Naples 6 - 10 Juillet

Naples 6 - 10 Juillet

Posté par : Dominique
31 Juillet 2017 à 18h
Dernière mise à jour 05 Août 2017 à 08h
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Golfe de Naples 6 – 10 Juillet

La traversée de Procida à Naples s’est effectuée au moteur, sans encombre, entre les cargos arrivant à Naples, les bateaux de pêche, et les vedettes…

Nous avions retenu des places à « Porto Davide » dans le Port de Castellamare di Stabia, dans la partie Sud du Golfe de Naples. Il s’agit d’une ville le long du littoral, au pied de collines boisées, avec un port de commerce et un chantier naval, remarquables pour notre approche.  

Cela nous a donc fait traverser le Golfe du Nord-Ouest au Sud-Est. Chemin faisant, nous avons pu voir le Cap Misène, qui ferme l’entrée du Golfe au Nord, et d’où est parti Pline l’Ancien, lors de la grande éruption du Vésuve en 79 ap. J.C.

En effet, cette partie de notre croisière sera toute tournée vers cet événement important qui a englouti les villes de Pompéi, Herculanum, et d’autres encore. Pline l’Ancien, était à cette époque amiral de la Flotte, en poste à Misène. Auteur de Naturalis Historiae, (traduites par Histoires Naturelles, mais qu’il faut comprendre comme « Histoires/récits (à propos) de la Nature »), cet homme a écrit une véritable encyclopédie de ce que l’homme latin devait connaître pour comprendre le monde. C’est par son neveu Pline Le Jeune que nous avons un témoignage de cette éruption, dans la lettre qu’il écrit à Tacite :

« C. Pline à son cher Tacite, salut.

Tu me pries de te parler de la fin de mon oncle pour être en mesure de la raconter plus fidèlement à la postérité. […] Certes il a péri au cours du désastre survenu aux plus belles contrées du monde, en même temps que des populations et des villes entières, si bien que son souvenir, lié à cette catastrophe mémorable, semble destiné à vivre éternellement ; […] Il était alors à Misène et commandait personnellement la flotte. Le neuvième jour avant les calendes de septembre, aux environs de la septième heure, ma mère lui annonce qu’apparaît un nuage d’une forme et d’une grandeur extraordinaires. […] Il demande ses sandales et se rend dans un lieu élevé d’où l’on pouvait le mieux observer ce phénomène : un nuage montait dans le ciel – mais à la distance où on était on ne pouvait distinguer de quelle montagne (il sortait) ; on sut plus tard que c’était du Vésuve – l’aspect et la forme de ce nuage le faisaient ressembler à un arbre et plus précisément à un pin. […] Le phénomène parut sérieux (à mon oncle) et digne d’être observé de plus près, en sa qualité de très grand savant. Il fait préparer un bateau liburnien […]. Il sortait de chez lui quand il reçut un billet de Rectina, épouse de Cascus, effrayée par le danger qui la menaçait : - sa villa était située sur les pentes du Vésuve et elle ne pouvait fuir qu’en bateau – elle le priait de l’arracher à une situation si critique. Il change de plan et accomplit par dévouement ce qu’il avait entrepris par curiosité scientifique. Il fait armer les quadrirèmes et y prend place lui-même, pour porter secours non seulement à Rectina, mais aussi à beaucoup d’autres gens – car la population était dense sur cette côte touristique. Il se hâte vers les lieux que les autres fuient et il maintient sa course et son cap droits sur le danger ; il est si loin d’avoir peur qu’il dicte ou note, au fur et à mesure de ses observations, tous les mouvements, toutes les formes de ce nuage de mort. Déjà sur les navires retombait de la cendre, plus chaude et plus dense à mesure qu’ils approchaient davantage ; déjà aussi de la pierre ponce et des cailloux noirs et calcinés et pulvérisés par le feu ; déjà le fond de la mer se relevait soudainement et l’accès au rivage était empêché à cause de l’écroulement des rochers. Mon oncle hésitant un moment se demandant s’il ferait demi-tour, dit bientôt au pilote qui lui conseillait d’agir ainsi : « la fortune vient au secours des courageux ; mets le cap sur la villa de Pomponianus ». Pomponianus était à Stabies, séparé (de Misène) par la largeur du golfe – car la mer pénètre dans le rivage légèrement arrondi et incurvé … » (Pline, Lettres, VI, 16,  http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/plinejeune/six.htm).

