inox, le repérage des longueurs sur la chaîne, l’étalingure pour mettre le cablot en bout de chaine, les drisses de pavillon à monter (première montée jusqu’aux premières barres de flèche), monter les amortisseurs d’amarres, trouver un ordre logique pour ranger les choses (une idée directrice : les coffres humides et les coffres secs pour l’extérieur, grouper par fonction pour l’intérieur) et mille autres détails. C’est sur cette activité presque fébrile que se termine le deuxième week end de 3 jours à bord de Tri Martolod

S’approprier : ça va venir, mais ce n’est pas le cas. Les manœuvres de port sont encore hésitantes. Les automatismes ne sont pas là.

Enfin pour le premier poc paralysant, c’est fait : j’ai laissé tomber un objet lourd et contendant sur un siège de la table à carte et j’ai fait un poc. La table à carte a aussi pris une rayure superficielle. Bon, il va falloir que je me calme, sinon en quinze jours je vais transformer ce bateau en épave !

Les principales leçons :

- tout prend 3 ou 4 fois plus longtemps qu’anticipé

- l’aménagement / l’emménagement, c’est du boulot…

- c’est pas parce que c’est neuf que tout marche bien, mais ça je raconterai quand tout fonctionnera.

- il est préférable d’être très organisé pour pouvoir faire face aux nombreux imprévus

- enfin il est important d’avoir un chantier à proximité, disponible et à l’écoute, merci Allures. Yachting, Marc, Olivier, François et tous les autres

tri martolod