19 juin – 2 juillet 2022 Remontée du Rio Dulce 2° partie Fronteras

19 juin – 2 juillet 2022 Remontée du Rio Dulce 2° partie Fronteras

Posté par : Dominique
25 Septembre 2022 à 20h
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Dimanche 19 juin, 6 heures 30, nous appareillons pour effectuer la navigation sur la deuxième partie du Rio jusqu’à notre marina. Nous prenons le temps de rincer la chaîne et l’ancre chargés de sédiments, au fur et à mesure de la remontée ; pour cela, nous avons réparé le raccord de sortie du cheval de lavage de manière à pouvoir éventuellement brancher un tuyau ce qui nous permettra de rincer le pont du bateau, tant que nous naviguons en eau douce. Mais la sortie du cheval de lavage est bien placée au-dessus du davier et remplit bien son office tel que pour rincer chaîne et ancre.

Quittant Cayo Quemado, nous rejoignons El Golfete, calme dans le petit matin ; tout autour, les hauteurs émergent des nuages éclairés par le soleil levant, et nous avançons tranquillement dans ce beau et vaste paysage qui nous fait penser aux fleuves du Vietnam tels qu’ils sont filmés dans le « Crabe Tambour ».

De nombreuses lanchas nous dépassent à vive allure, ridant l’eau de leur sillage. Nous approchons de la fin d’El Golfete et surveillons les fonds : autour des ilets de « Cuatro Cayos », des bancs de sable sont signalés sur les cartes débordant à l’est. Nous les contournons largement pour rejoindre le Rio à nouveau plus étroit.

   

 

Ce ne sont plus des gorges impressionnantes comme dans la première partie, mais des mangroves qui bordent le Rio ; nous progressons en surveillant les lignes de sonde, évitant les bancs de sable des sorties des rios affluents. Par endroits, l’habitat devient plus riche, les hangars à bateaux abritent de gros yachts à moteur et des installations hôtelières laissent apparaître de belles terrasses au bord de l’eau, avec piscine et transats.

Quelques anses agrémentent les berges rectilignes ; dans l’une d’elles, un toit signale la Casa Guatemala Clinica, orphelinat et centre de soins (d’après notre guide nautique).

La rive droite est plus aménagée avec de belles constructions, tandis que la rive gauche paraît plus sauvage, le long de laquelle nous retrouvons les pêcheurs dans leurs cayucos.

Au détour de bosquets, des mâts et des toits de palapas apparaissent : ce sont les différentes marinas qui sont installées le long des abords plus larges du Rio, autour du bourg Rio Dulce. Nous arrivons en vue du grand pont qui enjambe le Rio, dans un rétrécissement de son cours : sur notre gauche, des marinas, des pontons à essence, des chantiers de tirage à terre, entre des bosquets ; sur notre droite, des mangroves, des marinas et des maisons au bord de l’eau.

Sur le pont, voitures et lourds camions passent bruyamment, faisant pétarader leurs moteurs dans la redescente (échappement libre ou freins à gaz ?) Nous étions prévenus, mais les premières pétarades fons sursauter !

Joëlle et Philippe arrivés quelques jours plus tôt à la marina, nous attendent ; pour nous permettre de repérer le site de la marina, ils ont tendu un grand drap orange, visible de loin ! Ils nous aident à nous accoster, tandis que Gwendal, le manager prend nos amarres avant pour les fixer sur des corps morts signalés dans l’eau par de simples bidons blancs, à demi immergés. Le ponton est en bois, sur pilotis, et les pieux dépassent suffisamment pour permettre la fixation des robinets d’eau et la prise des amarres. Il faut tout de même veiller à ne pas arracher les robinets !

La Marina Manglar Del Rio est installée dans un parc fermé et gardienné. Sur une partie de ses rives un premier ponton court le long d’un bosquet de palétuviers, depuis le plan incliné d’une mise à l’eau qui mène à un chantier ; de l’autre côté de ce dernier, quelques hangars à bateaux suivent la berge jusqu’à la palapa d’où part un ponton en Y où sont amarrés les autres voiliers. Deux logements offerts à la location, et un beau hangar aménagé avec un salon, pour le bateau du propriétaire, le long de la mangrove, achèvent le décor de la marina en bord du Rio.

La palapa est un ponton construit au-dessus de l’eau, et sur pilotis. Elle abrite tables et bancs, tables basses et canapés, hamacs, coin cuisine, barbecue, et une grande bibliothèque.

Bien aérée, elle est le lieu de vie des plaisanciers, car son toit de palmes, très incliné, favorise la circulation de l’air et apporte un peu de fraîcheur. Il faut néanmoins se prémunir des moustiques ou des taons, selon les heures de la journée ; s’ajoutent à ceux-ci, les « palomias », éphémères, qui à la tombée de la nuit, viennent se prendre au piège des éclairages. (Même sur les bateaux, il faut tout fermer, pour éviter de trouver leurs corps aux ailes blanches et longues antennes pris dans les moustiquaires…)

Une piscine est aménagée, en retrait dans le parc ; elle est un bel espace de détente lors des grosses chaleurs.