 

Quittant Procida, nous suivons à peu près la même route que Pline l’Ancien, mais dans des conditions, ô combien différentes ! Pas de vent, nous traversons le golfe au moteur appuyé par les voiles. A notre arrivée à Castellamare di Stabia, nous sommes pris en charge par un « pilote » de Porto Davide. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, il s’accroche au bastingage, l’enjambe et prend les commandes. Il teste le moteur, sa manière de répondre aux sollicitations, le propulseur, et nous accoste à notre place, tandis que deux matelots grimpent à bord pour poser les amarres et prendre les pendilles.  Nous n’avons rien à faire, si ce n’est de donner le pourboire aux matelots…

Comme à chaque arrivée dans un port, nous nous empressons de dessaler le bateau, qui après une traversée et des mouillages, en a bien besoin. Yann et Dominique s’occupent de régler les papiers, de prendre connaissance des lieux, sanitaires, laverie. Ce sera service pressing, autant de temps gagné pour faire un coup de propreté aussi à l’intérieur du bateau.

Vers 17 h, heure de réouverture des commerces, nous partons à la découverte de la ville : un shipchandler est vite trouvé, sur la route du chantier naval. Nous trouvons nos interrupteurs pour les commandes de l’enrouleur du génois. Nous poursuivons notre route en direction du chantier naval. Il nous faut trouver de quoi reprendre la fixation d’un tuyau du circuit de refroidissement : un simple collier qui sert à amortir les vibrations s’est cassé. Le mécanicien Volvo que nous trouvons, dans un petit garage voûté du port n’est pas intéressé par ce travail. Nous prospectons à travers les magasins de bricolage que nous pouvons rencontrer et finissons par trouver un collier dans un magasin d’accessoires pour le bâtiment, qui englobera le collier déficient. En effet, ce dernier présentait une collerette en caoutchouc qui absorbait les vibrations. Nous sommes aussi à la recherche d’une clé plate de 16 qui a disparu de la mallette à clés plates, précieusement récupérée depuis Antioche, le jour de notre départ. Yann quant à lui recherche des limes queue de rat, pour réajuster le support de sa passerelle. Nous finissons par trouver tout cela après avoir déambulé dans les ruelles de Castellamare di Stabia.

Cette recherche de notre outillage nous a fait découvrir une ville aux aspects variés.

  

  Aux alentours du chantier naval, et donc à la périphérie de la ville, les bâtiments d’habitation aux vastes cours et escaliers intérieurs (qui semblent reproduire les plans des « insulae » latines) sont très abîmés, et mal entretenus.

 

Les églises très nombreuses sont fermées et assez délabrées. Sur une place, à côté d’une église, abîmée et fermée, un portique, accoté à la colline a en son milieu une grande représentation de la Vierge. Et devant ce portique une sorte d’esplanade avec une fontaine, consistant en un tuyau distribuant de l’eau à différents robinets qui coulent sans discontinuer, dans une longue vasque en pierre. Les habitants s’arrêtent pour boire ou remplir de petites bouteilles.

 Nous goûtons donc cette eau et la trouvons fraîche et ferrugineuse ; nous avions oublié que nous sommes dans une région volcanique. Nous n’aurons pas d’explication sur cette fontaine qui avait visiblement une signification religieuse. A travers les rues, un grand sentiment religieux est très fortement marqué avec des oratoires et des statues très nombreux, sur les places ou sur les seuils et fenêtres des maisons.

 En retournant sur nos pas et remontant le long du littoral, vers l’autre partie de la ville, les bâtiments deviennent moins délabrés,

et sur la place de l’hôtel de ville, la cathédrale est richement décorée, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, contrastant avec l’Hôtel de Ville qui la jouxte.

 

 

Sous le porche d’entrée, un portail en bronze attire nos regards, et l’intérieur nous montre les fastes de cette architecture.

Après avoir admiré le coucher du soleil, toujours sous la silhouette du Vésuve, nous décidons d’aller dîner dans une pizzeria, le long du littoral, et tandis que nous savourons, qui des anchois frits, qui des pâtes aux fruits de mer, qui des pizzas, nous nous étonnons de l’incessant trafic routier, malgré l’heure tardive.

La matinée du vendredi 7 juillet sera consacrée aux menus travaux de réparation pour lesquels nous avons fait nos achats la veille. Yann et son équipage ajustent la passerelle, et Dominique reprend le collier autour du tuyau du circuit de refroidissement.

Un rapide déjeuner et nous partons à la découverte de Naples. Nous partons prendre le Circumvesuviana en direction de Naples. Durant notre trajet, nous apprenons que Christine, la nouvelle équipière de Yann, qui nous attend à Naples vient de se faire subtiliser son portable ! Bienvenue à Naples.

Quelques péripéties plus tard, nous reprenons un train pour Caserta, à la découverte du château royal, construit pour être une réplique de Versailles. Nous découvrons une façade imposante, mais des ailes et des cours ne sont pas encore restaurés.

