De Carribde en Scilla... ou de Gibraltar en Trafalgar

De Carribde en Scilla... ou de Gibraltar en Trafalgar

Posté par : Thierry et Chantal
20 Août 2012 à 18h
Dernière mise à jour 19 Novembre 2014 à 15h
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Ah l'arrivée sur LE rocher... Combien de marin, combien de capitaine ou bien de moussaillon n'en n'ont rêver ? Oh bien sur c'est pas le cap Horn mais son charme très british est souvent décrit dans les récits d'aventures qui ont bercé notre jeunesse.

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 Bien sûr avant d'y être il faut y arriver. Je pense que Mr de La Palice aurait été fier de moi et m'aurait pris comme disciple!

 Le charme très british ne se résume pas qu'à ces autochtones ou à ces singes (c'est souvent la même chose...) Mais quoi de plus normal pour un rocher anglais que … de baigner dans de la purée de pois ! Le fog, on le désigne quant on parle de Londres, mais tous les marins le savent, London n'en n'a pas l'exclusivité.

 L'influence chaude de la Méditerranée qui rentre dans l'Atlantique, ou l'influence de l'air humide et frais de l'océan qui rentre dans notre douce chère à Charles créait une masse compact et vaporeuse qui fait qu'on ne voit plus rien à 10 mètres du bateau. Hors comme tout un chacun le sait, sinon je vais lui dire, l'endroit est farci de cargos, pétroliers, minéraliers, navires de passagers et autres gaziers. Donc pour un p'tit cata de 12 m serpenter au milieu de ces monstres d'acier est une expérience, comment dirais je … inoubliable. Tous les sens sont en action, la vue...bon laisse tomber, l'ouie car ces morceaux de métal offrent régulièrement toutes les 5 mn un concerto de corne de brume pour avertir de leur présence au mouillage ou de leur déplacement. Le système olfactif est lui aussi mis à l'épreuve car ces machins là ça put grave! Donc méfiance absolue dans ce secteur et c'est heureux et fiers de nous que nous doublons le cap pour renter dans le golf de Gib sous un magnifique soleil et une visibilité totale. Super mouillage juste à côté de la piste de l'aéroport (souvenirs souvenirs...)
P'tites courses en ville le lendemain car les clops à 3,20 € le paquet et le GO à+ou- 1 € ça ne se refuse pas! Un bon steak jamaïcain ( 200°C de piment de là bas, dit), une prise sérieuse de la météo qui elle ne l'est pas du tout... et nous voilà reparti direction Madère où des pôtes doivent arriver 5 jours plus tard. On sait qu'on va en chier pendant quelques heures au moteur avec vent de 25 Nds de face mais après super fenêtre météo avec vent de travers 10 à 20 Nds pendant 4 jours! C'est pas de la fenêtre, c'est de la baie vitrée!

 Nous, on est des petits, des humains. On n'a pas un engin de plusieurs centaines de mètres de long et on a que 1,1 m de tirant d'eau donc on longe près de la côte jusqu'à Tarifa, en en chiant comme prévu mais confiant sur notre avenir. Juste au coucher de soleil devant Tarifa, on hisse les voiles. On continu à longer le rail à tribord mais sans aller jouer dans la court des grands, laissons les entres eux. On les surveille sur l'écran et de visu se taper la bourre à grand coup de VHF. Équipage pakistanais, hindou ou malgaches qui s'invectivent à la radio en anglais, c'est à mourir de rire. Au bout d'un bon moment vers minuit (around midnight), comme on doit descendre Sud, on voit une trouée dans ce flot ininterrompu et on met du gros gaz pour ce tirer de cet endroit vicieux...

Mais souvent le vice ne vient pas de là où on croit...