Une aire de parking est à la disposition des plaisanciers qui ont investi dans une voiture pour pouvoir visiter le pays. Les sanitaires sont des cabanes en bois, installées en retrait des bords du Rio, sous les arbres du parc.

Nous comprendrons assez vite pourquoi ces installations sont ainsi en retrait, quand le Rio montera de près de 70 centimètres lors des grosses pluies des mois suivants !

La promenade dans le parc permet de s’élever sur les collines environnantes, et de découvrir un paysage vallonné de pâturages.

On redescend ensuite à travers de hautes herbes vers la saline, vaste étang dans les terres derrière la mangrove, domaine d’un ou plusieurs crocodiles.

Nous avons pu apercevoir l’un d’eux grâce à des personnes de la marina, qui près d’un petit pont, tentaient de pêcher ; sous l’eau, le crocodile attendait le poisson lui aussi !

Cette promenade permet de quitter rapidement la vie lacustre pour se plonger dans une flore luxuriante : cocotiers, manguiers, anarcadiers (arbres des pommes-noix de cajou), pommiers malacca, et autres arbres abritent de leur ombre plus ou moins dense une grande variété de fleurs ; alpinias, balisiers, héliconias, oiseaux du paradis découvrent leurs teintes rouges, jaunes, orangées au milieu des larges feuilles vertes ; des orchidées aux fleurs ouvragées et ciselées, ornent les troncs des arbres de leurs riches feuillages.

   

   

 

Notre nouvelle vie à la marina se met en place ; dans l’immédiat, l’entretien du bateau nous occupe une bonne partie des journées : il faut vider et nettoyer les coffres sur le pont, et à l’arrière. Les amarres, écoutes et bouts ont bien besoin d’être dessalés et aérés ; notre ancre de secours, une brake, s’est rouillée. Il faut piquer cette rouille, nettoyer l’ancre et essayer de la préserver en appliquant du Framétaux. La tension du courant est de 110 Volts avec une fréquence de 60 hertz ; notre chargeur de batteries, changé en 2015, après une surtension, est compatible avec cette fréquence et ce voltage ; il nous faut simplement nous équiper d’une prise de quai adaptée ; heureusement le shipchandler n’est pas trop loin, et a le matériel nécessaire. Nous installons notre grand taud qui couvre le pont depuis le grand mât jusqu’au mât d’artimon, pour essayer d’apporter un peu de fraîcheur dans le carré et de garder les panneaux de pont ouverts. Cela fonctionne à peu près, mais implique un certain inconfort, pour se déplacer sur le bateau sans s’embroncher sur un ensemble de tendeurs.

Grâce à nos amis Joëlle et Philippe, nous faisons rapidement connaissance avec Marie-Pascale et Didier, plaisanciers français, qui ont fait le choix de s’installer au Guatemala ; ils ont acheté une maison sur les bords du Rio, (avec un seul accès en lancha), amarré leur Grand Banks sur le ponton devant leur propriété, et sont très accueillants. Grâce à eux, nous sommes rapidement « initiés » à la vie à Rio Dulce et au Guatemala. Nous ne perdons plus de temps pour savoir où trouver un objet, quels artisans contacter. Les projets de travaux s’accumulent, la main d’œuvre étant particulièrement compétente et bon marché. Ils savent tout faire avec presque rien, vous répondent toujours qu’ils peuvent réparer ou fabriquer la pièce défectueuse et en règle générale, c’est exact ! Il faut savoir que le revenu moyen du Guatémaltèque tourne autour de 350 € par mois ! Il faut noter un seul inconvénient : les délais annoncés ne sont pas toujours tenus !

Le pays est divisé en départements ; nous sommes dans celui d’Izabal, ouvert sur la côte Caraïbe.

La ville principale du département est Livingston ; les autres villes et villages sont des « aldeas », hameaux. Rio Dulce est formé de deux aldeas : El Relleno, d’un côté du pont, et Fronteras, de l’autre, où nous nous trouvons. Le pont sur le Rio, de 900 mètres de long, a été inauguré en mars 1980.

Auparavant, un bac permettait de passer d’une rive à l’autre. La construction du pont a modifié le réseau routier et a permis de désenclaver cette région, ainsi que celle du Peten, au nord, riche région agricole. Cela génère un flux incessant de camions lourdement chargés de parpaings, bétail, huile de palme, hydrocarbures, fruits et autres produits en transit vers le port de Puerto Barrios ou la capitale Ciudad Guatemala. La ville de Fronteras est une ville-rue, où une majorité de baraques en bois a cédé la place aux maisons en dur.

