Un Cadix à Arrecife express. Décembre 2020
Malaga
Après avoir lézardé à Fuengirola (visite de Malaga, Grenade, Cordoue et villages blancs), La Linéa (visite de Gibraltar) et Barbate (superbes ballades jusqu'au Cap Trafalgar), voilà un mois déjà que Teranga trépigne à Cadiz (la remontée du Gadalquivir jusqu'à Séville a du être abandonnée suite au confinement de l'Andalousie début novembre) en attendant un bon créneau pour se lancer vers Lanzarote.
Cadiz
Mi novembre il a failli partir avec un e trentaine d'heures de vent d'Est puis des vents faibles voire pétole jusqu'à une destination qui n'aurait été atteinte qu'en 5 ou 6 jours au mieux avec obligation de gérer du petit temps en solo.
En effet les équipiers volontaires ne pouvaient rejoindre Teranga en raison du confinement français et la traversée va se faire en solitaire, grande première pour moi, qui mérite un billet particulier.
Les deux dernières expériences de Teranga en 2014 et 2017 sur ce trajet n'avaient pas été très funs avec chaque fois autour de 70 heures de moteur et de longues heures à essayer d'avancer avec un geeneker qui n'arrive pas à se gonfler, pour un trajet de 6 jours, un peu long.
Autant à deux , on peut "s'amuser" à barrer dans la pétole, autant tout seul et pour ma première expérience je n'avais pas vraiment envie de tenter le coup et je recherchais des conditions pour une traversée plus rapide.
Le créneau s'est finalement présenté le 1er décembre avec vent faible NW les trois premiers jours se renforçant 20-25 noeuds à partir du quatrième et ce pour plusieurs jours.
Il fallait donc assurer les trois premiers jours de vent faible pour ne pas trop trainer sur la première moitié du trajet qui elle devait se ramasser du 30-35 noeuds d'ouest dans les 48 heures, et éviter le risque pour Teranga qui n'est pas fort dans le près de se retrouver coincé vers Casablanca......
Pour être sur de sortir des 400 premier milles avant que ça force trop de l'ouest, Teranga embarque donc deux jerrycans supplémentaires de 20 litres de gasoil.
Bien lui en a pris car les trois premiers jours se sont passés au moteur avec au maximum un force 2 de NW, ce qui a boosté la vitesse à plus de 6 noeuds à 1700 tr/mn et donné dans le coockpit une pétole apparente , plutôt agréable pour les frileux, en ce début de mois de décembre .
Le deuxième jour un petit thon blanc vient améliorer l'ordinaire
Teranga est allé très vite avec le vent dans le dos et quand ce dernier s'est mis à forcer à partir du troisième jours à midi, le moteur a vite été remplacé par les voiles, ouf!
Le soir il s'établissait à 20 noeuds, conformément aux prévisions météo du jour même, qui donnait cette force et direction pendant au moins les trois jours suivants, sur toutes les Canaries.
Teranga a déjà pris deux ris et j'hésite à prendre le troisième avant que la nuit arrive, faisant finalement confiance aux gribs qui ne donnaient pas plus de 23 noeuds sur toute la zone.
Erreur car 2 heures plus tard des nuages avec grains arrivent en déversant vent variable entre 20 et 30 noeuds et pluie en prime, tout ce que j'aime......
Il s'ensuit ce que j'avais essayé d'éviter, une prise du troisième ris en pleine nuit; réduction maximum du génois mais sans trop pour rester manoeuvrant au travers et prise de ris finalement sans soucis et..... sans sortir du cockpit.
Ensuite 10 heures le plus souvent au largue à plus de sept noeuds (le record de Teranga est passé de 12,8 à 13,2 noeuds), avec des réglages permanents nécessités par les variations du vent en force et en direction, soit, enroulement et déroulement du génois, border et déborder la GV, ajuster la position de la barre pour rechercher le meilleur équilibre permettant à l'Hydrovane de barrer. Les allures sont passées du bon plein au grand largue, je croyais rêver alors que sur les gribs tout était bien établi sur la zone et seul un adonnement de 30 ° était prévu dans la nuit.
Pour la petite histoire un catamaran de 20 mètres à mis cette nuit là plusieurs heures à me doubler et un autre de 16 mètres est resté à 2 milles derrière toute la nuit, m'enlevant toute envie d'aller dormir.
A 7 heures , n'ayant pas dormi les dernières 24 heures et à 30 milles d'Arrécifice, je me dis que c'est maintenant ou jamais et je vais me coucher après avoir remis le moteur en route et sous GV seule.
Après 3/4 d'heure de sommeil, Teranga arrive sur Lanzarote dans des conditions toujours aussi agitées, variables et à plus de 7 noeuds, de très belles vagues de travers et trois quart arrière donnant un spectacle toujours renouvelé.
Enfin , la tête un peu embrumée, à 10 milles de l'arrivée, j'aperçois un cachalot qui commence à faire un premier énorme bond à plus de 500 mètres de Teranga, avec la côte en fond. Puis un deuxième bond à plus de 300 mètres, moins haut, et un dernier à 100 mètres encore plus modeste qui me laisse espérer que Teranga ne va pas se faire secouer...... une minute plus tard j'aperçois un souffle sur l'arrière du bateau qui me rassure définitivement.
Arrecife est bien protégé du NW et l'arrivée se passe tranquillement entre soleil et grain, la marina étant toujours aussi agréable.
Cette traversée est décidément loin de ce qui ce passe plus au Sud dans les Alizés, le seul intérêt finalement est qu'on gagne quasiment un degré chaque jour, et ce n'est pas rien pour les frileux......
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