Les jardins de la grande esplanade devant le palais manquent d’eau et à part les buis taillés, l’ensemble est sec et brûlé par le soleil.

En arrière du palais des jardins, à la française, à l’anglaise, des plans d’eau sont proposés à la visite, mais la chaleur et le peu de temps qu’il nous reste, font que nous les délaissons pour partir à la découverte des appartements royaux, par le grand escalier d’apparat.

L’ensemble est magnifique, mais certaines pièces toutes de marbre sont assez froides. D’autres pièces en revanche sont imposantes pas leurs fresques, leurs peintures et par leur mobilier. La salle consacrée aux crèches napolitaines retient davantage notre attention, par le travail et le soin du détail dans la mise en scène et la figuration des personnages.

Après une halte au poste de police de la gare centrale de Naples, nous reprenons notre Circumvesuviana pour une nuit de repos.

 

 

Samedi 8 Juillet est consacré à la visite de la ville de Naples. Cette fois, c’est le frère de Yann qui se fait voler son portefeuille dans le train, sans doute au moment de monter. Décidément, Naples soutient bien sa réputation ! Nous partons visiter le Château Saint Elme qui domine la ville et nous offre ainsi un très beau panorama sur la ville, sa baie, et ses îles (Procida, Ischia et Capri).

Le fort est construit sur un rocher qui a été creusé pour créer les fossés.

Ce fort en étoile présente un bon système défensif, avec des montées en lacets, placées sous le feu des canons ou des meurtrières.

Nous avons pris le temps de visiter la Chartreuse de Saint Martin attenante, dont l’église est un joyau de l’art gothique napolitain : le pavement de l’église est une véritable marquèterie de marbres, et il n’existe pas un espace sans décoration ou dorure ; il en va de même pour la sacristie, le réfectoire, le parloir, la chapelle des frères convers.

Transformée en Musée, cette chartreuse, présente, elle aussi, une belle exposition de trésors des crèches napolitaines.

La descente vers les rues de Naples se fait par le « Pedimenta di San Martino » : un large escalier de 414 marches à travers habitations et jardins.

Nous traversons des rues fort animées où les étals de poissons, de légumes sont attrayants. Les ruelles qui partent à l’assaut des collines du château offrent de belles perspectives dans les trouées de lumière.

Nous ne quittons pas Naples sans avoir pris le temps de voir le « Castel Nuovo » et la Galerie marchande toute proche.

Pour la journée du dimanche 9 Juillet, nous avons choisi de privilégier Herculanum. Sortant du train, où nous avons appris à repérer les pickpockets, nous descendons vers la mer, et arrivons au niveau des fouilles. Cette arrivée nous livre une vision impressionnante du site : le chemin d’accès est en balcon au-dessus des restes de la ville antique : ils sont 25 m en-dessous de nous, puisque c’est la hauteur de la couche de lave qui a enfoui la ville.

Par endroits, d’ailleurs, la lave est encore présente dans une embrasure de fenêtre, de porte, ou certaines parties sont fouillées en souterrain…

Restes de fresques, de mosaïques, dans les maisons aux plans bien définis, boutiques, auberges, palestre …

 Nous prenons le temps de retrouver les traces du passé, en découvrant les restes de bois calciné sur certaines portes, les décorations encore en place, les « dolia » de nourriture dans les auberges.

Le moment le plus émouvant reste les docks du port, voûtes sous lesquelles les habitants se sont réfugiés espérant un salut venu depuis la mer et dont on a conservé les ossements.

Devant ces voûtes, c’était le rivage, et aujourd’hui, derrière nous une muraille de 25 m de lave nous domine et le rivage actuel est encore éloigné. Les antiques terrasses avec vue sur la mer font aussi comprendre cet ensevelissement.

Le retour nous permet de donner du sens à ce que nous avons vu, au Musée Virtuel d’Herculanum : les maisons se décorent, les statues et le mobilier reprennent leur place, les fresques ont tout leur éclat.

Nous rentrons à Castellamare di Stabia sous le va et vient des Canadairs qui éteignent les feux sur les flancs du Vésuve. Quelle impression étrange, après cette visite des fouilles liées à la catastrophe de l’éruption !

Demain, le premier équipage de Yann repartira, tandis que le deuxième s’installera sur Hédonist, après avoir été hébergé sur Nissos pour ce séjour napolitain. Nos bateaux vont reprendre leur navigation.

 

 

 

 

 

Encore merci pour cette belle leçon d'histoire et surtout pour cette belle aventure humaine. Basgi José

Encore merci pour cette belle leçon d'histoire et surtout pour cette belle aventure humaine. Basgi José

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