Dans un bruit permanent, circulent camions, tuk-tuk, motos et scooters, pick-ups chargés de matériel ou de personnes, devant les boutiques ouvertes qui rivalisent d’animation avec sono et où pendent toutes sortes de marchandises, devant la « cafeteria » et ses barbecues (parrillas) sur ce qui peut s’apparenter à un trottoir, devant les étals débordants de fruits et légumes, devant les « tortillerias tres tiempos », où trois fois par jours, des femmes préparent les tortillas (petites crêpes de maïs) : un monticule de pâte est posé, à côté d’une plancha au gaz, elles y prélèvent une petite poignée et dans la main, ou à l’aide d’une petite presse, elles façonnent une galette ronde et fine qui cuit ensuite sur la plaque. A un croisement, un policier tente de réguler la circulation entre l’artère principale et la route arrivant d’El Estor, site de mines de nickel ; les mini-bus vers cette destination attendent au croisement, et les camions desservant ce site industriel tentent de rejoindre le flux déjà important.

Au pied du pont, sur la droite, la route s’élargit devant la « gare routière » (deux compagnies situées l’une en face de l’autre) pour permettre aux bus de se garer le temps de charger passagers et bagages. Quelques ruelles caillouteuses perpendiculaires à cette route descendent vers la rive du fleuve jusque vers les restaurants installés au-dessus de l’eau. Dans chacune d’elles, les boutiques sont nombreuses : tissus, quincailleries, chaussures, épiceries, laverie…, un vrai petit souk.

Nos premiers pas dans cette effervescence sont craintifs, puis nous apprenons à slalomer le long de cette rue débordante d’étals entre boue des caniveaux et route au trafic dense mais ralenti. Cette ville-rue manque de charme, et pourtant le spectacle est permanent : cireurs de chaussures devant les boutiques, femmes en tenue traditionnelle : jupe froncée en tissus chamarré, et haut recouvert d’un « huipile » travaillé. Le huipile est une sorte de courte blouse en dentelle, brodée, crochetée, ou en tissu traditionnel, portée par-dessus la jupe. Le dimanche, plus particulièrement, les couleurs sont vives et gaies et les assortiments surprenants. On aperçoit parfois quelques « ganaderos » : jean, bottes (santiags ou en caoutchouc), chemise, chapeau : les éleveurs ont laissé leurs chevaux dans les champs. Un peu perdus, nous apprenons à repérer les boutiques, les ruelles pour accéder à tel commerce, tel restaurant.

Si la rue est animée avec le trafic routier, les berges du Rio sont, elles-aussi, très animées ; des pontons sont aménagés au bas de chaque ruelle, auprès des terrasses des restaurants, à proximité du marché aux poissons.

Les lanchas vont et viennent, déposent des personnes venant travailler, des familles rembarquent après avoir fait leurs courses ; une deuxième vie économique est sur l’eau, les lanchas transportent tout ce qui doit être transporté depuis Fronteras jusqu’aux maisons qui n’ont aucun accès routier : poubelles, matériaux de construction ou mobilier !  Des coques de voiliers abandonnés sont transformées en grandes lanchas de transport de marchandises.

 

En conséquence de cela, les ressources sont importantes pour l’entretien et la réparation des bateaux, notamment en mécanique : les ateliers sont nombreux, des échoppes regorgent de cartons contenant toutes sortes d’huiles à moteur, des courroies pendent des plafonds, …

Quittant l’animation de la rue, on accède à la marina en traversant l’espace occupé par un centre commercial : El Paredor del Rio. Son ouverture date de deux ans à peine, et le site contraste fortement avec la rue : un supermarché, un magasin de bricolage, un magasin de vêtements forment l’ensemble, sans oublier une pharmacie, une pâtisserie, un marchand de glaces, un autre de moteurs hors-bord, deux fournisseurs de téléphones, deux restaurants et un fournisseur de matériel alimenté par des panneaux solaires. Outre le parking à voitures, un « parking » à lanchas et annexes (un plan d’eau et des pontons) a été aménagé dans le marigot qui passe à l’arrière du centre commercial.

L’ensemble est surveillé par trois ou quatre gardiens armés, comme toujours au Guatemala.

Depuis les pontons de la marina, l’animation de la ville s’entend, mais le paysage que nous avons depuis le bateau est source de quiétude : au petit matin, dans son cayuco, un pêcheur vient jeter ses filets non loin du bateau, même le bruit sourd des plombs de son épervier frappant l’eau est comme une vague qui se brise sur du sable.

Certains soirs, le soleil couchant apporte un éclairage chaleureux sur la rive en face de nous et sur les montagnes en arrière-plan.

Certains matins, l’évaporation de l’humidité, crée de belles volutes de fumée dans l’anse derrière nous. Pélicans, mouettes, cormorans, aigrettes ou hérons se reposent, font sécher leurs plumes sur les pieux qui délimitent la marina, à côté de nous ;

quant aux oiseaux plus légers, ils apprécient les écoutes ou le fil à linge !

Chaque jour le spectacle est différent et plaisant et nous fait apprécier notre séjour ici. Parfois nous regrettons la pleine mer, mais nous n’avons encore pas pris le temps de visiter ce pays qui nous accueille et où toutes les personnes rencontrées nous disent qu’il est très attachant. Nous avons encore beaucoup de découvertes à vivre ici !

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