Juste au milieu du rail entre le «montant» et le «descendant» une p'tite barque pêche de 6m de long, sans signalement, avec 5 marocains à bord et filet dérivant, short maille, de quelques centaines de mètre carré, il est là le vice!!! Et notre libellule va s'y enmailler les ailes , KIP notre fière destrière est prise au piège au milieu de l'enfer hélices et safrans liés, moteurs calés. Oups! Là j'avoues que le sens marin tourne comme mon sang en eau de boudin. La barquette 5 chatons arrive ce coup çi avec un phare blanc. Bien sur , a bord, pas un ne parle français. A ce propos, je trouve la langue de Molière de moins en moins usitée... le déclin...?... fermez la parenthèse. Au début on essaye tous de tirer sur ce fucking filet afin d'eux, le reprendre pour continuer leur connerie et nous, pour nous en libérer. Mais en plein milieu des cargos, sans propulsion ni direction, je préfère affûter mon grand couteau à rôti qui fait impression lorsque je descends la jupe arrière. Et coupe que tu couperas... Sur ces entre-faits, je prends la VHF Canal 16 PAN PAN PAN pour signaler ma position à Tarifa Trafic et quels sont la nature de mes emmerdements. Ne voulant pas rallumer mes moteurs pour ne pas empirer la situation au niveau des arbres d'hélice, on décide d'essayer de se diriger à la voile pour sortir de ce guêpier où plutôt de ce nid de frelons. Mais, au vu la masse de filet clavé dans les safrans, il est impossible d’abattre pour descendre dans le golf de Tanger. Re Tarifa Trafic avec demande de remorquage qui arrivera 40 (longues)mn plus tard vers 3.00 du mat.

Que dire de ces inconscients qui viennent jeter leur filets au risque de leur vie et de la vie des autres en plein milieu d'un des trafic les plus important du monde ?
Qu'ils ont une famille à nourrir, et qu'ils sont prêt à crever pour ça ? Que c'est leur seul moyen d'existence ? Qu'ils nous font chier ces putains d'arabes ? Qu'ils n'ont aucune information sur ce qui s'est passé il y a 3 ans de ça en arrière, lorsqu'un caboteur portuguais filétisant dans les même conditions a été éperonné par un pétrolier qui ne s'en est même pas rendu compte. (Dixit le patron de la vedette des sauvetage en mer) On a retrouvé que des planches, du caboteur et de l'équipage, rien.

Oui, bien sûr, j'ai le nom et l'immat de la barque... et alors ? Faire un courrier aux affaires maritimes marocaines pour leur signaler les faits?... Bof, moi et les délateurs on a jamais été copains. Ils ont leur destin entre les mains, ces pauvres types mais ne le savent même pas...Que Allah veille sur eux et surtout sur ceux qui pourraient en pâtir. Cette aventure s'est bien terminée et à 06.30 nous étions au port de Barbaté à l'abri derrière le cap de …

...Trafalgar !!!

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Nous avons fait connaissance avec des sauveteurs en mer hyper efficaces, bénévoles et amoureux de la mer. Un a même plongé avec moi dans la journée pour finir de libérer hélices et safrans.

 Aventure de mer, oui mais pas aventure de merde, non. On doit toujours tirer du positif, apprendre même des erreurs des autres. Après un débriefing avec le bosco de la vedette, amoureux de la voile et vieux navigateur (Pacifique, Atlantique etc) il nous a félicité pour la façon dont on avait gérer la situation.

 Et après une bonne vérification des safrans et des hélices,une paire de jours de repos nous voilà repartis vers de nouvelles aventures.

 


____Page écrite au 34°03 317 N 12°24 210 W_______2/3 de la traversée pour Madère____________

 

Emplacement

A posteriori....on imagine les rails montant et descendant et vous, englués par un filet de pêche ....froid dans le dos ! ! ! Bravo pour le sang froid .... le couteau à roti a beaucoup fait parler et rire ..... On est jamais tranquille nulle part.. Bisous les petits loups Un petit mot de madère ...non je n'ai pas dit un petit coup mais on le boit à votre santé Loly

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