Voyage vers Cuba – 23 avril 2014

Le taxi arrive en bas de chez moi avec Bernard et Pierre Henri à l’heure. Arrivée sans encombre à Roissy, terminal F, queue courte devant les comptoirs Air France. Où sont vos visas ? Quels visas ? On est déjà rentré à Cuba en bateau sans visa, alors pourquoi un visa maintenant ? Si, c’est obligatoire si vous voyagez en avion. Vous avez 20 minutes pour décaler votre vol, sinon, c’est trop tard. Euh, comment on peut faire. A tout hasard, allez aux comptoirs de groupe au terminal C, des fois ils ont des visas de rab.

Pierre Henri part en jogging rapide et quelques cadrages débordements plus tard, il arrive devant la queue d’une vingtaine de personnes à l’un des rares comptoirs de groupe ouvert. Avec délicatesse et fermeté, il s’impose au comptoir, réticence du guichetier, j’en ai pas et c’est moins cher à l’ambassade. Contradiction, il en avait donc, insistance, 35€ par personne (25€ à l’ambassade), retour victorieux et essoufflé. Merci Pierre Ushain Henri.

Long vol de 10 heures par le sud du Groenland et le nord du Canada, le temps de visionner tous les navets que je n’avais pas eu le temps de voir. Heureusement, il y a aussi un choix de films cultes pour ne pas complètement s’abêtir. Police de Cuba qui copie les USA : on a droit à la photo mais pas aux empreintes digitales. Longue attente des bagages qui sont tous scannérisés. Ils n’ont eu aucune peine  à repérer les chorizos que j’avais dans mon sac. Juste une croix verte sur la bande bagage du sac. Repérage facile par les douaniers. Monsieur vous avez de la nourriture dans votre sac. Heureusement je l’avais déclaré sur le papier à pré-remplir pour la douane. Dans l’avion, ils nous avaient prévenus : aucun aliment, ni végétal, ni animal. On ne le savait pas, ils avaient été si coulant pour toute la nourriture que l’on avait sur le bateau. Deux douanières charmantes me prennent en main. Je leur montre mes chorizos mais aussi mes papiers de bateau et l’autorisation donnée par les autorités de Varadero de quitter Cuba et d’y revenir en avril. Je leur assure que c’est pour notre consommation, que nous partons de suite et que je ne les consommerai pas à Cuba. Ebranlées, elles appellent leur chef. Une troisième charmante dame. Ça aurait pu être tout mauvais, ce fut tout bon.  Le dos ruisselant de sueur, je les remercie pour leur compréhension et m’excuse de ne pas mieux parler l’espagnol (là, je sens que j’en fais un peu trop). Je m’éloigne, heureux que leur fouille de mon bagage se soit arrêté avant de découvrir le jambon, le fromage et les boudins.

Visite de La Havane – 24 avril 2014

Le vol atterrissant tard et pas très volontaires pour arriver de nuit au bateau, on est resté deux nuits à La Havane pour visiter la ville.

Quelle tristesse, quel gâchis et quelle honte.

Maisons sans toit ni huisserie, souvent seule la façade est encore debout, noircie par l’humidité. A côté un terrain vague, la façade s’est déjà écroulée. Un spectacle de guerre. Des quartiers entiers comme bombardés, par endroit des gens squattent les édifices qui ont gardé un toit, fenêtres en carton. Mais ailleurs une palissade métallique en interdit l’accès. Le Malecon est le cimetière des demeures huppées, cadavres en décomposition. Tristesse.

Des vestiges d’une richesse infinie, témoin des hautes heures coloniales de la plus grande ville des Caraïbes, plaque tournante du commerce vers l’Europe. Après avoir classé La Havane au patrimoine mondial, l’Unesco va sans doute réussir à sauver quelques ensembles, des travaux sont en cours, pas tous très actifs sans doute par manque de fonds.

Certains sont terminés mais la tâche est gigantesque. Les monuments emblématiques vont sans doute survivre, mais l’ensemble architectural unique au monde par sa qualité et sa dimension va sans doute disparaître. Que va-t-il rester ? Qu’est-ce qui est encore récupérable ? Par manque de moyens, c’est une ville, un peuple qui perd ses racines, son histoire. Gâchis.

Pour terminer, renvoyons dos à dos les utopistes aveugles du bonheur communiste

et les yankies rancuniers qui ouvriront sans doute une ambassade en Corée du nord avant de lever la moindre sanction sur Cuba.

Honte.

Tristesse, gâchis et honte. Ces sentiments m’ont empêché de me sentir en harmonie avec cette ville qui a cependant de nombreux atouts.

D’abord de nombreuses rues de la vieille ville sont fermées à la circulation des voitures, les places ne sont pas des parkings nauséeux mais des parcs agréables.  Vu le faible nombre de voitures, ça ne pose pas de problèmes de circulation insurmontables dans la ville. On y trouve le plaisir de déambuler au hasard, les touristes se concentrant sur deux ou trois artères. Quelques sollicitations pour acheter des cigares ou prendre un taxi, quelques mendiants, mais rien de pesant.

Ensuite de nombreux musées intéressants et bien présentés. Un musée de la révolution pour mieux comprendre ce qui s’est passé depuis 60 ans à Cuba avec son mur des « cons ». Un musée des beaux-arts cubains où pendant longtemps les artistes locaux subissent l’influence européenne mais qui s’en affranchissent en partie dans la production plus récente. Un musée de la ville dans un superbe palais

et beaucoup d’autres que nous n’avons pas eu le temps de visiter.

Enfin d’innombrables bistros où des orchestres de bonne qualité font danser les cubains. On replonge dans l’ambiance de Buena Vista en sirotant un mojito servi dans une choppe d’un demi-litre, il faut prendre son temps… sur la place vieille où tout vous y invite dont une très belle restauration architecturale.

Des gens souriants, de très belles femmes qui savent se mettre en valeur avec très peu de moyens, les italiennes des Caraïbes.

Même les plus âgées, même les plus enrobées, aucune ne se néglige, la démarche fluide, le regard souriant. Le mojito n’en est que meilleur.